Chapitre 22 : Les peuples d’Orfianne

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 Tous les peuples, aussi singuliers soient-ils, communiquaient en Orfiannais, langue que je m’étais mise à parler instinctivement. Il m’énuméra leurs noms, me décrivant leurs caractéristiques. Je venais juste de rencontrer les fameux Noyrociens.

 On les reconnaissait à leur peau vert pâle, ainsi qu’aux longues antennes dorées s’étirant sur leur tête. Ces dernières servent à absorber la lumière du soleil qui constitue leur principale source de nourriture. Cette race disposait de réserves d’énergie solaire dans leurs demeures et résidaient dans de vastes plaines, très ensoleillées, car ils souffraient des temps nuageux.

 « Les Noyrociens n’ont pas besoin d’eau pour survivre, m’apprit Avorian. Ils peuvent même rester des semaines sans manger. »

 Les Ewaliens, créatures à la peau bleu ciel et aux mains palmées, appartenaient à une race aquatique. Ils vivaient la plupart du temps sous l’eau, se transformant en ondins et sirènes. Dès qu’ils revenaient sur la terre ferme, leur longue queue de poisson disparaissait pour laisser place à deux jambes. Les Ewaliens pouvaient comprendre le langage des poissons, et même respirer sous l’eau grâce à des branchies situées de part et d’autre de leur cou, tandis que des sortes de poumons prenaient le relais à l’air libre. Avorian les estimait comme étant les plus belles créatures d’Orfianne. Admirer leur queue de poisson argentée miroiter et onduler au rythme des vagues représentait un spectacle enchanteur. Les Ewaliennes accrochaient à leur chevelure bleutée des coquillages et des perles de toutes les couleurs. Je les imaginais déjà plonger dans l’océan, en parfaite osmose avec leur élément.

 Avorian me révéla une chose étonnante : les légendes de sirènes relatées par les marins Terriens évoquaient en réalité des Ewaliennes venues sur Terre. Jadis, les Orfiannais pouvaient en effet passer d’un monde à l’autre. Il leur suffisait de modifier légèrement leur taux vibratoire, autrement dit, de s’accorder aux fréquences de la Terre. En revanche, l’inverse s’avérait impossible, même en ces temps-là : les humains n’étant pas capables d’élever leur niveau vibratoire.

 Les Moroshiwas formaient le peuple de la forêt. Avec leur teint couleur jade, ils se fondaient parfaitement parmi les végétaux. Une sorte de feuillage vert poussait à la place des cheveux. Ils pouvaient apparemment se rendre invisibles, ou peut-être les prenait-on tout simplement pour des arbres, puisqu'ils s’accoutraient de plantes et de fleurs ? Grâce à leurs yeux jaune, brillant comme de l’or, les Moroshiwas avaient la capacité de voir dans l’obscurité et possédaient de grands pouvoirs de guérison. On les disait taciturnes, sans doute parce qu’ils étaient télépathes, à l’instar des Métharciens. Discret par nature, ce peuple apportait volontiers son aide aux autres.

 On qualifiait les Ênkelis « d’imprévisibles ». Ils ressemblaient beaucoup aux Guéliades avec leurs cheveux allant du bleu à l’auburn, et leur peau semblable à celle des Terriens.

 Éparpillés dans les contrées nordiques, les Ênkelis ne possédaient plus de royaume. Ils se mêlaient rarement aux autres races, ne prenant jamais part aux conflits. Leur magie aurait certainement pu sauver une partie des Guéliades, m’apprit Avorian, le regard sombre. Malgré la gravité de la situation, les Ênkelis n’étaient pas intervenus. Leur Gardien avait disparu.

 Il me confia, l’air grave, qu’il ne restait plus rien du royaume des Guéliades. Aucun vestige. Rien à quoi se raccrocher. Notre peuple possédait jadis de somptueux palais, notre magie permettait de concevoir une architecture digne d’un conte de fée. « J’aurais tellement aimé pouvoir te montrer notre culture ! », déclara-t-il, le regard triste.

– La Gardienne des Guéliades est donc morte ?

 Le mage demeura interdit. Il inspira à fond en plongeant son regard dans l’eau, comme s’il y cherchait de l’aide.

– Oui. Elle a tenté l’impossible pour sauver notre peuple. Mais cela n’a pas suffi.

– Alors, comment moi, un nourrisson, ai-je pu survivre sur le champ de bataille ?

– Parce que tu te trouvais encore dans le ventre de ta mère, bien à l’abri… elle arrivait certainement proche de son terme, ce qui t’a permis de naître en bonne santé et de rester en vie, bien que la sienne l’ait définitivement quittée.

Ma mère biologique était donc enceinte de moi lorsque ces horribles créatures l’ont assassinée ?

 J’en ressentis un haut-le-cœur. Ces monstres avaient tué d’autres mères, leurs enfants et même… des bébés ! Je ne pouvais pas le réaliser. Et moi… j’avais survécu.

– Vous souvenez-vous d’elle ? Pourriez-vous me la décrire ?

– Hélas, non… J’étais moi-même aux portes de la mort, et surtout trop occupé à défendre ma famille.

 Sa réponse me frustra. Mais c’était peut-être mieux ainsi. Mon esprit se la représentait à l’image de la statue… belle, aux cheveux bleus, avec une robe blanche.

– Ce n’est pas moi qui t’ai sortie de son ventre. Des femmes Komacs t’ont aidée à naître avant qu’il ne soit trop tard. Arianna et Swèèn nous ont ensuite emmenés, toi et moi, dans le désert de Gothémia, mais ils étaient gravement blessés, et n’ont malheureusement pas pu téléporter le corps de ta défunte mère. Shirin, une amie très chère, t’a nourrie là-bas de son sein. Et une petite phase plus tard, nous t’avons placée sur Terre.

 J’en eus le souffle coupé.

 Swèèn… le fameux lion ailé qui m’avait sauvée dans l’église. Avorian le considérait comme un « vieil ami ». Ils avaient donc combattu ensemble, aux côtés d’Arianna.

– J’aimerais rencontrer Shirin, répondis-je énergiquement.

Cette femme incroyable m’avait sauvée de la faim.

– Je t’en fais la promesse. Nous irons la voir dans quelques temps.

 Sur ces paroles, il poursuivit son enseignement.

 Les Komacs, vivait dans les déserts. Ces nomades au cœur généreux, dépourvus de pouvoirs magiques, maîtrisaient à merveille l’art de soigner par les plantes et les cristaux. Ils pouvaient supporter les fortes chaleurs grâce à leur peau mate, d’une texture unique et naturellement pailletée. Leur communauté se terrait dans d’immenses grottes souterraines. Très hospitaliers, ils avaient rendu de nombreux services à chaque peuple, malgré leur isolement.

 Les Métharciens, quant à eux, possédaient d’étonnants pouvoirs. Ces êtres immenses, à la peau entre le gris et le bleu, communiquaient uniquement par télépathie. Trois cornes verticales, d’une quinzaine de centimètres, prolongeaient leur crâne chauve. Leur puissante magie sortait de celle du milieu. D’après Avorian, leur allure aussi intrigante qu’impressionnante dissuadait tout être des ombres de les attaquer. Ces créatures, non originaires d’Orfianne, colonisèrent la planète des centaines d’années auparavant à bord d’immenses vaisseaux spatiaux. Ils étaient considérés comme des parasites, car en plus d’envahir la planète, les Métharciens persécutaient les peuples Orfiannais.

 Avorian m’informa que tous parlaient l’Orfiannais, langue que j’avais apprise dans ma petite enfance et que je retrouvais instinctivement. Toutefois, chaque peuple possédait son propre dialecte.

 Je partis marcher dans ce beau jardin, tentant d’intégrer ces noms de peuples Orfiannais, ainsi que mon histoire.

Celle de mon passé.

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