Chapitre 30 : Au coeur du problème.

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Son bébé contre sa poitrine, Blear devina aux manifestations de son deuxième fils qu’il réclamait le lait. Une sage-femme veillait à ce que la mère effectue les bons gestes à l’égard du nouveau-né, mais Blear savait exactement comment s’y prendre. Elle avait eu Billy avant et elle ne supportait pas que quelqu’un d’autre touche à son enfant. Réclamant de l’intimité, elle s’exécuta en douceur pour lui donner le sein. Pudique, elle s’emmitoufla dans les couvertures alors que John-Eric les admirait depuis un coin de la pièce, installé dans le fauteuil prévu à cet effet.

Il décida de rejoindre sa femme au bord du lit, une fois qu’il vit ses prunelles passer de la tendresse à l’inquiétude. Elle se rassurait immédiatement quand il lui tenait compagnie. Délicatement, il rejoignit sa main qui maintenait avec précaution la tête de Sky. Les parents le regardèrent avec amour, blottis l’un contre l’autre. Quand il eut fini de boire, la satisfaction sur son minuscule visage leur arracha un rire. Il somnolait déjà.

  • Je vais le mettre dans son couffin, déclara John-Eric en s’apprêtant à le porter.
  • Oh… Non, il s’endort, chuchota Blear. C’est bien comme ça.
  • Tu es certaine ? Tu ne veux pas te reposer un peu aussi ?

Elle ne répondit que par un non de la tête, enroulant ses bras plus fermement autour de son fils. Malgré toutes ses craintes, elle le gardait près de son cœur.

***

Les premiers jours avec Sky dans leur maison furent les plus heureux de John et de Blear. La peur de cette dernière de ne pas réussir à l’aimer s’était envolée avec les précieux moments qu’ils passaient en famille, ceux qu’elle n’avait jamais vécu autrefois avec John. Ils leur avaient été volés par leurs parents. Avec Billy, ils n’avaient pu vivre ces instants simples et magiques. Quant à ce dernier, il ne s’arrêtait pas de filer en douce la nuit pour rejoindre son frère dans sa chambre, si bien qu’ils avaient fini par installer un matelas auprès de son berceau. Billy le protégeait de tout danger et ceci au fil des années. Il l’avait encadré dans ses premiers pas, tenu la main pour traverser la route, rattraper les ballons menaçants. Ils jouaient constamment ensemble, avec des avions en papier dans toute la maison, construisaient des cabanes avec Charles et dormaient dans le même lit la nuit. Billy souhaitait se montrer présent à chaque moment de la vie de son petit-frère, mais trop jeune, il n’avait pas pu le protéger de ce qui le terrorisait lui-même. Comment aurait-il pu, si même sa mère n’y arrivait pas ?

***

Depuis la naissance de l’enfant tant attendu, les parents de Blear s’invitaient chez elle régulièrement, réclamant de voir leur petit-fils. Leur engouement s’expliquait par le fait qu’il était l’héritier par excellence, la suite de la lignée Makes à laquelle les lois Richess s’appliquaient. Autrement, avec John-Eric, ils étaient d’accord que leur présence s’avérait toxique autant pour Billy que pour Sky.

Même quand ceux-ci avaient la décence de les prévenir de leur arrivée, Blear ne pouvait les repousser. Les connaissant, ils auraient été capables d’entamer un procès pour obtenir davantage de temps de visite.

Enceinte de cinq mois, elle avait demandé de l’aide à Charles pour habiller les enfants alors qu’elle tenait toujours à accomplir cette tâche par elle-même. Elle jugeait que ces infimes moments d’échanges nourrissaient leurs liens à côté de ces journées trop chargées.

Le vieux monsieur essayait subtilement de mettre une cravate à Billy qui du haut de ses six ans était clairement contre l’idée :

  • Non ! Je n’aime pas… ça serre !
  • Jeune homme, un peu de tenue je vous prie. Vous allez être plus qu’élégant, je vous en assure.

De son côté, Blear essayait de placer un nœud papillon autour du col de la chemise de son deuxième. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à ce qu’il décide d’imiter son frère. À eux deux, ils entamèrent un boucan d’enfer qui irrita leur mère.

  • Ça suffit ! Vous arrêtez votre cinéma !

Les hormones en folie, des sueurs froides la gagnèrent. En voyant Billy jeter sa cravate à terre, ainsi que la confusion de Charles, elle lui permit d’abandonner :

  • C’est bon. Fermez-lui juste le bouton et ça ira. Sky, reste tranquille, le reprit-elle fermement.

Dans l’incompréhension, son fils ne protesta plus. Mais quand il vit son frère quitter la pièce sans cet horrible morceau de tissu, il s’indigna. En tapant des pieds, il s’écarta de sa mère qui essayait en vain de l’habiller. Les pleurs dont il fit preuve la poussèrent à bout :

  • Sky ! Tu arrêtes maintenant !
  • Mais Billy… !
  • Je m’en fiche ! On ne quittera pas cette chambre tant que tu n’auras pas mis ce nœud, c’est compris ?! Que vont dire tes grands-parents autrement ? Tu dois être bien habillé pour les recevoir, un point c’est tout, insista-t-elle quand il essaya de se défendre.

Avec un sentiment d’injustice, Sky cessa de pleurer. Quand il resta le menton cloué entre ses épaules, Blear lui releva d’un coup et lui jeta un dernier regard pour l’avertir. Pourquoi est-ce que lui devait porter cette horreur et pas son frère ?

***

Devant leur maison, alignés tels les membres d’une famille parfaite, John-Eric gardait leur premier fils auprès de lui tandis que Blear s’occupait de maintenir Sky en place, une main sur chacune de ses épaules. Ses parents venaient d’arriver. Ils se saluèrent, puis vint le moment où sa mère ignora délibérément Billy. Elle le méprisait. En contrepartie, elle n’hésita pas à plier les genoux pour attraper la joue de son merveilleux petit-fils.

  • Quel joli minois nous avons là ! s’exclama-t-elle d’une voix mielleuse. Que tu es élégant, le complimenta-t-elle ensuite.

Haut comme trois pommes, une immense fierté s’empara de Sky vis-à-vis de son frère. Il recevait de l’amour, car il portait le nœud et pas lui. Il en avait compris la nécessité.

  • Visiblement, ta mère a fait un effort, ajouta sa grand-mère d’un ton narquois.

Ne saisissant pas l’ironie, le cadet divaguait déjà dans son imaginaire, mais il ne serait plus pour longtemps le plus jeune de la famille. Il n’en avait pas encore totalement conscience, même s’il savait qu’il y avait un bébé dans le ventre de sa maman.

Lors du repas de midi, les parents de la concernée posèrent des questions sur la venue de ce troisième enfant.

  • Donc, c’est une fille, c’est cela ?
  • C’est “cela”, oui, répondit John-Eric de son ton le plus courtois.
  • Et qu’allez donc vous faire de cette… petite fille ?
  • … L’élever et la chérir ? répondit-il, outré de ses propos tandis que Blear se contenait de ne pas dévorer son assiette, la grossesse l’affamant.
  • Bien, mais était-ce vraiment utile d’en faire un troisième ? Le premier était déjà…
  • Mère.

Si Sky ne comprenait pas ce qui se passait, le nez plongé dans son assiette, Billy, de son jeune âge, savait tout à fait ce qu’on lui reprochait : son existence. À l'inverse de son frère, il se tenait droit et particulièrement bien élevé face à ses grands-parents.

  • Tu sais à peine les tenir, répondit sa mère en jetant un œil à celui qui se laissait aller sur sa chaise.
  • Sky, tient toi droit, réagit John-Eric, excédé.

Le petit observa son frère qui lui montrait subtilement comment faire pour se positionner.

  • Je suis tombée enceinte et nous avons décidé de la garder. Voilà tout, s’expliqua Blear.
  • Il serait peut-être temps d’arrêter de tomber enceinte par erreur. Je commence à croire que tu le fais exprès. Bref. Ce n’est pas la raison pour laquelle nous sommes venus aujourd’hui.
  • C’est vrai. Expliquez-nous donc la raison de votre venue, reprit John-Eric, les doigts croisés au-dessus de son assiette.
  • Nous pensons avoir trouvé une partenaire parfaite pour Sky, s’exprima alors le père.

Celui-ci leva les yeux vers les adultes quand il entendit son prénom, comprenant qu’il était au cœur de la conversation, mais c’était tout. Il lut cependant à travers l’expression grave de sa mère.

  • Une partenaire ? s’empêcha-t-elle de rire. Il n’a que trois ans…
  • Dieu, ce n’est pas une raison pour t’exciter de cette manière.
  • Mais enfin… Une partenaire à cet âge-ci…
  • C’est en prévision du futur, évidemment.
  • Quand bien même !
  • Veux-tu bien te calmer, lui ordonna son père.

Extrêmement frustrée, Blear serra le pan de sa jupe en dessous de la table. Elle avait l’impression d’être encore une gamine sous les ordres de ses parents. Elle osait à peine regarder son propre fils. D’un mouvement de tête, elle les invita à poursuivre.

  • Nous avons établi un accord avec la famille Solaire…
  • Un accord ? répéta John qui grondait également.
  • Tout à fait. Nous les avons rencontrés lors d’un gala avec leur petite fille. Elle a le même âge que Sky. Elle s’appelle Jena. Ils ont des projets d’une ampleur qui laisse croire que leurs richesses futures concorderaient parfaitement à ce que nous recherchons pour l’avenir de Sky et la perpétuité de la famille. Ils avaient l’air ravi de notre intérêt. L’idée du mariage en cas de réussite s’est tout de suite avérée…
  • … Un mariage ? Mais vous êtes… - elle s’obligea à ne pas dire “fous” - … C’est notre fils, c’est à nous de décider et…

L’expression sévère de sa mère arrêta Blear.

Celle-ci eut un rictus.

  • Voilà pourquoi nous vous invitons à les rencontrer. Nous avons veillé à ce que ce soit des personnes… qui vous correspondent, dit-elle avec mépris. Ils ne cherchent qu’un bel avenir pour leur fille et tenant compte des obligations de Sky, je ne vois pas où est le problème de chercher la meilleure famille qui lui correspondra.
  • C’est de la folie, souffla John-Eric.
  • Oh, vous n’avez pas votre mot à dire. La liste est entre nos mains.
  • Et quand est-il de son avis ? De ses préférences ? s’indigna Blear. Qui vous dit que cela fonctionnera et que dans le futur…
  • Tu sais bien que cela ne fonctionne pas de cette manière, voyons. Cette petite est adorable. Elle sera sans doute une beauté à l’avenir et si leurs investissements n’aboutissent pas à ce que nous attendons, alors nous choisirons une autre prétendante. Ils en ont tout à fait conscience.
  • … Je refuse que… essaya Blear de protester.
  • Tu n’as pas le choix. Il en était de même pour toi et John-Eric, rappelle-toi.

Justement, Blear se rappelait très bien de la douleur qu’elle avait emmagasinée au fur et à mesure des années à cause de son parcours amoureux.

***

John et Blear avaient fini par rencontrer la famille Solaire.

Les parents de la petite Jena s’avéraient tout à fait respectables et ils avaient en réalité un point commun avec les Makes. L’intérêt d’unir leurs enfants venait pour chacun de la génération supérieure. Lorsqu’ils se concertèrent, de manière tout à fait courtoise et à cœur ouvert, ils s’entendirent. Le pouvoir de la hiérarchie les poussaient au mariage de Sky et Jena. Peut-être que dans les prochaines années, leurs engagements ne seraient pas tenus ou peut-être qu’ils le seraient : aucun des parents ne pouvait le prédire, mais la liste existait belle et bien. Elle ne pouvait être effacée. Les Solaire y apparaissaient en tête et il en serait ainsi tant qu’ils respecteraient les conditions de la collaboration. Est-ce que leurs enfants s’entendraient ? La grand-mère de Sky tenait à y veiller.

Pour leur première rencontre, il avait été invité à la fête d’anniversaire de sa plus grande prétendante. Blear avait tenté de s’y rendre seule, mais sa mère ne lui en avait pas laissé l’opportunité. Elle contrôlait sa fille et son petit-fils avec brio. Main dans la main, la matriarche et Sky traversaient le long jardin des Solaire vers un groupe d’enfants.

  • Mamie…
  • Oui, petit prince ?
  • … Ma… future femme…

Le bout de chou de trois ans, superbement apprêté pour rencontrer sa potentielle future femme semblait perdu en observant le lot de petites filles qui jouaient ensemble. Celles-ci se retournèrent toutes vers le Richess en émettant des gloussements semblables à ceux de leurs mères quand elles le découvrirent. Sky ne savait où regarder. Il n’avait aucune idée à qui donner la fleur qu’il cachait dans son dos. Blear les observait de plus loin. Sa mère avait son fils sous son joug. Le récupérer reviendrait à faire une scène. Elle la haïssait d’être aussi calculatrice.

Afin d’éclairer Sky, cette dernière se plaça à sa hauteur :

  • C’est celle avec la plus jolie robe, lui chuchota-t-elle au creux de l’oreille, puis en l’encourageant à s’avancer.

D’un pas incertain, l’enfant hésita jusqu’à ce qu’au milieu d’entre-elles apparaisse, telle une princesse, dans un long vêtement jaune pâle et bouffant, une petite fille rayonnante. Elle portait son nom de famille à la perfection et s’avérait bien plus téméraire que le Richess. Quand elle lui fit face, Sky devint timide. Il lui tendit la rose d’un coup, empourpré. Ravie, Jena s’en saisit. Son sourire, coincé entre ses pommettes, resplendissait. Elle colla la fleur à sa joue, puis dans un élan d’excitation se pencha pour le remercier. À la grande surprise de tous les parents, la présomptueuse lui avait glissé un baiser rapide sur les lèvres. Attendries, nombreux rigolèrent, sauf Blear qui s’inquiétait de l’avenir qui leur était réservé.

***

Malgré leurs lourds métiers respectifs, Blear et John tenaient aux sorties avec les enfants. Ils essayaient au mieux de partir en vacances, d’aller se balader dans des parcs et jouer avec eux de manière créative. Ils devaient être stimulés. Ainsi, ils allaient voir des pièces de théâtre, les initiaient à la musique, à la lecture et aux belles histoires. Ce fut de cette manière que l’intérêt de Billy pour la chanson se décupla au fil des années. Tandis qu’il allait au solfège et jouait au tambourin avec sa petite sœur, Sky se voyait obligé de suivre un parcours plus strict. Tenu à des responsabilités qui visaient à le rendre exemplaire, il nourrissait en secret les mêmes intérêts que son frère :

  • Pourquoi est-ce que je ne peux pas aller à Londres, moi aussi ?! avait-il crié à son père, puni dans sa chambre, car il s’en était pris à Billy.
  • Parce que…
  • Moi aussi je veux faire de la musique !
  • Tu ne peux pas, Sky.
  • Pourquoi ?!
  • … Tu es… un Richess et cela implique…

John avait trouvé de la haine dans les yeux de son fils. Il savait que cette explication ne lui suffisait pas, mais elle était réelle.

  • Tu vas entrer à Saint-Clair. Pour ton parcours scolaire, en tant que Richess, c’est ce qu’il y a de mieux pour toi. Si tu veux faire de la musique, tu auras aussi cette opportunité dans cette école, mais tu dois…
  • Pourquoi est-ce que moi ! Je “dois” et pas Billy ?!

Il ne l’écoutait absolument pas. Il y avait de quoi. Sans compter que Sky entrait dans la phase d’adolescence.

  • Écoute… Ce qui te différencie de tes frères et sœurs, c’est le fait que tu sois un Richess. Tu es l’héritier légal de notre famille, car… tu es né sous les conditions des lois…
  • Je sais ça. Mais ce n'est pas juste.
  • C’est comme ça, malheureusement. Tu sais, je ne suis pas un Richess à proprement parler non plus. J’ai obtenu ce statut en me mariant à ta mère et parce qu’elle t’a donné naissance à dix-sept ans, tu as obtenu ce statut également. La personne que tu épouseras plus tard, peut-être Jena, lui sourit-il parce qu’ils savaient qu’ils s’entendaient, deviendra aussi une Richess. Tu comprends ? Il est vrai que ce n’est pas juste, mais tes frères et sœurs n’y peuvent rien.
  • … Ouais.
  • Sky ? l’interpella son père quand il le vit se renfermer sur lui-même.
  • J’ai compris.

Un semblant de soulagement gagna John-Eric jusqu’à ce qu’il voit la lumière dans les yeux de son fils s’éteindre. Il se montra soudainement fier et droit.

  • Mais je ne m’excuserai pas à Billy. Ni à maman. Parce que je suis un Richess et je n’y peux rien non plus. Ce n’est pas de ma faute.

“C’est de la sienne” se garda-t-il en pensant à sa mère. C’est parce qu’elle portait ce statut qu’il devait vivre de cette manière. Malgré cette rancœur, il comprenait également qu’elle n’avait pas demandé d’être une Richess. Cette pensée nourrissait ses espoirs quant au fait qu’elle était dure avec lui pour cette raison et non parce qu’elle ne l’aimait pas. Ce fut ce qui le sauva de cette première cassure. Têtu et rancunier, il se montra tout de même plus froid envers sa mère qui ne cessait d’agir selon les ordres de ses propres parents. Ceux-ci étaient ravis de voir Billy disparaître à Londres. Ils le furent également vis-à-vis de Lysen. Lors d’un repas de famille, la grand-mère n’avait pas hésité une seconde en découvrant les talents de la petite au piano :

  • Tu es tellement douée, Lysen ! N’as-tu jamais envisagé de suivre ton frère à Londres ?

Cette proposition avait jeté un froid entre les membres. Blear et John-Eric n’en revenaient pas du culot de cette femme. Sky s’était rigidifié, faisant mine que cela ne l’atteignait pas, alors que Lysen se retourna vers sa grand-mère, d’un air enjouée :

  • C’est mon rêve ! avait-elle laissé échapper, les yeux plein d’étoiles.
  • Oh. Les rêves sont faits pour être réalisés, n’est-ce pas Blear ? Enfin, c’est une décision qui revient de droit à tes parents ma chérie.

Maligne et espiègle, Lysen savait qu’ils essayaient de l’éloigner de la famille pour se concentrer sur Sky. Elle aimait son frère, mais elle détestait supporter au quotidien la tension qu’il y avait entre eux tous. Drillée depuis sa naissance, elle n’avait jamais fait un pas de travers, jouant à la petite fille parfaite pour obtenir tout ce qu’elle souhaitait, mais surtout la paix. Ses parents n’avaient donc aucune raison de lui refuser ce voyage :

  • Je peux ? Papa ? Maman ?

Mal à l’aise face à leur fils qui avait aussi rêvé de s’évader, aucune réponse ne sortit de leurs bouches. John veillait aux réactions de Sky.

  • Nous verrons… finit par dire Blear. Peut-être.

Ils avaient acceptés. Ils ne pouvaient enfermer leurs deux autres enfants parce que Sky avait des responsabilités. Pour ce dernier, l’histoire se répétait. Ses parents n’avaient rien appris. Ils n’avaient jamais pris en considération ses envies et sa frustration. Ce fut une deuxième cassure, plus profonde cette fois. Ils étaient tous les deux en tort, mais il en voulait surtout à sa mère. C’était elle qui lui avait transmis ce statut, mais ce n’était pas la seule raison qui la poussait à refuser tout ce qu’il souhaitait. Pour accepter que Lysen s’en aille, alors qu’il avait souffert du départ de Billy, elle devait n’avoir aucune considération envers lui. Elle ne l’aimait pas et si elle ne l’aimait pas, alors lui non plus. Elle méritait cette guerre froide pour l’avoir forcé à toutes les attentes de ses grands-parents, pour n’avoir jamais pris la même position pour ses trois enfants. Elle avait établi des différences, alors il en serait ainsi. S’il avait développé de la haine contre sa sœur avec qui il s’était toujours plus ou moins entendu, comme des frères et sœurs normaux, c’était sa faute. Au moment de partir, il la renia de la même manière qu’il avait décidé de ne plus écouter ni ses grands-parents, ni ses parents :

  • Bon débarras, lui avait-il dit droit dans les yeux.
  • Sky ! lui avait crié son père.

Son père. C’était le seul qui manifestait un peu de bon sens. Le moins calculateur de tous. Celui qui lui parlait franchement et qui réclamait l'ordre.

  • Excuse-toi tout de suite.
  • Pas besoin, avait répliqué Lysen. Il est bête comme ses pieds.

Les deux enfants se comprenaient très bien. Le premier souhaitait voir disparaître l’objet de ses injustices et la deuxième voulait se libérer de ses chaînes. Si se haïr était la solution, alors ils n’hésiteraient pas.

Nourrie par des sentiments de honte, Blear avait déjà abandonné l’idée que la situation s’arrange. Elle ne pouvait s’en sortir, même avec l’aide de John-Eric, coincée dans un cercle vicieux. De cette manière, son regard croisa de moins en moins celui de son fils. L’inverse était réel également. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre, pensant qu’il valait mieux la fuite que des conflits à répétitions avec la même impression qu’aucun effort n’était fourni. C’était à l’autre d’en faire.

Ils regardaient dans des directions différentes alors qu’il aurait suffit de tourner la tête pour régler le cœur du problème.

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