Bienvenu chez les Kimiko !

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 Si maman était aussi pressée de rentrer, c’est parce qu’elle devait finir de préparer ses bagages pour son voyage d’affaires ; quinze jours de tranquilité en perspective, Eliott et moi étions ravis.

 Elle nous rassembla cependant dans la cuisine, où elle nota une liste de choses à faire.

― Je compte sur vous les garçons pour tenir la maison au propre. Evelyne passera mercredi faire le ménage mais ce n’est pas une raison de vous relâcher. Pour la machine à laver, le mode d’emploi est dans le tiroir de la cuisine. Les courses sont faites, vous aurez des pizzas pour ce soir parce que je n’ai pas le temps de préparer quoi que ce soit, mais sinon, mangez ce qu’il y a dans le frigo. Ah et surtout, Haru, n’oublie pas de leur faire faire la prière du soir et les emmener à l’église dimanche.

 Mon père, adossé contre le mur menant à l’entrée principale de la maison, hocha simplement la tête. Il avait l’air blasé. Ce n’était pas facile de savoir ce qui lui trottait dans la tête les trois quarts du temps ; il avait beau habiter en France depuis au moins vingt ans, son caractère japonais n’en avait pas moins été gommé. Comme maman ne lui portait déjà plus aucune attention, préférant nous énumérer les tâches ménagères qui nous étaient attribuées, il s’en alla sans mot dire, certainement s’enfermer dans son bureau pour poursuivre la rédaction d’un quelconque article. Son laïus terminé, ma mère laissa Eliott partir à ses occupations tandis qu’elle dardait sur moi un regard sans équivoque. Campé près de l’immense fenêtre qui donnait sur la cour arrière de la maison, je patientais tandis qu’elle fouillait dans son sac. Elle en sortit un livre, que je reconnu au premier coup d’oeil ; elle me faisait le coup tous les ans.

― Tiens, ça t’occupera un peu pendant que je suis partie. Je veux que tu le termines pour mon retour, je sais que c’est dans tes cordes.

 Je prenais le livre de révisions de bac, le feuilletais rapidement. De ce que je voyais, ça allait être plutôt simple de le finir dans le délai imparti. Elle me prenait toujours les plus simples, mais je m’en cachais bien de le lui dire au risque qu’elle m’en achète plusieurs jusqu’à trouver celui qui m’emmerderait le plus. Je soupirais.

― Et pour Eliott ? Vu son niveau de fin de Troisième, il en aurait besoin pour se préparer à l’année prochaine, fis-je remarquer, aussi blasé que mon père.

 Le regard glacial qu’elle m’adressa me dissuada de poursuivre ma pensée.

― Vous n’avez pas les mêmes capacités, trancha-t-elle, et tu le sais parfaitement. Tu es capable de le terminer en moins de temps que ce que je te laisse et j’espère que tu le prendras au sérieux. De toutes façons tu n’as pas le choix, si tu ne le termines pas avant mon retour, je te prive de sorties jusqu’à la fin des vacances pour te dégager le temps nécessaire pour le finir.

 Je me retins de lever les yeux au ciel. La perspective de passer mon mois d’août enfermé entre quatre murs me rebutait encore plus que de me plier à son caprice annuel. Je me contentais d’hocher la tête.

― Bien. Je vais terminer de me préparer et je file. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, tu demandes à ton père et sinon tu m’appelles.

 Son regard noisette se radoucit un peu. Elle m’embrassa la tempe et me laissa à la contemplation du livre. Bon, eh bien, quitte à le finir, autant l’entamer tout de suite !

 Eliott qui était déjà derrière la console m’adressa un regard inquiet auquel je répondais avec un sourire contrit. C’était comme ça. Grimpant quatre à quatre les marches, je rejoignais ma chambre située au premier étage et m’attelais à lire les premières pages de cours. Hormis la Physique-Chimie qui me prenait un peu la tête tous les ans, le reste me paraissait accessible. Si je m’y mettais sérieusement, j’en aurai pour trois ou quatre jours maximum.

 Ma mère m’interrompit une dernière fois, scrutant à la volée ce que j’avais déjà produit, l’air fière et satisfaite accentuant ses rides naissantes. Mon père quant à lui, sortit peu après son départ m’informer qu’il retournait au bureau. La maison retrouva son calme et je pus avancer comme je le souhaitais.

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