Perdu

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Le lendemain matin, Vida se réveille seule. Ken a quitté la chambre quelques minutes après leur échange et n‘a pas donné signe de vie au repas du soir. L’après-midi de la veille a tué la totalité de ses espoirs. Elle l'a perdu. Mais l'avait-elle seulement un jour possédé ? Moussa et lui partiront pour l‘aéroport un peu plus tôt que le reste du groupe, pour éviter les mouvements de foule si leur présence là-bas s’ébruite, annonce Malia qui peine à boucler sa valise tant elle avait apporté de choses. 


La cohue autour du bâtiment chamboule. Vida observe Patricia plonger sa main dans son sac pour en sortir son téléphone. Elle perçoit alors la voix d’une maman rassurant son fils. 

— Respire. Respire et dis-toi que ça va passer. On arrive. On se retrouve très vite. Ne leur prête aucune attention. Reste calme. 

À l’intérieur, une foule immense s’entasse, téléphone en main et scande les noms d’artiste des deux amis. Incroyable et surtout, effrayant... Au loin, Ken et Moussa, casquettes et lunettes de soleil vissées sur leurs visages. Lèvres, barbes, joues. Aucune expression. Aucune identité. Rien. Ils pensaient devenir invisibles. Les voilà la proie des pires charognes. Maria, Malia et Sallie s'en amusent, pas Vida. Voilà donc ce qui l'empêche d'être avec cet homme. Cette traque irrationnelle. Cette absence d’anonymat quoi qu’il fasse, et ce, quel que soit les années passées. Elle l'aime c’est un fait mais peut-elle envisager sa vie avec un homme qui se camoufle à chaque sortie dans un lieu public ? Un homme qui ne sort peut-être même jamais en public ? Le voir ainsi grimé, fermé, presque tremblant de rage à en croire ses poings fermés n’est pas ce qu’elle souhaite. Elle l'aime, mais pas comme ça. 

L’attente de l’embarquement est longue et Vida ose alors écrire à Ken, enfermé dans le club lounge avec ses parents et Moussa, voyageant en première classe. 

C’est pour ça ? 

Première vibration. 

À ton avis ? 

Je suis désolée que tu aies à subir tout ça, Ken. C’est pour ça que ton ex est partie, j’imagine ? 

Rien à voir. Je pense même avec le recul que c’est pour ça qu’elle est restée si longtemps. 

L'embarquement débute, l'avion décolle. La courte, trop courte parenthèse savoureuse se ferme à mesure que l'engin quitte le sol. Une fois arrivé, pas le courage de s'éterniser. Prétextant la correspondance du train, Vida quitte l'aéroport sans se retourner. Enfin seule. Ses écouteurs vissés sur les oreilles, La fille du bus de Lonepsi aident ses yeux à se libérer du poids des larmes qu'elle retient péniblement depuis son réveil.

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