Chapitre 5 - Départ

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Vairan fulminait, les yeux plongés dans ceux du dragon cherchant à calmer son cerveau en ébullition. Le président Caedus, surpris par la découverte du laboratoire, avait aussitôt changer son ordre de mission. L’analyse des sols géologiques étai mis de côté afin de se concentrer sur les archives scientifiques. L’équipe n’avait pas été particulièrement surprise de ce changement. Dès les premiers jours de l’expédition, chacun avait compris que le bombardement au lasernium suite l’attaque de Vega n’avait pas atteint cette région comme la destruction massive des régions du sud que Fleed avait connue. Les extraits de terres et de végétaux récupérés avaient été envoyés à la Capitale pour une analyse plus approfondie en attendant les prochaines instructions. Beata avait été assignée responsable de ce projet. Elle rassemblait en ce moment ses affaires dans la petite chambre qu’elle partageait avec Cosima. Ce changement la laissait amère. Elle aurait aimé continuer son travail auprès de Vairan. Cependant, la perspective de monter en grade était passée en priorité. On ne crachait pas sur une opportunité pareille. Emilio devenait le chef de file de la recherche informatique épaulée de Cosima qui en tant qu’analyste avait la compréhension des métadonnées. Ren gardait son poste de mécanicien et d’homme à tout faire.

Vairan avait tû au président Caedus la découverte du transporteur temporel et du dragon. Un instinct dont il ne comprenait pas l’origine lui disait qu’il ne devait pas ébruiter ces inventions qu’il devinait liées. Il avait donc donné une double mission à Emilio. La mission officielle consistait dans l’analyse des plans des monstrogoths. Officieusement, ils allaient travailler sur le développement de la machine à transporter et au fonctionnement du dragon.

Vairan fulminait car il ne pourrait pas superviser ce projet. En l’absence de Duke qui passait visiblement des jours heureux sur Terre au lieu de s’occuper de son peuple, lui, l’enfant bâtard et cousin de Duke devait aller s’enfermer au sein du CIPUPCET pour écouter pendant des jours interminables des politiciens tout aussi véreux que ceux qu’ils avaient remplacés après la guerre. Il n’avait aucune notion de diplomatie et pourtant Lukas, ce premier ministre venu d’on ne savait où, l’avait obligé à prendre ses responsabilités en tant que membre de la famille royale. jouant sur la culpabilité et le souvenir d’Aphélie.

Il pouvait au moins sortir quelque chose de positif sur la réunion virtuelle qu’il avait eu avec le roi. De manière anodine, il avait réussi à extorquer les détails de la confrontation du monstrogoth que Dantus avait envoyé sur Terre. Résultat, il était convaincu que le dragon était une amélioration de ce King Gori. Ce dernier avait été commandé au moyen d’une montre que les généraux, si talentueux mais si jaloux de Dantus - à cette pensée, Vairan ne pouvait s’empêcher de grimacer - n’avaient pas trouvé d’autre moyen que de la détruire. Cela n’expliquait pas comment Dantus avait réussi à cacher Dora-Dora sur Fleed. Etait-ce avant son départ ? Pendant ? Quel lien y avait-il entre ce laboratoire, Fleed et Dantus ?

La curiosité de Vairan était à son maximum. Si seulement il pouvait mettre la main sur le projet de King Gori ? Peut-être que… Une douleur intense éclata dans son crâne. Ses genoux tremblèrent et il glissa sur le sol, les mains enserrant ses tempes espérant vainement réduire son intensité.

— Vairan !

Il sentit plus qu’il n’entendit le claquement d’une chaise sur la pierre de la salle. Un air frais frôlant le bas de ses jambes pliées sous lui. Une main chaude se pressant sur son front glacé. Un bras se glissant derrière lui. Une force le soulevant et le soutenant.

— Je vais t’emmener dans ta chambre. Cette douleur devient de plus en plus forte. Peut-être devrais-tu t’abstenir de t’approcher du robot.

Il n’enregistrait pas les mots qui sortaient de cette voix étouffée néanmoins, il avait reconnu Cosima par son odeur et la corpulence de son corps. Elle le guida le long du couloir mais au fur et à mesure qu’ils avançaient, il se redressa et se dégagea à l’approche des salles communes.

— Je vais me reposer. Merci de m’avoir accompagné. Tu ne dis rien aux autres.

— Tu devrais voir un spécialiste. Tu es peut-être allergique à un matériau présent dans le dragon.

Les sourcils relevés, le front plissé, Vairan examina l’idée :

— Oui, c’est une piste à envisager, souffla-t-il crispé par la douleur.

— Quand dois-tu repartir ?

— Dans deux jours. Le convoi s’envole dans cinq jours. Lukas veut me former, précisa-t-il en roulant des yeux.

— Cela ne va pas te donner beaucoup de temps pour étudier les découvertes d’Emilio.

— Non, je suppose.

Il ouvrit sa chambre et s’y glissa sans ajouter un mot. Cosima resta encore quelques minutes, les yeux fixés sur la porte. Elle se faisait du souci pour son chef. Ses migraines à répétitions l’inquiétaient. Elle se promit de garder cela à l’oeil.

***

— Vous m’avez convoqué Monsieur le Président ?

— Oui, Vairan. Entrez et mettez vous à l’aise.

Le Président Caedus tendit le bras vers les fauteuils du salon qui agrémentait son bureau pour les réunions informelles.

— Lorsque vous serez sur Concordia, vous serez intégré à un groupe de travail de chercheurs au sujet des monstrogoths. Pour vous introduire, j’ai pris contact avec le Professeur Venala qui est le responsable de ce projet. Il va vous expliquer cela dans quelques instants.

» Malgré la terreur que ces monstres en fer ont instillé partout où ils sont passés, nous ne pouvons nier leur ingéniosité. Il serait intéressant dans le projet du futur Goldorak II d’adapter ces développements en défense ou attaque.

Il appuya sur un bouton de la console situé à côté de son fauteuil. L’écran situé sur le mur en face de leurs sièges s’alluma sur un écran bleu. Un grésillement sortit des hauts-parleurs cachés dans la pièce.

— Professeur, vous nous entendez ?

Le bruit s’amplifia. Vairan ne put s’empêcher de grimacer.

— Magdalena ! appela Caedus.

La jeune secrétaire passa la tête dans l’interstice de la porte.

— Vous m’avez demandé ?

— Oui. Nous avons un problème avec la communication du Professeur. Pouvez-vous vérifier la connexion ?

— Bien sûr. Un instant, je vérifie le réseau.

Le ministre reprit ses explications.

— Duke m’a informé de l’entretien que vous avez eu avec lui. Pendant la guerre, le projet King Gori a été mentionné dans les réseaux d’information clandestin. Nos espions dans la haute sphère hiérarchique de l’époque n’avaient pas réussi à en savoir plus. Il semblerait néanmoins que Dantus avait travaillé sur Pallas avant de partir sur le camp de la Lune Noire. Vous avez étudié là-bas, il me semble ?

— Oui. Je faisais mes études quand a eu lieu l’attaque.

— Vous vous êtes retrouvé dans le coma c’est cela ?

— Assez longtemps, j’ai eu un traumatisme crânien. Quand je me suis réveillé, les alliés avaient repris la planète.

— Vous m’entendez ?

Une voix grave retentit des hauts-parleurs.

— Ah Professeur Venala ?

— Oui. Nous n’arrivons pas à brancher la vidéo de notre côté. J’espère que vous ne nous en voudrez pas.

— Non, non, bien sûr. J’ai Vairan à mes côtés. Comme je vous l’ai expliqué, il a fait une découverte incroyable dans notre région des montagnes bleues. Je vous laisse lui expliquer ce que vous attendez de lui.

Un silence suivit la présentation de Caedus.

— Vairan Baron, je suis honoré de vous rencontrer même sans image.

— Moi de même Professeur. Dites moi en quoi je peux vous aider ?

Pendant l’heure qui suivit, le jeune homme écouta la voix grave de Venala parler des découvertes déjà mises à jour dans les autres planètes rescapées des mains de Vega. Les sons mélodieux pénétraient son cerveau et glissaient le long de ses veines comme une rivière calme le long d’une vallée baignée par le soleil. Cette voix le rassurait sans qu’il ne comprenne pourquoi.

***

Vairan regardait maussade l’espace infini. Les deux derniers jours avaient été un calvaire entre les entretiens officielles avec Lukas pour discuter des dossiers sensibles à éviter avec les représentants des autres planètes, les essayages des costumes qu’il devait porter, ses propres préparatifs notamment sa future rencontre avec le Professeur Venala.

Il était curieux et impatient de découvrir le personnage qui se cachait derrière la voix grave qu’il avait entendu lors de son dernier entretien avec le président Caedus. Le coté mystérieux titillait d’autant plus sa curiosité qu’il ne pouvait l’associer à un visage.

Son regard fut attiré par une vive lueur qui s’approchait rapidement de sa navette. Il se redressa, l’oeil en alerte. La lueur se divisait en une multitude de petits points blancs. Il se tourna vers son copilote.

— A tribord. Que vois-tu ?

Le jeune militaire qui l’accompagnait se pencha sur l’écran du radar. Il appuya sur plusieurs touches pour agrandir l’image.

— Il semblerait que ce soit…

Un rayon lumineux les projeta sur le côté.

— Nous sommes attaqués, cria Vairan. Vite en position d’attaque. Je préviens Fleed.

— Nous sommes cernés.

La peur s’inscrivit sur les traits des deux hommes. Devant eux, les lumières s’étaient transformées en navettes rondes et vertes.

— Vega ! Comment ?

Il n’était plus temps de poser des questions. Des centaines de raies les happèrent les aveuglant et les engloutissant. Ils étaient paralysés et incapables de maitriser la traction de leur appareil vers ce piège arachnéen.

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