Dépasser les bornes ?

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Sur la terrasse, lovée dans le fauteuil, Vida tourne et retourne la conversation dans tous les sens. Était-ce déplacé ? A-t-elle était irrespectueuse ? Le flot de ses pensées est soudain interrompue par du bruit. La baie s'ouvre.

— Tu as très bien fait ma chérie.

Malia s'installe sur un fauteuil, immédiatement rejoint par Moussa. Vraiment ? Elle sonde ce dernier. A-t-elle vraiment bien fait de parler de la sorte au père de son meilleur ami ? L'homme acquiesce. Vida vient de découvrir l'une des plus grandes failles de Ken. Son père. Exigeant, intransigeant, cet homme veut le meilleur pour sa famille et n'a jamais accepté les choix de vie de son fils. Le rap ? Peut-elle imaginer sa réaction lorsque Ken avait avoué son choix de carrière ? Seulement, lorsque le succès est arrivé, ce dernier s'est ravisé et a posé une pression vite devenue étouffante pour son ami.

— Tu as eu raison de dire tout ça à ses parents, et surtout à son père. Nikos n'a jamais compris les souffrances de son fils. Ses textes pour lui, n'étaient rien d'autre qu'une succession de mots créant une poésie moderne. Sa mère, Patricia, c'est différent, elle tamponne cette relation décousue pour ne froisser personne.

— Tu penses qu'il va m'en vouloir, une fois qu'il l'apprendra ?

Moussa éclate soudain de rire, arrachant un sursaut aux deux jeunes femmes. 

— Bien sûr que non ! Tu crois vraiment en ce que tu lui as dit ?

Malia plonge son regard chaleureux dans celui de son amie dont l'incompréhension semble y transpirer.

— Que tu es fière de lui.

Pourquoi aurait-elle menti ? Bien sûr qu'elle est fière de lui. Il a réussi là où elle a échoué. Ken vit désormais pour lui...

— Une copine, une vie que vous et sa mère avouent plus épanouie... Il s'en sort, il bouge, il vit. C'est bien.

Assez parlé de lui, annonce-t-elle. Vida se tourne face à Moussa. Elle lui doit des excuses. Elle ne connaît rien de lui. Ses parents sont-ils ici ? Pourra-t-il les lui présenter ? Elle serait ravie de leur dire à quel point leur fils est un ami précieux et qu'ils peuvent être fiers d'avoir élevé un homme si gentil. L'homme s'avachit sur sa chaise, visiblement mal à l'aise devant cette débâcle de reconnaissance. C'est en ce lieu que sa vie a changé il y a quelques années. Elle a posé son bouclier, a aimé et s'est ramassée, certes, mais peut-elle apprécier ce que la vie a placé sur son sillon ? Peut-elle respecter ces êtres essentiels à sa survie et leur offrir la meilleure part d'elle-même ? Oser avouer qu'elle pense encore souvent à Ken et pas forcément en mal est libérateur, la chape de plomb semble moins lourde à porter sur ses frêles épaules, cependant, Vida n'est pas encore prête à tout leur avouer...   

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