Chapitre 4 - Lune de miel bouleversée

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Ranch du Boulot Blanc

Phénicia se redressa en sursaut, ses cheveux mouillés de transpiration encadraient son visage, les larmes perlaient au coin de ses yeux :

— Artus !

Elle se leva, passa son déshabillé sur ses épaules et courut pieds nus jusqu'à la chambre de son frère qu'elle ouvrit en grand.

— Actarus ! Réveille-toi ! Artus est en danger !

Le lit vide lui rappela soudain les événements de la veille. Actarus et Vénusia s'étaient envolés à bord de Goldorak pour leur lune de miel à la fin de la fête, lui confiant Hoshi et Artus.

— Non ! Non !

Elle s'agenouilla, les mains sur le visage, gémissant de peur et d'incertitude. Que devait-elle faire ? Elle avait failli à son devoir. Elle sursauta quand deux mains se posèrent sur ses épaules.

— Phéni, que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu dans cet état ?

Alcor, en pantalon de pyjama et torse nu, s'accroupit devant elle. Il dégagea son visage et scruta les yeux violets emplis de larmes.

— J'ai eu une prémonition. Artus est en danger !

— As-tu vérifié sa chambre ?

Phénicia ouvrit la bouche, les pupilles s'agrandirent encore plus effrayées.

— Non, je suis venue voir directement mon frère.

— Viens, allons-y. Peut-être qu'il dort paisiblement. Tu me raconteras ce que tu as ressenti après. Allez.

Alcor tira sur ses bras et la guida vers l'ancienne chambre de Vénusia, devenue pour l'heure la nurserie. Dame Antonella entrebâilla la porte avant qu'ils arrivent.

— Que se passe-t-il ?

— Est-ce qu'Artus est dans son lit ? demanda le jeune homme.

— Oui, il dort.

— Est-ce que... Est-ce que je peux le voir ? souffla Phénicia.

Dame Antonella ouvrit plus grand la porte.

— Bien sûr, Princesse. Mais... Que se passe-t-il ?

La jeune fille ne répondit pas, se précipitant vers le petit lit, installé contre le mur opposé. La silhouette d'un enfant se dessinait sous les couvertures.

— Ouf, tu es là !

Elle avança sa main pour caresser ses boucles blondes.

— J'ai eu si peur... Ahhhh !

A son cri, Alcor la rejoignit.

— Phéni, que se passe-t-il ?

Il regarda le lit. La stupeur le paralysa quelques secondes avant de soulever les draps pour découvrir un pantin de couvertures en guise d'enfant.

— Artus ! Artus ! Que...

Dame Antonella s'agenouilla à son tour près de la couche de l'enfant.

— Il... il était là quand je me suis couchée. Je... je suis restée dans la chambre pour surveiller les enfants... Hoshi !

Elle courut vers le berceau. Le bébé dormait paisiblement sur son ventre, la tête tournée sur la droite et posée sur le fin oreiller, ses poings fermés de chaque côté, les fesses relevés par les petites jambes recroquevillées sous elle. Elle poussa un soupir de soulagement vite transformée en détresse.

— Comment ?

La gouvernante, choquée, bredouillait des phrases incohérentes. Alcor s'approcha, la gifla puis la retint avant qu'elle ne s'affale sur le sol.

— Calmez-vous... Nous allons fouiller le ranch.

Il quitta la pièce après un bref regard à Phénicia. Cette dernière malgré sa panique du début donna un verre d'eau à la vieille dame.

— Vous êtes sûre que vous ne vous êtes pas éloignée un instant ?

— C'est flou... Non... Je m'assois toujours sur le fauteuil entre les deux lits en attendant qu'ils s'endorment mais hier, Artus dormait déjà quand je l'ai déposé.

— Quelle heure était-il ?

— Je ne sais pas... Tard. Mais la fête était encore active. Ses Altesses dansaient quand je l'ai quittée...

Elle passa une main sur ses yeux puis sur son front dont elle dégagea les mèches grisonnantes.

— Artus... Où peut-il être ?

Soudain, elle plaqua sa main sur sa bouche.

— J'ai quitté la pièce avec Hoshi pour que son Altesse donne une dernière tétée avant son départ.

— Quand était-ce ?

— Leurs Altesses étaient dans leur chambre et se changeaient pour le voyage.

— Entre 2 et 3 heures alors. Ils se sont envolés à 4h. Cela fait donc 4h qu'il aurait disparu.

Un gémissement les interrompit. Phénicia prit sa nièce dans les bras et la berça.

— Nous t'avons réveillée, Hoshi-chan. Désolée.

— Je vais lui préparer son biberon, fit Dame Antonella, en se dirigeant vers la porte, le dos courbé.

Des pas précipités résonnèrent sur le plancher du couloir.

— Que vient de me raconter Alcor ? rugit Riguel. Un voleur est venu et a emporté notre petit Artus ?

Hoshi pleura plus fort au ton colérique de son grand-père.

— Riguel, calme-toi, enjoignit Alcor. Cela ne sert à rien de gesticuler.

Il s'approcha de son amie.

— As-tu trouvé quelque chose ?

— Non, répondit-elle en secouant la tête. Cela a pu avoir lieu entre 2 et 3h, la musique allait encore fort à ce moment-là. Seuls les mariés étaient rentrés, ainsi que les enfants et Dame Antonella. Quelqu'un a pu pénétrer à l'insu de tous avant. La maison n'était pas gardée.

Alcor serra les poings.

— Occupe-toi de la petite dans la chambre d'Actarus. Nous allons fouiller ici pour trouver des indices. Enfin, j'espère...

— Et Actarus ? Nous devons le prévenir.

— Non, pas pour l'instant. C'est peut-être une farce d'Artus, il est caché quelque part parce qu'il est en colère contre ses parents qui l'ont laissé ici.

Phénicia le regarda, bouche bée.

— Tu crois en ce que tu dis, là ?

Le jeune homme ébouriffa ses cheveux, gêné.

— Non, pas vraiment. Ce n'est pas le genre d'Artus. Yosh ! Procédons à la recherche.

***

Une île paradisiaque du Pacifique Sud.

Nous avions loué pour notre lune de miel un petit chalet, situé sur la rive d'une petite île isolée de l'océan pacifique. Grâce à la vitesse de Goldorak, le trajet fut très court et nous avons pu profiter l'un de l'autre jusqu'à l'épuisement de nos corps. Enlacés l'un contre l'autre sur le lit, nous étions épuisés mais nos corps, eux, étaient détendus, l'esprit embrumé par les merveilleux moments que nous venions de découvrir ensemble. Vénusia caressait de ses doigts fins mon téton tandis que je suivais le mouvement avec la mienne. Etait-ce l'effet du mariage ? J'avais l'impression de redécouvrir l'amour. Mon expérience sentimentale avant la guerre et les quelques mois passés avec Vénusia depuis mon retour en tant que couple ne m'avait pas préparé à cette osmose entre nous.

Je regardai le plafond, le regard flou à la pensée d'Aphélie. Je lui en avais voulu lorsqu'elle avait décidé de se suicider, cependant, je comprenais maintenant ce qu'elle avait dû ressentir. Je fis une prière muette en la remerciant d'avoir si bien compris mes sentiments avant moi.

Soudain, je ressentis une brûlure au niveau du coeur. Mes doigts serrèrent la main de Vénusia, mon corps se tendit et une douleur perça mon lobe frontal.

— Actarus ? Que se passe-t-il ?

Vénusia qui avait posé sa tête au creux de mon épaule, se redressa, me libérant ainsi de son poids qui allégea ma souffrance. Je ne voyais que son ombre alors que je luttai pour garder conscience.

— Actarus ? insista-t-elle. Elle me secoua pour me faire sortir de ma torpeur.

Enfin, la pression diminua. Je clignai plusieurs fois les yeux puis repoussai les draps pour me lever.

— Habille-toi, ma chérie. Nous devons retourner au Japon, dis-je d'une voix calme.

— Que se passe-t-il ?

— Je ne sais pas mais j'ai un pressentiment. Le mal rode autour du ranch.

— Le mal ?

Je ne lui répondis pas. Je m'approchai de la fenêtre dont je soulevai l'épais rideau et examinai les étoiles. Mon regard s'arrêta sur la lune, ronde et rouge. Mes doigts agrippèrent la tenture.

— Véga..., murmurai-je. Non, c'est un mirage. La lune rouge est un phénomène naturel. Alcor me l'a suffisamment répété.

— Que marmonnes-tu ? interrogea Vénusia, m'enlaçant dans mon dos.

— Regarde la lune.

— Elle est rouge... Et ?

Un silence envahit la petite chambre. Je la laissai deviner ce que cette couleur pouvait signifier.

— Non. Non. C'est impossible. C'est un phénomène naturel. Pourquoi voudrais-tu que cela annonce... Non, il est mort. Tu l'as toi-même tué.

— Je sais. Mais... Je ne sais pas. Je dois m'en assurer.

— Ok, habillons-nous et allons-y.

Je retins le bras de Vénusia et l'enlaçai.

— Pardon. Encore une fois, je fais passer notre vie privée au second plan.

— Tu n'as pas à t'excuser. Surtout pour cela. Tu ne t'es jamais trompé. Seulement...

— Seulement, si ennemi, il y a..., j'aimerais bien savoir qui...

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