Chapitre 11 : Réunion au sommet

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Ville de Solaris (anciens États-unis) : Haute zone d’Amérique

09 décembre 2121

06h34

Le gouverneur Malorne est seul dans un grand bureau rond entouré de baies vitrées. La salle est baignée dans la lumière du soleil levant qui commence à surgir au loin derrière les montages. Cette pièce se trouve dans la flèche, le bâtiment principal du gouvernement et la plus grande tour jamais construite. Plus de mille cinq cents mètres de haut. Malorne est debout, il regarde calmement l’aurore au-dessus de la mer de nuage, percés par quelques gratte-ciels. C’est un grand homme mince et fort vêtu d’un magnifique costume noir propre aux hommes politiques Gouvernementalistes. Il porte une demi-cape noir et or que seul le gouverneur peut revêtir. Malorne a plus de soixante-dix ans mais n'en paraît pas soixante. Il a une courte queue de cheval grise, le teint pâle et des yeux noirs dans lesquels se reflète la lumière du soleil. Son visage ne laisse pas filtrer la moindre expression, comme à son habitude.

Une jeune femme aux cheveux blond frappe à la porte puis entre :

- Monsieur, le 1er ministre Tanel et le commandant Niler sont arrivés.

- Faites les entrer, répond-t-il avec une voix glaciale et rauque sans daigner se retourner vers sa secrétaire.

Les deux hommes entrent dans la pièce, escortés par la jeune femme.

- Autre chose, monsieur ? demande-t-elle avenante.

- Laissez nous.

Elle s’exécute tandis que Malorne s'adresse aux nouveaux venus.

- Asseyez vous messieurs.

Les deux hommes s'asseyent autour d'une grande table ronde au centre de la pièce. Le premier ministre Tanel est un homme de taille moyenne, bien portant, ayant bientôt la cinquantaine. Il a de courts cheveux bruns et porte le même genre de costume que le gouverneur, en légèrement moins sophistiqué. Niler, lui, porte une simple combinaison militaire kaki. C’est un homme grand et fort avec de courts cheveux grisonnants et le regard dur.

- Je suppose que la situation est grave si nous sommes ici, déclare le commandant Niler.

- En effet Arturus, lui répond Malorne en se retournant enfin vers ses interlocuteurs. La situation est grave. Nous avons été trahis, ajoute-t-il en se mettant à tourner lentement autour de la table, le regard pensif dirigé vers les nuages. Le docteur Cécile Baile et sa fille se sont avérées être des infiltrées.

- Cécile Baile ? demande le premier ministre Tanel, surpris. C'est impossible, c'est elle qui a mis en route le projet Némésis. C'est un membre du conseil...

- C'est bien ce qui m’inquiète Sylver, lui répond le gouverneur en se plaçant face aux deux hommes. Si un membre du conseil c'est avéré être un infiltré, en qui pouvons-nous avoir confiance ?

- Ne nous étions nous pas débarrassé de tous ces traîtres ? Demande le commandant Niler, la voix pleine de dégoût.

- Je vous le demande Arturus... N'était-ce pas votre travail en tant que commandant de traquer et de nous débarrasser de tous les espions révoltés ?

- Insinuez vous que cela est de ma faute ? demande Niler avec reproche.

- Peut-être bien... Mais qu'importe. Ce qui est fait est fait. Nous devons maintenant nous concentrer sur les problèmes que cette trahison a engendrés, leur explique froidement Malorne. Il nous faut absolument nous assurer de la loyauté de chaque membre du gouvernement... Sylver, des suggestions ?

- Nous pouvons faire fouiller les téléphones et ordinateurs de chaque gouvernementaliste. Nous pourrions aussi utiliser la propagande. Promettons leur de les traiter avec clémence s'ils se rendent d'eux même. Encourageons-les à se trahir les uns les autres, propose le premier ministre Tanel l’air sérieux.

- Les traiter avec clémence ?! demande Niler avec mépris. C'est une blague ?! Il faut les exécuter !

- Je suis d'accord... avec vous deux... leur dit Malorne en se retournant face au soleil. Nous allons fouiller chaque dossier et espionner chaque conversation. Nous assurerons à ceux qui se rendront d’être traité avec miséricorde, puis, nous les exécuterons de la pire manière qui soit. Nous diffuserons ses images dans toutes les zones, dit-il en restant de marbre.

- Si nous agissons ainsi, nous risquons de perdre des éléments précieux, gouverneur. La méthode du commandant Niler est radicale, mais nous avons besoin de chaque cerveau capable de nous aider à développer des armes pour combattre les monfulters.

- En effet Sylver. C'est ce qui m'amène au deuxième problème occasionné par la trahison du docteur Baile et de sa fille. Nous avons arrêté Cécile mais Morgane s'est enfuie... avec toutes leurs recherches.

- Nous avons eu la mère Baile ? demande Niler

- Oui, elle reçoit actuellement des soins. Elle a été gravement blessée en tentant de s’enfuir.

- Il faudra faire de son cas un exemple. Je m'en chargerai personnellement. Il faut que tout le monde comprennent qu'un sort pire que la mort attend ceux qui s'opposent au gouvernement !

- Vous arrive-t-il de réfléchir Niler ? Tuer le docteur Baile ne nous avancera un rien, remarque le premier ministre exaspéré.

- Faites très attention à vous Tanel, je vous conseille de...

- Ça suffit ! hurle le gouverneur Malorne d'une voix forte tout en se retournant vers eux. Son regard devient plus féroce. Le premier ministre baisse les yeux tandis que le commandant Niler fait profil bas, trop fière pour baisser les siens. Malorne continue, le regard et la voix menaçante :

- Vous ne semblez pas comprendre la gravité de la situation ! Un virus capable de faire d'un simple homme un soldat implacable est aux mains d'un ennemi que nous croyions disparu depuis dix ans, et qui finalement, s'avère nous manipuler depuis le début ! hurle-t-il en frappant violemment du poing sur la table.

Il reprend plus calme mais avec une voix chargée de haine et d'inquiétude :

- Cet ennemi est parmi nous ! Dans nos rangs ! Et ils ont le virus qui était censé nous permettre de rivaliser avec les monfulters ! Sans lui nous ne tiendrons pas s'ils nous attaquent ! Et nous devons maintenant, en plus de gérer une menace venue d'une autre planète, nous préparer à nous battre contre les révoltés qui refont surface ! Croyez-moi messieurs, nous sommes dans une situation très délicate, et ce n'est pas vos querelles insignifiantes qui vont nous aider. Je vous ai nommé commandant et premier ministre dans le but de m'aider à maintenir l'ordre et la justice sur cette terre. Je peux très bien vous remplacer si vous n'en n'êtes pas capable.

- Notre arsenal nucléaire est prêt et je supervise toujours la construction de notre flotte Gouverneur. Elle sera prête dans quelques mois et nous pourrons réduire à néant l'ennemie si besoin. Que ça soit les monfulters ou les révoltés. Et nos services de renseignement repéreront vite les infiltrés. N'ayez aucun doute là-dessus, le rassure le premier ministre.

- Bien Sylver, voilà qui fait avancer la situation. Arturus, des suggestions ?

- Il faut faire parler le docteur Baile. Elle doit avoir des informations sur les révoltés, ou elle pourrait nous donner le nom d'autres infiltrés. Et pour ce qui est des monfulters je peux vous assurer que mes hommes sont surentraînés et seront prêts à piloter la flotte du premier ministre Tanel, quand celle-ci sera prête, assure le commandant Niler. Nos sondes ont été envoyées sur leur planète. Nous aurons bientôt plus d'informations sur eux.

- Bien. Nous allons faire parler le docteur Baile dès son réveil. Notre priorité doit être de récupérer le virus Némésis. Nous avons trouvé une oreillette sur le révolté qui s'est enfui avec la fille de Baile, elle va nous permettre de contacter les révoltés.

Le gouverneur Malorne se retourne face à la fenêtre en retrouvant son calme et son regard de marbre avant d’ajouter :

- Et nous avons un moyen de pression qui est arrivé à la capitale en même temps que cet homme.

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