Chapitre 1

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Je monta dans le bus et salua le conducteur. Il était temps que je rentre à la maison après la journée de cours que je venais d'avoir... J'alla m'installer tout devant, près des portes et d'un groupe de femmes. A cette heure-ci, le fond du bus est occupé par un groupe de gars d'une vingtaine d'années tout au plus. Et pour une personne ayant un vagin, aller s'installer à côté d'eux revient à signer son contrat de mort. Heureusement, les femmes de cette ville sont au courant des différents clans installées un peu partout.

Oyomme est sûrement une des villes la moins sûre... Mais aussi la moins chère. C'est ce qui a poussé mes grands-parents à venir ici il y a une trentaine d'années. Evidemment, les trafics et autres choses illégales étaient bien moins importants. Ma mère est née ici et elle n'est jamais partie, pour rester aux côtés de ses parents.

Concernant mon père, je ne l'ai jamais rencontré. Il est partit à ma naissance, ou plutôt à l'annonce de ma naissance. D'après ce que maman m'a dit, il faisait partie d'un grand groupe de trafiquants de drogue. C'est pas plus mal que je ne l'ai jamais vu.

La sonnerie annonçant l'arrêt du bus me sorti de mes pensées. Je pris ma sacoche et sortit dans la rue, de plus en plus sombre, qui longe la ville. J'ai tout de même la chance de ne pas habiter dans les quartiers "chauds" où les trafics et les agressions sont bien présents. Mais même loin de ce coin de la ville, je me méfie. Rien n'est jamais sûre ici.

¤¤¤

Je fus tout de suite rassurée d'arriver devant ma maison et de voir derrière les rideaux que la majorité des pièces sont allumées. Ma mère et mon grand-père sont là. Ma grand-mère est décédée il y a quatre ans, suite à un accident de voiture.

— Salut la famille, criais-je en refermant la porte.

Je retira mon gros manteau et mon bonnet et laissa la chaleur de mon chez-moi me réchauffer. Mon grand-père vint me trouver dans l'entrée et me prit dans ses bras.

— Bonjour ma petite Mégane. Comment s'est passée ta journée ?

— Bien, merci Papy, répondis-je. Maman n'est pas là ?

Papy Gaëtan me regarda d'un air désolé.
Cela fait maintenant 5 jours que je ne vois quasiment plus ma mère. Elle est infirmière et malgré les horaires cools qu'elle a, elle rentre fatiguée et préfère monter se coucher directement... Sans avoir manger ni m'avoir vu.

Je soupira doucement puis me tourna vers la dernière personne de ma famille avec qui je passais réellement du temps et qui me portais vraiment de l'amour et l'attention.

— Tu as besoin d'aide Papy ?

¤¤¤

J'ouvris brusquement les yeux et vis que j'étais allongée sur mes devoirs. Je releva la tête, apparemment trop vite car ma nuque me fit mal.

Quelle idée aussi de s'endormir sur son bureau ?

Tandis que je rangeais mes affaires dans mes cahiers, un bruit se fit entendre. Je devina rapidement qu'il provenait de l'étage d'en-dessous. Je me leva doucement et ouvris la porte.

Silence. Ais-je rêvé ?

Alors que j'allais refermer la porte, le bruit se répéta. Et cette fois, je fus sûre d'être bien dans la réalité. Je fis le tour de ma chambre, toute paniquée, à la recherche de quelque chose susceptible de me protéger en cas de besoin.

Conclusion : je pris le pied de mon lit en bois qui s'était cassé il y a un peu de temps et que je n'ai jamais pris la peine de réparer.

Arrivé en haut des marches, je remarqua que la lampe du salon était allumée Je sentis la panique monter en moi et me paralyser.

Un... Inspire... Deux.... Retiens... Trois... Expire

Lorsque je rouvris les yeux, une silhouette était immobile en bas des escaliers.

Quoi ? Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Mon regard tomba sur le pied de lit et je fis la seule chose que je pouvais faire : je lui envoya dans la tête.

L'individu se porta les mains au front et gémis de douleur.

— Mais qu'est-ce qui te prend, dit une voix de femme.

Une voix que je connaissais peu mais que je saurais reconnaître parmi des milliers.

— Maman ?

¤¤¤

Je regarde ma mère se mettre une poche de glace sur le front. Ce dernier porte désormais un gros bleu signé le pied de mon lit.

— Tu comptes me dire ce que tu faisais debout à une heure pareille, me demanda-t-elle.

Non mais le culot !

— Je te retourne la question maman. Quand je suis rentrée, Papy m'a dit que tu étais montée te coucher.

Moi voix était remplie d'accusation, et je ne comptait pas le masquer.

Elle me lança une regard noir, que je lui rendis. Elle a beau être ma mère, nous n'avons jamais été proche. Quand je suis née, elle était encore en deuil par rapport au départ du type qui est censé être mon géniteur. Alors c'est mes grands-parents qui m'ont quasiment élevé.

Elle partait tôt le matin pendant que je dormais encore, elle rentrait le midi pour prendre son casse-croûte et rentrait le soir, direction son lit. Le reste du moment était passé au travail. Aucun ne m'était destiné. Et je ne risquai pas de l'oublier.

Je pense que l'on se comporte plus comme des coloc' que de comme des mères/filles. Coloc' maman. Oui, c'est ça.

— Si tu veux tout savoir, je n'ai pas réussi à m'endormir et j'avais besoin de bouger un peu.

— Tu fais souvent des insomnies, la questionnais-je.

— Non, mais j'ai des problèmes, dit-elle rapidement, ce qui attira directement mon attention.

Ma mère était intelligente, elle avait fait de belles études et avait réussi à devenir infirmière. Ce n'est pas rien. Mais ma grand-mère me disait toujours que maman était réputée pour attirer les ennuis, de toute taille. Et pire encore, qu'elle ne savait pas s'en sortir seule.

Alors quand elle me dit qu'elle a des problèmes, le stress qui augmente en moi est complètement justifié.

— Tu veux en parler ?

Elle me lança un regard que je compris tout de suite : tu es une enfant, tu ne peux pas comprendre.

— Je t'ai proposé de t'aider, je te renouvelle ma proposition, mais je ne le ferai pas trois fois maman.

Elle me regarda dans les yeux. Elle veut transpercer mon âme ou quoi ?

— Tu ne pourrais pas comprendre, lança-t-elle bêtement.

Je soupira bruyamment.

— Tu peux toujours essayer.

Mon ton était froid, tant pis. Après tout, je ne cherchais pas à cacher mon agacement.

— J'ai appris récemment que ton père nous avait légué des choses à toi et moi, commença-t-elle. Enfin, surtout à moi. Et je dois régler quelques trucs.

Un... Inspire... Deux.... Retiens... Trois... Expire

— Quelles genre de choses nous a-t-il légué, interrogais-je, la gorge sèche.

— Ce sont des choses d'adultes.

Son ton me fit clairement comprendre que la conversation était terminée. A ma grande déception.

— Retourne te coucher Mégane, tu as cours demain.

¤¤¤

Me concentrer en cours avait été difficile. Je ne faisais que penser à ce que ma mère m'avait dit il y a quelques jours.

Ton père nous avait légué des choses à toi et moi.

Je ne l'avais jamais vu, je n'avais jamais eu affaire à lui. Et je n'étais pas pressée que ça change.

Le monde de la drogue est dangereux et sans pitié. On nous le répète assez depuis notre enfance. Les enseignants insistent réellement sur le sujet, pensant que nous dire dès notre plus jeune âge ce qu'est ce monde, nous dissuadera d'y mettre les pieds. Et je pense qu'ils ont raison. Maintenant, est-ce que ça change quelque chose ? Je ne pense pas. Or, aux dernières nouvelles, mon père avait le cul fourré en plein dedans.

Durant le trajet pour rentrer chez moi, je suis aux aguets. Ne sachant pas en quoi consiste la chose qu'il nous a laissé, je m'attend au pire.

Une jeune fille monta dans le bus et marcha le long de l'allée... jusqu'au fond. J'échangea un regard avec le groupe de femmes non loin de moi. Leurs regards me firent clairement comprendre qu'elles étaient désolées pour elle. Et je l'étais aussi. Pourtant, aucune de nous n'alla la chercher pour la ramener.

Le risque était bien trop grand.

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