Chapitre 3

11 minutes de lecture

Ce soir, j'étais rentrée à la maison et grand-père n'était pas là. Sûrement sortit faire quelques courses ou simplement allé jouer à la pétanque chez un voisin. En passant devant la chambre de ma mère, j'ai posé une oreille contre la porte, espérant entendre un bruit.

Pour me prouver quoi ? Moi-même je n'en sais rien.

Quoi qu'il en soit, je suis désormais assise à mon bureau, à faire des recherches sur ces disparitions.

Camille m'a dit que c'était toutes des jeunes filles du même âge, c'est-à-dire dix-huit ans. Ca encore, je me dis que ça peut être qu'une coïncidence.

Une sacrée coïncidence.

Mais ce qui a surtout attiré mon attention, c'est que ce n'est pas leur seul point commun : elles sont toutes brunes aux yeux marrons et à la peau matte, elles sont toutes lycéennes et prennent toutes le même chemin pour aller en cours le matin. Et ça, je doute fortement que ce soit du hasard.

Quand j'ai annoncé à Camille que j'allais faire des recherches concernant cette affaire, elle m'a regardé avec des yeux ronds.

« C'est pas ton kiffe ce genre de truc normalement ! »

Et je m'étonnais moi-même. Mais une part de moi pensait que cela avait un lien avec mon père et son "cadeau", si je puis appeler ça ainsi.

Peut-être que je suis simplement parano, qui sait ? Cette histoire me monte franchement à la tête.

J'en suis obsédée.

J'ai l'impression incessante que quelque chose d'horrible va se produire. Et ça me fait peur. Alors je cherche à me rassurer. Mais je n'ai rien de rassurant à quoi me raccrocher. Alors je cherche des explications. Mais sans base, mes recherches sont vaines.

Petite, j'avais souvent réclamé mon père.

« Je veux le voir ! Il est où ? »

Mais plus le temps est passé, plus j'ai appris sur lui et sur son univers. J'avais fini par me dire que ce n'était pas plus mal de ne jamais l'avoir rencontré. J'avais ma petite vie tranquille, ma famille et mes problèmes d'ados basiques. Alors, j'ai réclamé ne jamais le voir, pour rester loin de son monde de fous.

Il faut croire qu'il était trop tard, que mes souhaits d'enfant inconsciente avaient déjà été entendus.

Je ne veux pas savoir quel est son cadeau, je ne veux pas savoir qui il est, lui, je ne veux pas découvrir son monde.

Mamie me parlait souvent des trafiquants, de la drogue. Comme si elle avait peur qu'un jour prochain, je décide de devenir un de ces noms sur les avis de recherches pour trafic de stupéfiants.

« Notre monde et leur monde sont bien différents ma petite. On ne peut pas mélanger les deux. On ne peut pas avoir un pied dans l'un et un pied dans l'autre. Une fois notre choix fait, on s'y engouffre tout entier. »

C'est le claquement de la porte d'entrée qui me sortie de mes pensées. Papy était enfin rentré ! J'allais pouvoir aller m'excuser et lui expliquer le pourquoi du comment.

Je m'étira sur ma chaise en lâchant un baillement bruyant.

Mais je me stoppa net en entendant un autre bruit un bas, semblable à un verre qui se casse en rentrant en contact avec le sol.

Sans m'en rendre compte, j'avais traversé ma chambre pour aller prendre mon pied de lit, que je n'avais toujours pas prit la peine de réparer.

Mon estomac se tortilla sous l'effet de la peur.

Etait-ce réellement Papy ?

J'avanca prudemment dans la chambre, consciente que la cuisine était juste en dessous. J'ouvris la porte. Mon regard parcourut le couloir et se posa sur les escaliers, d'où s'échappait une faible lumière.

J'eus du mal à retenir mes larmes. Grand-père n'était toujours pas rentré, Maman était enfermée dans sa chambre et un inconnu était en train de se la couler douce dans ma cuisine !

Un... Inspire... Deux.... Retiens... Trois... Expire

Je marcha, presque sur la pointe des pieds et à une vitesse affolante, jusqu'à la porte derrière laquelle se trouvait ma mère.

Et maintenant espèce de phoque ?

Toquer n'était même pas envisageable. Parler pour la réveiller reviendrait à se suicider. J'opta donc pour le plus simple : ouvrir directement la porte. Je soupira de soulagement en voyant qu'elle n'était pas fermée à clef. Je passa rapidement le pas de la porte et ferma cette dernière à double tours derrière moi.

— Maman, chuchotais-je. Maman ?

Rien. Elle a la chance ultime d'avoir un sommeil profond, ce qui me donna envie de la secouer pour la réveiller.

Puis soudain, un autre bruit provenant du bas. Encore quelque chose qui tombe par terre. Puis le silence. Oui, c'était silencieux. Trop silencieux.

Je tourna ma tête vers le lit, restant attentive au moindre bruit.

Or, il n'y avait aucun bruit.

Ma respiration s'accéléra losrque je commença à tatonner le mur pour pouvoir atteindre une quelconque source de lumière. Et ce fut les lampes murales qui s'allumèrent lorsque j'appuya sur l'interrupteur.

Et les larmes coulèrent pour de bon lorsque je vis ce que contenait le lit.

Rien.

Il était vide. Ce putain de lit était vide.

Un torrent de questions, qui n'auront sûrement jamais de réponses, déferla dans ma tête.

« Où est ma mère ? »

« Où est grand-père ? »

« Sont-ils ensemble ? »

« Que leur est-il arrivé ? »

Alors que ma tête commençait à tourner, il y eut un nouveau bruit en bas.

Je paniquais pour de bon.

Depuis le début de la soirée, j'étais seule et sans aucune nouvelle de ma famille. Ce qui m'inquiétais encore plus était le fait que la personne en bas savait sûrement où trouver les gens que j'aime.

Un... Inspire... Deux.... Retiens... Trois... Expire

Un bruit, non, une série de bruits se fit entendre.

Mon cerveau bouillonait, à la recherche d'une quelconque solution. Mes yeux se posèrent sur la fenêtre et je la rejoignit en quelques pas. Je pouvais largement sauter d'ici sans me blesser à l'atterrissage. Mais Papy me vint à l'esprit. Et si il ne lui était rien arrivé ? Et si il rentrait plus tard dans la soirée, et se retrouvait nez à nez avec l'intrus à l'étage du-dessous ?

Complètement perdue, je réfléchissais à une autre issue.

Je pourrais descendre me confronter à cet individu. Ou attendre ici. À en juger par les bruits, il fouille la maison. Donc dans tous les cas, nos chemins se croiseront.

Dans un élan de courage désespéré, je m'avança vers la porte et l'ouvris juste assez pour pouvoir faire passer mon corps de l'autre côté.

Je préfère choisir le contexte de notre rencontre.

Mon arme improvisée dans les mains, je marcha silencieusement jusqu'aux escaliers.

Mon coeur battait tellement fort que j'eus peur que les battements résonnent jusqu'en bas.

Arrivée en haut des marches, je pris consicence de ma folie. Peut-être qu'ils sont plusieurs ? Peut-être qu'il a des armes ? Et dans ces cas là, je suis fichue avant même d'avoir bougé le petit orteil !

Un... Inspire... Deux.... Retiens... Trois... Expire

J'allais faire demi-tour lorsque une ombre apparut en bas des marches.

Il se dirigeait vers moi.

Un petit cri étouffé arriva à franchir mes lèvres et je fis un saut de côté pour ma cacher derrière le mur. Le moindre faux pas de ma part pourrait m'être fatal désormais.

Je garda les yeux ouverts, les oreilles à l'affut du moinde bruit et mes mains étaient tellement crispée sur la pied de lit que j'en avais mal.

Il fallait que j'établisse une stratégie, et vite ! Je n'avais pas prit le temps de regarder si il tenait quelque chose dans ses mains. Mais d'après l'ombre, c'est homme. Plutôt grand et balaise. Pas balaise dans le sens gros, non, balaise dans le sens musclé.

Verdict : je pense être foutue.

Ceci devint une certitude lorsque le vis une ombre grandissante sur le mur en face de moi. Ce qui voulait dire que l'homme était actuellement en train de monter les marches. Vers moi.

Puis, une idée me vint à l'esprit.

C'est un peu fou, et même si j'y arrivait, mes chances de survie seraient extrêmement minces. Mais je refusais de mourir sans me battre.

Une fois l'ombre arrivée vers le haut des marches, je puisa dans mes dernières ressources et ramena mon arme sur mes épaules, pour mieux la projeter sur l'individu qui venait de franchir la dernière marche.

Ce dernier fut, certes, un peu étonné, mais il ne bougea pas d'un millimètre lorsque le pied de lit l'eut atteint au niveau du torse. Il tourna la tête vers moi et me dévisagea de la tête au pied, puis me regarda dans les yeux. Un sourire en coin apparut, et il me glaça le sang. Si lui était en position de sourire, moi, j'étais clairement à deux doigts de faire une crise cardiaque. Le peu de courage que j'avais trouvé, bien au fond de moi, s'était barré loin, mais alors très loin.

Il regarda le couloir, moi puis l'objet qui lui aura, au pire, fait un petit bleu et le ramassa. Instinctivement, je recula le plus loin possible, jusqu'à me retrouver contre la porte de ma chambre.

Je ferma les yeux, à la recherche d'un plan, n'importe lequel. Mais ma panique m'empêchait de penser correctement.

Lorsque je rouvris les yeux, ils croisèrent les siens. L'homme était en train de me scruter, les yeux plissés. Il semblait comme dans ses pensées. Ce qui me permit de le regarder aussi. Il était grand, très grand. Musclé aussi. Il semblait avoir vingt ans, tout au plus. Ses cheveux chataings lui tombaient devant les yeux à cause de ce qui semblait être de la sueur. Je ne vis pas distinctement ses yeux, mais je pus regarder le reste de son visage. Une machoire carrée, des lèvres fines, un nez bien au milieu du visage. J'étais forcée d'admettre qu'il y avait pire comme assassin.

— Tu as de la chance que je sois arrivé en premier.

Sa voix, grave, me sortit de mes pensées.

En premier ?

Je n'eus même pas le temps de répliquer que la porte d'entrée s'ouvris en grand. Je ne le voyais pas, je l'entendais. Surtout que mes nouveaux visiteurs ne semblait pas se soucier d'attirer ou non l'attention. L'individu en face de moi avança rapidement derrière le mur, de sorte à être caché.

— Tutto è stato perquisito, Capo, dit une voix de femme en bas.

( Tout a été fouillé, Chef. )

Quelqu'un grogna, sûrement ce dénommé Capo. Soudain, j'étais contente de ne pas être seule face à ses gens, qui semblaient nettement plus menaçant que l'homme qui se tenait face à moi quelques instants plus tôt.

— Voglio che perquisiate il piano di sopra, dit une voix d'homme.

( Je veux que vous alliez fouiller l'étage. )

L'individu qui s'était rapproché de moi, me regarda soudain.

— Il y a une fenêtre dans cette pièce, me demanda-t-il en montrant du menton ma chambre, derrière moi.

J'eux à peine le temps d'acquiescer qu'il l'ouvris et s'engouffra dedans, m'emportant avec lui dans la volée. Il referma silencieusement la porte derrière nous et la ferma à clef. Je n'attendis pas plus longtemps.

— C'est qui ces gens ? Et qu'est-ce qu'ils cherchent, eux ? Et toi, qu'est-ce que tu cherches d'abord ?

Il afficha un air exaspéré tout en se dirigeant vers la fenêtre, avant de l'ouvrir et de passer la tête de l'autre côté.

— Je répondrai à ton questionnaire après, si tu veux bien. Je crois que c'est inutile de te rappeler qu'on doit se casser.

Il passa une jambe de l'autre côté, puis l'autre. Il était sur le toit, et il tenait le rebord de la fenêtre avec une main, et l'autre... était tendue vers moi.

J'eus envie de foncer vers lui et de sauter tête la première dans son plan, de lui faire confiance. Mais justement, rien ne me prouvait que je pouvais lui faire confiance. Il vit mon hésitation et passa la tête à l'intérieur, l'air agacé.

— Ecoute, je veux pas ta peau, commença-t-il. Ces gars, je les aime pas plus que toi. Je te laisse une chance de te casser avec moi, il y en aura pas une seconde.

J'inspira un bon coup. Si je reste, je vais me retrouver nez à nez avec ces personnes qui, il faut bien l'avouer, me donnent la chair de poule. Si je pars, je serai loin de ces gens, mais avec lui. Dans les deux cas je vais me retrouver avec des personnes qui me terrifient. Je préfère autant que ce soit cet homme.

Je marcha rapidement vers lui et mis ma main dans la sienne. Lui semblait être parfaitement à l'aise, debout sur le toit. Moi, je n'étais même pas encore dessus que je me pissais déjà dessus.

— Tu vas t'asseoir sur le rebord de la fenêtre, puis passer une jambe de l'autre côté, et après ce sera l'autre. Compris ?

— Ou... Oui, balbutais-je.

Je m'exécuta, tremblante de la tête au pied. Je venais de passer mes deux jambes vers l'extérieur lorsque la porte s'ouvris brusquement. Je ne les avais pas entendu ! Mais l'homme, qui me tenait toujours, avait déjà sortit un flingue, qu'il pointait sur les individus.

— Descend, Mégane, me chuchota-t-il en me lâchant.

Je regarda le sol, et fus prise de nausées en comprenant qu'il fallait que je saute.

Ma chambre, étant dans le toit, nous étions au plus haut. Et je n'étais pas certaine de m'en sortir sans blessure. Ou de m'en sortir tout court.

Un coup de fusil retentit, sans que je m'y attende. Et je fis un bond sous l'effet de la surprise. Un bond fatal qui me fit perdre le peu d'équilibre que j'avais.

Je glissa et ma tête tapa les tuiles du toit, sans pour autant m'arrêter dans ma glissade. J'essayait de me rattraper à n'importe quoi, mais ma tête me tournait si violemment qu'il me semblait que le monde autour de moi tournait. En clair ? Il était impensable que je puisse me raccrocher à quelque chose. Puis soudain, je m'arrêta dans ma chute. Je pris quelques secondes avant de le comprendre. Je parcouru mon corps du regard, à la recherche de se qui m'empêchait de tomber, et vis que mes pieds avaient trouvé la gouttière.

J'étais sauvée.

Ma tête tournant toujours, je ne savais pas combien de temps je resterai consciente. Je tenta d'appeler l'homme, qui semblait toujours en train de se battre, mais aucun son ne sortit de ma bouche. J'allais vomir, m'évanouir et mourir. Je le sentais clairement comme ça. Tandis que la panique reprenait le dessus en moi, je fus étonnée de constater que le silence régnait de nouveau sur le toit.

Depuis quand ? J'étais incapable de le dire.

Je sentis la panique atteint son apogée. Et si l'individu avait été tué ? C'est vrai que j'avais peur de lui, très peur même. Et que vu son physique, il aurait vite fait de me réduir en miettes. Mais je préférais être avec lui que me retrouver nez à nez avec ces gens. Sûrement un gang ou une secte.

Je releva la tête en tentant tant bien que mal de voir où ça en était plus haut. Mais mes pieds glissèrent.

Une silhouette accourut dans ma direction. Son identité ? Je n'en savais rien. J'étais déjà évanouie à ce moment-là.

Annotations

Vous aimez lire xxclem29 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0