Passés 12/18

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Elle était bien d’accord. Ssdvenna’êk la rejoignit, et l’incita à lutter, à aller vers un passé qui l’intéressait. Comme le dragonien se trouvait là, elle voulut connaître le jour de sa naissance. En vain, à sa volonté propre se superposait celle du pendu, oublieux de son nom.

- Olbô’k. La folie donne un niveau de concentration… fascinant.

Le temps passa développer en 2 lignes, et le dragonien comprit que la petite ne parvenait pas à résister, et encore moins à s’échapper de l’emprise des souvenirs du mourant. Développer aussi les ressentis Elle le sentit l’envelopper ; au noir aveugle du supplicié se superposa l’intérieur d’un village fortifié dans des marais. Le tisserand l’invitait dans ses propres souvenirs, et elle le suivit. Alors seulement, elle parvint à quitter Olbô’k, et à rejoindre Ssdvenna’êk.

Enfin, elle put lever la main et la voir. Tous ses sens lui revenaient ; elle vit son guide translucide, qui parut surpris. Développer aussi, ressenti d’Ombre

- Si net…

Il fronça les sourcils.

- Tu… vois vraiment le passé alors… et non les souvenirs comme nous…

- Si tu le dis.

- Ceci est trop net pour un souvenir, alors je suppose que c’est le passé… tel qu’il était.

Ombre se désintéressa bien vite du spectre du présent, pour découvrir ce village dragonien. Tout était en bois, en chaume et en torchis entouré de remparts de bois noir et de tourelles. L’humidité demeurait omniprésente comme dans la forêt, la cinquantaine de maisons basses laissait de larges rues où vivait ce clan. Un étendard flottait au centre du village, arborant une faux noire traversant un blason vert sur fond gris. Des enfants se pourchassaient, nombre de poissons séchaient devant les fenêtres, et plusieurs adultes réparaient des filets.

Étrangement, elle ouït une voix qui écrasa tous les autres sons. Un rugissement de douleur, brusquement interrompu. Vite suivi d’un second, d’horreur, qui alerta les dragoniens. Une rumeur circula comme une ondée et les apaisa tous.

Comme toujours dans le passé, Ombre comprenait tout. Elle s’élança auprès de la mère accouchante, à qui on ouvrait le ventre après deux jours ininterrompus de vains efforts pour donner naissance à Ssdvenna’êk. Ce dernier la suivit comme son ombre, la pensée la fit sourire.

Ils atteignirent l’angle du fortin, et virent la foule amassée près de la fenêtre. Tous guettaient l’évènement avec fascination. Les piaillements d’un bébé apaisèrent l’assemblée, et dispersa une partie des badauds, maintenant qu’ils savaient tous qu’il s’agissait d’un nouveau frère, d’un nouveau membre du clan.

Ombre traversa le mur de la masure sans soucis, et se sentit suivie de près de Ssdvenna’êk. En se tournant vers ce dernier, elle vit toute sa circonspection à vivre aussi clairement cet évènement, ses premiers cris, ses premières gesticulations et se détourna pour observer le couple de guérisseurs qui veillaient sur la mère et son petit. Elle le léchait avec ardeur, le nettoyant de tout son liquide amniotique, lui transmettant sa chaleur. Sans un regard vers le guérisseur qui lui tendait une serviette, elle s’empara de l’objet et en frictionna son enfant, en transe. Une seconde guérisseuse se détourna de la scène, pour respirer dehors.

Le père de Ssdvenna’êk manqua de recevoir la porte en plein front. Mort d’inquiétude, il balbutia :

- A-a-alors ?

- C’t un garçon.

- Mais vous l’avez ouverte. Vous m’aviez dit que si ça arrivait…

- On a pas l’talent pour aller chercher ton fils et laisser ta compagne fertile. Ce sera vot’ dernier, ouais. Ben chiale pas.

Le dragonien, petit pour un membre de leur peuple, presque du gabarit d’Ombre s’écroulait sur la guérisseuse en tenue blanche poisseuse de sang, de sueurs et de fluides divers. Il ressemblait beaucoup à son fils adulte, en plus courtaud. Quand il se redressa pour éviter que la dragonienne ne le renverse en partant, Ombre vit ses prunelles dorées, traversés de pupilles de reptiles dilatées par la crainte. Ssdvenna’êk, celui du présent, voulut enlacer son père et le traversa. Les deux images se superposèrent un instant, et le spectateur se pétrifia.

- Je… J’ai vécu son…

Il se tourna, ahuri, vers celle qu’il accompagnait.

- Ton pouvoir est étrange… et puissant.

- Si tu le dis.

- Normalement, on ne voit que les souvenirs des uns et des autres, petite. Toi… il s’agit du passé tel que… tel quel…

- Désires-tu une démonstration de la manière dont j’erre dans le passé ?

-… oui…

Ils s’élevèrent alors, leur environnement se floua, et tout accéléra. Ombre lui demanda s’il désirait voir quelque chose en particulier. Il la laissa choisir, subjugué, et elle trancha pour un souvenir fort du dragonien, qu’elle sentait l’appeler. Beaucoup d’émotions négatives s’y rattachaient, et elle devinait sans peine de quoi il s’agissait.

Ils réintégrèrent la masure. Huit dragoniens s’y trouvaient, dont Ssdvenna’êk âgé de cent quatre ans, catastrophé par son réveil, entouré de ceux qu’elle devina être ses frères aînés, gênés par la situation.

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