Chapitre 41 - Un repas tendu

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Mon oncle, ma tante ainsi que les Rochefort arrivent vers vingt heures pour le diner. Ma mère vient de terminer la présentation de la dernière assiette. Grâce à Maria, nos plats sont à l’image des grands restaurants. Nous avons quand même passé plusieurs heures dans la chaleur de la cuisine pour être la hauteur de nos invités de marque. Heureusement pour moi, j’ai eu le temps de me préparer pour gagner la compétition face à Gaëlle et ses robes de luxes.

- Je suis heureux que nous nous retrouvons, mentionne mon oncle m’embrassant à nouveau. Quelle belle table, on se croirait dans un restaurant étoilé.

Je reste toujours en retrait des Rochefort qui semble trop à l’aise avec ma famille pour lui vouloir du bien. La tenue de Gaëlle est comme je l’imaginais : somptueuse et à l’image de sa position sociale.

- Nous pouvons passer à table, Maria viendra apporter les plats dans quelques instants, informe mon père.

Je note que c’est la première fois que mon père passe sous silence l’aide que nous fournissons à notre domestique. Encore une fois, ma mère semble plus à l’aise que mon père face à nos invités. J’espère qu’il ne se sent pas intimidé par le fait qu’ils soient plus fortunés que nous, ou peut-être qu’il a peur de perdre un contrat avec les Rochefort.

Malgré les mots assurés de mon oncle, je vois qu’il n’arrête pas de se frotter les doigts les uns contre les autres. Je sens que l’ambiance générale est tendue mais ma mère, ma tante ainsi que Gaëlle font en sorte que tout le monde s’inclus dans la conversation. Heureusement, Maria ne tarde pas à amener les entrées et je me dépêche à enfourner des morceaux de saumon dans ma bouche.

- Nous irons dans mon bureau demain pour clore nos affaires, assure mon père. Pour le moment, profitez de manger et de discuter de choses qui ne nous prennent pas la tête.

- Ton été se déroule comme tu veux ? demande Gaëlle avec désinvolture.

- Il y a des évènements que j’aurais préféré éviter, je marmonne en la regardant avec insistance pour lui faire comprendre que je n’ai pas apprécié de me faire agresser dans les toilettes à Cannes.

Elle fait semblant d’être consternée par ce que je viens de dire mais je sais que ma vie ne l’intéresse pas. Je ne connais pas grands choses sur les Rochefort mais je suis persuadée qu’il n’y a que l’argent qui les motive sans quoi, ils n’auraient pas une aussi grande fortune.

Je remarque le regard insistant d’Eliot dans ma direction. Il n’a pas parlé une seule fois depuis le début du repas donc j’en déduit qu’il doit me regarder depuis un moment. Même si je l’ai démasqué dans ses manœuvres, il ne sille pas.

- Ton copain ne vient pas se joindre à nous ? ose-t-il enfin demander.

- Il travaille le soir, je réponds du tac au tac sans donner davantage d’informations.

Eliot continue à m’observer comme si j’étais une expérience scientifique très intéressante. Je pense qu’il essaye de me déstabiliser dans ce repas mais je ne vais pas le satisfaire. Pour éviter de sentir le regard de l’homme assis en face de moi, je sors discrètement mon téléphone de ma poche.

Matéo me confirme qu’il sera là vers trois heures du matin et qu’il me rejoindra dans son lit si j’accepte de m’endormir dans ses draps.

- Pas de téléphone à table Valentina, ce n’est pas poli ! s’écrit ma mère en me faisant sursauter.

Eliot me lance un regard amusé tandis que Gaëlle me regarde avec mépris car je viens de perturber sa conversation avec mon oncle. J’ai très envie de m’évader de cette table pour me réfugier dans les bras de mon amoureux.

Maria emmène le plat de résistance déjà composé dans nos assiettes comme au restaurant. Eliot et moi, nous sommes ceux qui restons le plus silencieux durant ce repas. Je finis par croiser son regard ce qui le pousse à m’adresser à nouveau la parole.

- Nous n’avons pas eu besoin de ton aide pour ce nouveau contrat, chuchote-il en mon intention. Tu me remercieras car grâce à nous ton père va devenir encore plus riche qu’il ne l’est déjà.

Je détourne le regard pour faire comme si je ne l’avais pas entendu. Je ne sais pas de quel genre d’affaires il parle mais ça doit faire partie de la stratégie de mon père pour maintenir à flot l’entreprise.

Après ce qui me semble une éternité, Maria apporte le désert. Je vais bientôt être libre de m’enfuir de cet enfer pour rejoindre les draps qui portent l’odeur de Matéo. Comme en début de repas, ma mère et Gaëlle sont les maitresses de la conversation. Je me languis rapidement de leurs échanges sur les produits de luxe.

- Vous devriez rester dormir à la maison à la place de dormir à l’hôtel, intervient ma mère. Nous avons deux chambres de libre et cela vous évitera de faire le trajet pour venir conclure le contrat avec mon mari.

- C’est une excellente idée ! s’exclame la sœur d’Eliot. Ce sera beaucoup plus rapide pour régler les dernières formalités le lendemain matin.

J’ai envie d’étrangler ma mère qui n’hésite pas à garder ces gens à la maison alors que je ne les porte pas dans mon cœur. Heureusement pour moi, j’ai prévu de dormir chez mon homme, loin de ces êtres hypocrites.

Lorsque tous les convives terminent leur repas, Maria vient débarrasser la table mais elle fait accidentellement tomber une assiette près de Gaëlle.

- Vous ne pouvez pas faire attention non ? s’écrit cette dernière avec agressivité. Vous êtes vraiment incompétente dans votre travail.

Cette fois-ci, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je n’aime pas quand on s’en prend à ma famille et Maria en fait partie.

- Maria n’est pas serveuse, elle n’a pas l’habitude de faire ce genre de chose, je la défends en me levant de table. Elle n’a blessé personne alors de quoi tu te pleins exactement ?

Gaëlle me regarde sans savoir quoi dire puis finis par me fusiller du regard. Avant qu’elle ne puisse m’agresser à mon tour, son frère intervient.

- Excusez ma sœur Maria, elle oublie assez vite les bonnes manières.

Je disparais de la pièce principale avant qu’un scandale n’éclate. Je ne veux pas faire partie de ce malaise énorme qui règne dans la salle à manger.

Je récupère quelques affaires dans ma chambre puis je quitte la maison sans faire attention aux invités assis dans le salon. Je sonne chez Alma qui m’ouvre peu de temps après.

- Vu ton attitude, ça ne devait pas être terrible ce repas, commente-t-elle.

- Quel soulagement de quitter cette maison ! je m’exclame en entrant.

- Tu veux en parler avant d’aller te coucher ? Car je suppose que c’est ce que tu vas faire.

- En effet, il est hors de question que je reste dormir dans la même maison que les Rochefort, je réponds avec gratitude. Puis Matéo veut me retrouver quand il va rentrer.

- Fais comme chez toi, m’indique-t-elle avant de s’asseoir dans son canapé.

Après m’avoir lancé un clin d’œil, je file dans la chambre de mon homme. À peine ai-je poussé la porte que son odeur virile me frappe. Je la respire un coup à plein nez avant de déposer mes affaires sur un fauteuil.

J’explore sa chambre minutieusement, chose que je n’avais jamais faite avant. La penderie est ouverte et accueille des vêtements de couleur uni ainsi que des affaires sales étalées par terre. Je vois qu’il a conservé sur une étagère les DVD de son adolescence. Son bureau comporte peu de chose à l’inverse d’un meuble qui accueille son ancienne collection de figurines Marvel.

En fin de compte, sa chambre n’a pas beaucoup changé mis à part qu’elle comporte un peu moins d’objets qu’avant. Je sors de son armoire une t-shirt gris puis j’ôte mes vêtements de soirée pour le revêtir. Je m’allonge confortablement sur son lit moelleux afin de regarder tranquillement mes messages. Je like des post de Laura puis je réponds à un commentaire d’Irina sur Facebook.

Je me lasse rapidement de mes consultations sur les réseaux sociaux et je finis par me glisser sous les draps en coton pour respirer à nouveau l’odeur de mon amoureux. Je m’endors rapidement avec l’impression que mon homme est près de moi. Cela me permet d’évacuer le stress orchestré par cette horrible soirée.

Des bruits de pas finissent quand même par me réveiller au milieu de la nuit. Je sens le lit bouger puis je me retourne pour me confronter à une masse dure. Je souris à l’idée de sentir la chaleur de mon homme près de moi. Je ne pourrais jamais me lasser de ses caresses et de ses baisers.

Sans dire quoi que ce soit, Matéo se colle contre moi à moitié nu malgré la chaleur de l’été. Il me touche les cuisses puis remonte jusqu’à mes cheveux pour me les caresser sans retenue. Cela fait tellement du bien de se sentir aimer par une personne qui a tant de chose à donner. Je sais que je ne trouverais jamais quelqu’un d’aussi aimant et attentionné ailleurs. Je me rendors sur le souhait de rester à ses côtés pour toujours.

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