Chapitre trois : Un petit triton aux abois.

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Une lumière aveuglante... Amaël cligna plusieurs fois des yeux, essayant de s'accoutumer à la lumière du soleil qui illuminait l'endroit où il se trouvait. Il émergeait doucement et il lui fallut plusieurs secondes avant de se rappeler ce qui s'était passé : sa tentative de fuite, le couloir sans fin, la voix menaçante de cet homme et la lumière qui l'avait englouti... Après cela, il ne se souvenait de rien, il avait dû s'évanouir.

Il voulut bouger, mais comme la veille, il découvrit qu'il était attaché. Il put voir qu'il était de nouveau dans la pièce dans laquelle il s'était réveillé hier, sauf que cette fois-ci, ses jambes étaient surélevées et pliées grâce à des lanières accrochées au plafond. Des sangles le maintenaient immobile sur le lit.

Il entendit alors des bruits de pas qui se rapprochaient, et son cœur s'emballa. Cet homme aux longs cheveux noirs passa la porte, et ses yeux sombres se posèrent sur lui. Son visage était impassible, froid, sans émotion. Son regard se fixa brièvement dans celui apeuré d'Amaël avant de dériver lentement sur son corps. Puis, il avança, attrapa une petite table à roulettes sur laquelle des flacons en verre contenant différentes matières ou vides, des tissus et d'autres choses qu'il n'eût pas le temps de bien voir, étaient posés, et il se plaça entre les jambes écartées et entravées du jeune triton.

-Qu'est-ce que vous allez me faire ? demanda ce dernier d'une petite voix aiguë.

Seul le silence lui répondit. Un silence pesant et qui n'avait rien de rassurant... Cet homme l'ignorait complètement. Amaël sentait sa colère parce qu'il avait essayé de le fuir et de rentrer chez lui.

En plus d'être effrayé, le jeune triton ne se sentait pas bien, son corps était en sueur, il se sentait faible. Il se sentait... en manque... Oui, il avait besoin d'être immergé dans de l'eau salée et vite !

-J'ai... J'ai besoin d'être dans l'eau... gémit-il, apeuré, car il n'avait jamais été aussi longtemps sans être immergé dans l'océan.

Mais l'homme ne fit que jeter un bref coup d'œil sur son corps avant de reporter son attention sur son matériel qu'Amaël ne distinguait pas bien, car caché par sa cuisse.

Qu'allait lui faire cet homme ? Qu'était-il ? Amaël n'avait connaissance que des humains et des animaux peuplant les terres de ce monde, il ne connaissait rien d'autre. Soudainement, il sentit quelque chose d'humide caresser son entrée se trouvant entre ses fesses.

-Qu'est-ce que vous faites ? s'écria-t-il, paniquant.

Lors de sa première métamorphose en humain, le triton s'était amusé à explorer son corps, il en avait eu le temps avant de réussir enfin à marcher. Il avait été étonné de découvrir qu'il avait comme un petit trou entre ses fesses rebondies qui se contractait lorsqu'on le touchait. Il n'avait jamais vu ça sur les humains en les observant de loin ! Il ne savait pas à quoi cet endroit pouvait servir, mais il avait trouvé cela bien étrange lorsque son doigt était entré dedans, ça lui avait fait peur de découvrir qu'il pouvait avoir accès à l'intérieur de son propre corps ! Il en avait bien vite sorti son doigt et n'y avait plus jamais touché. Il préférait de loin visiter les îles, découvrir les habitats des Hommes, le matériel qu'ils fabriquaient, leur manière de vivre !

Cependant, il s'était tout de même demandé si les humains en avaient une quelconque utilité puisqu'il ne les avait jamais vus faire quoi que ce soit avec, mais son attention avait été rapidement reportée ailleurs. Maintenant, il regrettait un peu de ne pas s'être plus intéressé à cette partie de son corps... Il n'avait aucune idée de ce que cet homme allait lui faire à cet endroit. Les humains s'amusaient-ils avec ? À quoi servait-il ? Ses pensées furent interrompues lorsqu'il sentit que quelque chose venait de pénétrer tout doucement son corps. Il se figea et se contracta inconsciemment. C'était si étrange de sentir quelque chose le pénétrer !

-Ha ! s'écria-t-il sous le choc.

-Détends-toi. Ce n'est que mon doigt et j'ai utilisé de l'huile afin de ne pas te faire mal, dit cet homme en commençant des mouvements de va-et-vient.

Sa voix était peut-être glaciale à ce moment précis, mais ça le soulageait quand même un peu de l'entendre. Ça le rassurait qu'il lui adresse la parole plutôt que de faire régner un silence pesant, car il avait ainsi l'impression d'être considéré comme un être vivant et non comme un objet sans importance malgré la situation.

-Mais pourquoi ?

L'homme aux longs cheveux noirs ne répondit pas. À la place, le jeune triton sentit un autre doigt humide se faufiler délicatement dans son intimité, continuant les mouvements dans son corps, avant de finir par écarter ses chairs intérieures en les bougeant différemment. Amaël essaya de se mouvoir pour se retirer de cette intrusion mais il était solidement attaché. Il ne comprenait pas pourquoi cet homme faisait cela. C'était si étrange comme sensation !

Au bout d'un moment, il sentit qu'un autre doigt entrait en lui et les mouvements changèrent. Il espérait que c'était le dernier ! Cet homme n'allait tout de même pas l'écarteler avec sa main ?! Le jeune triton avait peur mais n'osait plus parler. Son cœur battait vite, il ne comprenait rien à ce qui se passait. Et puis, tout d'un coup, un drôle de frisson le parcourut. Qu'est-ce que c'était ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir qu'un frémissement le traversa de nouveau et cette fois, il se figea. Cet homme dut le sentir, car il s'arrêta une seconde, puis se remit à caresser l'intérieur de son corps en observant attentivement le visage du triton qui le regardait également, perdu par ce qu'il ressentait.

-Ha !

Cette fois, le frisson fut plus long, et l'homme aux cheveux noirs continua sa caresse au même endroit sensible qu'il avait trouvé, déclenchant des vagues de plaisir à l'intérieur d'Amaël. Des vagues de plus en plus fortes le traversaient et lui faisaient produire des sons qu'il n'aurait jamais deviné pouvoir faire. Les yeux sombres de cet homme le dévoraient littéralement, et le jeune triton ne réussit à détourner le regard que lorsque les sensations agréables qui le parcouraient devinrent si fortes qu'il se mit à bouger la tête de gauche à droite en gémissant sans s'arrêter. Il avait l'impression que ce qu'il ressentait, et qui devenait de plus en plus fort, n'allaient jamais se terminer et le submerger complètement, il ne contrôlait plus son corps. Et c'est ce qui arriva et le surprit en voyant qu'une substance blanchâtre sortait de son sexe qui était devenu dur et tombait sur la peau lisse de son ventre.

Semblant satisfait, cet homme sortit lentement ses doigts de son intimité, laissant une sensation de vide assez désagréable chez Amaël qui reprenait son souffle en savourant les derniers échos de plaisir encore en lui. Il le vit prendre un flacon en verre et un petit bâton en argent avant de pousser doucement la substance à l'intérieur, provoquant de légers frissons chez le triton en effleurant sa peau sensible.

-Qu'est-ce... Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Qu'est-ce qui est sorti de mon corps ?

Après avoir fermé le flacon, l'homme aux cheveux noirs, qui était toujours entre ses jambes, se dirigea vers lui et s'arrêta au niveau de son épaule.

-Tu es vraiment intéressant, Amaël. Je te l'ai dit, tu fais partie de mes possessions et je compte bien t'étudier, ce que j'ai d'ailleurs commencé à faire. Tu ne savais vraiment pas que ton corps pouvait jouir ainsi ?

L'homme avait l'air réellement étonné. Le triton ne répondit rien, mais ses yeux parlaient pour lui.

-Comment cela est-il possible ? D'où viens-tu exactement ? Comment ta race se reproduit-elle ?

Amaël ne pouvait rien dire. Son peuple était protégé des Hommes et de leur violence en étant caché dans les profondeurs des océans, il se devait de garder ce mystère pour lui, alors il ne dit rien et baissa les yeux. L'homme soupira et se pencha à quelques centimètres de son visage avant de prendre la parole d'une voix menaçante :

-Comme tu voudras. Je vais t'étudier et comprendre ce que tu es. Les réponses viendront d'elles-mêmes, petit être. Et tu ne pourras rien y changer.

Il se redressa et laissa son regard dériver lentement sur le corps du jeune triton toujours attaché.

-Ton corps ne contient aucun poil, aucun duvet comme si cela n'était d'aucune utilité, que tu ne descendais pas des mêmes ancêtres que les miens. Et ta peau est si blanche, comme si elle n'était jamais exposée au soleil. Dans quel environnement vis-tu ? se demanda-t-il. Et si j'en crois ce que tu m'as dit, tu ne te reproduis pas de la même manière que la race humaine. Tu ne savais même pas que tu pouvais éprouver du plaisir à l'intérieur de ton corps... Mais surtout, tu n'as pas de nombril.

En prononçant ses dernières paroles, son regard s'était arrêté sur le ventre plat et lisse d'Amaël.

-En tout cas, tu es très sensible à l'intérieur comme peut l'être un humain de sexe masculin. J'en déduis que tu es fait comme moi. Je voulais vérifier et j'ai bien fait. Je n'étais pas sûr de pouvoir te faire jouir ainsi, mais les résultats ont dépassé mes espérances...

Amaël rougit en l'écoutant, mais la gêne fut bien vite remplacée par la peur lorsque les yeux de l'homme aux longs cheveux noirs devinrent brièvement dorés. Lui non plus n'était pas une créature ordinaire, se dit Amaël.

-Et je vais pouvoir analyser ce qui est sorti de toi. Oui, tu m'intrigues réellement, petit être.

Même si cela avait été court, en voyant que ses yeux avaient changé de couleur, le rendant encore plus effrayant, la peur avait accéléré le rythme cardiaque du triton qui s'était calmé, et son mal être de tout à l'heure revint subitement. La tête lui tourna et cet homme s'en aperçut.

-Que se passe-t-il ? Tu te sens mal ou tu essaies de te jouer de moi ?

Sous la colère, ses yeux redevinrent dorés, accentuant le malaise de la pauvre créature marine.

-Je... J'ai... besoin d'eau... Je vous en prie...

-De l'eau ? Tu as soif ? demanda-t-il en se tournant afin d'attraper une carafe d'eau sur la petite table à roulettes.

-Non...

Surpris, l'homme se retourna de nouveau vers lui. Amaël se sentait de plus en plus mal. Il ne s'était jamais senti aussi mal de toute sa vie, et ce qu'il venait de vivre précédemment, mélangé à son angoisse, ne faisait qu'approfondir son mal-être. Il n'arrivait plus à réfléchir correctement et sentait qu'il allait bientôt sombrer dans l'inconscience.

-Mettez-moi dans... l'eau... L'océan...

Sa voix était à peine perceptible, elle n'était plus qu'un faible murmure. Il n'avait plus d'énergie. Et c'est ainsi que le jeune triton sombra dans l'inconscience sans voir le visage inquiet de l'homme aux cheveux noirs…

**

Il flottait... Il se sentait bien, si bien... Un peu désorienté, Amaël ouvrit les yeux. Il était beaucoup mieux et il découvrit pour quelle raison. Il était immergé dans l'eau. De l'eau de mer, il le sentait à sa composition si particulière. Mais il ne se trouvait malheureusement pas dans l'océan. Non... Il était enfermé dans un énorme cube sans toit et transparent rempli d'eau à ras bord. Sa queue de poisson et ses jolies écailles d'un bleu argenté intense et brillant était revenue ainsi que ses branchies qui recouvraient ses flancs.

Sentant une vague de danger peser sur lui - il en sentait les frémissements sur la peau de son dos -, Amaël se retourna et tomba dans le regard sombre de l'homme qui le détenait. L'air qu'il arborait alors figea le jeune triton, car son visage reflétait une satisfaction évidente, et ses yeux étaient redevenus dorés, n'inaugurant rien de bon. Maintenant, cet homme effrayant savait. Oui. Il savait ce qu'il avait entre les mains. Il savait ce qu'était réellement Amaël...

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