Chapitre 22 - SACHA

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J'avais donc vu juste depuis le début.

Il y a bien un traître dans nos rangs, mais ce que je n'aurais jamais pu deviner, c'est l'identité de ce traître.

Astrid.

Ma précieuse Astrid. Comment as-tu pu faire ça ? Malgré tout, j'arrive pas à lui en vouloir quand je vois tout le désespoir dans ses yeux. Elle regrette. Elle regrette tant ce qu'elle a fait, et elle ne l'a fait que parce qu'elle n'arrivait plus à joindre les deux bouts. Il s'agissait là de sa dernière échappatoire, comme la mienne était la DFAO quand mon père m'a renié. J'ai fait la même chose, alors jamais je ne la blâmerai pour ça.

Et pendant que je me fais ces réflexions, mon père s'avance vers moi, mais mon sort m'importe peu. Si je savais que ma mort assurerait la survie d'Astrid et de l'Organisation, je donnerais ma vie sans hésitation. Et aujourd'hui, quand tout est perdu ? Savoir que je m'apprête à quitter ce monde pour toujours ne me perturbe toujours pas. Est-ce anormal, de ne pas craindre la fin ? À vrai dire, je l'attends avec délectation. À quoi me sert de rester en vie dans ce monde de folie, où je ne reverrai jamais Astrid et où l'Organisation sera détruite d'ici peu ? À rien. Et même pire : je souffrirais bien plus qu'en mourrant. Quant à ce que ce soit de la main de mon père, depuis que j'ai accepté la vérité, que j'ai accepté qui il est vraiment et surtout, qui je suis moi, il n'est plus mon père. Je ne cherche plus ni son pardon, ni son amour, ni son approbation.

Le canon froid de son arme touche ma tempe, plisse ma peau, appuie encore et encore, et je ne bouge toujours pas, tandis qu'Astrid, en face de moi, hurle et se débat de toutes ses forces.

- Abandonner ne signifie pas que je ne t'aime pas, murmuré-je trop bas pour qu'elle puisse m'entendre à travers ses cris désespérés. Je t'aime, répété-je une dernière fois, quoi que tu aies pu faire. Nous nous retrouverons bien tôt.

Je ne ferme pas les yeux comme on le voit dans les films.

Contrairement à tout ce que mon comportement indique, mon amour pour elle est toujours aussi brûlant, et la seule chose qui me déchire dans l'idée de mourir, c'est bien de l'abandonner derrière moi.

Alors je garde mon unique oeil valide grand ouvert, ainsi que l'autre, bien qu'il ne m'offre que le noir.

En face de moi, Astrid s'est calmée. À présent, elle supplie Walter, lui promettant tant de choses rien que pour sauver une vie, rien que par amour pour moi.

- Ceci n'est pas une éclipse éternelle, lui lancé-je, et je sais que cette fois, elle m'a entendu.

Son visage est la dernière la chose que j'emporte avec moi quand le néant m'avale dans une explosion, et je n'aurais pas pu imaginer meilleur cadeau d'adieu.

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