Chapitre 43 : La Pierre de Vie

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 Je m’éveillai dans les bras de Kaya. Elle ouvrit lentement les yeux. Un lien fraternel nous unissait. Sa bienveillance et son côté protecteur me rassuraient. J’avais l’impression d’être sa petite sœur, et j’adorais cela. Nous nous lavâmes dans sa salle-de-bain, puis rejoignîmes la grotte principale.

 Pendant le petit-déjeuner, Avorian m’informa que nous allions récupérer la Pierre de Vie aujourd’hui même pour repartir dès le lendemain.

 Shirin me proposa de cuisiner ensemble. J’acceptai avec joie. Elle m’emmena dans les cuisines de la cité souterraine. Un autre petit soleil artificiel irradiait cette cavité de roches sédimentaires. Son équipement, assez sommaire, se composait d’un grand plan de travail, des étagères chargées de pots en terres, un creuset rempli d’eau, et de plusieurs fours.

 Shirin noua sa chevelure soyeuse en une longue tresse. Je pris exemple sur elle : hors de question de cuisiner avec mes cheveux détachés ! Je commençai à les rassembler en une queue de cheval, mais la douce Komac vint derrière moi en souriant, attrapa mes mèches pour en faire une jolie natte. Ce geste me toucha, au point de m’émouvoir. J’avais le sentiment d’être chez moi, à ma juste place. À l’instar de Kaya, elle prenait merveilleusement soin de moi.

 Nous nous lavâmes les mains dans le creuset en vue de préparer son fameux pain, « le meilleur du village ». Shirin eut la bonne idée d’en faire plusieurs pour notre voyage à travers Gothémia.

 « Je ne te laisserai sûrement pas mourir de faim ! » assura-t-elle, en véritable mère.

 Je la regardais avec tendresse, imitant ses gestes pour mélanger la farine avec l’eau, le sel, une huile végétale, et du levain. Les ingrédients provenaient des céréales et plantations cultivées à l’oasis. Je savais déjà préparer et pétrir une pâte à pain, grâce à Sijia. Pendant mon pétrissage, je réalisai justement que j’avais tout compte fait trois mères : ma mère biologique que je ne connaissais pas, Shirin, qui m’avait allaitée, et Sijia, ma mère adoptive Terrienne.

Finalement, je suis sacrément chanceuse !

 Shirin m’observait en souriant, toute fière de m’enseigner son savoir-faire. Nous allions cuire nos pains dans un four en argile et en sable – sans porte, ni vitre. Il suffisait d’allumer un feu, le laisser prendre et l’entretenir, puis de retirer une partie des braises, d’en laisser seulement quelques-unes pendant la cuisson de la pâte. Les Komacs utilisaient des brindilles ainsi que de la bouse d’embanore séchée comme combustibles. Les excréments ne sentaient rien. J’en pris même une galette complètement sèche dans mes mains, et constatai avec soulagement qu’aucune odeur nauséabonde ne s’en dégageait. De plus, ils s’enflammaient rapidement. Je trouvai ce procédé écologique et très astucieux.

 Nous parlions peu, tout se passait dans le non-verbal. Nous communiquions par nos regards, nos gestes, l’expression de nos visages. Je savais que Shirin me comprenait, par empathie. Je me sentais intrinsèquement liée à elle.

 Kaya, Avorian et les jumeaux vinrent nous rejoindre pour la dégustation. La croûte craquait agréablement sous la dent, et, mon dieu, cette mie, si moelleuse ! Un réel plaisir pour le palais !

 La réputation de Shirin était fondée : son pain, d’une saveur exceptionnelle, se révélait de loin le meilleur que j’avais jamais goûté.

 Nos ventres bien remplis, Kaya et moi rejoignîmes sa chambre. Elle m’ouvrit le rideau pourpre, me laissant entrer.

– Où vous rendez-vous, toi et Avorian ? demanda-t-elle en s’installant sur une couverture. Directement au Royaume de Cristal pour y amener la Pierre ?

Je m’assis à côté d’elle.

– Oui, le Sage Orion souhaite nous rencontrer.

– Sais-tu qu’il vient de notre tribu ? Orion est le frère de mon père. C’est d’ailleurs la première fois que l’âme du Sage se réincarne chez les Komacs. Qu’un membre de notre ethnie, perdue au beau milieu de Gothémia, règne maintenant au Royaume de Cristal, cela nous paraît encore aujourd’hui quelque chose d’irréel.

– Ça alors ! Le Sage Orion est ton oncle ! Quelle coïncidence ! Nous étions décidément destinées à nous rencontrer.

– Plus que tu ne l’imagines ! Orion demande à ce que tous les Gardiens d’Orfianne viennent à lui pour un grand rassemblement. Nos peuples doivent s’unir pour contrer les nouvelles menaces.

– Les êtres sombres créés par les Terriens ?

Kaya acquiesça d’un signe de tête.

– Tu vas donc nous rejoindre au Royaume ?

– Oui, avec quelques autres membres de la tribu, dont mon père, bien-sûr. Nous utiliserons le pouvoir de notre Pierre pour nous téléporter. Traverser Orfianne est devenu bien trop dangereux. Je me demande pourquoi Avorian t’oblige à subir cette interminable route, si périlleuse, jusqu’au Royaume !

– Apparemment pour que je m’accoutume aux énergies de votre planète. Et parce que, d’après lui, le Royaume est protégé d’une puissante magie qui empêche d’utiliser un transgèneur.

– Mmmh… ce n’est pas tout à fait vrai. Le Royaume s’ouvre si l’on demande la permission aux Sages et à leurs gardiens, les Limosiens.

– Les Limosiens, les créatures ailées ? vérifiai-je, songeant à Swèèn, le lion ailé argenté qui m’avait sauvée dans l’étrange église aux statues.

– Oui ! Exactement ! En aurais-tu rencontré un ? C’est si rare !

Je hochai la tête dans l’affirmative.

– Les Noyrociens vivent à l’autre bout d’Orfianne, ils viendront à bord de leurs merveilleux vaisseaux, reprit Kaya. Mais les Moroshiwas et les Ewaliens viendront sans doute comme nous par téléportation, ou peut-être à dos d’animaux ? Les Ênkelis vivent au Nord, proche du Royaume de Cristal. Quant aux Métharciens, ils ne sont pas conviés. Ils ne possèdent pas de Pierre de Vie, ni de Gardien, car ces créatures viennent d’une autre planète. Ces derniers sont venus sur Orfianne bien après la création des Pierres.

 Avorian m’avait décrit tous ces peuples, les Noyrociens avec leurs antennes dorées, la peau verte ; les Moroshiwas, humanoïdes ressemblants à des plantes, avec leur pouvoir d’invisibilité ; j’avais aperçu une Ewalienne dans l’océan proche de la grotte ; et enfin, les Ênkelis, nation dont Sèvenoir faisait probablement partie.

– Sacré Avorian, c’est bien le roi de la dissimulation ! Il ne me dit vraiment que ce qui l’arrange ! Il m’a pourtant précisé que le transgèneur ne s’emploie qu’en cas d’extrême urgence.

– Oui, et il a raison sur ce point. Et puis, changer de planète ne se fait pas comme ça, Nêryah. En plus, voyager par transgèneur peut se révéler extrêmement dangereux. Mais le temps presse. Si nous ne faisons rien, notre monde sera détruit !

– C’est vrai. Je comprends mieux. Tu as parlé de tous les peuples, mais les fées, elles n’ont pas de Pierre de Vie, ni de Gardien ?

– Les fées n’ont pas besoin de Pierre magique. Ces enchanteresses sont les Gardiennes des mondes. C’est-à-dire qu’elles ont la capacité de passer d’un monde à l’autre. Leur pouvoir n’a rien de comparable. Elles appartiennent au règne de l’air et vivent très longtemps. Elles seront présentes lors du grand rassemblement, puisque leur fonction première est de protéger et d’embellir les planètes.

– De ce que j’ai compris lorsque j’étais dans leur village, ces magiciennes passent leur vie à aider tout le monde ! La nature, les êtres vivants… Je remarque que le Sage porte le nom d’une constellation vue de la Terre, comme si l’on pouvait observer les mêmes étoiles sur les deux planètes. Comment est-ce possible ?

– Mon père m’a raconté qu’il y a bien longtemps, les Orfiannais ont instruit les humains, les initiant à la science des étoiles. C’était à l’époque où l’on pouvait encore communiquer avec eux. Cela se faisait souvent par le biais des rêves. Ils leur ont donné les noms des constellations.

 « Les deux planètes se situent au même endroit dans l’Univers, seulement, elles sont sur des plans vibratoires distincts », m’avait expliqué Avorian. Voilà pourquoi nous avions les mêmes cieux – hormis les satellites respectifs des deux planètes. On pouvait parler de « mondes parallèles ». Cela pouvait également justifier les voyages entre la Terre et Orfianne par transgèneur. Ce dernier permettait d’atteindre un autre plan, et non de parcourir des milliards de kilomètres. En y réfléchissant, cela expliquait aussi pourquoi les mauvaises pensées des humains se manifestaient en monstres sur Orfianne : les deux mondes coexistaient en interférant l’un avec l’autre.

– Nêryah, j’aimerais que tu me racontes ta vie sur la Terre, c’est tellement extraordinaire pour nous qu’une Orfiannaise ait pu survivre sur une autre planète ; et en même temps, je sais que cette demande pourrait te blesser.

 Je posai une main sur son épaule, en un geste amical. Je lui racontai mon enfance sur Terre, puis lui décrivit brièvement le mode de vie des humains. J’évoquai enfin le fait que je représentais une sorte de passerelle entre la Terre et Orfianne.

Mon interlocutrice semblait autant fascinée par mon récit que ravie de rencontrer une légende vivante.

– Kaya, puisque nous sommes dans la confidence, j’aimerais que l’on parle de ce qui s’est passé avec Ishaam, hier. Je me sens vraiment gênée. Il a raison, quelque part. Avorian et moi te mettons en danger.

– Écoute, je te prie de le pardonner une nouvelle fois. Ishaam s’est montré virulent ; sa peine a parlé pour lui. Nos parents ont combattu ensemble pour tenter de sauver les Guéliades. Seul mon père a survécu. Ma mère avait insisté pour venir en aide à votre peuple, avec notre Pierre de Vie. Elle en était la Gardienne. Mais lorsqu’elle est morte, mon père a dû rentrer au village. Je n’ai presque pas de souvenirs d’elle, j’étais bien trop petite. Mais les garçons étaient plus âgés que moi. Perdre leurs parents a été terrible pour eux.

Nous nous regardâmes un instant, silencieuses, puis elle ajouta :

– La Pierre m’a immédiatement choisie. Peut-être parce que ma mère vit encore à travers moi…

Je pris les mains de ma sœur de cœur dans les miennes, touchant doucement ses doigts, puis l’enlaçai, lui apportant toute ma chaleur.

– Je suis désolée. Je commets sans doute beaucoup de maladresses, en raison de mon ignorance. Je sais seulement que mon peuple a été exterminé par les Modracks, et qu’on m’a retrouvée alors que j’étais encore dans le ventre de ma mère. Elle était malheureusement déjà décédée.

Kaya planta son splendide regard acajou dans le mien.

– Je vais te raconter ce que je sais. Les Modracks sont des monstres issus des pensées des Terriens. Ils ont envahi les terres des Guéliades, jugeant votre peuple comme une menace pour eux. D’autres royaumes furent touchés, mais pas à ce point.

– À cause de nos pouvoirs ?

– Vous êtes la race la plus puissante d’Orfianne. C’est indéniable. Les Komacs vous sont venus en aide. Très peu en sont ressortis vivants. Avorian s’est réfugié dans notre village, nous confiant votre Pierre de Vie. Arianna, la grande reine des fées, était avec lui, gravement blessée. Mon père m’a demandé de la guérir. J’avais seulement trois cycles, mais en tant que nouvelle Gardienne, je pouvais le faire. Je l’ai sauvée en ouvrant notre Pierre de Vie. Cette expérience m’a marquée, je n’oublierai jamais ce moment. Grâce à cette connexion si spéciale avec la Pierre, je sens que, même absente, ma mère m’insuffle encore aujourd’hui son savoir.

 Je me sentais profondément émue. Malgré tout ce qu’elle avait enduré, Kaya gardait une vision belle et spirituelle de la vie. Elle conservait aussi un lien sacré avec sa mère, au-delà de la mort.

 Je réalisais pour la première fois combien cette tragédie était récente, finalement proche dans le temps : je supposais que cela s’était produit peu après ma naissance. Voilà pourquoi évoquer cette période était si douloureux pour Avorian. Il devait ressentir une énorme culpabilité.

Le fait d’être le seul rescapé d’un drame pèse lourd sur les épaules, cela peut être très mal vécu, au point de préférer rejoindre les siens, dans l’au-delà...

 Je repensai à mes parents sur Terre. Je me sentais coupable de les avoir abandonnés, sans explication. Je n’avais pas eu le choix. Tout comme moi, Avorian supportait le poids de son passé, de sa souffrance, et ce, à chaque instant. Je ne l’avais jamais pleinement pris en compte.

– J’imagine que c’est aussi pour cette raison que tes proches ont du mal à te voir quitter le village.

– Certainement, mais pas seulement. Puisque ma mère est morte, je suis la seule à pouvoir utiliser la Pierre de Vie, et donc la seule capable de protéger mon peuple en cas de danger. Nous ne disposons pas de facultés magiques comme vous, les Guéliades. Lorsque je partirai pour le Royaume, je serai obligée de laisser le rocher ouvert sur nos tunnels, exposant mon peuple aux Glemsics. Seule une Gardienne peut l’ouvrir ou le refermer.

Je la regardai un instant, alarmée. Ishaam avait raison ! Elle devait rester ici, c’était bien trop risqué !

– Nos guerriers sont entraînés, j’ai confiance en eux, me rassura-t-elle. Et lors de mon départ, je prendrai toutes les mesures nécessaires pour que mon peuple soit en sécurité.

Le grand moment arriva. Dehors, le soleil allait bientôt atteindre son zénith.

Avorian vint me chercher. Notre Pierre de Vie allait nous être restituée, après tant de « cycles ». Merwên et sa fille nous guidèrent jusqu’au petit temple. Je respirais cette agréable odeur d’encens, admirative face à la beauté de la statue aux voiles rouges. L’alcôve avait pour unique source de lumière les rayons écarlates de la Pierre de Vie des Komacs. Merwên s’approcha de la statue et souleva un pan de voile au niveau de la poitrine. Ce geste m’interloqua. Il appuya au niveau du cœur de la réplique, et soudain, un morceau de pierre se détacha de l’ensemble, laissant apparaître une lueur argentée. Merwên attrapa quelque chose dans cet interstice. Devant nos yeux ébahis, il sortit un joyau opaque et brillant, de la forme d’un losange et de la taille d’une petite boule de cristal. Il ressemblait à une hématite grise.

– Avorian, Nêryah, voici la Pierre de Vie des Guéliades. Nous, les Komacs, l’avons gardée en sûreté, dans l’espoir de votre venue et de la renaissance de votre noble communauté.

– Merci, Merwên. Prends-la, me somma Avorian.

Le chef du village me tendit la Pierre. Je la pris précautionneusement dans mes mains, aussi bouleversée qu’intimidée. Soudain, un rayon argenté jaillit du joyau, tournoya autour de mon corps puis vint se loger au niveau de mon nombril, traversant ma chair. Mes mains se crispèrent autour de lui ; je ne voulais surtout pas le laisser tomber. Il émit une lumière vive à leur contact.

– La Pierre réagit à son porteur…, souffla Kaya.

– C’est… extraordinaire ! s’exclama Merwên. Elle a donc la capacité de s’adapter quand un Gardien meurt prématurément, comme nous le pensions !

– Nêryah. Tu tiens entre tes mains le dernier vestige de notre communauté, notre seul et unique héritage, me dit solennellement Avorian. Et comme nous l’espérions tous, notre joyau t’a choisie comme Gardienne.

– Nous l’avions pressenti, déjà avec Kaya… Le pouvoir s’est transmis de mère à fille, confirma Avorian. Rappelle-toi Merwên, la Pierre réagissait déjà à Nêryah lorsqu’elle était bébé… Elle était destinée à être Gardienne.

Quelques larmes perlaient au coin de ses yeux.

– Les Pierres de Vie semblent prédire l’avenir…, réalisa Merwên.

– Oui, j’en suis persuadée, approuva Avorian.

– Nêryah ! Ton nombril ! Il scintille ! s’écria Kaya.

Je baissai la tête et constatai que ma petite spirale brillait, se colorant peu à peu en doré. Mon corps se transformait juste sous mes yeux, et curieusement, je me sentais bien.

– C’est incroyable ! commentai-je, les yeux rivés sur mon ventre.

– La Pierre a parachevé ton lien avec Orfianne, proféra Avorian.

J’étais désormais une véritable Orfiannaise. Gardienne de la Pierre de Vie des Guéliades. Représentante d’un peuple décimé. Je n’avais plus de royaume à protéger, mais ce pouvoir faisait de moi quelqu’un d’extrêmement précieux… Au point de devoir me cacher sur une autre planète, pour me préserver, car Avorian savait déjà que la Pierre réagissait à mon contact. Sans Gardien, la Pierre demeurait inutile. Avorian ne la récupérait que maintenant parce que j’étais de retour sur Orfianne.

On comptait sur moi, sur mon pouvoir. Bien plus que je n’aurais pu l’imaginer. Un bien lourd fardeau sur mes épaules. Et pourtant, je me sentais à ma juste place. Comme si j’étais née pour cela, et que mon chemin de vie se révélait enfin à moi.

Avorian et moi rejoignîmes notre chambre. J’avançais prudemment, tenant fermement la Pierre des Guéliades dans mes mains, comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable. Avorian l’emmaillota dans un tissu et la déposa soigneusement dans son sac de voyage.

Kaya vint nous voir et me prit par la main, un sourire aux lèvres. Nous nous dirigeâmes vers la salle principale. J’entendais le son d’une musique entraînante.

Nous entrâmes, et, à notre grande surprise, un véritable festin nous attendait. Cette fête donnée en notre honneur ritualisait la restitution de notre Pierre de Vie. Les villageois s’étaient réunis, dansant au son des instruments de musique. Je reconnus une sorte de luth, des flûtes et des tambourins.

Musicologue en herbe, je m’enquis auprès de Kaya de quels matériaux se composaient ces instruments si joliment ornés, ouvragés, dont le bois sculpté, tout en courbes, en faisait de véritables œuvres d’art. Les cordes du luth étaient fabriquées en boyaux d’embanores. Les tambourins, avec la peau tannée de ces derniers. Dans l’oasis, le bois ne manquait pas pour construire flûtes ainsi que caisses de résonance pour instruments à cordes.

Fascinée, j’écoutais les modes[1] utilisés, j’observais leur façon de jouer, si proche de celle des terriens. Merian se trouvait parmi les musiciens, il jouait merveilleusement bien d’une petite flûte en bois foncé. Kaya fredonna une mélodie enjouée sur un texte dans leur dialecte. Elle dansait en frappant dans ses mains. Je l’imitai, Shirin me rejoignit et nous entamâmes une ronde festive, sautillant, tournoyant autour d’un cercle imaginaire.

Avorian nous regardait en souriant, le visage rayonnant. J’accompagnais la voix de Kaya avec de longues notes, pour soutenir sa mélodie et pour mettre en valeur son timbre.

Nous mangeâmes les délicieux mets composés de fruits, galettes de céréales, gâteaux, et bien-sûr, quelques pains de la douce Shirin. De nombreux Komacs vinrent me féliciter. Je rougissais à chaque fois, intimidée. Je n’avais rien fait pour mériter tant d’égards.

Après le repas, nous dansâmes l’après-midi durant, au son des airs du désert de Gothémia. Ce moment béni allégea un peu le poids sur mes épaules. Je me sentais libre, virevoltant, riant avec mes amis.

[1] En musique traditionnelle, on parle de « modes » pour exprimer l’échelle musicale et non de « gammes ».

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