Ne rien lâcher

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Ça y est, elle est faite cette chimio que j’appréhendais tant. Nous sommes arrivés à neuf heures quinze et sortis deux heures plus tard. Même constat habituel. Que c’était long ! Cela dit, il y a certaines personnes qui restent cinq jours hospitalisés la subir.

Il faut que j’arrête de me plaindre avec ces deux petites heures. Mais le stress avant la séance est difficile à contrôler. Et les larmes, je ne vous en parle pas. Oui !! Je n’ai pas honte de dire que tous les matins de chimio, je suis une vraie pleureuse. Bien après, ça passe. Je suis humaine après tout.

Bon, pour le moment, ça va. Je suis rentrée. J’ai dormi. Deux petites heures plus tard, Je sens boostée. J’ai fait mon petit ménage quotidien, et, bien sûr, j’ai appris la poésie à mon petit Enzo d’amour (même fatiguée, je ne lâcherai pas les grandes études de mon fils). Les effets à venir, je me sens moralement prête à les supporter : on verra ce que cela donnera.

Si, aujourd’hui, j’ai autant la pêche, c’est parce que ce matin, en allant conduire mon fils à l’école, ce dernier m’a pris dans ses bras et m’a dit : « Maman, serres moi fort contre toi et je te donne toutes mes forces pour ton traitement ». Si ce n’est pas un petit moment de bonheur ça…

Je pense très fort tous les jours à mon petit Enzo, qui traverse tout ça comme il le peut. Derrière son attitude innocente, calme et solitaire, je le sens désemparé et absent dans certains de ses comportements.

Pourquoi maman est malade ? C’est la question cachée du petit Enzo qu’il a dû se poser des centaines de fois en son si jeune âge. L’idée n’est pas claire pour lui. Il grandit avec des doutes et des questions, mais une chose est sure : son comportement est merveilleux. Je me bats pour voir mon enfant grandir et vivre pleinement sa vie. Il n’y a pas de souvenir qui en chasse un autre. Tout est important et significatif. Il n’y a pas que de l’insouciance chez lui. L’entendre vouloir me transmettre ses forces quand il me serre dans ses bras, c’est comme s’il prenait conscience de la chose. Mais ce n’est pas évident de comprendre à six ans pourquoi maman ne se sent pas très bien et n’est pas capable de s’occuper de nous de temps à autres. Mon fils m’apporte des joies uniques et transforme mes faiblesses en force.

Mon homme, lui, est toujours là, à essayer de me faire sourire quand ça ne va pas. Car, j’avoue que pendant la durée des séances de chimio, je suis la petite Fanny rigolote (que c’est beau l’amour) et je trouve toujours le mot pour rire. Quand je prends tous ces moments de bonheur en pleine face, je me dis et redis que ça vaut vraiment le coup de s’acharner et de se battre.

Je sais maintenant un peu plus d'où me vient cette force. Bien sûr, il y a ma mère. Mais, il y a l’instinct de survie, l’envie de rester femme. Et, je suis une femme ordinaire, qui, comme d’autres personnes dans ma situation, lutte avec le même acharnement contre le crabe. A travers ces lignes, je veux vous faire part de ma bataille. C’est aussi une très bonne thérapie pour moi.

Je m’interdis de baisser les bras. Ce serait laisser une opportunité au cancer de profiter de ma faiblesse. Je me sens aimée et soutenue par beaucoup de monde et je me suis découverte des forces insoupçonnées.

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