Cela aurait pu se passer autrement. Il n’était pas obligé d’en arriver à de tels extrêmes. Mais pour cela, il aurait fallu raconter ce qu’il s’est passé. Il aurait fallu avoir confiance en la justice. Déballer son histoire et réussir à leur faire comprendre comment les choses en sont arrivées là. Supporter leurs regards suspicieux. Répondre aux questions. Encore et encore pour qu’ils puissent s’assurer que sa version ne tergiverserait pas. Mais surtout, il aurait fallu supporter l’entendre lui, se défendre. L’écouter expliquer l’inexplicable. Encaisser qu’il tente de retourner la situation et qu’il se fasse passer pour la victime.

Peu importe pourquoi il est ce qu’il est. À ses yeux, il n’est plus ! Et il ne mérite plus d’être…

Et tout ce supplice pour quoi ? Pour entendre un verdict qui, assurément, ne sera pas à la hauteur de ses attentes. Car il a eu le temps d’y réfléchir depuis… Les cauchemars ont laissé la place aux insomnies. Et c’est durant ses trop nombreuses nuits blanches qu’il s’est imaginé donner justice elle-même. Il a inventé une multitude de châtiments. Mais aucun ne semblait être satisfaisant. La plupart seraient trop doux ou trop rapide. Son imagination n’arrivait pas à élaborer le plan parfait pour calmer la haine qui le grignote de l’intérieur. Elle a d’abord pris racine dans son cerveau, envahissant ses pensées jusqu’à s’immiscer dans son subconscient. Une fois que cette rancœur se fut rassasiée de sa matière grise, elle a lentement et douloureusement descendu se gonfler dans sa gorge, lui donnant le sentiment d’une boule d’angoisses difficile à avaler. Cette sensation ne l’a jamais quitté. Il a fini par s’y habituer. Oubliant même jusqu’à sa présence. Puis d’un coup, elle est tombée dans son estomac ! Ce jour-là, il pourrait le graver dans le marbre. Ce fut le jour où on lui expliqua le sens de cette ancienne loi du Talion. En l’étudiant de plus prés, il s’est rendu compte que rien ne pourrait égaler ce sentiment de justice. Œil pour œil, dent pour dent. Une vengeance réciproque… Cela parait si simple. Il fallait qu’il sache ! Cet adage serait-il l’unique solution pour enfin retrouver un sentiment de paix ?