Deux Amis

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 Le jour se lève. Les rayons encore faibles du soleil recouvrent petit à petit tout le village, encourageant les coqs à entonner leur chant matinal. Les esprits embrumés se réveillent peu à peu, et entament leur journée de labeur. Tous ? Non !

 Dans une grange située à la périphérie de la ville, un jeune paysan, accompagné d'un autre jeune plus richement vêtu, sont en train de s'entrainer à l'escrime. Quelques coups maladroits sont tenté par le paysan, que son adversaire pare facilement, avant que ce dernier n'envoie son adversaire au sol d'un solide coup de pied dans l'estomac.

- "Combien de fois devrais-je te dire qu'un vrai combat se gagne grâce à l'épée, à la tête mais également aux pieds ?!!"

 Sitôt à terre, sitôt relevé, son adversaire reprit un assaut de plus belle, tout autant facilement contrecarré que le premier. Il retrouva le contact du sol en crachant ses poumons, du fait d'un nouveau coup de pied asséné au même endroit que la première fois.

- "On arrête la Kael, le coq chante, on va devoir retourner chez nous, sinon nos parents vont salement nous punir" dit le vainqueur, haletant.

- "Ysran, Je te jure que je vais finir par t'battre, et ce jour là, tu d'vras m'payer une glace au chocolat !"

- "Si tu veux, mais en attendant compte sur moi pour m'en goinfrer"

 Une claque amicale fut la seule réponse de Kael, avant que les deux amis ne s'échange leur poignée de main secrète, puis partent chacun de leur côté. L'un vers la villa de la famille Doviin, riche famille marchande, et l'autre vers la masure de la famille Delaziga, paysans de lignage, et fiers partisants de l'empire.

 Kael couru vers sa maison, priant la déesse Avia que sa famille soit encore endormie à cette heure. Lors du retour, il dut esquiver quelques voisins qui auraient eu tôt fait de le dénoncer à ses parents. Il eu juste le temps d'escalader la façade de la maison pour se mettre prestement dans son lit, quand une femme assez maigre vint ouvrir sa porte de chambre.

- "Mon petit Kael, il est l'heure de se lever.."

 La femme se glissa prêt du lit du jeune garçon, et enleva la couverture avant de prendre l'enfant dans ses bras. Kael fint le réveil avant de lui répondre.

- "Bonjour maman..."

- "Tu sens encore la transpiration mon garçon, je te conseille d'aller te laver avant que ton père ne le sente aussi"

 Un regard coupable de Kael se figea dans les doux yeux bleux de sa mère avant qu'il n'acquiesce et ne parte en direction de la bassine à laver.

 La femme repartit alors afin de se diriger dans une autre chambre, pour réveiller un autre enfant. Elle usa de la même manière douce que pour Kael.

 Une fois son lavement effectué, il s'habilla et se dirigea vers le rez-de-chaussée, pour tomber nez à nez avec un homme très musclé, occupé à manger un morceau de pain recouvert de fromage.

 L'homme finit par remarquer Kael, et engagea la conversation.

- "Aujourd'hui, il faudrait que tu ailles me chercher mes outils dans la réserve, on doit réparer le portail devant la maison"

- "Oui père" se contenta le garçon avant de chiper un morceau de pain et de partir vers la fameuse réserve, en fait un ancien logis pour domestique situé au fond du jardin.

 Une fois arrivé, il remarqua que la porte était ouverte, alors n'écoutant que son courage, et bombant le torse, il prit un bout de bois qui trainait au sol . Il se mit alors en garde avant d'entrer prudemment. Quel ne fut pas sa surprise quand il vit, trônant dans une petite cage posée sur la table centrale, un oeuf d'oiseau. N'ayant nul besoin d'en savoir plus, il couru vers la maison, et tomba nez à nez avec toute sa famille, le regardant avec un grand sourire !

- "JOYEUX ANNIVERSAIRE KAEL"

 Le garçon fondit en larme, tenant auprès de lui son cadeau, et remerciant l'entièreté de sa famille pour ce cadeau qu'il désirait plus que tout.

 De son côté, Ysran dut parcourir plus de distance que Kael, mais il parvint assez rapidement à rejoindre la villa familiale. Il partit cependant directement dans les bains pour se décrasser rapidement. Par chance il ne croisa aucun domestique, ce qui lui évita de se trouver une excuse, lui qui n'aimait pas mentir. Le contact de l'eau glacée lui fit le plus grand bien, lui permettant de se relaxer, et de rester éveillé. Ainsi il ne risquait pas de s'endormir de manière suspecte dans les bains.

 Le jeune garçon finit ses ablutions avant de remarquer l'arrivée de son frère ainé dans les bains.

- "Si père apprenait que tu fricotes avec cette famille de plouc, il te fera fouetter tu sais"

- "Et tu serais assez simplet pour croire que si tu vends la mèche, je ne parlerais pas de tes "aventures" avec les filles de la plupart des familles de plouc comme tu dis ?"

 L'ainé se mit à rire de bon coeur

- "Ne t'en fait pas, je me fiche de tes histoires, et je compte sur toi pour faire la même chose avec les miennes".

 La fin de son intervention se solda par un regard des plus froid et intense. Le message était très clair. Un petit duel de regard eu lieu, avant qu'Ysran ne finisse de se laver. Une fois propre, il alla vers la salle à manger, où ses parents attendaient surement pour le déjeuner.

 Une fois les portes passées, il remarqua que sa mère manquait à l'appel, ainsi que son frère ainé, qui devait encore trainasser dans les bains. Il prit ainsi place à la table, et commença à manger un ensemble de pains, fromages et charcuteries, son entrainement matinal lui ayant creusé l'estomac.

- "Ysran, j'aimerai te faire remarquer que ton absence quotidienne au réveil est on ne peut plus suspecte, j'aimerai entendre de ta bouche ce que tu fais de ce temps."

- "Je suis autant absent que mon ainé, et que la plupart de vos enfant, père" essaya t il, simulant une pointe de confiance dans sa voix.

- "De tous mes enfants, tu es le seul manquant au réveil, se réveillant sans l'aide de domestiques, et étant introuvable jusqu'à l'heure du déjeuner matinal. Alors pour la dernière fois, où étais-tu ?" Le ton dur de sa voix trahissant une envie de réponse qu'il fallait mieux assouvir.

 Ysran se mit à blémir quand il entendit la voix de son père lui poser la question tant redoutée.

- "Je...J'était en ville, je devais... vérifier si votre commande de porc était arrivée... puis si votre quartier-maitre n'était pas parti vérifier la qualité du dernier arrivage de vin..."

 Un rire léger monta dans la gorge du père.

- "Tu n'es pas le meilleur des menteurs tu sais. Je pensais que tu était encore trop jeune, mais il semblerait que non. J'espère au moins que tu les choisis comme ton frère"

 Ysran regarda son père et vit dans ses yeux une froideur inhumaine.

- "Il va sans dire qu'un jeune homme de ton rang puisse s'amuser avec le sexe faible. Cependant fait le discrètement et choisis en des infertiles. Ou alors soit prêt à te débarrasser d'elles dès qu'un héritier gênant pourrait venir corrompre la pureté familiale"

 Le jeune homme acquiesça de la tête préférant fuir le regard de son monstre de géniteur. De toute façon il n'en avait que faire des filles, des femmes et du sexe en général. Ce n'était pas sa plus grande priorité à l'heure actuelle.

- "Va te préparer, aujourd'hui nous allons enfin pouvoir obtenir ce qu'il nous manquait pour devenir la famille la plus puissante du comté." affirma le père.

 Un simple regard interrogateur fit comprendre à ce dernier qu'il devait en dire plus.

- "J'ai enfin le moyen de faire tomber les Delaziga, leur père m'a acheté un oeuf d'oiseau des terres vierges pour son fils Kael. J'ai tout arrangé avec le capitaine de la garde. Il sera accusé de vol et sera obligé de nous céder l'oeuf, ainsi que la recette de sa liqueur de lune. Une fois celle ci en notre possession, nous pourrons en tirer des millions de pièces d'or à la vente, j'ai déjà une armée de revendeurs dans l'attente de cette divine liqueur, et une armée encore plus conséquente de futurs acheteurs."

 Un rire malsain sortit de la bouche de cet homme, qui aux yeux d'Ysran ressemblait de plus en plus à une créature infernal des livres qu'il adorait lire. En particulier ceux traitant du dieu maléfique Karel.

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