Chapitre 4 - La mission

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Fleed - Automne 1979, année terrienne.

Vairan passa les jours suivants dans l’atelier a étudié les spécificités techniques du dragon exposé dans le dossier confidentiel qu’Emilio avait réussi à décoder.

Il était fasciné par l’avancée technologique que Dantus avait mise en place et regrettait presque qu’aucune de ses expérimentations n’avait atteint son objectif. Il ne quittait guère l’animal en acier, s’asseyant parfois sur son dos ou contre son ventre sans que le monstre ne réagisse. En dehors de ses yeux brillants, ce dernier restait immobile. Le jeune homme n’avait pas encore découvert son fonctionnement ce qui commençait à le frustrer d’autant plus qu’il avait de plus en plus de difficulté à contenir le mal de tête qui s’emparait de lui à chaque fois qu’il s’approchait du dragon.

— Vairan, tu nous rejoins à la cuisine ?

Beata jeta un oeil rapide autour de l’atelier. Elle n’aimait pas y entrer. Il émanait du monstre une aura malveillante qu’elle n’arrivait pas à définir et encore moins à exprimer. Elle était mal à l’aise dans ce centre véghien et aurait aimé repartir en exploration. Pourtant, elle n’osait pas exprimer son ressenti à ses compagnons bien qu’elle savait que Ren n’en pensait pas moins. Son regard s’adoucit quand il se posa sur son responsable. Vairan était tout ce qu’elle n’était pas. Dynamique, sûr de lui, beau, elle l’admirait pour sa ténacité et sa froideur. Elle savait au fond d’elle qu’elle ne devait rien attendre de sa part malgré les rapprochements qu’elle tentait de temps à autres. Certains jours, il la repoussait, d’autres jours il acceptait les gestes affectueux qu’elle prodiguait discrètement.

Quand il restait enfermé dans l’atelier, c’est-à-dire quand il ne dormait pas ou ne mangeait pas, elle s’occupait de l’intendance de l’équipe. Elle avait mis de côté ses recherches biologiques pour prendre en main la gestion de la cuisine mais aussi apporter un certain ordre afin que la vie en communauté se passe au mieux. Car malgré le petit nombre de personnes que formait l’équipe, le laisser-aller pouvait rapidement prendre de l’ampleur comme elle s’en était aperçue les deux premiers jours.

— Hum ?

Vairan releva la tête avec douceur. Un instant, il était entouré de généraux et de leurs femmes dans une grande salle, tous habillés d’habits d’apparat. Sa vision était tellement nette, qu’il avait l’impression de l’avoir vécu. Lorsqu’il regarda Beata, un choc électrique résonna sous son crâne calmant son encéphalée.

— Tu as encore mal ? s’enquit la jeune femme.

— Non, ça s’est atténué. Cela fait longtemps que tu attends ?

— Je viens d’arriver mais j’ai sonné l’appel depuis déjà trente minutes. Cosima m’a dit que tu terminais la lecture de ton document.

Vairan la rejoignit. En passant à côté d’elle, il lui effleura légèrement le bras.

— Il faudra bientôt retourner à la civilisation pour acheter la nourriture et d’autres produits dont nous aurons besoin si nous restons plus longtemps ici, informa-t-elle.

— Je vais y aller moi même. Je dois rencontrer le ministre Alosius pour lui faire part de nos avancées. Peut-être devrais-je demander une audience au roi. Il a certainement des informations supplémentaire à donner sur les monstres qu’il a combattus.

— Est-ce que je pourrais venir avec toi ? Pendant que tu iras à tes réunions, je pourrais me charger de l’approvisionnement.

— Oui bonne idée.

Ils étaient arrivés à la cuisine que Beata avait réaménagée à côté de la salle des ordinateurs. Cosima assise avec non chalence sur une chaise, les pieds relevés sur la table, regardait le plafond, son assiette posée en équilibre sur son ventre, sa fourchette à peine maintenue semblait flotter au-dessus. Ren enfournait cuillère après cuillère son plat comme s’il risquait qu’on le lui retire. Emilio avait la tête plongée dans une liasse de papiers qu’il feuilletait avec ses doigts gras quand il ne prenait pas la nourriture avec.

— Mais enfin !, s’exclama Beata. Ren, continue comme ça et tu seras malade toute la nuit. Cosima, tes pieds, on n’est pas dans un saloon. Emilio, tu te rends compte que l’huile efface l’écriture ?

La chimiste tourna brièvement les yeux vers sa collègue, un rictus déformant sa bouche. Elle se réinstalla autrement puis termina ce qui restait de son repas.

Vairan prit l’assiette que Beata lui avait préparée et la remercia d’un signe de tête.

— Bon quelles sont vos avancées ? Ren, combien de navettes as-tu réparées ?

— P…pou…pour l’instant une une seule. Tous tous les appa…appareils sont assez abimés. Il a dû y avoir un tr…trem…tttremblement de terre, parce que…

— Oui sûrement. Je vais en avoir besoin demain. Je dois retourner sur Fleed pour faire un compte-rendu à Aliosus.

— A ce propos, continua Beata, si vous avez besoin de fourniture, matériel etc, notez-le moi. Je vais accompagner Vairan pour faire le plein.

— Justement, c’est bien que vous y alliez maintenant car je vais avoir besoin de certains composants informatiques. Tu pourras voir avec Ilian au Centre. Il te fournira l’essentiel, informa Emilio.

— De mon côté, j’ai tout ce qu’il faut, répondit de son côté Cosima. Elle avait repris son balancement avec sa chaise.

— Emilio, tu as fait d’autres découvertes ?

— Oui, je suis en train d’étudier ça.

L’informaticien secoua la liasse de papiers qu’il lisait.

— J’ai trouvé un autre projet intéressant et qui ne semble pas avoir été développé.

— De quoi s’agit-il ? demanda sérieusement Cosima qui s’était réinstallé correctement.

— Et bien, si je comprends bien les symboles et les premières équations, ce serait un plan de transporteur.

— Ce n’est pas nouveau, se moqua l’analyste. J’ai entendu parler d’une expérience qu’ils ont tenté sur Terre. Comme toujours ça a foiré.

— Oui mais là il serait temporel. On pourrait se déplacer aussi dans le temps.

— Waouh, tu te rends compte du trésor que tu tiens en main ? s’exclama Beata.

Vairan écoutait la conversation distraitement. Il ressentait encore parfois des petits chocs électriques qui lui faisaient perdre le fil de ce qui l’entourait.

— Ne nous précipitons pas, coupa-t-il. J’aimerais d’abord trouver une solution pour le dragon. Cosima, tu as du nouveau ?

— Pas plus que vous chef. Cela semble être une énigme. Impossible de trouver le bouton pressoir pour l’allumer.

— Comme c’est étrange. Emilio, trouve-moi toutes les archives que tu peux sur Dantus. J’ai des contacts sur Pallas qui pourrait nous aider.

— Pourquoi Pallas ? demanda Beata.

— Parce que j’ai aidé la résistance à démanteler un laboratoire là-bas.

Après le repas, chacun retourna à son poste. Vairan s’inquiétait des sensations qu’il ressentait dans son cerveau et de la force qui le poussait à s’approcher du dragon. La voix qu’il avait entendu la première fois était de plus en plus présente. Il était certain de la connaître mais dès qu’une pensée l’affleurait, elle disparaissait aussitôt. Il se sentait frustré de ce mystère.

Le lendemain, il embarqua avec Beata dans une des petits UFO qui avaient tant fait peur aux victimes de Vega. Il camoufla l’engin à l’orée de la forêt qui longeait la montagne et s’envola vers Fleed avec leur navette.

Lorsqu’il arriva aux abords de la capitale, il signala sa présence auprès des autorités de l’aéroport et demande l’autorisation d’atterrir. La ville était encore marquée par les combats de la guerre. Certains quartiers n’avaient pas encore eu le temps d’être réaménagé et la plupart des commerces et bâtiments administratifs avaient été érigés dans la zone du palais royal. Tandis que Beata se dirigeait vers le district des habitations, Vairan prit une voiturette de fonction vers le nouveau centre de recherche située près du parc Euphoria. Ce centre devait être inauguré au retour de Duke Fleed mais était déjà fonctionnel. Il était subventionné par l’Etat en partie et par des mécènes venus de divers horizons qui souhaitaient réunir toutes les connaissances scientifiques comme l’avait été en son temps EuPal. Il était divisé en plusieurs parties : le long du parc, un espace avait été aménagé pour l’université. Celle-ci formait les pilotes de UFO mais aussi les futurs ingénieurs en aérospatial. Plus loin, un bâtiment rectangulaire de deux étages surmontés d’une demi-sphère qui avait une vue de 360 degrès comprenait les bureaux administratifs, les archives, les salles de réunion et aussi pour l’instant les salles de communication intergalactiques. Vairan gara son véhicule sur le parking réservé aux employés. En se dirigeant vers la porte principale, il apercevait le pôle expérimental où les projets étaient construits et testés dans les laboratoires de biochimie et physiques. L’accès y été très sécurisé du fait de la sensibilité des dossiers. De plus, le sous-sol avait été aménagé de façon à construire Goldorak II, un robot encore plus perfectionné que l’original. Il rêvait de participer à ce projet mais il avait tu son désir au profit de la mission qu’Alosius lui avait confié.

Il sourit à la réceptionniste de l’accueil :

— Pouvez-vous prévenir le ministre Aliosus ?

— Qui dois-je présenter ?

— Vairan Baron.

La jeune femme parla un instant dans son émetteur.

— Il pourra vous recevoir dans quinze minutes. Vous pouvez attendre dans le salon près de son bureau. Vous connaissez le chemin ?

— Ne vous inquiétez pas. Merci.

Le bureau du ministre de la recherche scientifique était au deuxième étage. Vairan prit l’ascenseur et patienta debout devant la fenêtre qui donnait sur les laboratoires. Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsqu’il entendit un toussotement derrière lui. Il se retourna brusquement.

— Vairan, accueillit Aliosus, la main tendue. Entrez. Vous venez faire le point sur votre mission ? J’attendais avec impatience de vos nouvelles.

Il invita le jeune homme à s’assoir et commanda des rafraichissement à sa secrétaire. Ses yeux d’une couleur assez particulière pétillaient.

— Je vous écoute.

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