Prête à tout

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Hall de l'immeuble. L'ascenseur prend son temps. Tant mieux. Le désir grimpe. Les regards s'échauffent. Les corps se pressent. Vite... Une fois à l'intérieur, les caresses s'intensifient. Tandis qu'elle enflamme sa peau et glisse ses doigts sous son T-Shirt, il dévore sa poitrine de ses lèvres humides. Leurs corps vibrent à l'unisson dans cette cabine qui s'élève avec une lenteur presque indécente. Arrivés devant la porte de l'appartement, Ken s'affaire. Où sont ces foutues clés ? Sa fébrilité amuse Vida. Blottie contre lui, une main dans son caleçon, elle l'empoigne. Parfait, il est prêt. La patience n'a jamais été son fort. Elle ne tient plus. Elle le veut pour elle, en elle.

— Première à droite, j'arrive tout de suite, dit-il en franchissant le seuil.

Lorsqu'il revient, Vida est en sous-vêtements sur le lit. Prête. Que tient-il dans sa paume ?

— Si c'est du lubrifiant, tu peux le remballer on en aura pas besoin, crois-moi, dit-elle.

— Non, c'est du parfum.

— Quoi ?

— C'est son parfum...

L'excitation fouettée par l'angoisse, elle se redresse.

— Comment ça c'est son parfum ?

Se serait-elle fait berner ? Elle le sonde. Le regard de Ken se perd et devient fuyant. Que lui arrive-t-il ?

— Je suis là pourquoi au juste Ken ? reprend-elle.

— J'ai besoin de me sentir avec elle.

L'angoisse assiégée par la colère, la voilà hors du lit.

— Putain, tu te fiches de moi ? Tu te sers de moi en fait, c'est ça ?

Atterrissage brutal, la jeune femme se rhabille. L'humiliation est terrible. Comment ose-t-il ?

— J'ai besoin de ça.

Vida est en pleurs. La rage et la tromperie la font exploser. Comment a-t-elle pu être aussi bête ?

— Non tu n'en as pas besoin. Tu veux juste te rassurer parce que tu ne connais que ça ! Merde Ken, tu peux pas me faire ça, pas à moi ! Si tu voulais juste baiser ton ex, pourquoi ne pas me l'avoir dit dès le début et être resté avec ta poule ? Elle aurait été probablement ravie de te satisfaire !

— Ça n'aurait pas été comme avec toi... Ne me dis pas que tu ne pensais pas à lui quand je te touchais dans la boîte tout à l'heure.

— NON ! T'es malade ou quoi ? Malia avait raison quand on était à l'hôtel, elle m'avait prévenue que ça pouvait être dangereux. J'ai dit au revoir à David grâce à toi. C'est fini tout ça. Ce soir je voulais être avec toi.

— Et bien ce n'est pas le cas pour moi !

La froideur de ces mots brise la poitrine de Vida. Son coeur se fracture sous l'intonation employée mais elle tient bon.

— Arrête ton char. Ne me baratine pas avec tes salades là, Ken. Tu veux savoir mon opinion ? Tu es terrorisé par ce que tu ressens, tout simplement. Tu l'as dit toi même tout à l'heure, me regarder pendant que tu l'embrassais t'as excité, pourtant, si tu penses à ton ex, le résultat doit être le même, quelle que soit la fille.

— Tu es complètement à côté de la plaque.

Sa voix est blessante, presque tranchante.

— Pff, ouais c'est moi qui suis à côté, bien sûr ! Pousse toi de la porte, je veux rentrer chez moi.

— Réfléchis bien, tu ne voudrais pas une nuit avec David encore une fois ?

Comment peut-il se servir de lui ? La rage volcanique explose de son corps, elle hurle. David est mort. Et son ex ne veut plus de lui. Qu'il passe à autre chose au risque de perdre définitivement le sens des réalités.

— Elle ne veut plus de toi, Ken ! Putain et moi qui était prête à tout...

— Pas à tout, la preuve, coupe-t-il.

La gifle qui s'écrase sur son visage est cinglante. Toutes ses forces, toute sa rage atterrissent sur la joue de Ken en un bruit glaçant. Sa paume lui brûle, cependant, le visage rougi de Ken demeure impassible. Aucune émotion. Du vide, rien d'autre. Cet homme doit recevoir des soins et vite !

— Si tu savais le nombre de fois où je nous ai imaginés ensemble, rien que nous, sans nos cicatrices. Nombreux fantasmes qui inondaient mes nuits depuis mon retour. Dans mes rêves : c'est toi ou lui et en te voyant ce soir, j'ai su. J'ai su que ce que je ressens pour toi est réel. J'espère qu'un jour tu te rendras compte du mal que tu viens de me faire. Grâce à toi j'allais mieux, vraiment. Aujourd'hui tu m'as brisée et humiliée. Ne cherche plus jamais à me revoir ou je te jure que je te casse la gueule. Pousse toi de mon chemin !

Vida bouscule Ken et découvre Seydou et Lucie, dans le couloir, bouche-bée et interdits.

— Attends-moi en bas je te rejoins, propose Lucie.

— Non laisse, j'ai besoin d'être seule.

Elle quitte l'appartement en dévalant les escaliers à toute allure, le coeur en miettes et la fierté démolie. Impossible d'y voir quelque chose à travers ses yeux noyés. Son pied dérape, elle perd l'équilibre et sa tête heurte violemment le sol. Là voilà en bas, vaseuse et désorientée. Enfin du calme, avec un peu de chance, David sera là...

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