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Entouré de hauts murs, ceinturé de caméras, surveillé par des gardes armés accompagnés de chiens, l’endroit était vaste et tranquille. On installa le géniteur et sa jeune dame de compagnie dans des appartements à l’écart, dont le grand luxe, en dehors de la rénovation exemplaire de bâtiments du 16e siècle, était la présence d’écrans plats dans chaque pièce, dont un super-méga géant dans le salon. On l’informa qu’il avait à sa disposition une gigavoiture hydrogélectrique, sous réserve de la validation de son utilisation par l’Agence d’Appréciation des Déplacements, comme tout un chacun des privilégiés. Il en oublia ses SUV acquis au marché noir et maintenant abandonnés sur le parking de la cité, dans l’attente d’être carbonisés lors des émeutes programmées l’année suivante. Cette satisfaction soudaine et complète de ses rêves le laissa désarmé, n’ayant jamais envisagé un au-delà de cet impensable. HDP, sur la suggestion de Matou, avait engagé une femme de services à son usage. Toujours sûr de son charme, il pouvait se calmer quand il en avait besoin et quand la jeune dame de compagnie prenait ses temps de pause, conformément aux nouvelles lois sur le travail bénévole obligatoire, sa binôme prenait la tâche. Après avoir abusé de ce luxe, Gérard se lassa, toujours incapable de souhaiter plus. Par hasard, avec l’aide de LIA, il se découvrit un plaisir à écrire des histoires et à les publier sur un site d’entraide des LIA écrivaines. Il y acquit une petite notoriété, les LIA étant programmées pour flagorner sans retenue, et, sûr de lui, entreprit d’écrire l’histoire de son fils, celle que vous êtes en train de parcourir. Ce texte ne correspond donc qu’à ce que vous souhaitez lire. La véritable version reste à rédiger.

Le père sous contrôle, il restait la bonne femme. La nuée d’avocats justifia ses appointements en découvrant que, par rapport à Uriel, elle n’était que son agent, même si elle était couchée sur le contrat. Hubert, dans sa grandeur d’âme, et pour avoir la paix, négocia un dédommagement avec la matrone, trop heureux de son ignorance de la valeur des choses, pour éviter d’éventuelles velléités d’interventions dans son programme.

Restait le gros morceau, la poule aux œufs d’or ! (item déjà utilisé avec Jo / intervention humaine requise / essayez toison d’or ?) Mais, avant de la traire, il fallait en avoir le cœur net. Une armada de médecins et de robots envahit les lieux pour étudier le spécimen, sans le détruire, selon les directives impératives. Cela amusa beaucoup Uriel de se voir examiné avec tant d’attention. Ils repartirent, justement rémunérés pour leur silence pour les siècles à venir. Une clause non écrite leur avait bien spécifié que la moindre parole serait leur dernier mot.

Un seul exemplaire du rapport sous les yeux d’Hubert, qui pouvait se résumer à : R.A.S. Le gamin avait bien une paire d’ailes plumées, accrochée sur les omoplates, avec des muscles permettant de la mouvoir, sinon, rien de spécial. Il avait un pénis hors norme, en semi-érection permanente, mais dépourvu des autres attributs reproductifs. Il ne ferait sans doute pas de puberté. Une intelligence basse, mais peu développée, car jamais sollicitée. Pour le reste, rien d’anormal. Hors rapport, l’expert en chef, sûr de son expertise, avait livré son intime conviction : un monstre biologique, mais aucune trace d’une intervention surnaturelle.

Tout ceci était du pain béni ! Il n’y avait plus qu’à rentabiliser l’exploitation du filon, sans limites. Avec son précieux second, Hubert décida de prendre en main l’éducation d’Uriel, tellement délaissée. Ils n’envisagèrent pas de lui délier l’esprit, chose bien inutile puisque des communicants assistés permettraient de lui mettre les bons mots dans la bouche. En revanche, tout était à lui apprendre en comportement, chorégraphie, gestuelle. Ils trouvèrent la perle rare, dont le silence fut évalué au prix de l’or, son tarif habituel.

Tout ceci était nécessaire, mais la gestionnaire, qui ne rendait des comptes qu’aux actionnaires, commençait à trouver l’addition un peu lourde. Si l’entrevue avec la PAV avait été exploitée à fond, notamment par la Maison d’État, l’absence d’apparition échauffait les réseaux, et des rumeurs de canulars circulaient maintenant en plus grand nombre que les explications complotistes. En effet, la rencontre avec la PAV s’était déroulée hors caméra et seule la parole de ce dernier avait validé l’entrevue, ce qui était bien faible, même s’il était interdit de mettre en doute l’infinie sagesse et honnêteté du Tout-Puissant.

Il fallait agir !

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