Chapitre 17 : Claudius Malorne

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Ville de Solaris (Ancien Etats-Unis) : Haute zone d'Amérique

11 décembre 2121

21h49

Le gouverneur est assis à la grande table ronde, face à la porte d'entrée de la salle de réunion. Il tourne le dos à la longue baie vitrée circulaire, depuis laquelle il est possible de voir les lumières de la ville percer à travers les nuages et contraster l'obscurité absolue de la nuit. Il est en colère et inquiet. La Résistance est de retour alors qu’il l’a pensait disparue à jamais et ses hommes semblent incapables de faire leur travail correctement. Il doit absolument récupérer le virus Némésis. Sans lui, si les Munfulters attaquent, la planète ne pourra pas résister longtemps. Malorne ne sait que très peu de chose sur eux, mais ils sont nombreux et bien mieux armés que les humains, ce qui fait d’eux une menace mortelle. Claudius doit protéger l’humanité. C’est sa mission divine, il ne peut pas échouer. Il a été choisi par le conseil des claires et les Gouvernementalistes pour sauver les purs de la menace venue d’un autre monde. Les Malornes ont participé à la création du parti et Claudius a consacré sa vie à la cause, alors s’il ne peut pas vaincre les Monfulters, personne ne le pourra. Du moins c’est ce que le monde doit croire. Les pures et les Gouvernementalistes ont toujours été étroitement liés. La religion et la politique sont les piliers de la société, il ne peut y avoir d’ordre si l’un des deux vient à s’effondrer. Du moins d’après Malorne.

La porte s’ouvre et Niler, qui essaie de cacher son anxiété, entre dans la pièce mais le gouverneur ne l’invite pas à s'asseoir et reste silencieux.

- Monsieur, vous vouliez me voir ? demande calmement le commandant.

- Vous savez que je suis le dernier Malorne encore en vie, Arturus ? le questionne le gouverneur en gardant son calme malgré sa colère.

- Non je l’ignorais.

- Depuis des générations nous nous battons pour le salut de l’humanité. Nous avons toujours été purs. Je travaille sans cesse depuis des années pour que cette société tienne debout. Pensez-vous que je laisserai la Résistance gâcher tous ces efforts ?

- Bien-sûr que non, gouverneur, répond Niler inquiet.

- Alors si vous ne voulez pas que je vous trouve un remplaçant il va falloir redevenir compétent, déclare froidement Claudius.

Niler sait que s’il n’est plus indispensable, il sera exécuté. Son cœur accélère mais il ne laisse rien paraître. Il ne sait pas quoi dire et de toute manière le gouverneur ne lui laisse pas le temps d’intervenir.

- A l'origine, ce post était destiné à une autre personne que vous. Un brillant stratège. C’est cette personne qui a eu l’idée de créer le cataclysme et de le mettre sur le dos des Munfulters, il y a vingt ans, explique Malorne avec sa voix calme et rauque. Un mal nécessaire pour contrer la surpopulation qui nous condamnait tous et prendre le pouvoir. Pour unir l’humanité. Les gens ont eu peur de la menace extraterrestre et on décidé de donner les rênes de la planète au seul parti qui a juré de les protéger à n’importe quel prix.

Malorne marque une pause et fixe Niler avec ses yeux froid et pénétrant. Il veut le déstabiliser.

- J’ai été choisi pour gouverner, et ça ne lui a pas plu, elle ne supportait pas d’être la deuxième, reprend claudius sur un ton monocorde. Elle a essayé de me tuer puis a disparu avant que je ne puisse la faire arrêter. Vous savez ce que j’ai fait après avoir fait tuer tous ces proches, Arturus ?

- Non monsieur, répond Niler en avalant sa salive avec difficulté.

- J’ai fait raser la ville du bas peuple où elle s’était exilée. Je me débarrasse toujours des gens qui me déçoivent. N’oubliez jamais ça.

Malorne prononce cette phrase le plus calmement possible, ce qui ne fait que rendre sa menace plus effrayante. Niler reste sans voix.

- L’ordre est difficile à maintenir pour l’instant j’en conviens, admet Claudius. Les gens ne sont pas tous vraiment croyants, je ne suis pas dupe. Mais les générations futures qui sont enlevées à leurs parents et élevées dans les temples purs, elles, ne seront plus aveuglées et leur foie sera inébranlable. Ils nous obéiront sans poser de question. Mais en attendant, maintenir l’ordre est votre mission.

- Je sais gouv...

- N’échouez plus Niler. Vous avez été choisis pour votre incroyable parcours militaire et pour votre fermeté. Mais qui respectera un homme qui n’a pas pu empêcher une gamine de se suicider juste sous ses yeux ?

Niler sait qu’il s’agit d’une question rhétorique et reste silencieux.

- Votre erreur avec la sœur de Cole Jeydrick doit être la dernière. Sinon je peux vous assurer que la prochaine le sera.

Le commandant n’est pas habitué à échouer et le vit mal. Il ne supporte pas qu’on le menace, ça le met dans une colère noire, mais il a conscience de ne rien pouvoir dire au gouverneur, surtout après le manque de prudence dont il a fait preuve avec Laylana. Arturus est né dans une famille très religieuse, pourtant lui ne crois en rien. Il a grandi avec un père qui lui a transmis le goût de la violence et qui lui a toujours reproché d’avoir tué sa mère, morte en couche. Dès qu’il en a eu l’âge, il a rejoint l’armée pour échapper aux coups de son géniteur et a très vite grimper les échelons. Il a toujours pensé que les Monfulters étaient l’ennemi numéro un et c’est la raison qui l’a poussé à rejoindre les Gouvernementalistes. Pour lui le plus important est l’ordre et le contrôle. Une seule chose le motive. Le pouvoir. S’il le pouvait il serait à la place du Gouverneur, mais pour l’instant il doit se contenter d’être le deuxième homme le plus important au monde avec le premier ministre Tanel, et ça ne lui plaît pas. Il doit trouver un moyen de retrouver la confiance de Claudius.

- Je peux vous assurer qu’il n’y aura plus aucune erreur Gouverneur Malorne.

- Bien. Qu’en est-il du docteur Cécile Baile ?

Je pensais que nous pourrions l’utiliser comme appât. Elle commence à se remettre de ses blessures.

- Cécile est trop importante. Nous ne lui ferons aucun mal et ils le savent. Elle est la seule à pouvoir nous recréer le virus Némésis, explique le Claudius. Mais le plus urgent est d’éradiquer la Résistance. Faites la travailler sur la construction de la flotte. Dès qu’elle sera prête nous n'aurons plus rien à craindre d’eux.

- Et Némésis ?

- Je ne sais pas Arturus. Les armures destinées aux glaives viennent d’être volées. Nous avons déjà perdu beaucoup, admet le Gouverneur Malorne. Concentrez-vous sur la protection de la flotte avec le premier ministre Tanel, c’est tout ce qu’il nous reste. Je me charge de trouver un moyen de récupérer ce qui nous appartient.

- Soyez rassuré monsieur, nous avons arrêté tous les anciens résistants qui nous ont rejoints avant la fin du soulèvement. Certains se sont avérés être des infiltrés.

- Et qu’avez-vous fait d’eux ?

- Nous les avons interrogés. Apparemment une certaine Julie Fox serait à la tête de la résistance et leur mission était de développer des armes pour nous puis de nous les voler ensuite, mais c’est tout ce qu’ils ont été capable de nous avouer.

- Julie Fox ? Une femme ? s’étonne Claudius. Et qu’avez-vous fait d’eux ensuite ?

- Nous les avons exécutés avant de diffuser ces images un peu partout dans le monde.

- Bien. Continuez ainsi. Tous les infiltrés doivent servir d’exemple.

- Gouverneur, il faut qu’ils comprennent qu’ils n’ont aucune chance. Un nouveau bombardement des zones chaudes s’impose peut-être ? demande Niler sérieusement.

- Arturus… Si nous tuons tous les habitants des zones chaudes, qui va travailler dans nos usines ? Vous peut-être ? Nous avons besoin d’eux pour conserver notre niveau de vie, lui répond Claudius exaspéré.

Niler bouillonne de l’intérieur, il aimerait pouvoir éclater la tête de Malorne sur la table mais il garde son calme. S’il cède à ses pulsions il serait exécuté pour avoir tué l’homme le plus important au monde, considéré comme une sorte de messie par une partie de l’humanité.

- Qu’allons-nous faire alors ?

- Nous sommes en train de fouiller les zones chaudes. Ils ont forcément laissé des traces. Nous allons bientôt les trouver, et à ce moment-là, nous les bombardons jusqu’aux derniers.

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