Dernier souffle

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Par-dessus son épaule, Gurval regarda une dernière fois le corps d'Ed, il s'était fait plaisir en suivant ses pulsions et il n'éprouvait aucun remord. Quelle joie d'avoir vengé Cassie ! En marchant lentement, le cœur léger, il regarda les étoiles puis à grand pas il s'échappa avec l'arme du crime. Ce qu'il venait de se passer ne sera jamais élucidé, il avait pris toutes les précautions nécessaires. En entendant plusieurs craquements derrière lui, Gurval fut pris d'un doute et si quelqu'un avait assisté à la scène ? En se retournant brusquement, il ne vit personne, tous ces bruits suspects étaient sûrement le fruit d'une imagination débordante. Dans cette situation, il fallait rester calme et lucide. Pour reprendre sa route, Gurval fit volte-face et stupéfié, il se retrouva nez à nez avec Edward. Le jeune homme avait le visage tuméfié, les yeux exorbités et il arborait un rictus effrayant. Instinctivement, Gurval voulut empoigner le couteau dans sa poche pour se défendre, mais son geste fut stoppé net par une main extrêmement puissante. L'étau se resserra inexorablement sur son avant-bras, la douleur devint insoutenable et ses os craquèrent tel des chips. Sous l'effet du choc, sa vue se brouilla et souffrant le martyr, il hurla jusqu'à en perdre haleine. Il sentit une forte chaleur l'envahir et submergé, il sombra dans le néant. Éprouvé, il se sentait lourd et en ré-ouvrant les yeux, il fut éblouit par le soleil. En tournant sur lui-même, Gurval constata qu'il était dans une clairière en plein cœur d'une forêt dense. À son poignet, il regarda l'heure, il était minuit et quart ! Confus, il peinait à comprendre ce qu'il venait de se produire, il était passé d'une nuit fraîche à une journée ensoleillée en quelques minutes seulement...

Hébété, Gurval se déplaça pour explorer les alentours, mais effrayé par un bruissement, il se figea. Une silhouette se détacha de la végétation, aucun doute, c'était Edward. Le jeune homme semblait possédé et avec une hache entre les mains, il s'élança tel un fauve. Face à cette menace, Gurval oublia son bras broyé et il puisa dans ses ressources pour prendre ses jambes à son cou. Sans se retourner, il s'enfonça tête baissée entre les branchages et les fougères, cette course poursuite, il devait la gagner. En slalomant entre les troncs d'arbres à vive allure, il mit toutes les chances de son côté, mais d'un coup, il heurta une masse sombre. Étourdi, il secoua la tête et une voix rauque lui glaça le sang :

— Tu ne peux pas m'échapper connard !

En tremblant comme une feuille Gurval rampait contre le sol humide. Soudain, il sentit la hache fendre sa chair et il poussa un cri atroce. Quand, l'arme fut arrachée de son corps, il en profita pour rouler sur le côté et ainsi il évita une seconde charge. Mal en point, il essaya de se relever, mais il fut balayé par un nouvel assaut. La hache était désormais fichée dans son flanc et il éprouvait des difficultés à respirer.

Edward bougea lentement ses lèvres pour articuler quelques mots :

— Tu aimes ça hein !?

Il attendait une réponse qui vint pas et il enchaîna :

— J'étais sûr que ça te plairait !

En voyant le jeune homme lever sa hache Gurval fut désemparé. Comment un être aussi impitoyable pouvait exister ? Il tenta de se protéger avec son avant-bras, sans succès. Le choc fut violent, l'arme s'enfonça dans son épaule comme dans du beurre. En voyant son hémoglobine gicler, Gurval bascula dans un état second. Il accepta les coups suivants comme une libération, puis il sombra lentement dans une douceur indescriptible. Était-il dans les bras de Dieu ?

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