Chapitre 8 : Il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité

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— Je pensais pas tomber sur toi dans un endroit pareil. Je te croyais plus du genre à rester le nez plongé dans tes bouquins, surtout le week-end !
— Il y a un mal à ça, demanda Esther avec un soupçon de reproche dans la voix.
Ayant passé la plupart de son temps libre dans les bibliothèques de son domaine, elle voyait d'un très mauvais œil cette critique désinvolte de l'une de ses principales passions qu'était la lecture.

Le mystérieux ami pivota pour se retrouver face à la jeune divinité qui le considérait avec la plus grande neutralité dont elle pouvait faire preuve. Son interlocuteur était bien moins attrayant selon elle que Ethan malgré ses belles mèches rousses et son impertinence ne faisait que le rendre plus exécrable.
— Aucun mais à qui ai-je l'honneur, demanda t-il en plaisantant à moitié.
— C'est... Une amie, s'empressa de justifier Ethan en se plaçant à côté d'elle.
À la mention du mot "amie", Esther lui glissa un regard étonné en coin qu'il prit bien soin d'esquiver.
— Tu as des amis qui fréquentent encore le collège ?
— Longue histoire...
— Ça ne fait pas une si grande différence d'âge que ça, ajouta Esther avec une petite pensée ironique pour les quatre-vingt-trois années qui les séparaient.
— Enfin peu importe j'ai envie de te dire. Vous nous rejoignez ? On va passer le reste de l'après-midi sur la plage puis ce soir on va se faire un barbecue, leur proposa t-il en désignant le reste du groupe quelques mètres plus loin.
— Et bien...
— Je suis pour, s'empressa d'ajouter Esther, réjouie à l'idée de côtoyer d'autres humains.
— On vous rejoint dans deux minutes Markus, l'informa Ethan en passant son bras derrière sa tête, visiblement gêné par la tournure des choses

Il lui adressa un bref signe de tête avant de rejoindre le reste de sa bande de l'autre côté du ponton.
— Ça ne te dérange pas de sacrifier ton après-midi pour eux ?
— Nul besoin d'être aussi dramatique... Je me ferais un plaisir de rencontrer tes amis !
— Comme tu veux dans ce cas.
Esther poussa un petit soupir de mécontentement. Depuis le début, même si Ethan lui donnait toujours gain de cause, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression de n'être rien d'autre qu'un boulet à ses yeux. Il se pliait à chacune de ses lubies aussi minimes soient-elles sans jamais la contredire.

— Tu sais, si tu n'en as pas envie Ethan on peut ne pas y aller.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Depuis que je suis arrivée, peu importe ce que je te demande, tu réponds toujours positivement avec la même conclusion : "C'est comme tu veux."
— Et bien...
— Comme je te l'ai déjà dit, je ne veux pas m'imposer. Un programme ça se décide à deux alors...
— Tu ne me forces à rien du tout Esther ! Cependant, je suis plutôt agréablement surpris de voir que tu te préoccupes de ce que je peux penser, avoua t-il, sincère.
— Et bien, ce serait irrespectueux de bafouer les sentiments de mon hôte je suppose, lui déclara t-elle en se balançant d'un pied à l'autre.
— Dans tous les cas, tu ne me déranges en rien. Je m'amuse beaucoup, peut-être même plus que lorsque que tu n'étais pas !

Les yeux de la jeune divinité s'écarquillèrent au compliment. Elle était donc amusante ? L'emploi de ce nouvel adjectif pour la qualifier lui réchauffait le cœur. Esther ferma les yeux un court instant pour profiter de cette douce torpeur que lui offrait ce sentiment plaisir.
— Merci Ethan, susurra t-elle si bas que les mots eurent presque du mal à passer la barrière de ses lèvres.

Le jeune homme resta sans voix devant le doux sourire reconnaissant éclair qu'elle lui adressa avant de se retourner pour rejoindre le petit groupe de lycéens à l'autre bout du ponton. La jeune divinité effectua quelque pas avant de s'arrêter, constatant que Ethan ne la suivait pas.
— Et bien, tu ne viens pas, demanda t-elle en jetant un coup d'œil par dessus son épaule avec la même expression malicieuse usuelle.
— J'arrive, murmura Ethan qui se demandait si il n'avait pas rêvé le sourire si paisible et ravi qu'elle avait arboré quelques secondes auparavant tant l'instant avait été bref.

Arrivée à la hauteur de la bande d'amis, Esther tenta tant bien que mal de rendre son expression plus assurée pour dissimuler l'angoisse que lui procurait ces futures rencontres. En scrutant ses doigts s'entrelacer nerveusement dans son dos, malgré sa façade indubitable, Ethan pouvait percevoir sa tension mais ne comptant pas l'infantiliser comme elle lui l'avait demandé auparavant, il décida de la laisser se jeter seule dans la fosse aux lions.

— Bonsoir, lança Esther à la volée accompagnant ses propos de l'expression la plus chaleureuse qu'elle pouvait aborder, j'ai cru comprendre que vous fréquentiez le même établissement que mon... Ami. Enchantée.
À sa grande surprise, ce n'est pas vers elle que les regards curieux se tournèrent. Chacun scrutait le jeune homme à ses côtés avec de grands yeux ronds, sidérés. Gêné par ce brusque intérêt soudain pour sa personne, il se gratta nerveusement la nuque, comme il l'avait déjà fait auparavant.
— Il y a un problème avec mon compère, demanda Esther, qui nageait dans l'incompréhension la plus totale. Un jour on l'épit et l'autre on l'ignore. Comment savoir sur quel pied danser ?
— Et bien, nous ne connaissions pas Ethan si sociable à vrai dire, l'informa Markus en jetant un bref coup d'œil à l'intéressé qui leva les yeux au ciel dans un soupir exacerbé.
— Comment êtes-vous devenus amis, demanda l'une des trois jeunes filles qui lui faisait face.
— Longue histoire, déclara le duo dans une parfaite synchronisation.
— Il semblerait que nos deux comparses veuillent conserver une part de mystère donc laissons les avec leurs petits secrets et jetons nous à l'eau, déclara le lycéen impertinent en leur adressant à chacun une œillade appuyée dont seulement Ethan perçu les lourds sous-entendus alors que Esther fronçait juste les sourcils, légèrement confuse.

— Nous n'avons pas de quoi nous jeter à l'eau malheureusement, l'informa le jeune homme en croisant ses bras contre son torse.
— C'est ton jour de chance, l'un de nos précieux camarades s'est désisté au dernier moment et j'avais ramené un maillot pour lui, intervint le deuxième garçon du groupe en lui jetant un short de bain au visage que Ethan rattrapa au vol.
— Et pour Esther, demanda le jeune homme en faisant volte face vers les trois filles qui composaient le groupe se doutant qu'elle ne pourrait pas user de sa magie devant ses amis.
— Nous aurions bien aimé lui en prêter un mais...
— Elle est d'un bien trop petit gabarit, compléta une autre en s'excusant du regard.
— Pas de problème ! Je n'avais pas vraiment envie de me baigner de toute manière, les rassura la jeune divinité.
— Tu pourras rester avec nous sur la plage, la convia l'un des garçons en désignant un rassemblement de serviettes étalées sur le sable un peu plus loin.
— Ça me va, à plus tard Ethan, le salua-t-elle une dernière fois avant de rejoindre le reste du groupe qui commençait à rejoindre leur campement de fortune.

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