Chapitre 7 : Même le diable fut un ange au commencement

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— Dieu mais quel délice, s'extasia t-elle, couinant de plaisir lorsqu'elle aspira une nouvelle gorgée de sa boisson caramélisée.
Ethan ne pouvait s'empêcher de sourire devant tout ce panel d'émotions. Elles étaient d'une fraicheur prodigieuse. Alors qu'il reportait son attention sur son verre, Esther continuait de le fixer intensément tout en comparant son visage aux autres clients du glacier. Ses cheveux noirs bouclaient de manière désordonnée et dans la même teinte, des sourcils droits prononcés légèrement broussailleux venaient sublimer selon elle ses iris noisettes à l'éclat ambré. Ses joues et son nez légèrement retroussé étaient recouverts de tâches de rousseur plutôt apparentes. Il avait quelques impuretés d'adolescent ici et là mais globalement, elle le trouvait plus qu'agréable à regarder.

— Tu es vraiment beau Ethan, affirma t-elle après avoir détaillé tous les traits de son visage avant de recentrer son regard sur sa boisson.
Le jeune homme s'étouffa presque avec son milkshake à la mention du compliment.
— Quoi ?
— Si je te compare aux autres humains que j'ai pu voir et à mes critères je dirai que tu es beau.
Il la considéra avec de grands yeux ronds. Comment pouvait-elle déballer une telle chose sans ressentir la moindre once de gêne ? Il tritura sa paille avec ses doigts tout en fuyant son regard, ne sachant pas comment répondre à cet éloge inattendu.
— Tu rougis Ethan, lui fit-elle remarquer, se délectant de son malaise qu'elle trouvait risible.
— Comment voudrais-tu que je réagisse autrement, lui signala t-il en riant nerveusement.
— Et bien, comme tu m'avais affirmé que vous étiez des créatures superficiels, je pensais que les compliments sur l'apparence étaient le bienvenu.
— On n'est jamais aussi... Direct.
— Personne ne te l'a jamais dit ?
Le jeune homme s'empourprait de plus en plus et se dissimulait inconsciemment derrière ses mèches noires sous le regard amusé d'Esther.

— Ton honnêteté est précieuse, vraiment, mais il faudrait à l'avenir que tu apprennes à être un peu moins crue avec les autres humains.
— Donc tu admets toi même que tu es beau ?
— Arrêtons ce débat là s'il te plait, la pria t-il, s'avouant vaincu à ce combat silencieux.
— Comme tu veux. Il est quinze heures trente si ce qu'indique cette grande horloge est vrai. Qu'est ce qu'on fait maintenant que nos verres sont vides ?
— Et bien, étant donné que tu n'as pas vu grand chose de notre monde pour le moment, j'aimerais te faire visiter quelques endroits que tu pourrais potentiellement apprécier, proposa t-il en se levant de son siège.
— Je suis pour, s'enthousiasma t-elle en sautant de sa chaise.
— Cela te dérangerait de reprendre le bus ?
— Si ce n'est pas trop loin, je préfèrerais y aller à pied. Je t'avouerais ne pas avoir envi de sentir une nouvelle fois toutes ces odeurs pestilentiels de sueur, affirma t-elle en fronçant les sourcils de dégoût à cette idée.
— Comme tu veux !
— J'ai une meilleure idée pour ce qui est du moyen de locomotion, lui intima t-elle, mais il nous faudrait un endroit à l'abri des regards pour ça.

La jeune divinité lui empoigna le poignet tout en s'activant pour les faire sortir du centre commercial. Une fois à l'extérieur, elle l'emmena sur un terrain vague, quelques avenues plus loin du grand bâtiment vitré, où les passants se faisaient plus rares.
Après s'être assurée que personne n'allait assister à sa métamorphose, elle le défit de son emprise.
— Bon. Tu devrais fermer les yeux pour un meilleur effet de surprise.
Ethan se retourna avant de lui faire signe qu'il était prêt en levant son pouce en l'air.

Esther prit une grande inspiration avant de fermer les yeux pour bien visualiser l'apparence de ses ailes sous sa forme d'oiseau. Peut-être pourrait-elle les intégrer à sa forme humaine ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir.
Une lumière jaillit de son dos et des élytres composées de plumes blanches se déployèrent jusqu'à faire presque deux fois sa taille. Elles étaient immenses, pourtant, ne pesaient presque rien.
— Tu peux te retourner.

Ethan pivota lentement sur lui même pour lui faire face. Ce n'était que maintenant qu'il réalisait vraiment le caractère divin de la jeune fille. Peut-être était-ce à cause de ses allures d'ange ? La bouche béante, il ne pouvait décrocher ses yeux de ses deux grandes ailes blanches immaculées qui réfléchissaient presque la lumière du soleil.
— Il est temps de s'envoler maintenant.
— Quoi ?
— J'ai pas fait tous ces efforts pour y aller en bus, lui fit-elle remarquer en éclatant d'un rire clair.
— C'est pas un peu dangereux ?
— Pas si tu ne me lâches pas. Il ne sert à rien de s'inquiéter, tout se passera bien.

Elle s'avança vers lui déterminée puis l'enlaça avant de lever la tête vers lui tout en posant son menton contre torse pour le regarder dans les yeux.
— Tu te tiens bien.
— Oui oui, assura t-il, la voix presque tremblante en la soulevant du sol pour bien se tenir à sa taille.
— Alors c'est parti.

Dans un grand battement d'ailes presque insonore, ils quittèrent le sol d'une dizaine de mètres. Au fur et à mesure, Ethan voyait les pavillons rapetissirent de plus en plus et quelques secondes plus tard, ils étaient déjà à la même hauteur de vol que la plupart des oiseaux de la région.
— Si tu as peur, ne regarde pas en bas.
— Ça va, ça va, s'empressa t-il de dire en resserrant l'emprise de son étreinte.
— Respire un bon coup et ensuite indique moi où il faudrait que je me rende.

Sous ses conseils, il inspira profondément avant de rouvrir les yeux pour lui indiquer un lac en contrebas. Se doutant qu'il ne devait pas trouver le voyage très agréable, elle s'empressa de fondre en piqué vers celui-ci et de ralentir brusquement pour atterrir en douceur sur un ponton auquel était amarré une dizaine de barques. De par sa plus grande taille, c'est Ethan qui posa pied à terre en premier, cependant, il continua de serrer Esther contre son torse alors même qu'elle l'avait lâché, que ses bras pendaient désormais le long de son corps et que ses ailes avaient disparu dans un nuage de poussière d'or.

— Ethan, c'est bon maintenant, lui indiqua t-elle la voix étouffée par son étreinte.
Il rouvrit prudemment un œil puis l'autre après s'être assuré qu'il était bien au sol puis reposa Esther dans un soupir de soulagement.
— Tu t'y habitueras, le rassura t-elle en défroissant ses vêtements.
— C'était génial, s'exclama t-il finalement après un petit silence, j'avais l'impression de faire des montagnes russes avec dix fois plus de sensations fortes !
— Je croyais que tu avais peur !
— Mais c'est ça qui est grisant, affirma t-il avec un grand sourire, à la fois ravi et terrorisé.

Esther observait son torse se soulever sous sa respiration emballée et ses prunelles ambrées qui semblaient rayonnées deux fois plus qu'auparavant avec un sourire enchanté que Ethan lui rendit.

— Mais qui voilà, s'exclama une voix masculine au loin.
Le duo se retourna vers ce mystérieux interlocuteur qui se trouvait à l'autre bout du ponton. Après s'être rapprocher à grandes foulées, arrivé à leur hauteur, il asséna une tape amicale sur l'épaule de Ethan sous le regard intrigué de la jeune divinité qui se demandait qui était cet inconnu à qui le jeune homme avait glissé un regard amiteux.

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