7 - Il n'y a que des dominations affectives

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Enfin, de quoi est coupable le capitalisme ? Aucune réponse définitive dans ces lignes ! Ici, il n’y a que des ébauches, juste de quoi réamorcer une réflexion qui est déjà notre. Une esquisse pour réhabiliter une force qui nous a quitté, mais que nous allons retrouver avec grande joie !

*

Alors revenons à nos affaires : toutes les problématiques que nous pouvons soulever dans nos réflexions sur l’éducation populaire nous ramènent toujours au même point : le problème du financement.

Le problème de cet argent devenu empereur de l’économie. L’argent, le véritable gouvernant de nos structures. C’est son manque qui guide nos actions, décide de notre organisation, soumet nos volontés par l’objectif unique de la rentabilité. L’argent qui est, plus que toute initiative du CA, la première force qui entreprend, contraint, réforme, réprime et, parfois, dissous. En dehors de toute abstraction de stratégie ou de gouvernance, c’est bien lui, l’argent, qui distribue les pouvoirs.

Nous voilà sous son règne. Nous voilà sous le fléau de la concurrence par les appels à projets, sous le stress de la dépendance financière incertaine, sous la masse administrative imposée par les différents organismes “publics”. Nous voilà condamnés à être le meilleur bureaucrate, le chasseur de prime le plus féroce, le lèche-bottes de grande dextérité. Les clés du financement publique offertes a ceux-là usant le plus habilement des règles d’un jeu, dans un système créateur d'association apolitiques, neutres, gentilles, non-contraignantes - décadantes ?

C’est ce qu’il se passe quand on accepte de se soumettre au financement étatique : on perd toute liberté d’action – jusqu’à trahir nos vieilles promesses.

L’argent gouverne, puisque rien dans la marchandisation généralisée, n’échappe aux lois des flux financiers. C’est précisément là où s’exerce le contrôle capitaliste de la production. Et nous, pauvres nous ! nous sommes le résultat de cette sélection : l’affinage précis d’une politique du profit absolu. Ceux qui restent encore aujourd’hui sont ceux qui ont pu s’adapter – et nous savons ce que «s’adapter » veut dire.

Si l’argent vient d’un état corrompu et d’entreprises privées : alors de fait, les associations servent précisément ces intérêts-là – on est sous la dépendance mécanique de ses volontés politiques. Voilà comment s’organise pour nous l’aliénation. Notre survie, si elle est le fruit de notre travail acharné, est tout de même décidé de fait par le jeu économique. Nos forces lancées dans la bataille peuvent servir autant l'ennemi que soi...

Mais la technocratie nous répète que ce problème de financement n’est en rien une volonté politique. Non, c’est une erreur ou un choix comptable rien d’autre ! Nous devrions être heureux d'exister malgré tout !

Mais nous le savons tous : à chaque fois que l’état parle de problématique comptable, il ment.

La réalité est autre : tout est organisé pour maintenir l’association dans une routine aveuglante. Dans ce climat de tension et de paperasse, elle parvient à imposer le dogme bureaucratique. Dans cette situation, rien ne peut être entrepris. Sauf, bien sûr, ce qui sert l’intérêt des financeurs.

Est-ce une coïncidence si nos projets sont devenus apolitiques et non-critiques ? Nos yeux s’ouvrent sur le berceau de l’éducation populaire. Mais on nous a volé le bébé, un intrus l'a remplacé : la gestion des déchets non-rentables de la société, que le dévouement et le bénévolat rend peu couteux pour le capital.

On a soigneusement détruit par l’austérité monétaire et la bureaucratie l’essence de l’éducation populaire : la liberté d’agir et l’émancipation de tous. Pourquoi ? Eux non plus ne sauraient ignorer une telle réalité : l’éducation est révolutionnaire. Alors comment, dans une constante lutte de classe, l'éducation populaire ne serait pas l'objet de stratégie d'aliénation ? Comment l'oligarchie peut-elle omettre cela de ses plans de domination ? Le monde serait-il différent que ce qu'il est ?

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