POURQUOI?

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Je me réveille peu à peu, je me remémore les événements. Je sursaute brusquement, mes souvenirs m'ont fait l'effet d'un électrochoc. Je n'ose pas tourner la tête, de la bile me monte à la gorge et je me retiens à grand-peine de vomir. Je suis encore sous le choc, pour moi la tanière de mes grands-parents était un lieu sacré, intouchable, exempté des impuretés qui souillent notre monde. Et cette illusion vient de voler aux éclats. J'étais dans ma bulle, cette maison dans la neige était pour moi comme un autre monde. Un lieu intemporel et pourtant, pourtant dans cet océan de bonheur est arrivé un tsunami qui l'a fait imploser. Je touche mes joues où ruissellent des larmes silencieuses. Je commence à me répéter comme un mantra heureux, heureux, heureux.

Je reste assie, prostrée pendant des heures, puis je me relève avec un calme en complet désaccord avec mon esprit, qui lui, n'est que rage et tristesse, qui tonne et sanglote. Une fois debout, je commence à tourner la tête lentement puis plus rapidement. Vous savez comme quand on mange une nourriture immonde et qu'on mange d'abord doucement, craintif, puis que l'on avale quasiment tout rond, dégoûté par le goût. Je fais pareil, et finalement ma tête rejoint l'endroit fatidique où les yeux ont une vue d'ensemble sur la scène. Mes méninges entrent enfin en action après des heures d'immobilité. J'analyse, je décortique cette même scène. Papi gît sur le flanc aux côtés de Mamie, les yeux fermés tout comme elle. Il se tiennent la main dans une étreinte silencieuse, la tête lové contre l'épaule de l'autre, le visage détendu. Heureux, unis.

Je sors doucement à reculons, sur la pointe des pieds, comme pour ne pas troubler leur sommeil. Je sors et referme avec douceur la porte. Je remonte, ouvre la porte d'entrée, et toujours avec calme, escalade l'escalier qui me semble, en cet instant, vertigineux.

Je passe le reste de la journée à rassembler de la neige au bord du renfoncement, de la porte puis, sur un dernier adieu, je retire le morceau de glace qui servait de cale et regarde la neige dégringoler. C'est une belle fin je trouve, mort ensemble, pour l'éternité réunit.

La mort dans l'âme je reprends le chemin en sens inverse, insensible au silence, à la morsure du froid et à la neige sous mes bottes.

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