Chapitre 4 : Exorcisme

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Note de l’auteur : Ayant des problèmes avec l'utilisation des temps du passé, certains d’entre vous m’ont conseillé d’écrire au présent. Bien qu'un peu hésitante, j’ai tenté le coup. C’est pourquoi ce chapitre n’est pas écrit au même temps que les précédents. J’aimerais votre avis, qu’en pensez-vous ? Est-ce plus agréable à lire au présent ?


J’émerge du sommeil, savourant ce moment de paix. Je soupire d’aise, cela fait des mois que je n’ai pas aussi bien dormi. Fini les hôtels miteux et la banquette arrière de ma Ford ! Allongée sur le ventre, le regard tourné vers la fenêtre, j’admire le paysage. Soudain un bruit attire mon attention.

Le parquet grince sous l’effet du poids d’un individu d’environ soixante-dix kilos. La porte s’entrouvre doucement, laissant ainsi la lumière du couloir s’infiltrer dans la pièce sombre. Je faufile discrètement ma main sous mon oreiller et attrape mon couteau. Les pas se rapprochent de plus en plus. Une main se pose alors sur mon épaule. Je frissonne avant de glisser le couteau sous la gorge de mon assaillant.

— HEY ! C’est moi bordel ! me crie Bobby, les yeux écarquillés et les bras en guise de remparts.

Je lâche un soupir de soulagement.

— Putain Bobby, j’ai failli faire une crise cardiaque ! je marque une pause le temps de reprendre mon souffle. Personne t’as appris à réveiller une chasseuse ? dis-je en me redressant dans le lit et en posant mon couteau sur la table de nuit.

Après quelques instants, Bobby s’assoit en m’observant, les sourcils froncés. Il jette un regard en coin vers l’arme blanche.

— Tu dors souvent avec ça sous ton oreiller ?

— Pas toi ? le questionné-je en haussant un sourcil.

— J’ai peut-être, un ou deux magnums sous mon matelas, ouais…

Il laisse sa phrase en suspens en attendant que je prenne la parole.

— J’ai été attaquée plusieurs fois dans mon sommeil, quand je chassais seule. Mais cette nuit j’ai tellement bien dormi !

— Heureux de l’apprendre. me dit-il avec un sourire, je note que sa barbe a disparu et qu’il sent l’after-shave.

— Bobby ? T’as un rencard ?

Il devient rouge comme une tomate, je ris devant son air gêné.

— Euh…je...qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Ben tu t’es bien habillé, coiffé, rasé, et en plus tu sens bon.

— Pourquoi je pue d’habitude ?

— Ben t’as tendance à sentir le whisky.

— Ah…sinon pour répondre à ta question, je suis allé rendre visite à ma voisine.

— Mmh tiens tiens, intéressant. Et comment elle s’appelle ?

— Euh. Elle s’appelle Mia. Mais ne t’occupe pas de mes affaires, d’accord!

Je lui lance un sourire en guise de réponse.

Il fait mine de se fâcher puis sourit en secouant la tête. Le sérieux et l’hésitation reprennent alors possession de ses traits, je sens qu’une question lui brûle les lèvres.

— Oui ?

— Euh…qu’est-ce qui t’as décidé à revenir ?

Je tâche de dissimuler mon trouble, il y a des choses que Bobby ne doit pas savoir. Alors je lui réponds simplement :

— Il était temps de rentrer à la maison.

Il me lance un sourire légèrement crispé, je sens comme une tension entre nous. Bobby est heureux de mon retour, mais il ne m’a pas totalement pardonnée mon départ précipité. J’espère qu’avec le temps, ça s’arrangera.

— On part dans une heure ? J’ai préparé un petit déjeuner. Des pancakes, je sais que t’adores ça!

C’est vraiment gentil et surprenant de sa part.

— D’accord, laisse-moi dix-minutes, le temps de prendre une douche.

Bobby sort de la chambre, je me lève pour aller fouiller dans mon armoire. Mes vêtements sont toujours à leur place, ce n’est pas comme si j’en avais des tonnes. Je prends une tenue sobre et file sous la douche.

J’examine les dégâts causés par le vampire. L’hématome de ma mâchoire est assez vilain, mais la blessure causée par les crocs du monstre a l’air d’aller mieux, ça commence doucement à cicatriser. La plaie n’a pas l’air de s’infecter.

Je termine de me préparer et rejoins Bobby qui court dans tous les sens, pour préparer la table du petit-déjeuner.

La cuisine est loin d’être son domaine de prédilection, et pourtant il fait énormément d’efforts pour me faire plaisir. J'apprécie beaucoup, je me sens vraiment chez moi.

Prenant place autour de la table, j’attrape un pancake aux myrtilles et le dévore en quelques secondes. Je me sens affamée, pour changer…

— Merci Bobby, pour tout ça. dis-je en montrant la table. Mais t’es pas obligé de te donner autant de mal tu sais.

— Oh mais ça me fait plaisir. D’ailleurs j’aurai une petite surprise pour toi en fin de journée.

Je l’observe en fronçant les sourcils, je ne suis pas vraiment fan des surprises.

— Rien de méchant, au contraire. J’ai hâte de voir ta tête. dit-il avec un sourire malicieux.

— Si tu le dis…

Après avoir pris un bon petit-déjeuner, Bobby va chercher « deux ou trois trucs » dans le bunker, on a besoin de matos pour piéger ces démons. A peine ai-je débarrassé que Bobby pose brutalement tout un tas d’objets sur la table. Je m’approche, curieuse d’en connaitre la nature.

— Alors, j’ai des munitions, quelques flingues, des cordes, de l’huile sacrée, de l’eau bénite, des menottes anti-démons. Et attend de voir ce que j’ai dégoté, tu vas pas en revenir !

Bobby sort alors un flingue de sa poche, mais pas n’importe quel flingue. Je faillis sauter au plafond en reconnaissant l’arme à feu.

— Putain de merde. Bobby ! C’est une pure merveille… Tu l’as eu où ? je peux le prendre ?

Sans même attendre sa réponse je lui prends des mains, fascinée par l’objet. Il est magnifique. Il fut créé par Samuel Colt en 1835. Ce qui la rend si spéciale, c’est le fait qu’elle peut tuer définitivement les monstres au lieu de simplement les renvoyer en Enfer, d’où ils peuvent toujours revenir.

C'est grâce à cette arme que Sam et Dean ont réussi à tuer Azazel, un des princes de l'Enfer aux services de Lucifer.

— Les garçons me l’ont confié lors de leur dernière visite. En temps normal le nombre de balles est limité, il n’y en avait que treize. Mais Sam et moi avons réussi à en créer de nouvelles.

— Bien joué ! dis-je en lui rendant l’arme avec un large sourire. J’ai hâte de foutre une raclée à ces suppôts de Satan.

— Moi aussi. me dit Bobby en me donnant une tape sur l’épaule. Je me suis dit qu’il valait mieux prendre ma caisse plutôt que ta Gran Torino, elle est trop tape à l’œil.

— D’accord, tu as raison.

Bobby range notre arsenal dans le coffre et prend le volant de la vieille voiture. Nous partons en direction de Weyburn où nous attend un chasseur que Bobby fréquente depuis quelques années. Il s’appelle Jeff, je ne l’ai jamais rencontré.

Perdue dans mes pensées, je songe à la lettre de John. Préférant ne pas mentionner ma découverte à Bobby, du moins pour l’instant. Je fais peut-être erreur au sujet de ce fameux message codé. Le vieux chasseur me lance un sourire et allume la radio. Une musique familière résonne alors dans l’habitacle.

Du rock…une des chansons préférées de Dean. Il me manque tellement, Sam aussi me manque. Je songe à ma vie, me replongeant dans les grandes lignes de ma pitoyable existence. Car après tout je n’ai pas fait grand-chose, je me suis retrouvée seule si jeune. Puis j’ai connu John, il m’a formé au métier de chasseur. Et ma rancœur, mon désir de vengeance n’ont fait qu’augmenter. Plus je tue et plus j’ai envie de tuer ces pourritures. De le retrouver lui. Mais qu’avais-je accompli ?

Pas grand-chose à dire vrai, j’ai sauvé quelques personnes. Mais j’ai aussi pris la vie de nombreuses créatures, d’humains voire même d’innocents. Après tout je suis une chasseuse, une tueuse, une meurtrière. Et je n’ai toujours pas vengé la mort de ma famille, après toutes ces années.

Je me mords les doigts de colère, il y a bien longtemps que je n’ai pas pleuré. Je crois que je n’en suis plus capable, j’ai versé des larmes des jours entiers après avoir assisté à l’assassinat de ma famille.

Mes parents, mon petit frère…penser à eux est si douloureux, j’ai hâte d’aider Sam et Dean à en finir avec Abbadon. Pour me consacrer à la traque du démon meurtrier. Ce salopard aux yeux rouges. Son visage est ancré dans ma mémoire depuis mes huit-ans, depuis ce soir-là.

Je respire un coup en tournant la tête vers la fenêtre. Chaque soir, avant de m’endormir, je m’imagine en train de lui faire la peau. De le faire souffrir comme il a fait souffrir mes parents et mon frère. Je retrouverai cet enfant de salaud, et même si je dois mourir, je le tuerai…

Le moteur s’arrête, interrompant mes pensées. Bobby sort de la voiture et se dirige vers le coffre, je respire un coup et sort à mon tour. Nous sommes arrêtés devant un vieux hangar, une jeep noire est garée devant.

— Jeff nous attend ici. Eh, ça va pas ? me demande Bobby en se tournant vers moi.

— Oui, oui ça va. répondis-je avec un sourire rassurant.

— D’accord. me répond-il avec un froncement de sourcils.

— Alors euh, Jeff a attrapé les démons ?

— Il est en train d'en interroger un, mais il y en a d'autres à attraper. me dit Bobby avant de prendre du matériel et de se diriger vers l’entrée du hangar. Je prends mon sac et le suis, il fait assez sombre à l’intérieur. Mais la lumière du jour passe par les quelques fenêtres aux vitres brisées.

J’aperçois alors un démon attaché à une chaise, au milieu d’un piège. Il se fait tabasser par un homme nous tournant le dos.

— Salut Jeff ! dit Bobby avec un sourire

— Bobby ! répond l’homme en se tournant vers nous avant de mettre une droite au démon, je constate avec surprise qu’il est loin d’être vieux. C’est un jeune chasseur, plutôt charmant d’ailleurs. Il fait une accolade amicale à mon père de substitution puis s'approche de moi.

— Salut, moi c’est Jeff. me dit-il avec un sourire en coin.

Je lui serre la main et me présente à mon tour :

— Elizabeth Williams, enchantée.

Jeff garde ma main dans la sienne un peu trop longtemps au goût de Bobby qui commence à tousser exagérément :

— Hem hem ! Alors ce démon ?

Je ris intérieurement en voyant Bobby lancer un regard noir à Jeff. Nous nous approchons alors du démon qui a un air de petit prétentieux.

— Beurk ! Il est vraiment laid. dis-je avec dégoût.

— Hey, je t’entends sale pimbêche ! Dites à votre trou du cul de pote que me refaire la face est une perte de temps. J’ai rien à vous dire. dit-il en relevant la tête avec fierté. Bobby s’avance vers lui en prenant soin de ne pas effacer le piège tracé au sol à la craie blanche.

— J’sais pas comment t’dire ça mais…t’es vraiment dans la merde mon vieux. Tu ferais mieux de coopérer parce que la jeune chasseuse ici présente, dit-il en posant sa main sur mon épaule, elle est loin d’être patiente et gentille avec les crevures dans ton genre.

Le démon me lance alors un regard empli d’insolence et crache du sang à mes pieds.

— Cette trainée-là ? Elle m’fait pas peur.

Je ris, soufflée par son attitude, il n’a aucune idée de ce qui l’attend apparemment. Jeff me lance un regard malicieux :

— On te le laisse, Bobby et moi on va aller s’occuper de ses amis. Amuse-toi bien ! dit-il en s’éloignant, Bobby m’envoie un regard entendu : Je dois être prudente.

J’observe le démon, sans le quitter des yeux une seule seconde. Après quelques minutes, j’entends enfin le moteur de la voiture de Bobby démarrer, je vais donc ouvrir mon sac et poser son contenu sur une vieille table qui menace de tomber en poussière à tout moment. Je sors une radio portative et l’allume, une chanson de Tal Bachman résonne alors dans le vieux hangar. J'aime travailler avec un fond sonore agréable.

— Si t’avais envie qu’on danse pourquoi tu l’as pas dit plus tôt ?

J’observe le démon, agacée par son attitude. Lui, me regarde avec un sourire en coin, il cherche à me séduire, pathétique… Je n’ai aucune once de pitié pour lui, mais j’en ai pour l’humain enfermé dans sa propre chair.

Je sais d’avance qu’il ne va pas survivre, car je vais devoir le tuer. Il le faut malheureusement.

— A quoi tu penses ? demande le démon en penchant la tête sur le côté avec un air charmeur.

— Primo, cette attitude séductrice ne t’évitera pas la mort, et deuxio pour te répondre : je pense à la façon dont je vais te tuer.

Le démon d’abord décontenancé, pouffe de rire, me faisant hausser un sourcil.

— Me tuer ! Ne dis pas de sottise, tu en es incapable.

Je soupire et sors le colt de mon sac en le posant avec fracas sur la table. Sa réaction est à la hauteur de mes espérances, il n’a plus l'air d'avoir envie de rire à présent.

— Alors comme ça je ne peux pas te tuer ? dis-je avec un sourire.

— Comment…tu l’as eu où ? C’est un faux ?

— Plus vrai que nature. Maintenant tu vas me dire tout ce que tu sais et je te renverrai gentiment en Enfer, sinon…

Je m’approche lentement du démon en jouant habilement avec un poignard. Le démon reprend le peu de confiance qu’il lui reste :

— Tu… tu crois vraiment m’effrayer fillette ? Parce que si c’est le cas, je…

Mais le démon est coupé dans son élan lorsque je lui enfonce le poignard profondément dans l’abdomen.

— AARRRGHH, QU’EST-CE QUE…CA BRULE BORDEL ! C’EST QUOI ?

— Quoi ? Ca ? dis-je en pointant du doigt mon couteau.

— OUI CAAA!

— Ton ignorance m’étonne, j’ai juste trempé la lame dans de l'eau bénite.

Je retire vivement le couteau, arrachant ainsi un hurlement de douleur au démon, puis essuie le sang sur son tee-shirt blanc. Il pousse un grognement plaintif, mais fini par relever la tête. Ses yeux ont changé de couleur, la couleur sombre de son iris s'est propagée sur toute la surface de l'oeil.

— Tu sais démon, peu de choses me font peur. Et tes yeux ne me font aucun effet, si ton but était de m’intimider c’est raté.

— Je me vengerai…

Je pousse un soupire exaspéré :

— Que les choses soient claires. J’ai pas toute la journnée , donc tu vas me dire ce que tu sais et en vitesse. Soit tu réponds à mes questions, soit je déchainerai l’Enfer sur toi, pigé ?

— Crois-moi je connais l’Enfer…

— Justement, tu vas me dire tout ce que tu sais sur l’Enfer et sur Abbadon.

Son visage exprime de la colère à l’entente de ce nom.

— Je sais rien sur cette grognasse ! Et ce que tu me fais n’est rien comparé à ce que pourrait me faire…

Le démon interrompit sa phrase, comme s'il en avait trop dit :

— Continue tu m’intéresses, de qui parles-tu ? dis-je en glissant la lame sous sa gorge.

— Je dirais rien, renvoie-moi en Enfer si ça te chante.

— Oh n’y compte pas , ce serait trop facile. J’ai mieux en stock…le purgatoire tu connais ?

— Comment ? D’où tiens-tu cette information ?

— C’est moi qui pose les questions. Crois-moi j’ai le moyen de t’y envoyer. Et je pense que tu n’as pas très envie de te retrouver avec ces immondes créatures, je me trompe ?

— Euh…quelles créatures ?

— Les Léviathans voyons…


Les Léviathans sont des créatures absolument ignobles. Ce sont les premiers monstres à avoir été crées par Dieu, mais ils se sont révélés incontrôlables. Dieu a donc construit le purgatoire, un endroit où il pourrait les enfermer en compagnie d’autres redoutables monstres. Il y a quelques années, les Léviathans ont failli prendre le contrôle du monde en transformant les êtres humains en véritable buffet à volonté. Ils tenaient également à exterminer les créatures pouvant s'intéresser à leur nourriture comme : les vampires, les anges ou encore les démons. Nous avons réussi à les renvoyer d'où ils venaient. Repenser à ces monstrueuses créatures, me fait froid dans le dos... Je me souviens qu'avec Bobby, on avait cherché une façon de les tuer pendant des heures. On en avait attrapé un et on lui avait coupé la tête, la tête était revenue se réassembler peu de temps après, avec le corps... Ils nous ont vraiment donné du fil à retordre.

— Tu te souviens à quoi ils ressemblent lorsqu’ils ont faim ?

Le démon déglutit avec difficulté, sans pour autant se mettre à table. Décidé à ne rien dire, il ne me rend pas la tâche facile.

Il m'observe et prend un air menaçant :

— Tu sais combien d’humains j’ai tué, chasseuse ? De quelle façon je les ai égorgés comme de vulgaires porcs…

J’émets un léger rire, amusée par sa confiance en lui.

— Sais-tu combien de démons j’ai tué ? Combien de vampires, de polymorphes, de loups-garous, de sorcières ? Je t'ai déjà dit que j'avais décapité un vampire avec une chaine ? Ou encore couper les quatres membres d'un démon, avant de lui mettre une balle dans la tête et de l'enterrer vivant dans le béton?

Je souris au démon, il prend peur en voyant l’expression de mon visage. Je pousse un soupir avant de prendre de l'eau bénite et de me diriger vers lui…


*Quelques heures plus tard*

J’ai cuisiné le démon pendant au moins deux heures en ayant finalement obtenu quelques maigres informations. Il est temps que je m’en débarrasse, sachant que l’humain possédé ne survivrait pas de ses blessures. Je ne voulais pas gaspiller les précieuses balles du colt. Alors je pris la décision de le renvoyer en Enfer.

Je l’observe, son haut immaculé de sang est déchiré par les coups de poignards, un de ses yeux est fermé et ensanglanté. Sa peau fume encore à cause de l’eau bénite. Ses ongles ont disparu, je lui ai arrachés l'un après l'autre en versant de l'eau bénite sur la chair à vif. Il a fini par parler après des heures de torture.

— Bon, tu as répondu à certaines de mes questions, c’est bien.

— C’est bien hein ? T’as vu, j’ai fait ce que tu voulais. Tu vas me libérer maintenant ?

— Tu me demandes de faire preuve de beaucoup de clémence, démon. Mais c'est d’accord, chose promise, chose due.

Je m’avance vers le démon, celui-ci semble satisfait . Alors que je m’apprête à couper les cordes qui le retiennent prisonnier, je me fige.

— Attends, tu y as vraiment cru ?

— Quoi ? il n’avait pas l’air de comprendre apparemment.

— Je ne suis pas stupide , je ne vais pas relâcher un démon dans la nature. En plus, tu aurais tenté de me tuer à la seconde où je t’aurais libéré du piège.

Je recule de quelques pas sans le quitter des yeux, son expression catastrophée me fait sourire. Je commence alors à réciter les paroles latines :

— Exorcizamus te omnis immundus spiritus.

— NON ARRETE, CHIENNE !

— Omnis satanica potestas.

Le démon commence à se débattre, ses yeux deviennent à nouveau noirs. Il lutte pour ne pas se faire expulser de l’enveloppe charnelle dont il a pris le contrôle. Je vais renvoyer cette pourriture en Enfer en l’exorcisant.

— Omnis incursio infernalis adversarii omnis congregatio et secta diabolica.

Le démon livre une bataille intérieure pour rester dans l’envelope, sa respiration est sacadée, il ne cesse de hurler et de transpirer. Je touche au but…

— Ergo draco maledicte ecclesiam tuam securi tibi facias libertate SERVIRE TE ROGAMUS…AUDI NOOOOS.

Soudain, un énorme nuage noir s'échappe de la bouche de l’homme pris de convulsion. La brume obscure s’infiltre violemment dans le sol, le démon est retourné en enfer. Mais l’homme qui avait été possédé est sur le point de succomber de ses blessures, celles que je lui ai infligé. Il fallait que je le torture pour obtenir des réponses.

Je détache rapidement l’homme qui tombe alors au sol, le sang coule à flot à présent. Je me dirige vers la table en bois, les hurlements de l’innocent à l’agonie résonnent dans le grand bâtiment. Je prends mon poignard puis revient auprès de lui en le tournant sur le dos. Il vit ses derniers instants. J’y suis habituée, ce n’est pas la première personne à mourir devant mes yeux. Mais ça me fait toujours le même effet, même si j’ai appris à le cacher. Il tourne la tête vers moi et regarde le couteau que je tiens. Il comprend mon intention et attrape ma main pour me rapprocher de lui, je mets mon oreille en face de sa bouche et il me chuchote une phrase :

— Il est à Lawrence.

Je relève la tête abasourdie, puis il hoche la tête vers le couteau. Je lui plante alors profondément dans la poitrine, pour abréger ses souffrances. Il ne met pas longtemps avant d'émettre son dernier souffle. Je me relève et m’assoit sur la chaise qu’il occupait quelques minutes auparavant. Contemplant le liquide écarlate qui s'étend sur le béton...

Je commence à m’inquiéter à propos de cette ville, Lawrence… Qui est à Lawrence, bon sang ? Peut-être fallait-t-il que j’en parle à Bobby...

La radio continue à diffuser une musique entrainante contrastant avec la sinistre situation.

Je suis assise en face d’un cadavre…une situation un peu trop fréquente, je crois que je n’aurais jamais une vie normale…

J’approche la mort presque tous les jours, j’ai l’impression d’y être devenue insensible à force. C’est l’impression que je donne en tout cas… Mais au fond, je suis pleine de remords. Beaucoup de gens sont morts par ma faute, il est dangereux d'être proche d'un chasseur, je l'ai appris à mes dépends.

Perdue dans mes pensées, je n’ai pas remarqué Bobby et Jeff revenir de leur chasse.

— Bordel à cul ! Tu lui a fait sa fête à celui-là. Ca va Eli ?

— Bobby ! dis-je en me tournant vers eux. Vous êtes là !

Jeff observe le corps gisant sur le sol, avec sérieux :

— Tu as réussi à en obtenir quelque chose ?

— Rien de concret, mais il n’a pas arrêté de hurler la même phrase : « Aller voir Cain ». Je ne sais pas ce qu’il voulait dire par là.

— Ca me rappelle vaguement quelque chose que j’ai du lire dans un bouquin. Bon on verra, il est tard on devrait rentrer Eli. Bobby a l’air étrange, il a le regard fuyant.

— Et vous, vous avez appris quoi ?

— On a rien trouvé, je pense que les démons se sont foutus de notre gueule. Ils avaient l'air terrorisés par cette Abbadon. me dit Bobby. Il y a quelque chose dans sa voix, comme de l'anxiété, il me cache quelque chose j'en suis sûr...

Après avoir nettoyé le sang et enterré le corps, Bobby dit au revoir à Jeff et part m’attendre dans la voiture. Jeff s’approche de moi avec un sourire.

— J’ai été vraiment…enchanté de te connaitre Elizabeth. me dit-il en me prenant la main.

— Eh bien…moi aussi Jeff, j’espère te revoir bientôt. Si jamais un jour tu as envie de partir en chasse en compagnie d'un autre chasseur, je suis disponible ! dis-je en rougissant légèrement.

— Avec plaisir, tiens mon numéro. dit-il en mettant un morceau de papier dans ma main et en la refermant, et en déposant un baiser sur le dos de mon autre main. Je ne suis pas habituée à de pareils traitements ! Je dois avouer, que c'est plutôt agréable d'être courtisée.

J'observe son visage, il a vraiment de très beaux yeux noisettes…

Je lui envoie un sourire en coin et repars en direction de la voiture. Il fait déjà nuit, je n’ai pas vu le temps passer dans ce hangar. Je jette un œil aux alentours puis entre dans la vieille bagnole. Attendant que Bobby démarre, mais celui-ci se contente de me fixer sans rien dire.

— Quoi ?

— Qu’est-ce qu’il te voulait Jeff ?

— Oh Bobby je suis une grande fille, j’ai déjà fréquenté la gente masculine tu sais…

— OH STOP ! Je veux pas en entendre plus

Je ris en levant les yeux au ciel. Je ne compte pas en parler à Bobby, mais je trouve Jeff plutôt mignon, j'ai envie d'apprendre à le connaitre.

— Alors on rentre ? On attend quoi ?

Bobby m'observe d'un air malicieux et répond :

— Oui oui, on y va... son étrange comportement me fait froncer les sourcils.

Après quelques instants, Bobby démarre la voiture, j'aperçois Jeff regagnant la sienne et nous saluant de la main. Mon compagnon de route n'arrête pas de sourire, il a l'air suspect... Mais je n'ai pas la force de lui tirer les vers du nez, ces deux heures de tortures ont été intensives , exténuée, je décide de faire un petit somme dans la voiture.

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