Chapitre 3 - Le mariage

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Le lendemain matin vers 11h, je convoquai la patrouille des aigles, les scientifiques Argoli, Antares et Cochir ainsi que mon père dans la salle d'observation du Centre. J'avais demandé à Cochir de sortir les archives de la dernière bataille. Les caméras de chaque appareil ayant filmé le combat, je voulais m'assurer ainsi qu'aucun détail ne nous avait échappé.

— Voilà la situation, terminai-je après leur avoir rapporté la discussion que j'avais eue la veille avec mon second.

— C'est impossible, Actarus !, s'exclama aussitôt Alcor. Tout a explosé sous nos yeux.

— Peut-être qu'une soucoupe nous a échappé.

— Comment ? Elle a dû être pulvérisée par les déflagrations. Nous même avons évité de justesse les débris et le souffle de l'explosion nous a fortement éloignés.

— Actarus, nous allons regarder chaque enregistrement, d'accord ? proposa ma soeur.

Cochir lança la première vidéo du point de vue de la tête du Cosmorak. Le choc des images me fit frémir. Je fermai mes poings faisant pénétrer mes ongles dans la peau. La sueur perlait à mon front. Vénusia qui se tenait debout devant moi recula pour se coller à moi et passa un bras autour de ma taille. J'attrapai sa main que je serrai dans un geste réconfortant.

— Il était seul, murmurai-je. Plus aucun général à ses côtés, Minos, le dernier, a été tué sur Terre. Uniquement des soldats limités dans leur action. Non, il n'a pas pu s'en échapper.

Je vis Goldorak s'éjecter de la soucoupe et poser les deux pieds sur le vaisseau. Il était face à la cabine de commandement. Je me souviens très bien de ce que j'avais aperçu à travers les hublots. Une silhouette avec sa cape rose, une tête aux oreilles pointues qui me suppliait. Il ressemblait au Vega que j'avais rencontré avant la guerre, lorsqu'il venait sur Fleed pour discuter des termes du contrat de mariage avec Vegalia. Mais était-ce lui ?

— Cochir, tu peux lancer tout de suite la vidéo de Goldorak. Je voudrais vérifier ce que j'ai vu à travers la baie.

Le scientifique élancé aux lunettes rectangulaires changea de disque. Je lui demandai d'aller jusqu'à mon autolargue.

— Là, fais un arrêt sur images.

A travers la fumée des explosions et du lasernium que Vega avait lancé en dernier recours, j'eus une vue de la salle des commandes. La silhouette était bien là.

— Tu peux agrandir l'image ?

Tout le monde se pencha pour scruter l'image diffusée sur le grand écran.

— Pas de doute, il semblerait bien que ce soit lui, affirma Alcor.

— Comment peux-tu le savoir ? lui rétorqua Phénicia. Tu ne l'as jamais vu que je sache !

— Non mais, regarde ces vêtements et le sceau qui ferme sa cape. C'est bien son symbole, n'est-ce pas, Actarus ?

Je ne répondis pas tout de suite, mon regard figé sur le visage. Il était flou cependant je reconnaissais ses traits. J'esquissai un sourire et caressai le dos de Vénusia.

— Pas de doute, répétai-je. C'est bien lui. Cochir, tu peux me faire une copie ? Je vais l'envoyer à Lukas, il verra si ça l'aide à déjouer les rumeurs en attendant mon retour.

— Entendu.

Pendant qu'il s'activait sur ses ordinateurs, je regardai brièvement mon père et hochai la tête pour le rassurer. Alcor s'approcha de moi, un sourire aux lèvres et posa son bras autour de mes épaules.

— Maintenant que tu es soulagé et l'esprit dégagé de cette angoisse, nous allons pouvoir fêter dignement la fin de ton célibat. Ce soir, Vénusia, je te le prends et l'emmène faire un tour en ville. C'est une coutume que j'ai apprise en Occident. Rien de tel pour détendre le futur marié, inquiet de passer la bague au doigt à sa bien-aimée.

— Euh..., hésitai-je. Nous sommes déjà mariés.

— Ça ne compte pas, rigola-t-il. C'est la cérémonie de demain qui nous montrera que vous êtes unis. Allez, hop, à demain tout le monde.

— Mais la journée n'est pas finie, je dois encore consulter...

— Allez ! Eradius se fera encore une joie de déplacer tes rendez-vous. C'est toi le roi, non ? Donc tu peux faire ce que tu veux de ton temps.

Il me tira dehors par le bras sans que je ne puisse ajouter un mot. Du coin de l'oeil, je vis Vénusia, Phénicia et mon père acquiescer de la tête, donnant leur accord. A la sortie, Eradius qui avait certainement entendu la fin de la tirade me regarda bouche bée. Je vis son visage changer rapidement et se fermer, un éclair de mécontentement et de mépris dans les yeux. Je soupçonnai Alcor d'avoir ajouté la dernière phrase à son intention.

— Alcor, attends !

Mon ami s'arrêta. Je m'approchai d'Eradius.

— Faites de votre mieux pour cet après-midi. Je suis désolé de devoir chambouler à nouveau votre organisation.

— Comme l'a dit ce terrien, vous êtes le roi et êtes libre de vous amuser ou de faire votre devoir.

Je baissai un instant la tête sous cette remontrance.

— Eh ! C'est quoi ce langage devant votre roi ! s'insurgea Alcor.

— Et vous, ayez un comportement digne et respectueux. Vous n'êtes rien par rapport aux Fleediens et à notre roi, répliqua aussitôt mon secrétaire.

Alcor rougit en serrant les poings.

— Quoi ? Non mais, il ose dire ça... Je vais t'apprendre moi à qui tu dois le respect... Si...

— Alcor, l'arrêtai-je. Calme-toi. Eradius, je vous ai déjà dit que les personnes du Centre et du Ranch ont droit à tout le respect et la sympathie des habitants de Fleed et des autres peuples sans exception. Sans eux, nous ne serions pas libres. Je considère Alcor comme mon frère et à ce titre, il a le droit de se comporter comme un membre proche de ma famille. Donc pour aujourd'hui comme demain et après-demain, je mets les affaires d'Etat de côté sauf s'il y a une urgence.

— Bien, Votre Majesté, s'inclina-t-il profondément, refusant tout contact visuel avec moi puis il se recula.

Je mâchouillai ma lèvre inférieure. La confiance de mon peuple envers moi n'était pas encore acquise. J'allais devoir faire preuve de prudence pour éviter les tensions.

Alcor me reprit le coude.

— Allez, direction Tôkyô. Boss et sa bande nous attendent.

***

Agenouillé devant l'autel familial des Riguel, aménagé dans une pièce au rez-de-chaussée, les mains posées sur mes genoux, le visage baissé, j'attendais l'arrivée de ma fiancée, luttant contre le mal de tête, résultat de mes débauches nocturnes. L'odeur de l'encens et de la cire fondue des bougies qui encadraient la photo de la mère de Vénusia me rappelaient une cérémonie lointaine, à l'époque où la paix régnait sur Fleed.

Je devais avoir 9 ans, peut-être moins. Ma soeur de 3 ans peinait à rester calme et sa gouvernante courait derrière elle pour la faire assoir. Mes parents, habillés de leur costume d’apparat ne souriaient pas. Ma mère portait de temps en temps un mouchoir brodé sur ses yeux tandis que mon père, les mains jointes, fixait une table devant lui. Cette table, décorée d'une nappe en soie émeraude, contenait des coupelles d'où s'échappait de la fumée blanche, autour d'un corps allongé.

Mon grand-père était mort suite à une longue maladie. Je l'avais peu connu, ma mère estimant qu'un enfant n'avait pas sa place dans la chambre d'un malade. Mais je gardais le souvenir d'un homme attentionné. Du fond de son lit, il nous racontait à Aphélie et moi, des histoires de guerriers et de dragons. Je réclamais sans cesse la légende du dragon rouge. Je rêvais du chevalier guerrier, porteur d'une lame d'argent et cavalier du dernier dragon à crête carmine.

Un effleurement sur mon bras me sortit de ma torpeur. Mizar m'interrogeait du regard. Je lui fis un signe de tête et parcourus l'assemblée. Phénicia jouait un air fleedien sur une cythare. Mon père berçait Hoshi, délicatement. La joue appuyée contre l'épaule de son grand-père, le pouce en bouche, la petite babillait et rigolait avec son frère. Elle venait d'avoir 6 mois et faisait le bonheur de la famille. Artus adorait jouer avec elle. Il avait la prescience de l'innocence et était le seul à savoir rapidement ce que le bébé voulait. Vénusia n'hésitait pas à la lui laisser quelques minutes, une responsabilité que le garçon prenait avec sérieux. Une ombre s'interposa dans l'encadrement de la porte. Je retins mon souffle devant l'apparition. Vénusia portait un kimono spécialement tissé pour la cérémonie aux couleurs de ma famille. L'imprimé représentait un champ de lys blancs et de lotus roses, fleurs associées à nos caractères. Sa chevelure remontée sur sa tête en chignon, le front ceint du diadème royal que je lui avais offert lors de la naissance de notre fille, me rappelaient ma mère. Elle était magnifique.

Je me levai et m'inclinai en avant pour marquer l'admiration et le respect qu'elle m'inspirait. Son père qui l'accompagnait lui tenait la main en avant, fier comme un coq, si vous me permettez l'expression. Il portait lui aussi son kimono de cérémonie.

— Actarus, Prince de Fleed, je te confie ma fille. Prends-en soin car elle est la prunelle de mes yeux.

Sa voix se cassa et il se détourna rapidement pour rejoindre la rangée de coussins où se tenait mon père. Je pris la main de ma fiancée et la portai à mes lèvres.

— En ce jour merveilleux, je te promets de te protéger et de te chérir au péril de ma vie.

— Et moi, je te promets de rester à tes côtés quoi qu'il arrive et de te soutenir dans le rôle que tu me confies.

Nous nous tournâmes ensemble vers le prêtre qui officiait pour notre union. De la cérémonie, je ne vis rien et je crois bien que Vénusia non plus. Nous étions rivés l'un à l'autre, oubliant tout autour de nous. Je pouvais lire l'espoir dans ses prunelles marron, le soulagement aussi. Je lui serrai les doigts en réconfort. Le prêtre nous rappela à l'ordre d'un léger toussotement tandis que j'entendais un léger rire moqueur derrière moi. Mizar présentait le petit coussin où reposaient nos alliances, des anneaux double, l'un d'or et l'autre de phorus, un alliage de ma planète aussi précieux que l'or terrestre, dont les reflets multicolores changeaient en fonction de l'atmosphère, surmontés d'une pierre très fine en maryl, le minerai du médaillon royal.

— Moi, Duke Actarus Fleed Umon, par cet anneau, je te prends pour épouse et reine et te promets amour, fidélité, protection pour l'éternité, lui déclarai-je, bien haut en lui passant le bijou à son annulaire gauche.

Ma voix se répercuta sur les parois de la petite pièce. J'eus la sensation qu'elle fusait vers l'extérieur comme une étoile. Je surpris un scintillement sur le coin gauche de l'autel mais mon attention fut captée par Vénusia.

— Moi, Vénusia Hikaru Riguel, par cet anneau, je te prends pour époux et te promets amour, fidélité et soutien pour l'éternité.

Lorsqu'à son tour, elle me passa l'anneau, j'encadrai son visage de mes mains puis, avant que le prêtre conclue au mariage, je l'embrassai sous les cris d'allégresse de notre famille.

***

Le banquet qui suivit ressemblait à toutes les fêtes auxquelles j'avais participées au Ranch. Le soleil couchant dardait ses rayons sur la place centrale, éclairant d'une douceur orangée les bâtiments des écuries. Quelqu'un avait allumé les lampions aux différentes couleurs. Les membres du Centre, les rares fleediens qui m'accompagnaient, les Arano aussi nous entouraient. Je fus heureux de voir que même mon secrétaire, assis près de Cochyr discutait sans montrer de signe de supériorité. Argoli était aux petits soins avec sa femme Capella, enceinte de quelques mois. Nous avions invité Cassiopée, Dauphinor et Carina. Les enfants jouaient ensemble, entre les tables ou s'éloignaient un peu vers les écuries ou les paddocks. Mizar les surveillait tout en discutant avec la petite orpheline qui un jour avait retrouvé le sourire grâce au Prince des étoiles. Elle ne connaissait pas ma réelle identité mais gardait en mémoire son voyage dans le ciel, portée par le rayon de Goldorak.

Eveillée par la musique et les voix, Hoshi n'arrivait pas à s'endormir. Vénusia s'était éloignée pour lui donner à manger et je la vis revenir avec la petite enveloppée de son écharpe dans son dos. Elle me fit une mine contrite.

— Impossible de la déposer dans son lit. Même Dame Antonella n'a pas réussi. Pourtant elle frotte ses yeux, baille à s'en décrocher la mâchoire.

— C'est fête aussi pour elle. Elle a peut-être aussi besoin de se sentir rassurer.

La petite me regardait et tendit sa petite main que j'attrapais. Elle me serra le pouce, me fit une grimace et commença à pleurer. Je me penchai vers elle pour déposer un baiser sur sa joue et je lui parlai en fleedien. Ma langue natale tenait parfois lieu de berceuse. Elle ferma les yeux et desserra un peu son étreinte. Je lui essuyai du doigt les larmes qui coulaient le long de sa joue.

— Elle n'a jamais réagi ainsi, remarquai-je.

— Elle est agitée depuis ce matin. J'ai à peine eu l'occasion d'avoir un instant pour me préparer. Ni Phénicia, ni Mizar, ni Artus ne pouvaient l'éloigner de moi.

Ce comportement m'intriguait. Je ne connaissais pas suffisamment les bébés pour comprendre ce qui la faisait réagir ainsi et Hoshi n'avait jamais montré de signes particuliers du fait de ses deux origines. Je perçus à nouveau un scintillement sur ma gauche. Je me retournai vivement mais ne vis rien de particulier en dehors de l'ombre sur le sol formée par les lampions.

— Comment te sens-tu ? me demanda Vénusia enlaçant ses doigts aux miens. Nous étions debout près de la piste dégagée pour les danses.

Je n'eus pas le temps de répondre interrompu par Alcor qui était monté sur l'estrade de l'orchestre et haranguait la foule.

— Allez, allez. Nous allons profiter que notre couple préféré soit debout pour lancer le bal. Connaissant notre prince, il risque de se défiler. Actarus et Vénusia, en piste. Montrez-nous ce que vous savez faire avec vos jambes.

Les musiciens entamèrent les premières notes d'une valse que j'avais apprise à danser lors de mon apprentissage princier, il y a des années de cela. Le rythme fleedien n'était pas différent de cette musique autrichienne. J'enlaçai ma femme et commençai à tournoyer autour de la piste en faisant attention à ne pas aller trop vite pour Hoshi qui dormait maintenant profondément, sa tête collée au dos de sa mère.

— Je suis euphorique, répondis-je enfin à Vénusia. Je me dis que je vis un rêve et que le réveil risque d'être brutal. Je ne peux exprimer le bonheur que je ressens.

Elle me sourit doucement.

— J'ai peur moi aussi que ce ne soit qu'un rêve. Cela fait maintenant plus d'un an que la guerre est finie, plus de six mois que nous sommes à nouveau réunis et pourtant, j'ai toujours un pincement à l'estomac chaque matin avec cette impression que tout cela vient de mon imagination.

— Mais maintenant, plus rien ne peut nous séparer. Nos coeurs et nos âmes sont enfin réunis. Ces anneaux que nous portons sont la preuve que nous appartenons l'un à l'autre. Je ne l'aurais jamais cru possible lorsque je t'ai rencontrée, ma petite lycéenne, alors que je remontais péniblement la pente. Sans toi et ta persévérance, ta présence au quotidien pour rythmer mes journées, je n'aurais pas pu combattre... parce que je savais que tu m'attendais même sans savoir ce que je faisais.

Alors que la danse ralentissait, je m'écartai de la piste pour laisser la place aux autres danseurs. Je continuai à l'enlacer, me penchant en avant pour l'embrasser. La lumière que j'avais déjà repérée lors de la cérémonie et avant la danse flottait derrière Vénusia. Je me raidis, m'interrogeant sur sa provenance. Vénusia se rendit compte de mon inattention et examina, elle aussi, le point où portait mon regard. L'ombre dominait à nouveau l'espace.

— Que se passe-t-il ?

— Rien...

Je secouai la tête. Je devais oublier cette première réaction instinctive.

— Par trois fois, j'ai vu une lueur comme un scintillement qui flottait autour de nous. La première fois, j'ai pensé à un reflet mais là, j'ai cru apercevoir une silhouette.

Vénusia balayait des yeux la zone d'ombre.

— Une silhouette ?

— J'ai distingué un pantalon de samouraï. Il avait un sabre sur le côté et des longs cheveux...

L'angoisse m'envahit soudain. Je me rappelai les paroles de Lukas : "Alphgar est de retour. Tu sais bien que c'est une légende. Il va et vient selon son caprice." puis l'histoire que me racontait mon grand-père. Pourquoi m'en suis-je souvenu en début d'après-midi ?

— Non, non ce ne peut pas être lui...

Vénusia m'entoura de ses bras et posa la tête sur ma poitrine. J'enfouie ma main dans ses cheveux bousculant la coiffure si soigneusement parée et déposai un baiser sur ses mèches, respirant son parfum naturel de lotus.

— Actarus ?

Phénicia contournait une table pour nous rejoindre.

— Que se passe-t-il ? Je perçois ta peur. As-tu reçu des nouvelles de cet oiseau de mauvaise augure ? demanda-telle en cherchant des yeux, Eradius.

— Non, tout va bien, Phéni.

— Alors vieux frère ! Vous êtes les hôtes d'honneur et vous vous cachez ?

Alcor qui avait suivi ma soeur prit la main de Vénusia.

— Viens danser. Depuis le temps que je l'attends, cette danse à deux.

Il emmena ma femme qui ne put rien faire pour se dégager.

— Actarus, allons rejoindre Oncle Procyon, me proposa Phénicia.

Je la suivis tout en jetant à nouveau un regard à l'ombre qui entourait le bâtiment le plus proche. Tout semblait calme et normal. Mon père m'invita à m'assoir près de lui.

— Alors mon garçon, heureux ?

— Oui.

Nous nous sourîmes.

— Je suis heureux moi aussi. Ma vie est maintenant comblée : un fils, une fille et deux petits enfants.

— Grâce à toi. Merci, père.

— Voyons, Actarus, pourquoi me remercies-tu ?

— Si tu ne m'avais pas secouru, je ne serais pas là.

— Oh ça...

Nous restâmes un instant silencieux.

— Tu es inquiet, Actarus.

— Décidément, tout le monde sait lire en moi, remarquai-je, un léger sourire aux lèvres.

— Que se passe-t-il ?

Je secouai la tête.

— Tu es la troisième personne à me poser cette question en moins de trente minutes.

— Nous t'aimons tous, Actarus

— Et vous avez appris à me protéger dès que je montre des signes de faiblesse.

— Ce n'est pas de la faiblesse que de s'inquiéter.

Je laissai passer quelques minutes avant de lui répondre.

— Tout est si bizarre depuis deux jours. J'ai l'impression qu'un marteau va me taper sur la tête et m'enlever tout ce que j'ai de plus précieux.

— N'est-ce pas ce que ressent tout jeune marié ? Toi d'autant plus que tu as toujours pris soin de protéger ceux que tu aimes en dépit de tout ?

— Peut-être. Je ne sais pas.

J'admirai Vénusia qui virevoltait en rigolant dans un rock endiablé avec Alcor.

— Dans un mois, j'arrache Vénusia à sa famille et à sa Terre. Elle n'aura personne pour l'épauler à part moi et je risque d'être accaparé par mes fonctions.

— Phénicia reste donc ici ?

— Oui. Elle ne veut pas se séparer d'Alcor. Du coup, Dame Antonella reste aussi pour la surveiller.

— Ça promet de l'animation, remarqua mon père.

— Tu veux bien continuer à les loger?

— Bien sûr.

Il me tapa légèrement l'épaule.

— Mon fils, détends-toi. Ce n'est pas tous les jours que tu te maries et cette fête-là va rester longtemps dans ton esprit.

Je frémis à ces mots alors qu'un étrange sentiment m'envahissait. Par réflexe, je levai la tête pour regarder la lune ronde qui éclairait le ciel étoilé.

— Père, soufflai-je. Je ne pouvais pas détacher mon regard du satellite.

— Bon sang ! s'exclama-t-il à côté de moi.

Un léger voile rouge recouvrait à présent la lune si blanche depuis quelques mois accentuant ses cratères et dessinant des formes sinistres, rappels des jours sombres que nous pensions lointains.

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