Et si...

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Je ne sentis pas les larmes coulaient sur mes joues, et ne vis pas non plus celles d’Alex qui de nouveau me pris dans ses bras. Je m’y agrippais alors désespérément, j’étais anéantis, la femme en qui je croyais n’est pas ma mère, l’homme que j’avais éperdument aimé et admiré n’est pas mon père. Ma vie toute entière n’est qu’un mensonge grotesque, une mascarade que nos deux mères on manigançaient. Pire encore puisque nos pères étaient sans aucun doute complices dans cette histoire. Je me souviens encore de tout ces moments de bonheur partager avec Luck, lui qui m’avait appris à faire du vélo, à faire mes lacets, lui qui m’offrit mon premier vrai livre d’adulte et qui m’accompagna seul à ma remise de diplôme. Lui l’homme le plus lumineux du monde, celui qui avait éclairé mes nuits emplis de cauchemars, lui qui était venus me chercher à ma première soirée ou j’avais fini ivre et triste. Lui, mon père qui m’avait mentis…

Mes larmes redoublèrent d’intensité et rapidement des hoquets me secouèrent de toute part, je sentais les larmes et les souffles discret mais réelle d’Alex dans mon cou, lui seul était réelle, lui seul ne m’avait pas mentis.

- Comment ils ont pu nous faire ça ? murmurais-je entre deux gémissements. Comment…

- Je ne sais pas Sophie, tout ce que je sais c’est que je ne veux pas retourner chez mon frère et ma sœur, je ne sais pas s’il savait, ils n’ont jamais répondu à mes questions…

Il se recula un peu et s’assit à côté de moi sans pour autant ôter ses mains de mes épaules, comme s’il craignait que je ne m’effondre, et je dois avouer que je n’en étais pas loin.

- C’est avec eux que tu te disputais au téléphone ?

- Oui…

Il essuya ses larmes puis les miennes et me pris les mains, elles me semblèrent si petite dans les siennes, comme si je n’étais qu’une enfant.

- Je ne peux pas affronter ma mè… Heu Marie… Je ne veux pas entendre ses excuses, ses explications ou ce qu’elle a à me dire…

- Je comprends… Avant d’arriver ici je voulais à tout pris connaître la vérité, je la voulais tellement que j’aurais fait n’importe quoi pour l’obtenir… Mais après avoir passé du temps avec toi, après avoir appris à te connaitre, je me suis rendus compte qu’il y avait plus important. Que ce que nous étions tout les deux étaient plus important que cette vérité…

Je le regardai alors comme si c’était la première fois et je souris, pas d’un sourire vraiment joyeux mais un sourire apaiser, j’avais eu peur qu’il n’accepte pas ce choix mais j’aurais du savoir qu’il serait comme moi. Briser et perdus, et que la seule chose tangible était moi, comme lui l’était pour moi.

- Et maintenant ? lui susurrais-je. Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on va devenir ?

- Je… Je ne sais pas… Je pense qu’on devrait prendre notre temps pour savoir ce que l’on veut et comment l’obtenir.

J’acquiesçai, que faire de plus de toute manière. Le mal était fait et maintenant que je savais la vérité je ne pouvais rien y changer.

Epuiser par ces révélations, nous décidâmes de dormir, l’appétits l’ayant déserté nous nous couchâmes rapidement, sa main toujours dans la mienne. Nous discutâmes un peu, il me raconta son enfance, cet accident de vélo qui lui avait valu cette cicatrice sur le coude, cette abeille qui avait fahïs rentré dans sa bouche et dont à présent il avait une peur monstre, je lui racontai l’histoire du premier livre que j’avais lus, de mes premières années dans mon école, nous faisions tout pour détendre l’atmosphère, ne plus y pensais pour le moment. Il me décrit la première fille qu’il aima, une belle fille un peu ronde au long cheveux acajou et au yeux vert feuille. Il m’expliqua leur rencontre, et je me perdis dans le décours automnal qu’il me décrivit. Je lui dis à mon tour cette première expérience qui n’avait pas été aussi romantique que la sienne. Je n’avais pas aimé le garçon, il était juste gentil et j’aimais son regard marron, il avait un regard chaleureux mais il ne savait rien non plus de l’amour et ça n’avait pas marcher. Nous nous rapprochâmes imperceptiblement l’un de l’autre à mesure que nos chuchotements devenaient intimes. Je n’avais jamais vécu ce genre de situation, discuté aussi librement avec une personne, j’avais toujours été seul et les rares amis que je m’étais fait ressembler plus à des collègues de travail qu’à de véritables amis. Il m’expliqua ensuite cette relation complexe avec son frère et sa sœur qui, nous nous rendîmes compte, était la seule famille qu’il me restait vraiment. Il me parla de Chloé de 4ans son ainé, une jeune fille aimable mais peu avenante qui se passionnait pour l’histoire et qui voyageait beaucoup. Puis il me parla de Caleb son frère cadet, il avait 2ans de moins que moi et était une tête brûler, il n’aimait pas les études et passer son temps avec ses amis, il ne s’entendait pas bien tout les deux, trop de différence sens doute. Je lui racontai mes souvenirs avec Luck, bien que cela fût difficiles j’en éprouva du soulagement, plus encore quand je vis Alex sourire. A la différence de lui j’avais, dans notre étrange malheur, eu de la chance que Luck soit doux et prévenant, malgré tous les mensonges je me rendis compte qu’il avait toujours était bon avec moi, à l’instar de ma mère. Je ne sais plus vraiment à quel moment je me suis endormis, mais ma nuit fus emplis de rêve biscornu et briser, emplis de chaleur et d’obscurité. Plusieurs fois je me réveillai pleine de panique quand la vérité me frapper de nouveau, mais à chaque fois les bras d’Alex me rapprochèrent de lui et me serrèrent alors je me rendormais, un peu apaiser. Tout ne serait pas régler en une nuit et mes angoisses ne disparaitraient pas de sitôt mais cette présence, le fait de savoir que je n’étais pas seul rassura et apaisa mon cœur. Ma tête c’était autre chose, d’horrible pensé tournèrent dans mon crâne et les cauchemars continuèrent tout le reste de la nuit. Quand le soleil perça mon rideau et illumina la chambre je ne dormais déjà plus, je m’étais contenter d’observer Alex. Cette nuit fut agitée, autant pour moi que pour lui. Son visage, crisper, afficher une expression douloureuse, il gigotait, gémissait, quelques larmes glissèrent de ses paupières closent mais il ne se réveilla pas pour autant. Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi, juste à le regarder et à écouter sa respiration tantôt lente, tantôt haletante. J’avais la bouche pâteuse et les membres endolories à force de me crisper dans mon sommeil, je me levai donc doucement, faisant le moins de bruit possible tout en m’étirant. La maison était silencieuse, un silence plein de secret, de non-dit et de chose qui ne peuvent se pardonner. Ma mère n’était pas encore lever, ce qui me surprit elle qui était toujours très matinal, cette fois ci elle semblait se permettre de faire une grasse matinée. Les marches sous mes pieds craquèrent et résonnèrent dans la maison la rendant plus sinistre qu’elle n’était. La cuisine était plongée dans le noir et je dus me cogner quelques fois avant de trouver l’interrupteur qui m’aveugla pendant un bref instant. Je me servis un grand verre d’eau qui soulagea aussitôt ma gorge, je le remplis de nouveau et remonta silencieusement dans ma chambre. Alex c’était réveiller, il fixait le vide et ne sembla pas remarquer quand je m’assis à côté de lui, posant au passage le verre sur ma table de chevet. Je me collai inconsciemment à lui en quête de chaleur, j’étais frigorifié depuis mon réveil. Il passa son bras autour de mes épaules en soupirant, nous étions maintenant deux à fixer le vide et à réfléchir à cette histoire. Je me remémorai notre rencontre, cette colère et cette frayeur qu’il avait suscitée en moi à son arriver, ma réticence à le côtoyer, ce sourire et cette joie de vivre qui me rebutait, moi qui n’étais habituer qu’à la froideur et la raideur de ma mère. Je me rendis compte que cette froideur et cette raideur commencer à faire partis de moi et que, c’était sans doute pour cela qu’Alex m’avait terrorisé et énervé quand il avait débarqué ainsi. A présent je me rendais compte que c’est cette chaleur qui le caractérisait que je voulais faire mienne, je voulais être un peu comme lui. M’ouvrir, rire, ne plus juger, ne plus être dans cette isolement que je m’étais imposer, ni cette distance avec les autres et avec celle que j’étais vraiment. J’eu un frisson, du au froid qui ne voulait plus me quitter et à mes sombres pensés. Alex se tourna vers moi et m’observa un moment, pleins de cette douceur qui lui était propre. Quand il ouvrit la bouche, son murmure se perdit dans le silence de ma chambre.

- Et si on partait ? Juste… Loin. Être juste tous les deux, sans secret, sans mensonge et sans personne pour nous dicter quoi faire ?

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