Chapitre 5 : Le moi se compose d'une âme, d'un corps et d'un vêtement

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Le lendemain matin, lorsque Ethan se réveilla, il ne trouva personne d'autre dans son lit si ce n'est lui. Il sourit en repensant à l'absurdité du rêve qu'il venait de faire. Rempli d'énergie, il se leva d'un bond pour se diriger vers la cuisine. Qu'elle ne fut pas sa surprise de découvrir Esther derrière les plaques de cuisson en train de faire revenir quelque chose dans une poêle.

— Bonjour, le salua t-elle avec entrain.
— Bonjour, articula Ethan la bouche légèrement béante, commençant lentement à réaliser que ce qui se passait depuis hier soir était bien réel.
— Je me suis permise de cuisiner pour te remercier. J'ai regardé quelques vidéos hier soir sur ta télé pour voir quelle genre de recette serait à ma portée et s'adapterait à ce qu'il y avait dans ton frigo.
— Ça fait combien de temps que tu es levée ?
— Environ une heure mais là n'est pas la question ! Goûte moi ça.

Esther sépara une omelette dans deux assiettes et les accompagna avec de tranche de lard, le tout sous l'expression dubitative du jeune homme.
— Bon appétit !
Toujours perplexe, il saisit lentement sa fourchette sous le regard pesant de la jeune fille qui attendait patiemment son verdict.
— C'est comment, demanda t-elle alors qu'il venait à peine d'enfourner un morceau dans sa bouche.
— C'est bon.

Son visage s'éclaircit immédiatement, elle s'empressa à son tour de consommer son déjeuner sous le regard finalement amusé du jeune homme. Il ne pouvait s'empêcher de trouver ses expressions fascinantes tant elles étaient variées. Ses deux grandes oreilles blanches qui se balançaient sans cesse ne faisaient qu'enrichir sa palette d'émotions. Plus il la regardait, moins il était imaginable à ses yeux qu'elle puisse avoir une centaine d'années.
Esther se précipitait sur chaque chose comme une enfant et son regard s'illuminait quand l'inconnu se présentait à elle. La seule chose qui la vieillissait demeurait ses yeux en amande avec ses deux pupilles noires perçantes qui sondaient ce qu'elles voyaient avec le plus grand des sérieux.

— Je suis désolé au fait pour cette nuit... Je n'avais pas trop envie de dormir sur le sol, j'espère que je n'ai pas gêné Sa Majesté.
— Absolument pas ! Je ne suis chez toi qu'en tant qu'invitée, je n'ai pas à te renvoyer de ton propre lit. Et s'il te plaît, ne m'appelle plus jamais comme ça, répliqua t-elle la bouche pleine.
— Comme il vous plaira.

Elle lui lança un pseudo regard noir avant de reporter son attention sur son repas.
— Sinon, quel est le programme pour aujourd'hui ?
— Et bien, j'ai pris de l'avance dans mon travail et nous sommes samedi donc on peut aller faire un tour en ville si ça te dit. De plus, je pense qu'il faudrait que tu t'achètes des fournitures si tu veux loger ici quelques temps.
— C'est vrai.
— Mais au fait, tu ne peux pas en faire apparaître par magie ?
— Je ne suis une déesse de la création donc pour moi, créer de la matière est impossible. Je suis messager divin donc je peux seulement faire en sorte qu'elle se mouve selon ma volonté.
— Pour synthétiser, tu peux déplacer ou téléporter des objets par télékinésie ?
— Tant que j'ai un contact visuel avec le dit objet, oui.
— Je sens qu'on va s'amuser, l'assura t-il en frottant ses mains d'impatience.
— Moi aussi, affirma t-elle en lui adressant un regard de connivence par dessus son verre de thé glacé.
— Avant de faire quoi que ce soit, il faudrait que tu dissimules tout ça, la prévint t-il en recentrant son regard sur son assiette.
— Bien sûr...

En un clignement d'yeux, ses deux grandes oreilles blanches et ses queues disparurent dans l'instant tandis que son petit ruban rouge reprenait sa place initiale autour de son cou. Son regard s'assombrit légèrement ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Ethan.
— Quelque chose ne va pas ? Je t'assure que c'est délicieux ce que tu as préparé !
Elle eut un petit rire sans joie avant de détourner le regard.
— Non c'est juste... Est-ce que je ne suis pas bizarre ? J'ai pu expérimenter le regard des autres hier, c'était franchement pesant et... Pas très agréable.
— Et bien... Tu te démarques ça c'est sûr.
— Je m'en doutais...
— Je n'ai jamais dit que c'était une mauvaise chose ! Au contraire, cela prouve juste que tu es unique. Tu n'as pas besoin de changer pour plaire aux autres alors ne te préoccupe pas de ceux qui te jugent de manière médisante. Libre à toi d'avoir les cheveux blancs et les yeux rouges.
— Jamais je n'aurai changé pour plaire à qui que ce soit ! C'est juste... Est-ce que les humains sont tous autant dans le jugement de la personne ?
— Malheureusement, oui. Je ne vais pas te mentir, nous sommes plutôt superficiels.
— Vous avez récupéré quelques défauts de vos créateurs, je ne peux pas vous en vouloir, déclara t-elle dans un soupir mélancolique en levant les yeux au ciel.

Le reste du petit déjeuner se déroula dans le plus grand des silences jusqu'à que Esther se décide à chasser cet air si morose de son visage.
— Alors, quand partons nous, demanda t-elle avec une impatience non dissimulée.
— Laisse moi juste le temps de me brosser les dents et de m'habiller.
La jeune fille baissa les yeux sur ses propres vêtements qui n'avaient pas changé depuis la veille.
— Mais au fait, comment as-tu créé ces vêtements si tu ne peux pas fabriquer de la matière ?
— Et bien disons qu'ils font partie intégrante de mon enveloppe charnelle. J'aimerais les changer un peu d'ailleurs.
— Tu peux faire des recherches sur mon téléphone pour trouver l'inspiration pendant que je me prépare, il est sur ma table de chevet dans la chambre.
Elle remercia d'un regard avant de courir se le procurer. Après avoir fait défilé quelques exemples sur le petit écran, la jeune divinité opta pour une blouse blanche en mousseline aux manches bouffantes resserrées aux manchettes, un short en cuir noir qui soulignait sa taille étroite et une paire de sandales à talons de la même couleur.

Satisfaite, elle retourna dans la cuisine ou l'attendait Ethan.
— Alors ? Magnifique n'est-ce pas, demanda t-elle en bombant fièrement le torse.
— Heureusement que je n'ai pas eu à sortir le porte-monnaie pour t'acheter des vêtements car avec mon budget tu n'aurais rien eu de tout ça ! Ça te sied à merveille.
— Que c'est agréable de recevoir des flatteries...
— Tu es une déesse ! Tu dois en recevoir tous les jours.
— Divinité mineure, rectifia t-elle en esquissant un sourire contrit, on ne m'accorde pas ce genre de reconnaissance. Tout ce que je récolte ce sont des remarques cinglantes ou hypocrites. Enfin, tu n'es pas mal non plus.

Ethan avait revêtit une chemise en popeline de coton blanche, un pantacourt noir et une paire de chaussures oxford vintage.
— Devrais-je me sentir privilégier de recevoir des compliments de la part d'une divinité, aussi mineure soit-elle, demanda t-il une pointe d'ironie dans la voix.
— Je me rappelle pourtant avoir déjà complimenter ta cuisine, ne suis-je pas la personne la plus charmante que tu ais jamais rencontré, répondit t-elle en papillonnant des yeux, esquissant son grand sourire malicieux signature.
— La plus modeste assurément...
— Mais au fait, si tu as des soucis financiers, comment as-tu fais pour t'acheter tout ça ? La qualité ne pas l'air médiocre le moins du monde.
— Et bien je vais faire quelques brocantes le dimanche pour dénicher des merveilles à prix réduits, déclara t-il les yeux brillants, visiblement passionné.
— Qu'est ce que c'est ?
— Voilà autre chose de fantastique qu'il faudra que je te fasse découvrir... En attendant, on devrait y aller, nous avons déjà perdu assez de temps comme ça.

Le jeune homme empoigna son sac à dos avant d'ouvrir la porte à Esther à la manière d'un majordome. Elle leva les yeux au ciel devant cet acte de galanterie avant de lui emboiter le pas sur le perron.

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