Chapitre 3 : Le Blizzard (1)

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 Le bouclier magique de Cassius fut frappé par quatre sortilèges. Il se désintégra en une pluie dorée qui retomba en éclairant les visages qui l'entouraient. Dans un éclat de lumière, Cassius vit face à lui, enfin, Adrian.

 Profitant de la confusion générale, Cassius se précipita pour prendre la place du bouclier, entre ses coéquipiers et son meilleur ami.

 — Arrêtez, c'est juste Adrian !

 Ce dernier avait aussi sorti sa baguette, prêt à attaquer. Apparemment, ils n'avaient pas été aussi discrets qu'ils le pensaient. Les deux amis se regardèrent dans les yeux un bref instant et se prirent dans les bras.

 — Pauvre idiot, grommela Cassius. Tu aurais pu finir avec des furoncles sur le visage pendant toute la semaine.

 Il entendit le rire de son meilleur ami résonner dans le creux de son oreille et ils s'éloignèrent l'un de l'autre pour se retourner face à l'équipe de Cassius, toujours confuse. Astoria tenait encore sa baguette levée, sourcils froncés, prête à reprendre le combat. Malefoy évaluait Adrian du regard, ne sachant précisément s'il fallait le considérer comme un allié ou un ennemi.

 — T'étais passé où ? s'enquit Daphné.

 — Peu importe, élucida Cassius, il est là maintenant.

 Ils formaient à présent une équipe complète. Cassius et Daphné ouvraient la marche à travers les couloirs dangereusement silencieux. Juste derrière eux, Astoria se tenait un peu à l'écart, sa main agrippée à sa baguette, jetant des regards méfiants aux alentours. Adrian suivait les murs, comme une ombre, en y faisant glisser le bout de ses doigts. Malefoy, lui, avait pris du recul pour protéger leurs arrières.

 Daphné les mena vers un escalier en colimaçon dont l'entrée se voyait à peine, coincée entre deux colonnes. Elle y avait disparu si vite qu'ils avaient failli ne pas la voir partir. L'étroitesse de l'escalier les obligeait à le descendre alignés les uns derrière les autres. Finalement, les marches s'arrêtèrent face à une arche qu'ils traversèrent un par un pour y découvrir qu'elle ne les menait nulle part. Ils étaient au milieu d'un couloir sans porte qui se terminait en cul-de-sac, qu'ils regardassent à droite ou à gauche.

 — C'est quoi ça ? s'inquiéta Malefoy.

 — Je ne comprends pas, souffla Daphné en s'approchant du mur de droite. Il n'y a rien de ce côté, d'habitude.

 Elle n'eut pas le temps de s'en approcher plus. Sa petite sœur l'avait appellée et elle s'était retournée immédiatement au son de sa voix.

 — Je crois qu'il y a quelque chose par là, indiqua Astoria.

 Elle pointait son doigt vers le coin sombre en-dessous des escaliers. Ils s'étaient tous tus, pour regarder de plus près, même s'ils ne pouvaient absolument rien y voir. Au milieu de ce soudain silence, ils entendirent alors un bruit. Un souffle léger, comme la respiration de quelqu'un qui se serait tapi dans l'ombre.

 Un objet apparut alors, devant eux, à la limite vacillante entre l'ombre et la lumière. C'était une horloge. Elle indiquait minuit trente. Tout d'un coup, son mécanisme se mit en marche dans un claquement, et d'une manière surprenante : elle fonctionnait à l'envers ! Son aiguille des secondes tournait à toute allure et celle des minutes ne pouvait que reculer inéluctablement.

 — Qu'est-ce que c'est que ça, encore ?

 Minuit vingt. Les minutes passaient à la vitesse des secondes.

 — Comment ça a pu apparaître d'un coup ?

 Minuit dix. Minuit cinq.

 — Peut-être un sortilège de Désillusion qui s'est terminé, proposa Cassius.

 Minuit. L'horloge s'arrêta et, comme pour confirmer les dires de Cassius, une toupie y apparut en face comme si on avait retiré un voile qui la recouvrait. Un instant plus tard, ils réalisèrent que cette toupie était en fait un Scrutoscope lorsqu'elle se mit à tourner toute seule sur elle-même en produisant un bruit épouvantable. Cela signifiait qu'une menace se trouvait à proximité mais ils auraient jusque là pu le deviner tout seul.

 Le son était de plus en plus aigu et insupportable, comme un cri humain, jusqu'à atteindre des hauteurs telles qu'on croyait entendre le bruit d'un ongle contre un tableau noir. Ça semblait ne jamais s'arrêter. Astoria s'était repliée sur elle-même, contre un mur, et son cri s'ajoutait à celui de la toupie, tandis que Malefoy essayait de la calmer. Au milieu de ce boucan, Cassius crut pourtant entendre autre chose. Ça venait de sous les escaliers, le même souffle qu'auparavant. Sauf que cette fois-ci, il était bien trop fort pour être une simple respiration.

 Daphné et Adrian l'avaient entendu aussi et, dans le chaos général, ils ne prirent pas la peine de réfléchir. Ils s'étaient avancés imprudemment et furent frappés de plein fouet par une force invisible qui jaillit de l'ombre et les projeta à terre.

 Le Scrutoscope s'était arrêté. Ils se relevaient péniblement en essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer quand ils virent quelque chose qui, même s'ils ne pensaient pas que ce soit possible, était encore plus étrange que tous les autres événements de cette soirée. Là, face à eux, au milieu du couloir, une tempête tourbillonnait dans un silence effrayant. De l'autre côté se tenaient les silhouettes floues d'Astoria et Malefoy. Ils étaient tous figés sur place, fixant la tornade avec incrédulité.

 Puis tout se déclencha en même temps. La tempête implosa, le vent hurla à leurs oreilles et un brouillard épais les engloutit. Cassius se retrouva seul dans ce chaos. Il était incapable de voir même le bout de son bras et il avait beau crier le nom de ses alliés, il ne pouvait pas lui-même entendre sa propre voix à travers les rafales. Il était pris au piège dans un blizzard à l'intérieur du château.

 Un bruit traversa pourtant la tempête. Comme une glace qu'on brisait. Quoique ce soit, ça n'avait rien de bon. Cassius devait retrouver les autres. Luttant pour garder son équilibre, il affronta le vent à la recherche de quelque chose à quoi s'accrocher. Sa main entra finalement en contact avec le mur de pierre, qui n'avait jamais été si rassurant qu'à ce moment-là.

 Son oreille commençait à s'habituer au bruit ambiant et il put entendre, près de lui, la voix d'Astoria. Il ne perçut que quelques mots de ce qu'elle disait. Apparement, elle avait perdu sa baguette dans la tempête. Cassius essaya de se diriger vers elle, ses mains toujours agrippées au mur, quand une autre voix derrière lui le fit se retourner immédiatement.

 — Expedimenta !

 C'était une voix de fille, mais pas celle de Daphné. Quelqu'un d'autre était là aussi et s'appliquait sûrement à les désarmer un par un. Des éclairs de lumière traversaient le brouillard sur sa droite. Un duel s'était engagé et s'acheva rapidement avec une dernière formule que Cassius ne put entendre clairement. Il ne pouvait savoir si le gagnant de ce combat était avec lui ou contre lui.

 — CASSIUS !

 C'était Adrian qui criait. Le son de sa voix était tellement étouffé qu'on aurait pu croire qu'elle venait de plusieurs étages au-dessus, alors qu'ils se trouvaient tous dans un couloir ridiculement petit.

 — Expulso !

 Toujours cette même voix, celle de leur ennemie, plus proche que jamais. Cassius ne savait pas où aller.

 — ELLE ARRIVE, CASSIUS, cria Adrian d'une voix de plus en plus audible, comme si le blizzard perdait de son énergie. JE LA VOIS, ELLE VIENT VERS TOI.

 Cassius s'apprêtait à fuir sur les conseils de son ami quand il fut figé sur place en entendant son adversaire prononcer à nouveau une formule. Et cette fois-ci, elle était sûrement assez proche pour le toucher.

 — Meteorribilis Recanto !

 Le déchaînement de violence de la tempête se stoppa net. Il pouvait à nouveau voir et entendre. Et devant lui se tenait, à quelques centimètres du sien, un visage.

 Pansy Parkinson leva alors sa baguette et, avec un sourire satisfait, abattit son dernier ennemi.

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