Chapitre 12 : Le jour a des yeux, la nuit a des oreilles

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Sur le chemin du retour, le duo resta silencieux. Esther parce qu'elle était focalisée dans son admiration du ciel nocturne et Ethan car il ressassait les dernières paroles qu'elle avait prononcé. La jeune divinité lui avait proposé de faire le chemin retour à tire-d'aile mais il avait refusé, gêné de partager avec elle une nouvelle fois la même proximité. Pour seule réponse à son refus, Esther avait éclaté de rire à la vue de son visage cramoisi. 

— Ethan. Ouhou Ethan, l'interpella t-elle en agitant sa main devant ses yeux, on est arrivé et ça fait une minute que tu es complètement paralysé devant le portail.

— Hein ? Ah oui oui... 

Il commença à fouiller dans ses poches pour trouver ses clefs mais la jeune divinité lui les agita fièrement sous le nez en haussant un sourcil, songeuse. 

— Tu es distrait. Pourquoi ? 

— Pour rien, s'empressa t-il de répondre en lui les arrachant des mains pour déverrouiller le portail et rapidement rejoindre le parc mitoyen, Esther sur ses talons.

— Écoute, je ne sais pas si c'est propre à ton espèce, mais tu ne sais pas vraiment mentir. J'ai fait quelque chose de mal ?

— Non, pas du tout ! C'est juste que... 

Ses derniers mots s'évanouirent dans un murmure, il inspira profondément avant de s'arrêter brusquement en plein milieu du sentier. 

— Si c'est par rapport à tout à l'heure, je suis désolée. Je ne pensais pas que ça allait te perturber autant, s'excusa t-elle en lui faisant face, levant les yeux vers lui avec une mine peinée. 

Soudain, il eut un petit rire discret, détourna le regard un instant avant de relever les yeux elle. 

— Ce n'est rien. À vrai dire, je ne pensais pas que ça me déstabiliserait autant. Finalement, c'est peut-être moi qui suis amoureux de toi, affirma t-il avant de se mettre à rire de la même manière qu'Esther l'avait fait auparavant lorsqu'elle l'avait taquiné sur la plage. 

Cependant, alors que le jeune homme s'attendait à une réplique cynique de sa part, il fut surpris de voir les joues pâles de la jeune divinité se teinter de rouge. 

— Esther ? 

— Quoi ? 

— Lorsque tu t'empourpres c'est d'autant plus flagrant chez toi que chez moi. 

— J'ai les pommettes rouges ? Alors c'est donc ça l'embarras, s'émerveilla t-elle en se massant le visage avec le bout des doigts. 

— Finalement, tu es peut-être plus humaine que tu n'en as l'air. 

— Tu sais, il n'y a jamais eu grand chose qui nous différenciait si ce n'est notre durée de vie. Au fait, c'était un compliment ?

— Ça dépend, tu le prends comment ?

— Plutôt bien étrangement. 

— Alors c'en était un. 

Ils s'engouffrèrent dans l'appartement et Esther n'attendit pas une minute de plus pour remplacer ses vêtements humides par un ensemble bien plus confortable dans une poussière d'étoiles et dénouer le ruban autour de son cou pour révéler ses membres animal.

— Comme c'est dommage que je sois obligée de cacher mes oreilles et mes queues lorsque je sors... J'ai l'impression de me mentir à moi-même. 

— Tu n'as pas toujours besoin d'être aussi honnête, ce n'est que pour ton bien. 

— Tu as raison... C'est fou comme tu arrives toujours à trouver les bons mots pour me rassurer. 

— C'est à quoi servent les amis, déclara t-il en se déchaussant avant de rejoindre sa chambre pour se changer.

— Alors on est vraiment amis, demanda la jeune divinité, l'arrêtant dans son entreprise alors que le jeune homme allait enclencher la poignée. 

— Bien sûr, affirma Ethan en se retournant vers elle pour lui adresser un sourire en coin qu'elle lui rendit. 

— Jamais personne ne m'avait qualifié comme tel. C'est agréable de se sentir estimée. 

— Je pourrais dire exactement la même chose, ajouta t-il avant de rentrer définitivement dans chambre et de refermer la porte derrière lui. 

Alors que Ethan revêtait des vêtements secs, Esther était allée s'approvisionner en thé glacé dans la cuisine. Alors qu'elle sirotait tranquillement sa boisson, ses pensées s'égaraient. Pourquoi avait-il rougit ? Et surtout, pourquoi elle aussi ? C'était incompréhensible. Peut-être que l'amour était tabou chez les humains et qu'il valait mieux ne pas plaisanter sur le sujet... Mais dans ce cas là, pourquoi avait-elle aussi ressenti une certaine gêne ? 

— Ça te dirait de venir regarder un film avec moi, lui demanda brusquement Ethan en surgissant soudainement dans l'encadrement de la porte ce qui la tira instantanément de ses réflexions. Comment avait-elle pu ne pas l'entendre venir avec son ouïe de félin ? Décidemment, beaucoup de choses bizarres se produisaient depuis qu'elle côtoyait les humains...

— Bien sûr !

— Je vais nous préparer un bol de popcorn, annonça t-il en sortant fièrement un paquet de maïs séchés de son sac à dos qui contenait les courses qu'ils avaient faîtes dans la matinée. 

— J'approuve également cette seconde idée !

Esther fit la vaisselle de son verre puis se rendit dans la chambre en attendant Ethan et le maïs soufflé. Lorsqu'il revint un saladier à la main, elle se décala pour lui laisser de la place puis lança la lecture du film. Les deux jeunes gens eurent du mal à suivre leur visionnage avec leurs paupières qui menaçaient de se fermer à chaque instant. Ils baillaient de manière communicative toutes les deux minutes en luttant toujours plus contre la fatigue accumulée de leur journée mouvementée.

— Comment as-tu trouvé ta soirée sinon Esther, demanda le jeune homme alors que le générique de fin défilait sur l'écran.

— Éreintante mais... Fantastique, répondit-elle dans un murmure, les yeux fermés pour soulager ses prunelles en esquissant un sourire ravi, se remémorant les événements de son premier samedi terrestre.  

— Et... Tu comptes rester finalement ? 

— Je crois qu'il me reste quelques petits trucs à expérimenter avant de repartir. Après tout, ça ne fait qu'à peine deux jours que je suis ici. 

— C'est vrai... Mais tu comptes retourner là-haut ? 

La jeune divinité rouvrit les yeux, interpellée par sa question. Elle n'avait pas pensé à l'après et se contentait de faire comme la plupart du temps, profiter de l'instant présent sans se soucier du reste. Comment Ethan pouvait songer à une chose pareille aussi tôt ? Sa présence la gênait-il à ce point ?

— Je viens de réaliser que c'est stupide comme question, oublie, déclara t-il en pouffant légèrement, je dois être vraiment crevé pour demander quelque chose d'aussi idiot. 

— Vous les humains adorez tirer des plans sur la comète... 

— Faut bien parfois, on est pas immortel nous. 

— Je ne suis pas d'accord. Je suis d'avis que chaque jour doit être vécu comme si il était le dernier car ça peut-être le cas. D'ailleurs, c'est ce que je fais.

— Donc tu es en train de me dire que tu pourrais mourir si je comprends bien.

— Et bien... En terme de longévité je suis éternelle mais pas invulnérable. C'est là toute la différence entre un Dieu de la création et une une divinité mineure telle que moi. Je n'aurai peut-être pas dû te dire ça mais... Je te fais confiance. Je ne sais ni pourquoi ni comment, mais j'ai la conviction que je peux me le permettre. Je crois que vous appelez ça l'instinct. Après tout, nous sommes amis, déclara t-elle avant de laisser tomber sa tête contre l'épaule de Ethan en laissant échapper un petit soupir. 

Elle releva les yeux pour croiser le regard du jeune homme mais constata qu'il s'était endormi. Avant ou après son récit, peu l'importait. Esther se délaissa une nouvelle fois contre son bras et ferma les yeux à son tour. 

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