Deuxième Partie : La Fin

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Mi-avril 2033

Cela fait un peu plus d’un mois que j’ai rejoint ce camp de secours. J’ai parlé de mon idée d’organisation pour le camp aux militaires et autres personnes présentes et la plupart sont d’accord pour mettre en action mon idée. Mais il reste un problème à résoudre : qui devons-nous choisir comme chef ? Qui doit prendre la tête ? Ils m’ont tous regardés. Ils voulaient que je dirige, que je sois celui qui décide. Je n’ai pas accepté sur le coup. Je me sentais trop jeune, trop inexpérimenté, pas à la hauteur de la tâche. Comment un jeune de 17 ans pouvait-il être celui qui dirige alors qu’il n’a aucune expérience de vie. Je crois que ce qui m’a convaincue d’accepter est lorsque ma petite sœur Alyzée est arrivée au camp.

Je me promenais et le Caporal Taillon essayait de me convaincre d’accepter de diriger. En tournant sur le chemin de l’entrée du camp, je vis Aly qui se débattait dans les bras d’un homme qui m’était inconnu. Les gens aux alentours ne faisaient rien pour l’aider. Un sentiment de haine pure monta en moi. J’arrachais l’arme du Sergent Taillon et fit feu une fois sur l’homme. La balle l’atteignit à la tête. En ce 15 avril 2033, je tuai un homme pour la première fois. Le coup de feu a retenti tel une cloche dans l’air clair du matin. Le réveil fut brutal pour ces gens empêtrer dans l’aveuglement. Ils se retrouvèrent à dévisager un jeune homme avec la moitié du corps brûler au troisième degré dont la main droite tenait une arme. Une seconde plus tard, je m’effondrais au sol en hurlant de douleur ou de désespoirs, je ne sais plus. Dans ma tête, j’étais concentré seulement sur Aly. En ressentant l’emprise de l’homme se relâcher, elle en a profité pour s’éloigner. Elle s’est retournée vers moi en attendant mon cri. J’ai vu toutes les émotions passées sur son visage avant de se figer en un masque de soulagement mélanger à l’inquiétude. Dans le brouillard qui m’entourait, je voyais son visage si clairement qu’aujourd’hui je peux encore le décrire.

Je voulais offrir lui un endroit sécuritaire où elle pourrait vivre et s’épanouir. Un endroit qu’elle appellerais sa maison. Je n’ai accepté que par pur désir égoïste, un désir égoïste de grand frère. J’ignorais tout du destin qui m’attendais au bout du chemin.

La première mesure fut d’asseoir mon autorité. Pour ce faire, les militaires ainsi que quelques volontaires ont arrêtés les personnes causant du tort aux autres. Les voleurs ont été bannis. Les violeurs et les meurtriers ont été exécuté sur place par les militaires Voyant cela, le camp s’est rapidement joint à moi. Comme le camp se situait dans un champ proche de plusieurs fermes, je mis à la disposition des fermiers les soldats pour les protéger et des bras, hommes et femmes, pour les aider ne demandant en échange que de la nourriture. Il fallait que tout le monde travaille et ai quelque chose à faire et s’occupe l’esprit sinon on allait tous craquer.

En mettant en place des règles simples et basiques et des responsables, cela nous a permis de retrouver une communauté plus stable et respectueuse. J’ai imposé des règles strictes, mais juste. Toutes personnes prisent à voler sera bannis du camp. Sans eau, nourriture ou équipement de survie, il leur sera pratiquement impossible de survive, mais nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller des ressources sur ceux qui ne veulent pas nous aider. Toute personne qui en tue une autre ou qui en viole une autre sera fusillé. Nous ne pouvons pas permettre à une personne qui vient d’en détruire une autre d’être simplement enfermée et de ne rien faire. J’aurai pu les faire mettre au travail, mais je devais faire passer le message : aucun crime ne sera toléré. L’espoir est finalement apparu dans les yeux de la majorité. La simple idée que quelqu’un a pris les choses en main a illuminée l’avenir. On se dit individualiste, mais l’esprit de groupe est ce qui nous définit en tant qu’humain. Sans ce sentiment, on se sent perdu. Retrouvant énergie et motivation, les rescapés se sont trouvé une occupation : aide aux champs, coupe du bois, milice, aide-soignant. En quelques jours, une nouvelle routine s’était installée. Il avait moins de problème, plus de sourire et plus d’entraide. Je me sentais comme un tyran d’imposer ainsi ma volonté aux autres. Ajouter à cela le fait que j’ai une tronche à faire fuir les enfants, j’étais mal à l’aise.

Au début, je pensais que tout le monde fuirait le camp, mais ça fut le contraire. Peu à peu, au fil des semaines et des mois qui ont suivie, de plus en plus de rescapés se présentaient à la porte du camp à un point tel que j’ai dû faire un autre camp un peu plus loin. Nous avons commencé à envoyer des petits groupes explorer les villes. Ils nous ramenaient des matières premières et des matériaux. De temps en temps, ils ramenaient des rescapés.

Notre campement a gagné une telle réputation que plusieurs campements plus ou moins lointain ont décidé de nous rejoindre. Ils veulent tous que je suis celui qui dirige. Je n’ai pas le choix, je me suis promis que je prendrais les responsabilités tant et aussi longtemps que le monde ne sera pas assez sûr pour Aly.

13 décembre 2033, Région de Montréal, Québec, Canada

Aujourd’hui, je prends la plume pour la première fois. J’avais, j’ai le besoin de raconter ce qui s’est passer et ce qui se passe en ce moment. Cela fait exactement un an que j’ai reçu ces blessures sur mon corps. Un an que je ressemble à un monstre. Normalement j’aurais eu des greffes de peau, mais rien n’est normale depuis le début de l’année 2032. Plutôt que de recevoir des greffes, je suis sous médicament pour empêcher les toxines de me tuer. Je ne ressens plus rien de tout le côté droit de mon corps. Je n’entends ni ne vois plus rien de mon oreille et mon œil. Je peux bouger, mais je n’ai pas de sensation, comme si mes membres ne m’appartenaient plus. De temps à autre, j’ai l’impression de ressentir une énorme douleur. Le Caporal Taillon dit qu’il s’agit d’une douleur fantôme, comme pour les personnes qui ont perdu un membre. Je vois le regard des gens, ils me trouvent laid et ils ont raison. Je suis laid. Comment avoir confiance en soi lorsque son corps n’est plus qu’un champ de bataille dévasté ? Comment pourrais-je approcher cette fille qui semble être partout et connus de tout le monde. À chaque fois que je tourne la tête pour regarder quelque part, elle semble être là. Pourquoi est-ce que je la vois partout ? Je n’ose point l’approcher. J’ai peur. Peur de ce que je ressens, peur d’avoir l’air stupide, peur… Peur de ne pas être assez bien tel que je suis ! Peur qu’elle me repousse à cause de mon apparence ! Je suis stupide. Je m’inquiète de comment une fille pourrait me trouver alors que nous sommes en pleine apocalypse. Je devrais me concentrer sur ce qu’il faut faire pour survivre l’hiver, mais mes pensées me ramènent toujours vers elle. Pourquoi ? Pourquoi elle et pas n’importe qu’elle autre ? Je ne m’étais jamais vraiment intéresser à quelqu’un aussi intensément. Faux quand j’y pense. Il a Sasha et Aly, mais pour cette fille c’est quelque chose d’entièrement différent. Je ne serais comment le décrire. Je suis…

14 décembre 2033, Région de Montréal, Québec, Canada

Je me suis endormi sur ce journal hier soir. Aly est venu me réveiller ce matin et a été surprise de me trouver endormi à un bureau. Il s’agit du seul membre de ma famille que je sais qu’il va bien. Un an sans nouvelle de mes parents, oncles, tantes, cousins et cousines. Juste Aly. Je ne sais pas comment elle a fait pour me trouver. Était-ce de la chance ou bien elle m’a traqué ? Était-elle en route pour me voir à Montréal lorsque nous avons évacué ou a-t-elle fait tout le chemin depuis Gatineau ? Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas encore posé ces questions. Ais-je peur de la réponse qu’elle va me donner ? Non, je suis terrifié. Je ne veux pas savoir si elle a vécu une situation X ou Y extrêmement traumatisante pour son âge, mais en même temps en y pensant trop, je m’imagine toutes sortes de scénarios qui sont peut-être pire que la réalité. Mais comment trouver le courage de demander ce que l’on ne veut pas savoir ?

Et puis je n’ai pas trop le temps pour ça. Nous avons un gros manque de vêtements d’hivers, de couverture et d’abris efficace contre les éléments, sans compter le manque de médicament de base. Ma première préoccupation devrait être de savoir comment nous allons passer l’hiver. Les premières vagues de froid ont commencées. Il faut se dépêcher de construire des abris plus adaptés. Les tentes en toiles ne nous protègeront plus longtemps. Cela fait quelques semaines que le travail au champ c’est arrêté. Toutes ses personnes sans rien à faire, ce n’est pas bon pour le moral. Il faut que je leur trouve quelque chose à faire sinon ça va mal finir. Je peux peut-être… c’est une bonne idée, en tout cas je l’espère.

Je m’inquiète pour Sasha. Elle est sans nouvelle de sa famille depuis aussi longtemps que moi. Elle ne montre rien, mais je sais qu’elle se fait du souci, plus qu’elle n’ose le dire. Pour elle, ses parents étaient tout. Elle les adorait à un point tel que c’était pratiquement du fanatisme. Personne n’était meilleur qu’eux. Aucun couple plus amoureux. Je peux compter sur mes doigts le nombre de personne qu’elle estime assez pour qu’elle les présente à ses parents. J’ai la chance d’en faire partie. Je la connais depuis l’école primaire. Nous avons fait les quatre cents coups ensemble. J’ai été la première personne vers laquelle elle s’est tournée lorsqu’elle a vécu sa première peine d’amour. Je connais tout d’elle ou presque. Elle discute et commente ces scénarios/situation que j’invente. Elle est la seule avec Aly qui trouve cela intéressant. Depuis que je suis à la tête du camp, elle écoute mes idées et me conseille. Elle a toujours été la plus réaliste des deux. J’ai de la chance qu’elle soit ma meilleure amie.

15 décembre 2033, Région de Montréal, Québec, Canada

La population était plutôt enthousiasme lorsque je leur ai présenté mon idée. La voici, dans dix jours ce qui serait normalement le jour de Noël, sera organisé des festivités, non pas pour fêter Noël, mais pour fêter notre survie. Pour ce faire, nous avons dépêché plusieurs dizaines de groupe vers Montréal pour qu’ils nous rapportent ce dont l’on manque. Pendant ce temps, leur autres s’affairions à construire des stands et autres choses utiles pour la fête. Je n’organise rien, je les laisse s’organiser entre eux. Ce projet a pour but de vaincre l’ennui et de leurs permettre de se rapprocher en tant que communauté. Je ne suis pas stupide, s’il a une chose que j’ai compris en écoutant toutes ces séries, ces films c’est que les « One man army » n’existent pas et que nous sommes capables d’avancer que grâce à tout le monde. Je ne nie pas qu’il faille quelqu’un pour être la figure de proue du mouvement, c’est ce que je suis, je suis la figure de proue, la face publique, le visage de ce camp. Un rôle que je me suis attribué et que je maintiens.

J’ignore si ce journal sera lu par quelqu’un dans le futur. J’ignore quel aura été mon impact sur ce monde, mais sachez un chose vous qui lisez ceci, peut important ce que l’on raconte sur moi, je ne suis qu’un être humain avec ses forces et ses faiblesses, avec ses qualités et ses défauts. Je ne suis pas celui que l’on vous vend dans les livres d’Histoire. Je ne suis qu’un froussard égocentrique qui n’agit que dans ses intérêts et pas dans celui des autres.

27 décembre 2033, Région de Montréal, Québec, Canada

Le Festival, comme tout le monde commence à l’appeler, a été un succès total. Tout le monde était à fond dans les préparations et le jour même, on pouvait sentir l’excitation dans l’air. Malgré la simplicité et le peu de diversité de choix offerts, tous étaient redevenus des enfants dans leur cœur. Je crois bien avoir été le seul à avoir une tête d’enterrement. Je ne me suis pas montré de toute la journée, la tête enfouis dans des problèmes que je suis le seul à voir et prévoir. Je les envie. J’aimerais pouvoir me détendre comme ils le font, mais cela met impossible. Je pense trop, j’analyse trop, je calcul trop. J’ai l’esprit d’un dirigeant honnête et prévoyant comme le dis si bien Aly.

Je ne sais quoi dire ou faire. Chaque jour apporte de plus en plus de mauvaises nouvelles. Au début tout était un peu plus simple, mais là les problèmes s’enchainent les uns derrières les autres. Je crois que je n’aurais plus vraiment le temps de tenir ce journal. Je ne dors presque plus pour pouvoir m’assurer que le maximum de personne finisse l’hivers en vie.

Je ne pense qu’à elle depuis que je l’ai vue. Pourquoi ? Pourquoi elle ? Je ne peux pas dire l’intelligence, le sens de l’humour ou sa personnalité, puisque je ne la connais pas. Je ne peux pas non plus dire la beauté, bien qu’elle soit belle. Elle n’est pas la seule belle fille dans le camp. J’ignore pourquoi. Pourquoi elle ? Pourquoi ?

16 janvier 2034, Région de Montréal, Québec, Canada

Cela fait deux semaines que chaque jour je suis harcelé par des chefs de camps qui veulent tous me rejoindre. Plus de gens égale plus de problème, mais pour mener à bien mon objectif de rendre le monde meilleur pour qu’Aly puisse avoir une vie normale, je me dois d’accepter leur demande. Je suis maintenant chef d’une coalition de plus d’une douzaine de camps plus ou moins gros. Je contrôle ce qui était autrefois Montréal et les banlieues avoisinantes. Je ne dors pratiquement plus. Je n’ai plus de temps juste pour moi. Ma vie est devenue les camps. L’hivers est rude. Nous avons perdu tellement de gens à cause du froid, du manque de nourriture et des blessures infectées. Nous manquons de tout sauf d’abris. J’écris ces quelques lignes alors que le sommeil me gagne. Je vais peut-être finir par retrouver ce qui me sert de lit. Peut-être… peut… être finir par… lui parler…

5 novembre 2036, Région de Montréal, Québec, Canada

Cela fait deux ans que je suis à la tête de la coalition des camps et ça fait 4 ans que les attaques ont commencées. Elles continuent toujours. On entend parler de campement qui ont été complètement rasés. On ignore toujours pourquoi elles ont lieu et qui est derrière tout ça. Au bout de deux ans, nous avons finis par nous installés en ville tout en gardant une route sécurisée avec les fermes. Le fait d’être en ville apportait une plus grande commodité. Plus besoins de se tasser à plusieurs dans une tente prévue pour 6 personnes. Nous avons construit des barricades de fortune.

J’ai finalement pu parler avec cette fille. Elle m’a approchée hier pour me parler.

« Salut, comme ça c’est toi le fameux maire. Tu m’as l’air plutôt jeune, non ?

-Salut, je…

-Tu n’as point besoin de te présenter. J’ai entendu parler de toi. Je sais que tu t’appelles Guillaume et que tu as une petite sœur prénommée Alyzée. Je sais aussi que tu as mon âge et que tout le monde te respecte pour ce que tu fais. Je voulais juste voire si tu étais vraiment ce que les gens disaient de toi. Après tout, qui ne veux pas rencontrer l’Organisateur, celui qui nous as ramené dans la réalité ?

-Je n’ai pas de mérite à prendre. Je ne fais que lancer des idées en l’air et le monde me suit. Dis-moi quel est ton verdict suis-je vraiment ce à quoi tu t’attendais ?

-Euh… Tu es plus modeste que je pensais et tu es mieux que ce que tu penses de toi, dit-elle en rougissant.

-Merci, je… je suis content que tu penses ça. Qui es-tu ? Je crois t’avoir déjà vu quelques fois.

-Je m’appelle Stéphanie et j’aide au meilleur de mes capacités ceux que je peux. Donc, oui il est possible que tu m’aies vue quelques fois, énonça-t-elle en rougissant de plus en plus. »

Je rougissais moi aussi, je crois même que j’étais rouge pivoine et je souriais comme pas possible, j’ai encore mal aux lèvres en y pensant. Même si j’avais des nœuds dans l’estomac, tout sortait si naturellement. Je n’avais pas l’impression de me forcer ou de jouer. Nous avons discuté pendant un moment puis elle est allée continuer à aider. J’ai décidé de me renseigner sur Stéphanie. Cette fille m’intriguait, je voulais savoir qui elle était. Ce que j’appris me surpris grandement. Elle était connue d’une bonne partie des habitants et ils la considéraient comme un atout important dans la gestion des conflits et des différends. En parlant avec les différentes personnes qu’elle avait aidées, je découvris une fille simple à l’écoute des autres, une personne qui se préoccupe des autres, une fille souriante capable de désamorcer la plus terrible des situations. On me poussa à lui donner un poste officiel pour qu’elle soit capable de mieux aider les autres, mais surtout pour qu’elle ait plus de poids lorsqu’elle intervienne auprès des habitants. J’ai accepté et j’en ai parlé avec Alyzée. Elle est un peu ma conseillère non-officielle car elle connait tout le monde. Elle m’a dit de lui donner un rôle qui permettrait à Stéphanie de continuer à se déplacer indépendamment et d’agir comme elle le voudrait. J’ignore ce qui m’est passé par la tête. Je l’aie nommées responsable des relations entre citoyens. Ça ne fait que quelques jours qu’elle a pris son poste et elle s’est adaptée rapidement. Et quel nom stupide pour un poste. Je crois que je n’ai jamais rien nommé d’aussi stupide.

Malgré tout ce que j’ai appris, je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi elle sort tellement du lot pour moi. Qu’est-ce qui la rend si différente des autres ? Certes elle a des qualités et de très bonnes et elle est belle, beaucoup même… mais cela n’explique pas pourquoi le 27 aout 2033 lorsqu’elle est entrée dans le camp pour la première fois, je l’ai remarqué au milieu de cette foule de plusieurs centaines de personnes.

9 novembre 2036, Région de Montréal, Québec

J’ai pris la décision de remettre les centrales hydroélectriques en marchent. Nous avons plusieurs ingénieurs répartit dans les différents camps. Si cette expédition fonctionne, nous pourront de nouveau utiliser vingt-quatre heures sur vingt-quatre tous les avantages que l’électricité nous confère. Les centrales n’ont points été touchées par les attaques. C’est étrange, car la majorité des infrastructures nécessaires aux villes pour être viable n’ont pas été touchées. Je commence à croire que la personne derrière tout ça à un but en tête. Un but autre que des attaques au hasard. L’expédition se fera vers le plus grand barrage hydroélectrique du Québec : Manic 5. Elle dura 4 semaines. Je fonde beaucoup d’espoir sur sa réussite.

Entre temps, nous continuerons à nous préparer pour l’hiver. Nous avons presque fini de rentrer les récoltes. La coupe du bois se continueras en suivant la politique de responsabilité. Tout se déroule bien pour l’instant, je garde espoir que personne n’osera troubler l’ordre établie. Mais je ne me leurre pas, l’être humain est dangereux, qu’il soit seul ou plusieurs. Il ne suffit que d’une seule personne qui s’oppose pour que tout tombe à l’eau.

Aux cours des deux dernières années, Aly à changer. Elle est passé d’une simple petite fille naïve, à une adolescente capable de faire face à la situation la plus malaisante, révoltante et/ou répugnante sans trahir une seule trace d’émotion. Elle est capable de retirer un éclat dans une blessure et de replacer un os sans broncher, sans le moindre signe de dégout. Nous devenons ce que le monde nous force à devenir. Regarder moi… je suis un tueur et un protecteur. Mon apparence hideuse m’aurait causé bien des torts dans le Monde d’Avant, mais maintenant ce n’est plus qu’une vision de tous les jours. Nos croyances et nos valeurs se heurtent à la réalité de notre monde chaque jour. L’équité… jamais ce mot n’a sonné aussi vrai dans la bouche de tout le monde. Ce qui n’était devenu qu’un simple outil pour gagner des votes lors d’élections est devenu un symbole de notre survie. Montrer l’exemple tel est mon devoir comme dirais Steph, montrer la voie vers l’avenir que j’imagine. Juste leurs montrer le début du chemin pour que nous puissions faire le reste tous ensembles. À première vue, cela peut sembler stupide, mais ça fonctionne. En tout cas jusqu’à aujourd’hui. Je me rappelle toutes les vidéos que j’ai regardé de célébrité donnant des discours inspirants sur leurs vécus et de pourquoi ils étaient qui ils étaient. Maintenant je vois ce qu’ils voulaient dire et je le comprends. J’ai incombé d’une lourde tâche à un jeune âge, certain diront trop lourde pour mon âge dans le futur. Ils ne pourront jamais comprendre la situation, même s’ils trouvent ce journal.

13 novembre 2036, Région de Montréal, Québec

Nous venons de recevoir la première communication de l’expédition Manic 5. Les membres sont rendus à mi-chemin de la distance tel que prévue. Une des patrouilles a fait une découverte, ils ont trouvé une prison complètement démolie avec les cadavres de tous les prisonniers selon les registres. Tous abattus par balle, comme si quelqu’un ne voulait pas que les criminels aient une place dans ce nouveau monde. Selon les dires du responsable militaire de l’expédition, c’était du travail de professionnel, abattu tel des vaches à l’abattoir, rapide et précis.

Je continue de parler avec Steph. Je crois qu’Aly commence à se douter de quelque chose. Elle me lance des coups d’œil l’air de me dire d’y aller. Elle n’est pas la seul, d’autres personnes me lancent les mêmes coups d’œil lorsque je suis avec Steph. Certains ont même un petit sourire aux lèvres. Je ne sais que faire. Je n’ose pas briser cette relation d’amitié que j’ai avec Steph. Elle pourrait me rejeter et ça signifierait la fin de notre relation amicale normale. Et puis comment pourrait-elle aimer un gars ayant l’apparence d’un monstre hideux. Ce n’est pas un film qui finit bien, c’est la vraie vie avec des conséquences et beaucoup, beaucoup plus de subtilité que dans les films. Non, pour l’instant être amis suffit, je ne devrais demander plus que ce que j’ai. Cela serait présomptueux de ma part.

NON, MAIS T’ES VRAIMENT CON OÙ QUOI ?? LES DEUX ENSEMBLES VOUS FORMER UN COUPLE VRAIMENT TROP ADORABLE !! C’EST SI ÉVIDENT QUE ÇA SAUTE AUX YEUX !! SI TU NE LUI PARLE PAS, JE VAIS LUI DIRE !

Ps : continue tu es bon comme leader

Love Sasha

16 novembre 2036, Région de Montréal, Québec

Je n’arrive pas à croire que Sasha a osé écrire dans mon journal. Je n’oserai jamais faire la même chose… bon… je l’ai déjà fait 1-2 fois, mais c’était dans son téléphone et pas dans son journal. Elle va en entendre parler !

Les membres de l’expédition Manic 5 sont arrivés sur place avec une journée d’avance. Tout se déroule mieux que prévue. Aucun évènement notable s’est produit récemment. Dans quatre jours, il aura la réunion des différents camps se situant au Québec. Il faut que nous nous unissions si nous voulons repartir du bon pied. J’ignore ce qui va se passer et ce que les autres dirigeant pensent de mon coup d’éclat. Personne n’avait osé prendre et remettre les centrales hydroélectriques du Québec en marche. Plutôt, personne ne voulait prendre la chance de se faire attaquer par… on ne sait pas par qui, mais quelqu’un attaquait les campements et ne laissait que des ruines ravagées et fumantes comme témoins. Le nombres de rapport que je reçois à chaque mois qui mentionne un campement ravagé est élevé. Je ne peux pas ignorer le risque, mais la simple idée de ravoir de l’électricité a tellement galvanisé tout le monde que je ne peux pas arrêter le train dans sa course. Cela est le seul inconvenant majeur que je peux voir contre mon projet. Les bénéfices sont énormes et surpasse tout risque.

La note de Sasha bien que rageante, m’as fait réfléchir. J’ai décidé d’en parler avec Aly. Elle m’a écouté tout du long sans rien dire, puis elle a dit que ça crevait les yeux aussitôt que l’on nous regardait moi et Steph. Elle m’a aussi dit qu’elle appréciait beaucoup Steph, même qu’elle la considérait comme sa sœur et qu’elle m’apportait tout son soutien. Parler avec elle m’as fait remarquer… réaliser… réfléchir ce qu’elle est pour moi. C’est ma petite sœur, je ferais n’importe quoi pour la protéger et la voir rire. J’ai tué un homme pour elle et j’ai pris un rôle qui ne me ressemble pas, celui de figure de proue. Pour moi, elle est encore cette petite fille de quatre-cinq ans qui coure vers moi lorsqu’elle a peur ou se blesse. Cette petite fille qui me pose des questions sur tout et n’importe quoi, celle qui veut tout savoir et tout comprendre même les grands trucs compliqués des adultes. Bien qu’à dix ans, je faisais semblant de comprendre ce que les adultes disaient entre eux et je racontais des histoires à Aly. Cette petite fille qu’un simple tour de magie faisait sourire. Mon cœur veut retourner à cette période plus simple de ma vie. Mon cerveau dit que c’est impossible, que c’est à moi de créer de nouveaux souvenirs nostalgiques.

20 novembre 2036, Région de Montréal, Québec

Avant que je parte pour la réunion, Aly est venue me voir.

« Tu devrais lui parler de ce que tu ressens.

-Mais je veux pas briser notre amitié…

-Elle t’aimes tu sais, dit-elle sur un ton fâché, tu es juste trop aveugle pour le voir ! Tout comme elle est aveugle de ne pas voir que tu l’aimes ! Vas-y ! Aller !

-Ok, ok

-Si tu y vas pas, c’est moi qui vas le lui dire !

-J’y vais, t’inquiète pas, dis-je en commençant à rougir.

-Je t’aimes !

-Moi aussi Aly ! »

Elle a beau avoir quinze ans, cela me gênera toujours un peu de parler d’affaire de cœur avec ma petite sœur. Mais puisque je lui ai dit que je le ferais je l’ai fait. C’est fou de voir l’effet que les personnes qui nous tiennent le plus à cœur peuvent avoir sur nous-même. Une simple promesse, nous donnes la motivation de changer le monde, de se changer soi-même. Aly m’a donnée le courage d’ouvrir mon cœur à Steph, d’être totale honnête avec elle, d’être heureux. Être heureux, pourquoi cela est-il la première chose qui me vient en tête ? Ne dit-on pas que l’on sait qu’est-ce que le bonheur seulement après l’avoir perdu, alors pourquoi le bonheur me vient-il en tête ? Toutes ses questions et ses interrogations et je n’ai pas de réponse à donner. Je ne crois pas avoir été aussi stressé de toute ma vie. Je l’ai trouvée devant la maison dans laquelle j’habite avec Aly. Je l’ai trouvée si belle, si gentille, si parfaite que j’ai failli tournée talons et partir sans lui parler. Comment pouvais-je… Mais elle m’a vue et j’ai immédiatement rougis, la faisant rougir à son tour. J’étais tellement gêné que je n’ai pas ouvert la bouche tout de suite.

« Gui, tu n’es pas encore partie, s’exclama-t-elle surpris de me voir.

-Je… J’aimerais te parler. Allons à l’intérieur. »

J’ouvris la porte et nous sommes entrés. J’étais gêné à un point tel que j’avais l’impression que j’en mourrais. J’ai pris mon courage à deux mains et je me suis approché d’elle, puis je l’ai embrassé. Elle en est restée bête, tout comme moi.

« Je voulais te dire que je t’aime, que je te trouve belle, intelligente, gentille, généreuse...

-Chut, me dit-elle en mettant son doigt devant ma bouche, embrasses moi encore. Moi aussi, je t’aime ! »

On s’est rapproché l’un de l’autre, on s’est enlacé et embrassé. Je ressens encore la douceur de ses lèvres, l’odeur de son parfum, les battements de son cœur et la chaleur de son corps pressé contre le mien. Je voulais que ce baiser dure une éternité, mais Aly est entrée dans la maison nous surprenant. Nous étions gênés, moi et Steph, d’être surpris. Aly nous a sauté dessus en disant à quel point elle était contente et heureuse pour nous. À partir de ce jour-là tout alla pour le mieux, enfin manière de parler.

À la réunion quelque chose d’incroyable s’est produit. Les autres dirigeants ont accepté de mettre en commun toutes les ressources dont nous disposons afin d’aider à la reconstruction. Nous avons un objectif commun, remettre la société sur pied. Pour se faire, nous devons choisir un leader. Quelqu’un de charismatique, qui n’a pas peur de prendre des décisions, qui sera se tenir la tête haute peu importe les épreuves. La décision aura lieu demain. Chaque chef de camp est éligible. J’ai fait ma part, je suis prêt à avoir un rôle secondaire dans le monde de demain.

Et pourtant une certaine appréhension m’empêche de dormir. Une peur, la peur de quoi ? Je m’assoie sur mon lit pour écrire ces quelques lignes et je regarde autour de moi. Je suis seul dans cette pièce. Je sais qu’Aly et Steph sont dans la pièce d’à-côté et dans les suivantes, il a le Caporal Taillon et une dizaine de gardes. J’entends les voix des gardes au travers de la porte. Celles-ci sont discrètes. Ils discutent de leur vie, de leur famille et du monde. J’écris le mot peur, car c’est ce qu’il me semble le plus approprié, mais je ne serais exactement comment nommer ce que je ressens. Je regarde ma main droite. La chair brulée est entièrement perceptible avec la lumière de la lune. Dire qu’avant tout ça, j’aurai déjà eu des dizaines de greffes de peau pour empêcher les toxines de me tuer. Alors que là, je survie grâce à une pilule que je prends chaque jour. Je ne suis pas beau, je suis hideux, moitié homme, moitié monstre. Comment ais-je réussi à sortir avec une fille comme Steph. Belle, intelligente, sensible, généreuse, altruiste, humble, attentionnée, drôle… bon elle est aussi têtue, folle, mon genre de folle, insouciante, enfantine… enfin un peu. Je pourrais continuer sur des lignes et des lignes, sans que cela ne mène à rien. Mon point est que je suis incapable de voir de la manière qu’elle me voit, de voir ce qu’elle voit. Déjà juste le premier jour de notre relation et je me pose des questions, cela va mal finir, je le sens. Je vais essayer de prendre un peu de sommeil avant… avant ce qu’y vient demain.

21 novembre 2036, Centre-ville d’Oka, Québec

Aujourd’hui est le jour le plus important depuis le début des attaques. Nous allons choisir le nom du nouveau gouvernement ainsi que celui à sa tête. Je me sens en paix avec moi-même, j’ai fait le maximum que je pouvais vue mon jeune âge. Ceci sera sûrement la dernière entrée en tant que Guillaume Courtemanche l’Organisateur. L’heure approche, je me sens prêt. Tel est le visage que je montre à tous autours de moi. Pour de vrai, je ne me sens pas bien. Les quatre heures de sommeil que j’ai pu engranger ne m’ont pas aidé. La même appréhension que hier soir me gangrène.

Avant que je ne parte pour Oka, Steph m’a jeté un regard voulant dire : « tu ne vas pas bien, je le vois, Parle-moi. » Mais comment lui dire quelque chose que je ne sais pas moi-même ? Comment lui expliquer une sensation que je suis incapable de décrire avec des mots ? C’est bien plus que juste de l’appréhension. Bien plus que cela… Quelque chose si primitif, si instinctif que mon corps… non, mon être entier se sent mal. En regardant dehors, le soleil brille de plein fouet sur le fleuve Saint-Laurent. La lumière se reflète sur l’eau. Le ciel est clair et d’un bleu profond. Le vent joue dans les feuilles des arbres et les oiseaux virevoltent libre comme l’air. Une si belle journée…

Je n’arrive pas à y croire ! Ils m’ont choisi pour être à la tête du gouvernement. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils m’ont choisi ?! Je suis le plus jeune ! Je suis celui avec le moins d’expérience, celui qui a le moins de chance d’être suivie par la population ! Pourquoi moi ? Je me pose cette question depuis que la décision a été prise. Qu’est qui les as poussés à tous voter pour moi ? Je ne comprends plus rien ! Je croyais en avoir finis avec la lourde tâche de faire en sorte que le maximum de personne survivre ! Je pensais en avoir fini avec le rôle que je m’étais donné ! Qu’ai-je de différents des autres ? Je vois les gens autour de moi parler, mais je n’entends rien. Je ne me sens pas bien. J’ai envie de vomir ! Mon corps ne semble plus être capable de fonctionner comme du monde ! J’ai de la difficulté à respirer ! Je suis assis sur un balcon, je ne sais où et je me sens partir…

22 novembre 2036, Centre-ville d’Oka, Québec

Les nouvelles vont vite, les gardes ont déjà commencé à me féliciter même si je ne suis pas encore officiellement le Président. La population doit approuver la décision des dirigeants. Je me suis enfermé dans ma chambre pour l’instant. Je ne suis plus capable d’entendre parler de moi et de à quel point je ferai un excellent président. J’aimerais que Steph soit là pour m’aider à passer à travers cette situation catastrophique. C’est fou, à la seule idée de sa présence j’en avais de papillons dans le ventre et maintenant ça me calme de penser à elle. Je vais passer la journée enfermée dans ma chambre ou l’ai-je passé enfermée ? Je ne sais plus tout est embrouillé.

23 novembre 2036, Centre-ville d’Oka, Québec

Steph et Aly m’ont rejoint. Ça fait un bien fou de pouvoir parler avec des personnes qui ne me traite pas en héros national. Nous avons passés la journée à se promener dans la ville. Je dois avouer que je suis gêné de tenir la main à Steph alors que tout le monde nous regarde, ou plutôt me regarde. J’ignore ce qui a fait en sorte que ma réputation devienne si grande. Je suis pourtant qu’un homme comme les autres. J’ai mes faiblesses et mes forces, mes défauts et mes qualités. Et puis je ne suis pas aussi altruiste qu’ils le pensent. Je n’agis quand dans mes intérêts : protéger et offrir un monde meilleur à ceux que j’aime. Toutes mes décisions sont faites dans le sens de ces deux objectifs. Le monde s’en fou, tant et aussi longtemps que la personne en charge leurs permets de survivre plus longtemps. Cela permet à des profiteurs de s’élever au-dessus des autres sans de véritable oppositions à leur règne. Je ne suis pas vraiment différent, sauf que j’améliore plus le monde qu’eux.

Depuis quelques temps Aly semble triste. Quelque chose semble la tourmentée. Je vais lui parler en revenant. Je crois savoir ce que c’est, elle est rendue à cet âge-là. Je crois qu’elle s’inquiète aussi de savoir où sont nos parents. Bien que je ne fusse pas proche d’eux, je sais qu’elle les appréciait beaucoup et que le froid entre nous l’irritait et l’énervais. J’ignore ce qui s’est passé avant qu’elle ne rejoigne le camp et je n’ose pas le lui demander si elle ne veut pas en parler. De plus, j’ai peur de sa réponse. Je ne veux pas savoir les horreurs qu’elle a vécu, si elle en a vécu. Mais en même temps, je veux pouvoir la soutenir et l’aider. Ce conflit me déchire intérieurement tandis que je la regarde assise à la table de la cuisine.

25 novembre 2036, Centre-ville d’Oka, Québec

Je ne tiens pas en place. Nous allons savoir dans quelques heures si la population soutient le choix des dirigeants. Je tourne comme un lion en cage. J’ai au moins reçu une bonne nouvelle de l’expédition Manic 5, ils auront fini une semaine à l’avance sur le planning, car le barrage et la centrale sont en meilleures états que nous le pensions. Une fois la centrale en marche, nous allons devoir nous dépêcher à sécuriser le réseau routier. Nous ne pouvons pas nous permettre que les convois se fassent attaquer entre les villes et les installations.

Ça y est, le résultat est sorti, il a une heure de cela. La population m’a choisie comme dirigeant. Je leurs aie expliqué comment je me sentais, mais cela les a confortés sur leur choix.

« Je dois vous avouer quelque chose, dis-je, c’est que j’ai peur ! Peur du pouvoir que vous me donniez sur vous, peur de vous décevoir, peur de ne pas être celui dont vous avez besoin ! Je me sens trop jeune, trop inexpérimenté et pas à la hauteur de la tâche. Je peux toujours refuser, mais à voir vos visages, vos yeux brillants d’espoir, à entendre vos voix vibrer au rythme de l’espoir, du courage et de la confiance que vous avez en moi, je ne peux refuser ! Je ne suis capable à me résoudre à abandonner tant de personnes qui croit en moi ! Je ne peux rien vous promettre tant qu’à notre avenir si ne n’est que la fin ne signifie jamais la Fin, mais le commencement de quelque chose de nouveau ! »

À la fin de mon discours, la foule s’est soulevée et m’a applaudi pendant plusieurs minutes. Les « félicitations » fusaient de toute part. Je n’avais jamais vu les québécois si heureux depuis le début des attaques. Le nom choisi est celui de l’Organisation du Québec en référence à mon surnom de l’Organisateur.

30 novembre 2036, Centre-ville d’Oka, Québec

Depuis mon élection, je n’ai pas eu le temps d’écrire dans ce journal. Tout n’a été que réunion par-dessus réunion. Malgré la fatigue, je ressens le besoin d’écrire mes pensées ce soir.

Ma première décision a été de garder les anciens dirigeants des autres camps comme conseillers/ministres. Rien ne vaut plus que toutes l’expérience que nous avons acquise mise ensemble dans l’atteinte d’un objectif commun : notre survie et celle de nos proches. Par la suite, j’ai nommé Benjamin, le Caporal Taillon, chef militaire de toutes les forces, de part ce fait le promouvant au grade de Général. Depuis quatre jours, nous divisons un plan pour sécuriser les routes entres tous les camps et la route jusqu’à Manic 5. Cela n’est pas simple, vraiment pas simple. Bien que la plupart des survivants semblent contents de nous voir et de retrouver un semblant de civilisation quelques un, ne le sont pas. La problématique principale étant qu’ils se déplacent constamment donc nous ne savons pas où ils vont frapper, ni même quand.

Outre le problème des routes, en quatre jours plusieurs campements et villages, nous ont annoncés qu’ils veulent nous rejoindre. On estime le total à 30 « gros campements » et à une centaine de petites communautés allant de 2 à 10 personnes. Le nombre total de survivant est à peu près de 200 000 personnes. La grande majorité ont entendus mon discours à la radio… 200 000 personnes ont entendus mon message et elles sont toutes prêtes à me suivre. Que se passerait-il si le monde entier entendait mon message ? L’idée n’est pas mal et plutôt effrayante à la fois. Je ne peux que m’imaginer ce que nous serions capable de faire avec un monde uni.

Aly m’inquiète de plus en plus, je n’ai pas pu lui parler dans les derniers jours. Steph est venu me voir pour me dire que je devrais lui parler de la manière que seul un grand frère, que moi, est capable. Je crois qu’elle à parler un peu avec Aly. Je parlerai avec Aly aussitôt que l’on sera de retour à la maison dans deux jours. Nous allons avoir besoin d’une place privée, car je crois savoir ce qu’elle ressent.

2 décembre 2036, Région de Montréal, Québec

J’ai finalement parler à Aly. Je me suis rendu compte que la situation était dure pour elle, plus dure que je ne le pensais. Nous n’avons pas eu de nouvelle de nos parents depuis des années ainsi que des autres membres de notre famille.

« Aly, dis-je en entrant dans la maison, viens t’asseoir avec moi. Il faut que l’on parle. Ça va ? »

À peine lui ai-je adressé ces quelques mots, qu’elle s’est effondrée en pleurs. Je l’ai pris dans mes bras et je l’ai serré contre moi comme quand elle était petite et qu’elle avait peur. Elle a vidée son sac. Elle m’a raconté à quel point elle souffrait de ne pas savoir ce qui est advenu de nos parents, à quel point elle s’en voulait de les avoir abandonnés. Ses histoires de cœurs, sa souffrance à me voir m’éloigner chaque jour, elle a tout dit : ses peurs, ses souffrances, ses espoirs, son envie de vivre, son désir de changer le monde. Je l’ai écouté comme je le fais avec une personne qui m’est chère. Elle m’a tout raconté, du début à la fin. De la journée qu’elle s’est enfuie du campement de nos parents jusqu’au jour que je l’ai sauvé de cet homme. Comme une si petite personne peut contenir de si grandes émotions si longtemps ? Elle est forte, beaucoup plus que moi. Elle s’est endormie dans mes bras et je l’ai bordé comme quand elle était enfant. Elle est en train de devenir une superbe jeune femme, nos parents seraient tellement fiers d’elle. En tout cas, je suis fier d’elle, très fier.

14 décembre 2036, Région de Montréal, Québec

Nous avons réussi à sécuriser une bonne partie des routes, mais notre réserve de carburant diminue rapidement. Nous devons en trouver le plus vite possible ou nous rabattes sur une source alternative. Je préconise la deuxième option, car le pétrole demande beaucoup d’effort et de ressource pour l’extraire. Je mise beaucoup sur les serveurs informatiques des grandes compagnies à Montréal. L’exploration de la ville continue et à chaque jour de nouveaux bâtiments sont fouillé de fond en comble. Espérons qu’ils trouveront rapidement et que nous aurons les ressources nécessaires au développement d’une nouvelle technologie.

Tout va pour le mieux avec Steph, mais je n’arrive toujours pas à croire qu’elle veule d’un gars comme moi ! Aly va mieux depuis la dernière fois et je sais qu’elle et Sasha se parlent beaucoup. J’ai de moins en moins de temps de disponible pour mes amis, ma sœur et ma blonde. Tout avance de plus en plus vite, au point que je ne dors pratiquement plus. À chaque heure, il a un nouveau rapport, au nouvel incident, une nouvelle problématique à résoudre. Mes nuits ne sont plus que moi qui regarde Steph dormir paisiblement pendant que j’attends que l’on ait besoin de moi.

21 décembre 2036, Région de Montréal, Québec

Ce que je craignais est arrivé, une escarmouche entre deux gouvernements distincts. Nous sommes présents dans tout le Québec et dans une partie de l’Ontario. Pour le reste du Canada, nous ignorons tout. Espérons que l’autre dirigeant voudra parler avant d’ouvrir les hostilités. Je ne suis pas un conquérant, mais s’il le faut je ferais tout pour protéger ce mode de vie que nous construisons, pour protéger ceux que j’aime, pour construire un monde meilleur pour eux.

Lorsque le rapport nous a été fait, la tension dans la salle à monter de plusieurs crans. Mon premier ordre donné a été de se retirer et de ne pas engager les forces de l’autre camp. Il s’agissait d’un moment extrêmement important, car s’il l’autre dirigeant était en contact avec un autre, la manière dont nous l’abordons déterminerais notre réputation et mieux vaut avoir une bonne réputation qu’une mauvaise surtout dans le monde d’aujourd’hui. Un seul faux pas et ce serais la guerre, une guerre que nous ne pouvons pas nous permettent d’avoir. Nous avons déjà assez perdu comme ça, il est inutile de pendre encore de nos proches. Quelques personnes ont la chance de retrouver les leurs, dont Sasha, je ne veux pas leurs enlever ce bonheur.

5 janvier 2037, Région de Montréal, Québec

La période des fêtes a été calme. Rien de majeur ne s’est produit. J’ai pu passer un excellent Noël, non, un excellent Festival avec Aly, Steph, Sasha et ses parents. Comment décrire ces quelques jours de plaisirs, de joie ? J’ai pu dormir, relaxer et profiter du moment avec eux que j’aime. J’ai passé la majorité du temps collé avec Steph sur le divan à parler avec elle et les autres. C’était magique et j’aurais voulu que cela dure éternellement. Au milieu de ce moment, un plan a germé dans mon esprit : Et si je réunissais, unifiais le monde sous une seule et même bannière pour permettre à tous d’avoir un temps des fêtes remplis de sourire et de joie. Le Vieux Monde ne nous permettait pas de le faire, mais maintenant que tous ont souffert énormément suites aux Attaques, ne seront-ils pas plus ouverts d’esprits à voir au bonheur de tous ? Plus ouvert à l’idée d’un gouvernement qui subviens aux besoins de tous ? Plus j’y réfléchis dans ma tête et plus il me semble possible de le faire. Car en ce moment, l’argent n’existe pas. Les gens travaillent ou ne travaillent pas selon leurs conditions et tous reçoivent ce dont ils ont de besoin pour vivre : eau, nourriture, sécurité, toit, etc. Mais bon, je diverge. Le meilleur moment s’est produit lors de la journée du 25 décembre. Je me suis endormi sur Steph et elle a passé la journée à me jouer dans les cheveux sans rien dire et er… elle m’a réveillé en m’em… m’embrassant sur le front devant tout le monde. Je n’avais plus aussi bien dormi depuis des lustres. Cela va sans dire que j’ai passé tout le souper en étant rouge comme une pivoine.

Dans quelques jours, je pars à la rencontre du dirigeant de l’Ontario. Il me semble plutôt raisonnable dans les missives qu’il m’a envoyés. Le nombre de centrale hydroélectrique active a presque atteint le nombre de centrale qu’avait Hydro-Québec. La meilleure nouvelle est la découverte d’une nouvelle technologie de véhicules qui n’ont point besoin des hydrocarbures pour fonctionner. J’ignore tous des caractéristiques de ce véhicule, la seule chose que j’ai compris lorsqu’on m’a présenté l’information, c’est que notre contrôle des centrales hydroélectriques nous rendait la réalisation du prototype extrêmement plus facile. La majorité des ressources est mise à la disposition des scientifiques pour qu’ils avancent au plus vite sur ce projet.

8 janvier 2037, Région de Gatineau, Québec

Cela fait bizarre d’être de retour ici. Dire qu’il a cinq ans, le monde fut changé à jamais. Je vois encore le monde tel qu’il était avant tout ça. Les rues remplis de voitures, les fonctionnaires entrant et sortant des tours de la Place du Portage, les autobus de la STO et d’Oc Transpo traversant le Pont du Portage et la Traverse des Chaudières. Maintenant ce n’est qu’un tas ordonné de tentes et de soldats qui surveille l’autre côté de la rivière des Outaouais.

La rencontre a lieu demain. Nos campements se font face. Il a une certaine nervosité dans l’air. Nos deux camps sont stressés de voir comment la rencontre va se dérouler. Une chance que j’aie ma carte secrète avec moi : ma blonde. Elle a un don pour détendre l’atmosphère et mettre les autres confortables autours d’elle. Elle est partie faire ce qu’elle adore faire, discuter avec tout le monde. Le simple fait qu’elle rassure les soldats, m’aidera énormément dans ma tâche demain. Je ne pourrai demander mieux.

Pour ma part, je suis une boule de stress et de tension. Tous les muscles de mon corps sont crispés et je sais que je n’arriverais pas à trouver le sommeil ce soir. Je ne peux m’empêcher de réfléchir à celui que j’étais avant. Très peu de chose ont changé dans ma manière de pensée, mes valeurs et mes convictions sont restées les mêmes. Et pourtant, je me sens comme un homme différent de celui d’il a cinq ans. Jamais je n’aurai pensé devenir un leader, un dirigeant, ce n’était pas dans ma ligne de mire. Nous ne… Je ne peux qu’espérer que demain sera mieux que hier.

9 janvier 2037, Région de Gatineau, Québec

Comme prévu, je n’ai pas dormi de la nuit. Je ne pouvais pas arrêter de penser à toutes les conséquences possibles, surtout les pires scénarios. Lorsque nous sommes à l’extérieur du cercle décisionnel du gouvernement, il est facile d’oublier tout le poids qui repose sur leurs épaules. Mais une fois à l’intérieur, le manque de sommeil et les cauchemars deviennent de vieux amis que l’on rencontre à chaque nuit, à chaque soir sans jamais qu’ils ne manquent à leur promesse de venir nous revoir nuit après nuit.

La rencontre s’est très bien passée. Le gouverneur de l’Ontario est extrêmement raisonnable. Il contrôle une bonne partie de l’Ontario et tout le Manitoba. Il existe trois autres gouvernements comme les nôtres. Deux qui se disputes le contrôle de l’Ouest canadien et le gouvernement provincial du Nunavut qui n’a pas été touché par les attaques. Pour notre part, l’Est est majoritairement contrôlé par l’Organisation, le reste n’a aucun gouvernement connu. Nous avons conclu une alliance entre nos deux gouvernements, puisque nous ne voyons pas l’intérêt de se battre entre nous alors que nous avons besoin du maximum de personnes pour survivre. Il ignore autant que nous la situation mondiale.

Un plan commence à se former dans mon esprit, mais pour cela il faut que je stabilise et améliore la situation ici avant de porter de l’aide au reste du monde. L’Organisation finira de sécuriser les territoires de l’est avant de passer à la seconde phase. J’ignore tout ce qui peux se passer dans les prochaines années. Je croise juste les doigts pour que ce que nous appelons l’Ancien Monde ne revienne.

16 janvier 2037, Région de Montréal, Québec

La vie a pratiquement repris son cours normal. La majorité des bras disponibles aident à l’agriculture et aux recherches. Par agricultures, je veux dire les cultures en serre. Tandis que les soldats continuent de sécuriser petit à petit les anciennes provinces de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. J’ai commencé les échanges diplomatiques avec les autres gouvernements et un seul d’entre eux a répondu négativement aux tentatives de rapprochement. Les données que nous avons sur ce dirigeant montre qu’il est un criminel endurci. Il oppresse les anciennes provinces de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et le territoire du Yukon. Une guerre me semble inévitable. Je croise les doigts en espérant un miracle, mais je me prépare au pire en même temps.

Ceci est quelque chose que je n’ai touché qu’une seule fois dans ce journal et cela très brièvement. J’ai du sang sur les mains, beaucoup de sang… Les lois que j’ai imposées ont mis, dans les premiers mois, des dizaines de personnes à la porte de notre camp de Montréal. C’était de voleurs, des petites racailles et ils ont tous été bannis de ce nouveau monde que je construis. Cela va sans dire que la grande majorité d’entre eux n’ont pas survécus. Nous avons retrouvé plus ou moins tous leurs corps généralement dans les quelques semaines qui suivaient le bannissement. À vous qui lisez ce journal, s’il a quelqu’un qui le lit un jour, ne vous inquiété pas. Je ne ferais pas une syncope comme tous ses personnages dans les films et/ou dans les séries télévisées. J’ai appris à la dure et extrêmement rapidement qu’avoir du sang sur les mains n’est pas quelque chose en soi-même de mauvais et que cela est nécessaire en cette période troublée de notre histoire. Tirer y’en les conclusions que vous voulez, mais laissez moi vous dire une chose : vous ne comprendriez pas totalement sans jamais avoir vécu exactement la même situation ce qui est dans les probabilités totalement impossibles.

22 janvier 2037, Région de Montréal, Québec

Je souffre. Je me suis chicané avec Steph et j’en souffre énormément. Je ne me suis jamais senti aussi mal, aussi vide, aussi malheureux de toute ma vie. Aujourd’hui c’est sa fête et j’avais tout prévu d’avance. Tout allait bien jusqu’à… jusqu’à quoi ? J’ignore ce qui s’est passé, mais tout d’un coup j’ai explosé comme si le supervolcan du Parc National de Yellowstone ! En une fraction de seconde, on s’engueulait et j’ai dit des choses blessantes, très blessantes ! Je m’en veux ! Elle doit me détester en ce moment même ! Elle doit regretter de sortir avec moi ! Elle mérite mieux que moi ! Elle mérite mieux qu’un gars qui n’est pratiquement jamais là, qui vit tout à l’intérieur sans jamais dire ce qu’il ressent ! Je savais que je n’étais pas assez bien pour elle, mais je ne serai pas capable de vivre sans elle ! Je… Je suis une merde qui fout tout en l’air dans ses relations personnelles ! Le monde s’est arrêté de tourner ! Je n’entends plus rien, je ne vois plus rien, JE NE RESSENS PLUS RIEN ! Je veux… Je…

25 janvier 2037, Région de Montréal, Québec

Je ne suis pas sorti depuis trois jours. Je n’ai pas le cœur à faire quoi que ce soit. Aly est venue me voir pour me parler, mais comme d’habitude je n’ai rien dit même si ça voulait sortir. Elle m’a dit d’un ton doux que j’étais sans espoir. J’ai perdu tout goût à la vie. Je ne mange plus. Je ne ressens plus rien, je marche en mode automatique. Je n’ai plus la force de sourire et de rire.

« Comme ça c’est toi qui fais pleurer ma petite sœur !! Tu vas sortir tes couilles et aller t’excuser sinon je te fais payer très cher d’avoir fait pleurer ma petite sœur !!

-Hein... De quoi ?

-Tu m’as très bien entendu, cria-t-il en m’empoignant par le collet et me soulevant de terre. Elle t’aime plus que moi donc t’as pas le droit de la faire pleurer ! TU M’ENTENDS ! T’AS PAS LE DROIT DE LA FAIRE PLEURER ! »

Voici comment est rentré Lucas Sabourin, le grand frère de Steph, dans ma vie. Il a commencé à me mettre des baffes et les gardes ont voulus intervenir, mais je les ai arrêtés. Je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit merci. Il a été surpris au point de me lâcher. Je suis parti comme une flèche. Je n’ai jamais couru aussi vite. J’ai trouvé Steph à l’un des points de vue qu’il a à l’extérieur de la ville. Le soleil se couchait et elle était si belle et pure telle une déesse. Quand elle m’a vu, elle s’est précipitée vers moi et nous sommes tous les deux effondrer dans les bras de l’autre en pleurs. Nous avons passé la soirée enlacée à regarder le soleil se coucher et les étoiles apparaitre une à une.

26 janvier 2037, Région de Montréal, Québec

Aujourd’hui, je me sens plus léger. Hier, je me suis ouvert totalement à Steph. Je ne me souviens pas de grand-chose, tout est flou. Mais je sais en voyant le sourire de Steph ce matin que tout va pour le mieux entre nous, qu’elle m’a pardonné.

3 février 2037, Région de Montréal, Québec

Il est temps de passer à la deuxième phase de mon plan : la reconstruction de notre pays. Pour cela, il faut que nos cinq gouvernements s’entendent et se mette d’accord. Je sais que la plupart accepteront. J’ai peur que nous ayons d’autre choix que déclarer la guerre au Criminel.

Tout avance correctement, la reconstruction des villes a bien avancée et il a de moins en moins de troubles. Les conversations tournent autour de sujets joyeux, les enfants courent partout en s’amusant et j’entends le rire de tout le monde. Insouciants grâce à la confiance qu’ils m’accordent, les histoires d’amour qui se créer, le bonheur d’une naissance, le plaisir de se retrouver entre amis, tout cela est devenus ma raison de me lever chaque jour. Faire en sorte que tout le monde soit heureux est si motivant que je me sens prêt, prêt à accélérer mon plan.

10 février 2037, Région de Montréal, Québec

Trois gouvernements sur les quatre ont répondu présent à mon appel à l’unité politique. Nous n’avons toujours pas eu de réponse du quatrième. Je garde espoir en la sûreté des messagers.

12 février 2037, Région de Montréal, Québec

J’ai reçu la réponse du Criminel. Il m’a renvoyé la tête tranchée de notre messager. J’ai failli dégueuler mon déjeuner lorsque j’ai ouvert la boite contenant la tête. Quels dommages, un homme comme lui peut-il apporter aux personnes se trouvant sur son territoire. La réunion des quatre gouvernements décidera de son sort. Nous ne pouvons pas laisser un homme comme ça au pouvoir.

La décision a été unanime, la guerre sera déclarée. Le premier conflit d’envergure depuis la fin des attaques. Ce que nous savons de ces forces, c’est qu’elles sont majoritairement composées de criminels comme lui. Je ne peux pas me permettre de perdre trop de temps avec lui. Je n’ai plus le choix, la majorité des ressources sera redistribuées vers le centre de recherche pour accélérer le processus de test du prototype du nouveau système de propulsion.

21 février 2037, Région de Montréal, Québec

Les préparatifs de guerre sont en cours. Les bases grouillent d’activités. Les scientifiques m’ont averti que le prototype ne prendrait pas beaucoup de temps à mettre au point. Ce nouveau système de propulsion signerait notre victoire face à l’ennemi, car le manque de pétrole commence déjà à se ressentir sur l’Organisation et sur nos alliés aussi.

4 mars 2037, Région de Montréal, Québec

Le prototype est enfin au point. Ce que les scientifiques ont créés est absolument fantastique. Ils ont créé un véhicule volant qui fait office soit de transport de troupes ou de bombardiers. De plus, il utilise le nouveau système de propulsion, il est rapide et il est facile à produire. Nous devons en produire plus.

La guerre au front se passe plutôt bien en terme tactique. Après une avancée rapide d’une trentaine de kilomètre, nos forces n’avaient toujours pas rencontrer de résistance. Nous contrôlons nos soldats : aucun pillage, massacre ou tout autre crime de guerre. Nous ne sommes pas là pour détruire, mais pour libérer la population et reconstruire. Ce que je lis dans les rapports me donne la chair de poule. Nos troupes n’ont rencontrés personne de vivant, juste des scènes de massacres. L’armée du Criminel tue sans aucune arrière pensé femme, homme et enfant. La motivation est au plus fort pour nos soldats, la vue des ces scènes ne les motives qu’encore plus à aller tuer les troupes ennemies.

13 mars 2037, Région de Montréal, Québec

La première escouade d’Hirondelle est partie au front. Les hommes à l’intérieur ont une mission importante : investir la capitale et éliminer le chef ennemi. Ils agiront sous le couvert de la nuit. Nous avons maintenant l’avantage technologique sur eux ainsi que celui des troupes entrainées. Et encore une fois, je ne serais pas capable de dormir et de me reposer pour les prochains jours.

14 mars 2037, Région de Montréal, Québec

L’opération a été un succès. Sans leur chef, les criminels ont rapidement perdu tout cohésion, nous permettant de l’emporter avec moins d’effusion de sang que prévue. Maintenant, mon travail commence. C’est à mon tour d’aller au front. Ma bataille sera différente, mais tout aussi importante.

Alors que les troupes de mes alliés sécuriseront les territoires libérés, mais soldats exécuteront les soldats ennemis. Nous ne pouvons pas nous permettre de remettre ses criminels endurcis en libertés et nous n’avons pas les ressources pour les garder en prison. Ceci est une tâche macabre et dégueulasse, mais nécessaire.

9 mai 2037, Région de Montréal, Québec

Je ne suis plus capable. Depuis notre victoire en mars, les réunions pour savoir qui aura quoi se sont multipliées. La tension augmente entre les trois autres dirigeants. Aucun d’entre eux ne m’écoute. Je n’avais pas prévu un problème comme celui-là. Je n’étais pas prêt à ça. Je me suis leurré toutes ses années en croyant que l’humanité avait enfin compris que rien n’est possible si nous ne nous unissons pas.

Steph, Aly et Sasha me soutiennent, mais elles ignorent à quel point je suis près de lâcher tout. Les moments vécus avec Steph sont magiques, mais ces réunions commencent à déteindre sur mon attitude. Je suis de plus en plus irritable pour des choses minimes. Elle ne m’en tient pas compte et je l’en remercie. Je ne comprends toujours pas ce qu’elle voie en moi. Depuis le dernier mois, j’agit comme une marde envers elle. Et pourtant, elle reste là à tout encaisser, sans se plaindre, sans rien dire. En écrivant ces lignes, je n’ai qu’une envie, celle de pleurer ! Pleurer pour elle, pour tout ce que je lui fais endurer !

10 mai 2037, Région de Montréal, Québec

Pourquoi se lever le matin quand ceux au pouvoir se chamaille pour leur propre profit ? Je n’ai plus de motivation. Tout ce que j’ai fait à servi à rien. Se battre pour que tout aille mieux ne sert à rien. Pourquoi ceux au pouvoir se retrouve tout le temps corrompu ? Vais-je devenir comme ça ? Si oui, j’aimerai que l’on me tire une balle dans la tête. Je savais que du haut de mes 21 ans j’étais trop jeune pour faire cela. Je n’ai plus d’idée. Je ne sais plus quoi faire ! Je n’ai d’autre choix que de laisser ma place.

J’ai eu une idée pour permettre à mon plan d’avancer. Dans les deux jours qui vont suivre, mes troupes prendront contrôle des capitales. Je vais dominer ce qui était le Canada en tassant tous les connards qui ne pense qu’à rester au pouvoir pour leurs bénéfices personnels. Je dois devenir un conquérant, je dois profiter de mon avantage technologique pour faire en sorte que le monde se reconstruit peu importe les obstacles se dressant sur ma route.

12 mai 2037, Région de Montréal, Québec

Les troupes ont pris le contrôle du territoire des autres gouvernements. Je vais lancer la reconstruction et dans quelques mois j’irai aider les survivants ailleurs dans le monde. Je vais construire un monde meilleur que celui d’avant les attaques. Un monde sans discrimination, sans guerre, sans racisme, sans pollution dû aux hydrocarbures, sans destruction irréversible de la nature. Un rêve stupide et impossible à réaliser.

14 mai 2037, Région de Montréal, Québec

Aujourd’hui est l’anniversaire de mariage de nos parents à moi et Aly. Nous sommes sans nouvelles depuis des années. Aly aimerait tellement pouvoir parler de cuisine avec notre père, discuter de tout et n’importe quoi avec notre mère.

Je veux qu’ils rencontrent Steph, qu’ils voient à quel point Aly a grandi et que l’on puisse avoir ses moments en famille qui donnent le sourire à tout le monde. Voir leur bonheur de devenir grands-parents. Les entendre dire à quel point ils sont fiers de nous. Il me manque plus que je ne veux l’admettre. Il ne se passe pas un seul jour sans que je pense à eux. Il faut dire que dans l’Ancien Monde, je ne m’entendais pas trop bien avec eux. Il avait un froid entre nous, littéralement. Je faisais comme s’ils n’existaient pas, ce que je sais aujourd’hui que cela les a blessés plus que tout ce que je pouvais dire.

18 mai 2037, Région de Montréal, Québec

« Il est étonnant de voir à quelle vitesse les gens se sont habitués à moi. Il est vrai que j’œuvre pour que tout le monde s’en sorte et que tout s’améliore, mais je n’aurai jamais cru devenir celui que je suis. En regardant vers l’arrière, je vois tout le chemin parcouru. En quelques années, ce qui n’était plus que ruine, désespoir, violence et désolation est devenue une société organisée et fonctionnelle. Dans les livres d’histoire, je serai décrit comme une personne extraordinaire, mais je n’aurai jamais réussi sans l’aide et le support de tout le monde ! Je ne suis pas le héros, nous le sommes tous ! Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir et votre aide sera précieuse ! »

Tel est le discours que j’ai tenu pour encourager tout le monde à aller de l’avant et à ne pas lâcher prise. Je me devais de leurs montrer le chemin à suivre.

« Nous ne pouvons laisser le monde tel qu’il est ! D’autres survivants attendent de l’aide et nous leurs en apporteront ! Le monde doit s’unir si nous voulons continuer à progresser ! Peu important l’ethnie, la religion, la langue, le sexe et l’âge ! Nous sommes tous des êtres humains et nous devons nous entraider ! Sans cela nous allons refaire les mêmes erreurs ! Et le monde redeviendra un monde où la vie humaine ne vaut rien et où l’argent est plus important que la vie d’un membre de sa famille !

Imaginez ! Imaginez un monde où vos enfants pourront grandir sans crainte ! Imaginez un monde où tous et chacun sera traité équitablement ! Un monde où la stupidité des Hommes serait contrôlée ! »

Je me suis moi-même étonné. Je ne voulais pas aller si loin dans mes rêves. Juste après mon discours, il a eu un moment de flottement avant que la foule ne commence à applaudir. Je venais de conquérir leur cœur. Pas seulement à ceux présent, mais à ceux qui écoutait le radio à ce moment.

24 juin 2037, Région de Montréal, Québec

Aujourd’hui, j’ai reçu la visite d’un jeune homme prénommé Bob. Il n’est pas venu de lui-même, mais à l’invitation de ses collègues. De ce que je me suis fait dire, il serait responsable en grande partie du rétablissement du réseau de transport de marchandise par camion. En lui parlant, j’ai découvert une personne d’une grande humilité sans prétention qui ne pense qu’à une seule chose : de rendre le monde meilleur pour ceux qu’il aime. Sur ce point, il me ressemble. Il m’est alors passé par la tête, une idée totalement saugrenue. Je lui donnais la responsabilité et le monopole du transport de marchandises partout dans ce monde que j’étais en train de bâtir.

22 août 2037, Région de Montréal, Québec

Une première expédition est partie ce matin vers l’Europe, une autre vers l’Amérique du sud et une troisième, vers l’Afrique. Le premier contact avec les survivants furent positifs notamment en Europe. Nous sommes à la troisième phase de mon plan. Quelques mois est tout ce dont nous avons eu besoin pour reconstruire le Canada. Il est fou de voir à quel point une seule pointe d’espoir pousse tout le monde à donner son meilleur.

14 juin 2038, Région de Montréal, Québec

Cela fait pratiquement un an que la troisième phase de mon plan a commencée. Une partie de l’Europe est sous contrôle. Je fais des discours, je prends des décisions en ne perdant pas de vue mon objectif : l’unification du monde sous une seule bannière. J’ai eu très peu de jours libres pour me reposer et j’ai pris la décision la plus importante de ma vie ! Je vais demander Stéphanie en mariage ! Elle est toujours là pour moi. Elle supporte mon caractère après les réunions merdiques. Elle me fait sourire lorsque je n’ai pas le cœur à m’amuser. Elle est belle. Je ne peux décrire le tourbillon d’émotion qui me prend lorsque je pense à elle. Je suis sûr d’une chose, c’est que je veux passer le restant de ma vie avec. Je sens que je suis aussi stressé que quand je lui ai demandé de sortir avec moi. Je suis stressé même si je sais qu’elle va dire oui.

Elle a accepté ! Je suis si heureux ! Son expression lorsque je me suis agenouillé devant elle en lui présentant la bague. Elle pleurait avant même que j’ai fait la demande. J’ai fait la demande et elle a rougis tout en acceptant.

J’ai surpris tout le monde en faisant ma demande. Aly, Sasha et Lucas ne s’attendaient pas à ce que je saute le pas. Je vois encore leurs sourires lorsqu’ils ont compris ce qui se passait. Tout le monde dans la pièce souriait et était content pour nous. Le mariage aura lieu le 17 juillet. Aly veut tout préparer et je lui fais confiance.

17 juillet 2038, Région de Montréal, Québec

Lucas et mes amis sont venus me chercher pour me préparer tandis que Steph est partie avec Aly, Sasha et ses amies. Je ne tiens pas en place. Je profite d’un court répit pour écrire ses quelques lignes.

18 juillet 2038, Région de Montréal, Québec

Elle était si belle dans sa robe. On aurait dit une déesse descendue sur terre. J’osais à peine la toucher tellement j’avais peur qu’elle ne parte aux cieux. Je flottais sur un nuage de pur bonheur. Je n’arrivais toujours pas à y croire malgré tout. Je la connais si bien, mais je n’arrive pas à y croire. La soirée a été magique malgré l’absence de mes parents.

La nuit a été juste merveilleuse. Tout a commencé par un baiser suivi par plusieurs de plus en plus passionnés. Ensuite, on s’est déshabiller l’un et l’autre. Les frissons de plaisirs nous couraient sur la peau. Ma main s’aventura sur un de ses seins et le caressa. Nos caresses s’intensifiaient de minutes en minutes. Le désir grandissait lui aussi jusqu’au moment où je pénétrais en elle. Nos deux corps s’emboitaient parfaitement l’un dans l’autre. Ils vibraient au rythme de notre passion et de notre désir. Vient l’explosion finale, ce moment de plaisirs infinie quand deux êtres s’aimant jouissent en même.

1er septembre 2038, Région de Montréal, Québec

L’avancée du plan fut plus rapide que prévue. L’Europe est presque entièrement sous contrôle. L’Amérique du sud est totalement sous notre contrôle alors que l’Afrique est majoritairement sous la gouverne d’un dictateur. Celui-ci ne semble pas vouloir coopérer avec nous. On ne peut se permettre une guerre avec une population aussi réduite.

4 septembre 2038, Région de Montréal, Québec

Je viens d’apprendre que je vais être père ! Je n’en reviens pas ! Steph est aux anges.

5 septembre 2038, Région de Montréal, Québec

Une explosion a retenti dans la ville. On ignore encore qui est à l’origine de cela. J’espère que tout ira bien pour Steph. Je m’inquiète plus pour elle que pour moi.

J’ai choisi le nom de mon enfant. Si c’est un garçon, il s’appellera William et si c’est une fille, elle s’appellera Geneviève.

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