Agathe
Là-haut, Agathe est encore en train de caresser du regard les clefs qui sont, elle le sait, une preuve d’amour, mais surtout une preuve d’engagement. Elle sourit à l’idée que Sam se soit autant mise à découvert. Samuelle est du style ultra-indépendante. Des deux, c’est Agathe qui fait toujours le premier pas. C’est elle qui appelle pour s’inviter… C’est elle qui parle de vacances communes… Elle, encore, qui a fait le premier baiser, il y a maintenant presque un an…
Sam sait recevoir toutes ses marques d’affection. Toujours avec plaisir. Mais jamais elle ne prend d’initiative pour deux… Jamais de « nous » dans ses phrases… Elle tend la joue, mais jamais les lèvres. Elle s’est réfugiée sous une carapace, certes très jolie et avenante, mais très difficile à percer. Seule la couleur de ses yeux, changeant en fonction des sentiments qui l’animent, peut donner une indication de ce que Samuelle peut ressentir et avoir dans la tête.
Agathe est dans ses rêveries lorsque le fixe se met à sonner. Elle ne décrochera pas, préférant laisser le répondeur prendre le message pour Samuelle. Elle a les clefs, oui ! Mais de là à prendre les messages…
— Messagerie de Sam ! fait la boîte vocale en s’enclenchant.
— Allô ? Allô ? Sam ? bredouille une voix d’homme. Sam, c’est moi, Demarco… Écoute, il faut que tu te ramènes au 15 bis, rue du Plessis à Sainte-Luce. Putain ! Sam, c’est moche ici ! Un gosse a massacré ses parents… C’est… Bordel ! Il faut que tu viennes rapidement.
La personne qui vient de laisser le message a l’air complètement paniquée.
Agathe a tout entendu et l’effroi de l’interlocuteur lui a glacé l’échine, anéantissant à jamais tout espoir de se rendormir.
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