8 - L'inévitable lutte des intérêts divergeants

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Par la concurrence et la dépendance, l’état impose. Ainsi, l’éducation populaire devient le reflet des institutions – ou plus exactement, des intérêts de ces institutions.

Elle s’est transformée en sous-traitant des besoins fondamentaux de la classe capitaliste. Quels sont ces besoins ? Parvenir à gérer, sans grand frais, l’inévitable misère dûe au système économique, à la fois non rentable et non productif.

Quelle solution à ce problème ? Le monde associatif, sous perfusion, dirigé par les subventions, contenu dans une contrainte quotidienne énorme.

Parce que chez nous, le bénévolat est nombreux, les forces ne se limitent pas au code du travail, et l’état peut toujours demander plus et encore plus, car nos cœurs ne peuvent abandonner la misère à la solitude. Un chantage affectif, bien sûr, mais un chantage rentable.

Alors l’éducation populaire, hier révolutionnaire, est aujourd’hui cantonnée à la gestion des déchets, pour nourrir une image pseudo-culturelle d’une municipalité, ou participer au spectacle ridicule de l’écologisme-capitaliste - afin de donner encore un peu de légitimité à un système qui brûle le monde.

Toute volonté est bridée par la censure économique et idéologique. Tout devient aussi apolitique que possible. Pourquoi ? Parce que les financeurs se sont mis en position de domination : or l’état corrompu et les entreprises privées sont tout sauf des acteurs neutres.

Je répète : l'état et le privé ne sont pas des acteurs neutres. Ils ont une volonté claire et les moyen de les imposer. Ces deux-là ne forment plus qu’une seule chose : la matérialisation de la défense des intérêts d’une aristocratie dont on connait tous le visage et l’adresse.

Nous sommes à l’affut de leur volonté politique. Et chacun sait ce que « volonté politique des super riches » veut dire pour nous, association de l’éducation populaire.

Car comment croire que de telles contradictions entre l’éducation populaire pour l’émancipation et la super-classe dominante pour l’asservissement peut trouver un terrain d’entente ?

Cette contradiction est insurmontable. Le comprendre est la clé de tout.

Quand un conflit entre deux classes survient, la classe la plus organisée l'emporte. Alors nous, pendant qu'on se perd dans la modernité et les papiers de subvention, eux construisent des structures et des lois pour assouvir leur domination. De là viennent toutes nos faiblesses.

Notre situation n’est pas un hasard. Ce n’est pas un mauvais sort. Il faut oser voir les institutions comme elles sont : des outils de domination de classe. Et si nous ne sommes pas organisés, alors nous sommes totalement sous domination étrangère. Nous ne pouvons nier la volonté de l’aristocratie : détruire l’esprit critique, former l’âme au travail et à la docilité. Entre nous et le capitalisme réside précisément un parfait antagonisme.

Alors : comment peut-on vouloir éduquer à l’esprit critique alors que nous dépendons de forces bien plus puissantes, qui manifestent constamment leurs intérêts pour un peuple léthargique, soumis et idiot ?

C’est là une équation insoluble – dont les « structures socio-économiques » ne peuvent rien.

Qu’importent nos volontés ou nos désirs : nous baignons jusqu’au cou dans la lutte des classes.

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