Chapitre 16 : Le mutant

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La salle d'entraînement est immense, comme tout ici d’ailleurs. Elle ressemble à une espèce de grand gymnase rempli d’appareils de musculation, de tapis de course, d'haltères et toutes sortes de machines et équipements étranges. La Résistance a plus de moyens que je ne le pensais. Morgane m'attend au centre de la salle en pianotant sur un ordinateur. Je la rejoins.

- Alors ? m’interroge-t-elle.

Je comprends qu'elle parle de ma conversation avec Chris. Autant être rapide je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet.

- Je lui ai dit que pour l'instant, il valait mieux qu'il reste loin de moi. Il me rappelle trop de mauvaises choses désormais...

- Je comprends. Tiens, prend ça pendant que j'y pense, me dit Morgane en me donnant une sorte de montre. Ton communicateur. Tu appuies sur le bouton en bas et tu lui dis ce que tu veux. Il y a des informations sur la base et un répertoire pour contacter n’importe qui.

- Cool, je réponds en enfilant le dispositif.

- Bien, commençons. Nous allons voir de quoi un glaive est capable. Le premier test évaluera ta vitesse et ton endurance. Suis-moi, me demande-t-elle sérieusement en se saisissant d’une tablette tactile.

Elle m'emmène au tapis de course. Je grimpe sur la machine, Morgane tripote sa tablette et l’appareil se met en route, m'obligeant à m'activer. Le tapis roule un peu plus vite chaque seconde mais je n’ai absolument aucun mal à suivre le rythme. Je ne sens pas mon poids sur mes jambes, un peu comme si je flottais, c’est déroutant mais je m’y habitue vite. J’ai toujours été bon en course à pied, même si je n’aime pas particulièrement ça, mais jamais je n’avais eu autant de facilité. Le petit écran de bord de la machine indique trente kilomètres heure lorsque je sens enfin que je dois fournir un effort pour rester sur le tapis. Rien d’insurmontable, pourtant j’ai bien conscience de courir déjà très vite. C’est à partir de trente-sept kilomètres heure que je commence à forcer pour maintenir la cadence. Je n’ai jamais couru aussi rapidement, j’ai l’impression de voler, c’est incroyable ! Je me sens invincible, j’ai une poussée d'adrénaline, je veux essayer d’aller encore plus vite ! Lorsque j’atteins les quarante-deux kilomètres heure mon cœur commence à battre un peu plus fort mais je ne suis pas du tout essoufflé. Arrivé à quarante-cinq kilomètres heure je commence à me sentir en difficulté, je ne tiendrais pas longtemps. Mais la sensation de puissance que ça me procure me pousse à aller plus loin ! Je suis exalté, même excité par mes performances, je ne peux m’empêcher de sourire tant j’ai l’impression d’être plus fort que jamais, je suis heureux ! À quarante-sept kilomètres heure ma respiration s'accélère fortement mais je veux aller plus vite, je suis sûr que je peux y arriver. Le tapis accélère, mes jambes se déplacent à toute vitesse, je commence à m'essouffler sérieusement mais je dois tenir bon ! Je veux repousser mes limites ! Je pousse à fond, je ne peux m’empêcher de grogner, mes jambes commencent à me brûler mais je ne lâche rien.

- Cole, ton rythme cardiaque est anormalement haut, tu veux ralentir ? me demande Morgane inquiète.

Je ne réponds pas, je suis sûr de pouvoir aller plus loin ! Puis je suis trop concentré et essoufflé pour parler de toute manière. J’ai mal aux jambes, comme si j’avais une crampe dans chaque cuisse et chaque mollet mais j’essaie d’ignorer la douleur et je suis l’accélération du tapis. Quarante-neuf kilomètres heure, cinquante, cinquante-et-un, et arriver à cinquante-deux mes jambes me lâchent, je tombe sur le tapis et suis violemment projeté dix mètres en arrière.

- Cole ! s’exclame Morgane inquiète en courant vers moi.

Je suis au sol mais malgré la violence de la chute je ne ressens aucune douleur, hormis mes jambes qui me brûlent légèrement.

- Tout va bien ?! me demande-t-elle paniquée.

Je vérifie que je ne suis pas blessé, et contre toute attente je n’ai rien ! Incroyable ! Je devrais au moins m’être cassé un ou deux membres ! Je suis sur le cul, et dans tous les sens du terme ! Je me lève rapidement et lui répond avec entrain :

- Mieux que jamais !

- Pourquoi tu m’as pas dit d’arrêter la machine ?! me reproche-t-elle.

- J’avais l’impression d’être un putain de dieu là-dessus ! C’était fou Morgane ! Je voulais aller encore plus vite ! Je peux y arriver avec un peu d’entrainement j’en suis sûr !

Elle sourit, amusée par ma réaction.

- Calme-toi, Cole. Chaque chose en son temps. Le but n’est pas de te blesser mais de tester tes nouvelles capacités. Tu n’es pas invincible soit prudent et ne te surestime pas.

Elle a raison je ne dois pas trop m’emballer. Je redescends un peu sur terre et lui demande :

- C’est les résultats que tu attendais ?

- Sincèrement non. Tu as pratiquement atteint cinquante-trois kilomètres heure, m’explique Morgane avec un grand sourire. C’est impressionnant ! D’après ton dossier ta vitesse max était de trente deux-kilomètres heure avant l'injection et maintenant tu bats le record du monde de presque trois kilomètres heure. Je ne m’attendais pas à ce que la mutation se fasse si vite et si efficacement.

- Je suis une sorte de mutant ? C’est plutôt cool ! je remarque avec un clin d'œil.

- C’est vrai, acquiesce-t-elle en riant. Et ce n’est que le début. Si tu te sens bien, on passe à l’endurance maintenant ?

Morgane semble heureuse. La voir comme ça me fait du bien. Je me sens au sommet de ma forme !

- Qu’est-ce qu’on attend ? je lui demande, impatient.

Morgane me fait boire un coup puis nous retournons sur le tapis de course. Cette fois mon objectif est de tenir à quarante-cinq kilomètres heure le plus longtemps possible. Les premières minutes ne posent aucun problème, mais après treize minutes je suis déjà trempé de sueur. À dix-huit je commence à sérieusement m'essouffler et ne plus sentir mes jambes et à vingt-trois je demande à Morgane de couper la machine. Je tombe au sol, à bout de souffle et épuisé, mais heureux et fière de ce nouveau record personnel.

- Incroyable, Cole, me dit Morgane, fascinée.

- Super ! j’ajoute au sol avec un sourire niais, tout en essayant de reprendre mon souffle.

Morgane me laisse récupérer une petite demi-heure durant laquelle elle me parle de ses études dans la haute zone. Une élève studieuse, pas très populaire, qui a fini major de sa promotion. De mon côté, je lui raconte mon quotidien au sein de la Résistance. Les entraînements, les missions, le travail dans les usines et fermes souterraines. Nous essayons de ne pas parler de sa mère ou de Lana, le sujet reste tabou, mais le fait de ressasser le passé laisse planer leur fantôme autour de nous. Parler d’une époque ou elles étaient encore dans nos vies nous ramène à la réalité et nous fait plus de mal qu’autre chose. Morgane semble à nouveau triste. Je ne supporte pas de la voir ainsi. Je lui propose de reprendre les tests, ça nous changera les idées à elle comme à moi. Voir le travail de toute sa vie aboutir la rend heureuse, et c’est beau à voir. Elle a tellement sacrifié pour la création du Virus Némésis. Elle mérite de réussir.

Nous testons ensuite mes réflexes. Morgane me place au centre d’une cage d’au moins quarante mètres carré et me donne des lunettes de protection que j’enfile immédiatement. Je suis encerclé par quatre canons chargés avec des projectiles en caoutchouc noir, pas plus gros que des balles de ping-pong. Dès que je suis prêt Morgane les active et ils crachent leurs munitions sur moi dans un vacarme assourdissant. La cadence est plutôt lente, une balle expulsée par seconde, les canons tirant aléatoirement chacun leur tour. Je les esquive facilement, puis ils se mettent à tirer deux balles par seconde, puis trois, et enfin quatre. Le rythme est très soutenu et je dois me concentrer pour éviter chaque projectile. C’est comme une danse. Il faut trouver le bon tempo et faire les bons mouvements, sauf qu’en dansant, si on exécute un faux mouvement, on ne se prend pas un tire aussi puissant que celui d’un fusil. Du moins en théorie. Je les esquive tous avec succès. Je me baisse, me jette au sol, je saute, et ceux dans tous les sens et à un rythme incroyable. Je sens les balle arriver sans avoir à les regarder. Comme si j’avais une sorte de sixième sens. Je les entends percer l’air et me frôler avant de percuter le grillage de la cage dans un boucan insupportable. Elles sont extrêmement rapides mais j’arrive à les voir très distinctement. Pour être honnête je trouve ça carrément amusant ! Je me sens tout puissant quand soudainement, le rythme s'accélère à nouveau et certains canons se mettent à tirer en même temps. La tâche devient complexe. J’essaie de rester concentrer et d’utiliser tous mes sens pour pouvoir les éviter mais au bout d’une dizaine de secondes une balle percute violemment mon pied me faisant tomber par terre. Ça fait pas du bien je dois l’admettre… Les canons s'arrêtent instantanément.

- Quoi c'est tout ? J'aurais pu faire mieux ! Allez, on recommence ! je déclare avec enthousiasme. Morgane ne peut s’empêcher de rire. Son sourire est magnifique. C'est la première fois que je le vois si honnête.

- Silence soldat ! Test suivant, me répond-t-elle avec un clin d’œil.

Nous testons ensuite ma force. Je soulève une barre de cinquante kilos au-dessus de ma tête. Je suis tellement surpris par la légèreté du poids qu’en le soulevant je l’envoie dix mètres plus loin. Il s'écrase sur un des tapis de course. Merde... il est complètement détruit. Je m'attends à me prendre une réflexion de la part de Morgane, mais elle rigole.

- Il va falloir apprendre à se contrôler agent Jeydricks, me dit-elle en se moquant.

Je me dirige vers les autres poids. Je soulève quatre-vingt kilos, quatre-vingts-dix, cent, qui était mon record avant. Mais aujourd'hui je le soulève sans trop de difficultés. J'arrive à soulever jusqu'à deux-cent kilos. Certes j'ai bien failli tomber, mais je l'ai fait ! C'est incroyable. Morgane et moi sommes impressionnés. Elle me fait ensuite frapper de toutes mes forces dans un sac et un chiffre s'affiche sur sa tablette. Morgane me regarde avec de grands yeux.

- Cole, si c'était un homme que tu avais frappé il serait mort sur le coup... me dit-elle choqué.

Je me sens fort mais c'est un peu effrayant. Je ne sais pas de quoi je suis capable et je ne me maîtrise pas encore totalement.

Morgane me fait ensuite effectuer des sauts de différentes façons. Elle me demande de sauter sans élan sur une sorte de petite estrade d’une hauteur d’un mètre cinquante. Ça me parait un peu compliqué mais après tout, j’ai battu des records aujourd’hui. Je pousse à fond sur mes jambes et me retrouve bien plus haut que je ne le pensais. J’ai eu l’impression de décoller. J'arrive jusqu'à un mètre soixante dix de hauteurs. Je passe ensuite vers le terrain ou se trouve un grand bac de sable. Cette fois je dois sauter le plus loin possible avec quarante mètres pour prendre mon élan. Je cours aussi vite que possible puis arrivé au niveau du sable je pousse de toutes mes forces sur mes jambes et je m’envole littéralement. J’ai l’impression que mon saut dure une éternité puis j’atterris dans le sable douze mètres plus loin.

Après ça Morgane me donne une pause pour que je puisse me doucher le temps qu'elle observe mes résultats. Durant l'entraînement, elle est une autre personne. Cette journée nous a fait du bien, à elle comme à moi. Lorsque je reviens nous mangeons un bout tout en passant un autre test. Elle me place à une extrémité du gymnase et se place face à moi, trente mètres plus loin. Elle écrit sur un bout de papier puis me crie :

- Essais de lire !

- Quoi ?! Comment veux-tu que…

- Je t'ai dit de lire ! Pas de parler ! me coupe-t-elle pour me provoquer. Concentre-toi Cole. 

J'esquisse un sourire puis obéis et me concentre. Je vois apparaître des vagues de couleurs, certaines inconnues, des particules et d'autres choses indescriptibles, comme à mon réveil après l’injection de Némésis, mais impossible de lire à cette distance. Je me concentre à fond et suis sur le point de perdre espoir quand soudain, mes yeux effectuent une sorte de zoom. Je suis d’abord un peu effrayé, je balance une injure puis je me calme pour lire le papier. Je lis à voix haute pour que Morgane m'entende.

- Félicitation agent Cole, vous avez une vision d'aigle.

Je rigole et ajoute plus sérieusement :

- Je vois aussi des sortes de vagues transparentes, rouge et bleu.

- Sérieusement ?! me demande-t-elle étonnée.

- Bah, oui... C'est grave ? je lui demande un peu inquiet.

- Non ! Je pense que tu arrives à voir les courants d'aire chaud et froid ! C'est incroyable, Cole ! Tu peux voir la température ! S’exclame-t-elle en rigolant.

Elle est émerveillée. Elle me rejoint, m'assoit sur une chaise et installe un casque sur mes oreilles.

- Concentre-toi et dis-moi quand tu entends un bip et quand tu ne l’entends plus, m’ordonne-t-elle.

J’acquiesce, elle pianote sur sa tablette puis, trois secondes plus tard, j’entends un léger son continu.

- J'entends un bip, je lui dis avec un sourire niais en reprenant ses mots exacts.

Elle ne réagit pas et reste de marbre, concentrée sur sa tablette. Le son persiste et devient de plus en plus fort pendant au moins trente secondes avant de se faire de plus en plus faible, puis presque imperceptible avant de totalement disparaître.

- J’entends plus rien.

Elle éteint tout puis me reprend le casque. Elle semble perturbée.

- Une personne normale peut percevoir les sons entre vingt et vingt mille hertz. Mais toi tu les perçois de cinq à cent mille, me dit-elle fascinée.

- Je ne suis pas normal on dirait...

- Non, tu es très spéciale Cole.

- Je suis une sorte de super-homme, j’ajoute en me vantant.

- Ou une sorte de mélange entre un éléphant et un dauphin, me répond-t-elle avec un sourire qu’elle perd en voyant que je ne comprends pas la blague. Parce-ce-que les éléphants peuvent entendre les basses fréquences et les dauphins les hautes, m’explique-t-elle gênée.

Je ne peux m’empêcher de rire en la voyant aussi mal à l’aise après l’échec de sa vanne. J’ai l’impression que je n’avais pas ris depuis une éternité.

- Très bien ! Je suis Cole Jeydricks, l’homme éléphant dauphin, la némésis du gouvernement !

Nous nous regardons durant presque dix secondes un sourire niais aux lèvres puis elle brise le silence.

- Bien, nous devons être dans le bureau de docteur Stanol dans dix minutes, pour voir si tu vas bien psychologiquement.

- Je suis fou docteur Baile ? je lui demande avec un sourire bête malgré moi.

- Je ne pense pas, du moins pas pour l'instant agent Jeydricks, me répond-elle pour se moquer. C’est le psy qui nous le dira.

Une fois dans le bureau du docteur Stanol, il me pose toutes sortes de questions, teste mon intelligence, mes réactions, nous discutons de tout et de rien, tout ça durant plusieurs heures. C'est un vieil homme plutôt froid et calme. Lorsque la conversation arrive à Lana je feins d'avancer dans mon deuil mais la vérité c'est que le simple fait d'entendre son prénom me donne envie de craquer. Je fais en sorte de vite passer sur le sujet et à la fin de notre entretien il déclare que je ne suis pas en mauvais état psychique mais qu’il faut tout de même me surveiller. D’après lui, mon intelligence s'est même développée et je ne montre aucun signe de schizophrénie. Morgane dit que c'est un des effets secondaires possibles du virus… Apparemment je suis apte à continuer ma mission.

Nous allons dîner à la cafétéria, Morgane et moi, puis nous nous rendons dans son petit laboratoire personnel. Elle me fait passer des scanners et des radios, prend ma tension puis écoute mon coeur et ma respiration. Je suis impressionné par les effets de Némésis sur moi. Morgane a créé un virus est capable de ça de me rendre quasi invincible. Je n’imagine même pas les technologies qu’ils ont à Solaris. Dans les zones chaudes on peut mourir d’une grippe mais en haute zone, je suis sûr que même une balle dans la tête peut se soigner. Morgane prépare une seringue pour me faire une prise de sang lorsque je lui demande sérieusement :

- Tu penses que ma soeur a pu survivre ?

- Cole… répond-t-elle gênée. On ne survit pas à ce genre de blessure. Je suis désolée.

Mon cœur se serre en entendant ça, même si je m’y attendais. J’essaie d’insister. Il y a peut-être encore de l’espoir.

- Mais avec la technologie de la haute zone ils ont pu la maintenir en vie. On sait pas.

- Si c’était le cas, Niler nous aurait déjà recontacté pour faire pression. Puis même si elle avait survécu, elle ne serait plus qu’un légume incapable de bouger ou de parler. Mieux vaut qu’elle repose en paix crois-moi, m’explique-t-elle compatissante.

Comment peut-elle dire ça ? Je sens mes entrailles bouillir et les larmes monter. Morgane n’est pas très habile socialement parlant, mais au moins elle est honnête. Je ne surenchéris pas j’essaie de me calmer mais elle reprend :

- Tu es dans le déni. Tu te mens à toi-même, tu le sais.

Je ne veux pas entendre ça. Je prends la fiole de PDB dans ma poche et en termine le contenu devant Morgane mal à l’aise. Les larmes repartent et mes boyaux se calment. Je suis à nouveau détendu mais je n’ai plus de PDB...

- Morgane… J’ai besoin d’une autre dose s’il te plait.

- Non Cole. Une fois, mais pas deux, répond-t-elle fermement. Le virus te permettra de faire ton deuil plus facilement en théorie. Mais pour ça tu dois faire face à la situation.

- Mais…

- Si tu continues d'insister, tu peux sortir de mon labo tout de suite. Je t’aiderai pas à replonger. Tu ne peux pas me demander de faire ça.

Je ne veux pas perdre ma seule amie ici alors je n’insiste pas pour l’instant. Je change de sujet, gêné.

- Ça va mieux toi ?

- Comment ça ? me demande-t-elle.

- Tu sais très bien de quoi je parle, Morgane. Ta mère...

- Tant que je ne pense pas à elle ça va, répond-t-elle sèchement en devenant froide.

Elle est aussi dans le déni j’ai l’impression. Elle a beaucoup à évacuer je le sens.

- Qu'est-ce que tu as fait de si horrible ?… Ce matin à la cafétéria tu as dit que tu avais dû faire des choses horribles, j’insiste pour qu’elle se confie à moi.

- J'ai pas envie de parler de…

- Pourquoi ? Tu ne me fais pas confiance ?

- Si… Je crois.

- Alors ?

Elle me plante la seringue dans l'avant-bras de manière à me faire un peu mal, puis elle poursuit pendant que la fiole se remplie de mon sang :

- Pour mettre au point le virus Némésis, je devais le tester sur des humains. Bien souvent des innocents et… Ils sont morts Cole. 

Elle me dit ça un peu agacée et la voix légèrement tremblante mais elle continue en retirant la seringue maintenant pleine :

- Tu vas peut-être me prendre pour un monstre, mais je n'avais pas le choix. J'ai dû les sacrifier pour la cause. J'ai dû les regarder souffrir, j'ai dû en abréger certains. Pendant presque dix ans, ma vie n'a été faite que de ça. Je… J'ai…

Je ne le laisse pas finir et l'embrasse doucement sur les lèvres durant peut-être quatre secondes ou cent-cinquante je ne sais pas. Le temps semble être à la fois trop court et en même temps infini. Lorsque que j'arrête, elle paraît perplexe. Elle va pour dire quelque chose mais je la coupe avant :

- Juste pour que tu oublies tes soucis quelques secondes. Bonne nuit Morgane.

Puis je m'en vais, la laissant perdue dans ses pensées, sans vraiment savoir pourquoi j'ai fait ça. La journée m'a épuisé, je ne veux pas réfléchir, je vais me coucher.

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