L'arrivé silencieuse.

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Je marche donc d'un bon pas vers le logis de mes grands-parents, traversant la vaste étendue de silence. Quand enfin j'arrive à la petite colline, je suis surprise de n'avoir pas été encore accueillie de léchouilles par Lou, prénom que j'ai choisi par rapport à ses allures lupesques. Je suppose que Lou, étonnamment, ne m'a pas sentie, peut-être qu'elle est malade. Saisie d'appréhension, je me hâte puis finie carrément par courir, tiraillée par impression que quelque chose ne va pas. Je me précipite vers la porte et l'ouvre à la volée. Tandis que je passe de pièce en pièce en les fouillants fébrilement du regard, le poids de la peur m'oppresse de plus en plus je commence à avoir l'impression de porter de la fonte. Mais ce qui m'accable le plus, c'est ce silence, pas le silence relaxant de la neige ni celui de la nuit, non, je le définirais plutôt de dense, pesant, irréel. J'ai l'impression que mes bruits de pas et mes halètements rebondissent contre une paroi invisible, et me reviennent plus fort, offrant un contraste saisissant entre eux et le mutisme des lieux. Une impression demeure, l'impression d'avoir raté une chose dans la cuisine. Avez-vous déjà vécu le fait de savoir mais de ne pas arriver à vous en rappelez tellement la conjonction la juxtaposition des deux: son, image ou odeur vous semble si absurde, incongru ? Moi oui, cette image fugitive m'échappe, mais la sensation reste, mon cœur rate un battement, puis deux. Soudain je me reprends, c'est au bord du gouffre que l'on découvre une énergie inattendue, énorme, une énergie connu et pourtant on ne sais rien de cette réserve avant de l'avoir vécu, expérimentée. C'est l'énergie du désespoir avec un grand D. J'y puise du courage, je bande mes muscles et mon corps part si vite que mon cerveau arrête de suivre. Je regarde mon corps, mes membres bougent à une vitesse surprenante, c'est face au pire que notre corps repousse ses limites. Me voilà parti, je fuse vers la cuisine et en une poignée de seconde, je suis dedans. Je m'arrête en dérapant, emporté par mon élan, je m'écrase par terre dans un bruit sourd, me cognant au passage la tête sur le bord de la chaise. Et là, je peux vous le dire, ce n'est pas à cause de la bosse sur ma tête qui me lance ou la fatigue grandissante générée par ma longue marche et ma frayeur. Mais c'est bien ce que je regarde en cet instant. Sans autre formes de procès, je tourne de l'œil.

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