Chapitre 5 - Edward (3/4)

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— Et comment on est censé procéder ?

Denita s'étira le dos et les bras puis fit craquer ses épaules. Première debout, c'était pour le moment la seule du groupe au courant de l'accord passé entre Bergins et Edward la veille. Elle avait fini par trouver ça acceptable, n'ayant pas d'autre issue dans l'immédiat. Le soleil commençait à se lever et ses premiers rayons donnaient au désert une apparence de mer de lave. La fraîcheur de la nuit s'était dissipée mais le zénith n'étouffait pas encore les aventuriers.

— Je ne sais rien de plus, répondit Bergins, appuyé contre un rocher, retirant le sable de l'une de ses bottes, je propose qu'on le suive et que l'on avise une fois là-bas.

— Oui, cela me paraît une bonne initiative. Nous pourrons agir en conséquence une fois que nous aurons plus d'informations.

— C'est également ce que j'ai pensé.

La Swatrozi posa sa jambe sur un rocher et continua ses étirements. La jeune femme souhaitait être la plus agile possible en combat et, pour cela, elle devait exercer la flexibilité de ses membres quotidiennement.

— N'en parle pas encore à Dicey et à Shad, dit-elle au colosse.

— Pourquoi ? Demanda l'Humain.

— Shad parle trop, il pourrait nous vendre avant d'être arrivé, et je n'ai pas encore pleinement confiance en l'autre Humain, répondit Denita d'un ton ferme.

— Dicey n'est pas Simon, certes, mais c'est quelqu'un de bien, expliqua Bergins, il manque seulement d'expérience. Il n'a fait que piloter toute sa vie.

— Vous, les Humains, vous êtes crédules, rétorqua la Swatrozi, je ne suis pas du genre à tomber dans les bras de quelqu'un que je ne connais que depuis quelques jours.

— Comme tu voudras, termina le colosse, je les préviendrais une fois le moment venu.

Puis comme la Swatrozi commençait à s'éloigner, celui-ci s'exclama presque machinalement.

— Ne va pas trop loin ! Nous partons bientôt, avait-il presque crié.

— Ne t'inquiètes pas, je vais seulement prendre un petit bain de soleil avant que celui-ci ne se transforme en four à pain.

Shad sortit de la grotte au même moment et rebondit sur le dernier mot.

— Du pain ? C'est ce qui me manque le plus je pense. Je savais que j'aurais dû emmener

des Chocopain de Saon.

— Des Chocoquoi ? Demanda Edward en apparaissant derrière lui avec Knock sur les talons.

— Chocopain, corrigea Dicey en les rejoignant, c'est du pain Karin fourré avec du chocolat Swatrozi.

— J'ai rarement mangé quelque chose d'aussi bon, continua le Zantry qui commençait à expliquer avec des gestes à l'adolescent la préparation de la viennoiserie, le pain est d'abord cuit sous cloche avec des U.V puis le chocolat est rajouté à l'intérieur. Le chocolat Swatrozi est sûrement le meilleur de toute la galaxie. C'est un couple qui a eu l'idée de commercialiser ça. Le mari était Karin et la femme Swatrozi. Ils ont mélangé leur savoir-faire et ça a fait un carton.

Bergins avait laissé son ami terminer bien que cette histoire ne l'intéressait pas. La viennoiserie n'était pas son truc.

— Bon, c'est pas tout ça, nous avons encore pas mal de route à faire, déclara-t-il, si tout le monde est prêt, on peut y aller.

Tout le monde acquiesça et commença à ranger ses affaires. Une dizaine de minutes plus tard, la grotte était vide et toute trace de leur passage avait été effacée.

Edward ouvrait la marche avec Knock à son flanc et son fusil sur l'épaule. Il était content du marché qu'il avait passé avec Bergins la veille. Le garçon avait peut-être une chance de revoir sa mère et sa soeur. S'il réussissait à faire tomber Sylfan, alors il avait les moyens de faire tomber les autres et pouvait sortir sa famille de là.

Le seul problème résidait dans le fait qu'il ne savait pas où elle se trouvait aujourd'hui, et que la capitale était très grande. Mais il ne perdait pas espoir, et c'était cet espoir qui le faisait continuer.

Le groupe le suivait toujours et gardait le rythme soutenu du garçon. Shad vînt à sa hauteur.

— Comment as-tu eu ce fusil ? Demanda-t-il.

— Sur un pilleur que j'ai abattu dans le désert, répondit franchement l'adolescent, c'était lui ou moi. Ce fut moi.

Shad se tourna subrepticement vers Dicey et chuchota un « Sauvage », pensant que l'adolescent ne l'entendrait pas mais il ne pipa mot.

Le groupe arriva vers une dune et grimpa au sommet. Une exclamation de surprise retentit alors et cela arracha un sourire de fierté au garçon. Il vit Denita mettre la main devant sa bouche et Dicey resté subjugué devant le spectacle.

Au loin, façonné au coeur de la montagne, s'étendait la capitale de Mosmo Era. La ville semblait ne faire qu'un avec la montagne qui l'embrassait. Au milieu des bâtiments de taille moyenne était érigée une tour fine mais gigantesque, dont le sommet orné d'une boule était presque invisible parmi les nuages.

— C'est là qu'habite le Parfumeur, dit Edward d'un ton grave.

— Dans cette tour immense ?! S'exclama Shad.

— Cette tour construite avec la sueur et le sang d'hommes comme mon père, rétorqua le garçon, il ne la mérite pas et elle-même ne mérite pas d'exister.

La colère montait rapidement en lui lorsqu'il abordait ce sujet et il prit une grande bouffée d'air pour se calmer, mais la bouffée fut chaude et lourde de grains de sable portés par le vent et elle le fit tousser.

— La ville ne me paraît pas si loin, observa Bergins.

— En continuant de marcher à cette allure, nous pourrons l'atteindre dans deux jours au plus tard.

Redescendant la dune et quittant la vue, le groupe reprit sa route. Le trajet fut calme mais monotone. Ils ne croisèrent ni pilleurs, ni pièges et se contentèrent donc d'avancer face au vent brûlant et au soleil pesant, au rythme des plaintes de Shad qui, malgré une vigueur retrouvée avec la bonne température, souffrait de crampes.

La journée se passa sans problème majeur et durant le coucher du soleil, Bergins posa son sac à terre.

— Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Edward, intrigué.

— Nous allons établir notre campement ici, expliqua l'Humain.

— Ici ?! S'exclama l'adolescent, au milieu de nulle part ?

— Tu as une meilleure idée ?

— J'ai l'habitude de passer mes nuits dans des grottes, proposa Edward.

— C'est justement ce que j'appelle un 'abri', intervint Denita, qui aimait peu l'idée de devoir à nouveau dormir dehors.

Bergins leva la tête et scruta les alentours.

— Vous voyez une grotte quelque part ? Demanda-t-il sur un ton de reproche, il n'y a rien d'autre que des dunes à perte de vue.

Edward grimpa au sommet d'une dune et observa à son tour en plaçant ses mains comme des jumelles. Il redescendit, dépité, et posa son sac près de celui de Bergins.

— Il a raison, il nous faudrait marcher toute la nuit pour trouver un abri, mieux vaut rester ici et être prudent. Les pilleurs rôdent jour et nuit.

Très rassuré par ce rappel, le reste du groupe les imitèrent. Chacun organisa sa couchette autour de la Lighball de Bergins. Knock montait la garde autour d'eux en effectuant des rondes. Il reniflait le sol avant d'éternuer bruyamment, la truffe pleine de sable.

— Je sais où nous sommes, dit Edward en étendant un duvet prêté par Bergins, en nous levant à l'aube demain matin, en accélérant un peu et si le temps nous est favorable, nous pourrons arriver à la capitale avant la nuit.

— C'est une bonne nouvelle ça, s'exclama Bergins en se couchant.

Mais le garçon vit que le colosse ne dormait que d'une seule oreille. Dans un environnement hostile comme celui-ci, cet ancien militaire devait probablement être sur ses gardes à tout instant. L'adolescent avait espéré que la présence du chien-loup aurait pu les détendre et leur permettre de prendre un peu de repos. Il s'endormit rapidement, épuisé par la journée.

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