Chapitre 7 : Le Lac (3)

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 Cassius eut le temps de repenser à tout cela durant son cours d'Histoire de la Magie car une heure en compagnie du Professeur Binns pouvait durer bien plus longtemps qu'une heure normale. Bien sûr qu'il n'était pas intéressé par Pansy Parkinson en tant que copine, c'est ce qu'il se répéta plusieurs fois. Pourtant, il ne pouvait nier que l'idée d'ouvrir le bal avec elle avait quelque chose de très enchanteur. Finalement, après une longue matinée de réflexions intérieures, il se décida à en parler à Adrian pendant le repas du midi.

 — J'ai quelque chose à te dire, commença-t-il.

 — Oui ? répondit instantanément Adrian.

 Cassius pouvait dire par son ton qu'il avait attendu ça. Il avait sûrement remarqué le silence dans lequel il était plongé depuis ce matin.

 — J'ai quelque chose en tête mais, à vrai dire, je ne sais pas si je devrais t'en parler.

 — Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis pas de quoi il s'agit.

 C'était un très bon point. Parfois, Cassius était impressionné par le recul que pouvait prendre Adrian sur toutes les situations. Souvent, cela le troublait. Il se demandait si ça ne devait pas être frustrant pour lui de rester toujours naturellement à l'extérieur des événements.

 — Alors ? demanda Adrian, le tirant de ses pensées.

 — Oui, eh bien en fait, je pense qu'il y a quelqu'un que j'aimerais inviter au bal, essaya-t-il de répondre d'un ton détaché.

 — Attends, lui intima Adrian, ne me dis pas encore qui c'est.

 Cassius fut prit de court par cette étrange réaction.

 — Est-ce que vous êtes proches ? poursuivit Adrian.

 — Pas vraiment, dit Cassius en y pensant douloureusement. C'est-à-dire qu'on s'est déjà parlé et... et voilà.

 — Est-ce qu'elle te plaît ?

 — Je la trouve tout à fait admirable, dit Cassius très rapidement sans pouvoir se retenir. Non pas qu'il n'y ait quoique ce soit d'autre !

 Un sourire narquois apparut sur le visage d'Adrian.

 — Ne souris pas comme ça ! lui souffla Cassius.

 — Bon, dit Adrian d'un ton soudain beaucoup plus sérieux, et y a-t-il la moindre raison pour qu'elle refuse de venir au bal avec toi ?

 — Oui, sûrement.

 — Lesquelles ?

 Cassius ouvrit la bouche et se rendit compte qu'il avait répondu sans réfléchir. Après tout, maintenant qu'il y pensait, il avait deux ans de plus qu'elle, elle serait sûrement enchantée à l'idée de se rendre au bal au bras de quelqu'un d'aussi âgé. Cassius se sentit immédiatement mal de pouvoir penser une chose pareille.

 — Eh, bien, elle ne me connaît pas vraiment, dit Cassius.

 Adrian rigola.

 — Cassius, le Bal de Noël vient d'être annoncé dans toutes les salles communes. Les invitations s'enchaînent depuis ce matin, peu importe à quel point les cavaliers et cavalières se connaissent entre eux. Tout le monde veut se trouver un partenaire.

 Cette dernière phrase fit penser Cassius à quelque chose.

 — Et toi ? demanda-t-il à Adrian. Avec qui as-tu prévu d'y aller ?

 — Ne change pas de sujet, rétorqua Adrian. Va demander à cette fille d'être te cavalière avant que quelqu'un d'autre ne s'en charge, puisque rien ne t'en empêche.

 — Je tiens à faire remarquer que tu changes de sujet aussi, marmonna Cassius en coupant ses patates sautées.

 — Eh, bien, sache que pour ma part je ne suis pas champion, alors je ne suis pas obligé de me trouver de partenaire. Tu devrais aller lui demander avant ce soir.

 Cassius n'avait pas pensé à ce détail. La cloche sonna et ils se rendirent en cours de métamorphose. Il savait que c'était la chose la plus logique à faire mais ne pouvait s'empêcher de se poser tout un tas de questions et de s'imaginer des centaines de scénarios où, d'une manière différente à chaque fois, tout se passait mal. Il en fut tellement préoccupé qu'il ne réussit pas une seule fois à produire un sortilège informulé, ce à quoi il s'était amélioré récemment, notamment grâce aux conseils d'une certaine quatrième année.

 — Je ne sais pas ce qu'il vous arrive, Warrington, lui dit McGonagall à la fin du cours, mais j'espère que vous vous reprendrez très vite.

 Adrian lui lançait un regard entendu depuis l'encadrement de la porte, où il s'était appuyé en attendant que son ami finisse de ranger ses affaires.

 — Je vais à la bibliothèque, dit-il lorsque Cassius le rejoignit. On se retrouve là-bas.

 Ou, en d'autres termes, va lui demander avant de me retrouver là-bas. Cassius se dit que l'endroit le plus probable pour trouver Pansy était sûrement la salle commune. Voulant se donner l'air de l'assurance, il se mit à marcher très vite en direction des cachots. Il venait seulement de tourner à l'angle du premier couloir quand une masse se cogna contre lui et le stoppa net dans sa course. C'était Pansy Parkinson. Cassius ne savait pas s'il devait être heureux de cette étrange coïncidence. Dans tous les cas, il dut se résoudre à l'idée que s'enfuir en courant n'était plus une idée envisageable dans l'immédiat. Alors il essaya d'engager la conversation.

 — Oh, désolé, je ne t'avais pas vue.

 — Ce n'est pas pas grave, répondit-elle d'un air peu préoccupé.

 Elle avait l'air pressée.

 — Tu... Tu étais toute seule ? demanda-t-il, ne trouvant rien d'autre à dire.

 — Non, j'étais avec... enfin peu importe, s'empressa-t-elle d'ajouter.

 Et avec un dernier sourire poli, elle le contourna. Ça y est, le moment était passé. Quoique pas réellement. Ils étaient seuls dans ce couloir et elle était seulement à quelques mètres de lui. Il pouvait encore l'appeler. Il pouvait encore lui proposer. Le moment n'allait être passé que dans quelques secondes. Quelques secondes, c'était tout ce qu'il avait, et tout ce qu'il lui fallait. Alors, il saisit sa chance.

 — Pansy !

 Elle se retourna.

 — Est-ce que tu veux venir au bal avec moi ? demanda-t-il avant qu'il ne puisse s'en empêcher.

 Dans l'instant qui suivit, le temps sembla s'être arrêté. Une étrange sensation de chaud et de froid simultanés traversa tout son corps, dont il sentit soudainement chaque parcelle, comme si la gravité autour de lui avait été décuplée. Cassius vit le coin des yeux de Pansy se plisser légèrement et son cœur se mit à battre si fort contre sa poitrine qu'il eut peur qu'elle ne puisse l'entendre. Elle ouvrit la bouche et un sourire apparut sur celle de Cassius.

 — Non, dit-elle, fronçant les sourcils, comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

 Cassius eut soudain l'impression que son estomac avait plongé plus bas que son propre corps, terré dans les profondeurs du sol. Pansy regarda furtivement autour d'eux comme pour s'assurer que personne ne les avait entendu.

 — Et puis, j'y vais déjà avec quelqu'un d'autre, ajouta-t-elle en haussant les épaules de manière presque désinvolte.

 Lui lançant un dernier regard interrogateur, elle repartit sur son chemin. Cassius regarda un long moment le couloir en face de lui sans vraiment le voir, avant de se rappeler qu'il était censé retrouver Adrian à la bibliothèque. Il lui fallut encore un autre petit instant pour se rappeler comment faire fonctionner ses jambes.

 Les rayons froids du soleil qui traversaient les vitraux de la bibliothèque donnait à la pièce un air amèrement fade. Lorsque Cassius la traversa, il eut l'impression que le bruit de ses pas sur le plancher pouvait s'entendre à des kilomètres à la ronde. Il réalisa qu'il ne savait pas où s'était installé Adrian mais ce fut lui qui le trouva en premier.

 — Oh, Cassius, dis-moi que ce n'est pas Pansy que tu voulais inviter ! implora-t-il. Je me suis rappelé de ce matin, j'ai entendu quelqu'un lui demander de...

 Cassius leva les yeux vers lui.

 — Oh, je vois, continua-t-il. Je suis vraiment stupide, j'aurais dû te demander qui c'était.

 — Rien de grave, dit Cassius. Elle n'est pas la seule fille de ce château, je vais bien réussir à me trouver une cavalière.

 — Évidemment ! s'exclama à trop haute voix Adrian en passant son bras autour des épaules de Cassius, faisant se retourner plusieurs têtes aux sourcils froncés et au menton haut. Tu es le champion de cette école ! Et de Serpentard, en plus. Je veux dire, ceci est notre école, pas vrai ?

 Adrian avait accompagné Cassius avec ses paroles vers un coin plus discret. Dès qu'ils furent en-dehors de la portée des paires d'oreilles à proximité, Adrian changea brusquement de ton.

 — La grande fille aux cheveux noirs bouclés, près de l'entrée, tu l'as vue ?

 — Non.

 — Bon, tant pis, je l'ai vue pour toi. Et je l'ai entendue surtout. Elle sait que je te connais bien et dès que je suis passé près de sa bande d'amis, elle a soudainement semblé inspirée pour évoquer sa recherche de cavaliers. Qu'ils avaient déjà été nombreux à l'inviter mais qu'elle avait quelqu'un bien en tête, qu'il viendrait sûrement vers elle ou, le cas échéant, qu'elle l'inviterait elle-même.

 — Non, répondit Cassius au regard interrogateur que lui lançait Adrian. Je trouverai par moi-même.

 À l'instant où il prononça ces mots, Cassius sut qu'il n'en ferait rien.

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