"-Marie ! "

Pas de réponse, juste le silence. Mme. Martin leva la tête de son ouvrage. Elle était maintenant habituée au silence, servant de réponse à la plus part des questions adressées à sa fille. Celle-ci, toujours enfermée dans sa chambre, un casque de musique vissé sur les oreilles, sur son ordinateur ou téléphone, parlant inlassablement avec ses amies. Mais cette fois ci, quelque chose clochait, il ne s'agissait pas d'un simple silence. Celui-ci, était beaucoup trop lourd, de sens comme de peur. Mme. Martin, envahit par une frayeur inexplicable, monta les marches de l'escalier quatre à quatre. Elle s'arrêta, essoufflée, devant la chambre de sa fille. Ou du moins devant sa porte. La jeune femme toqua, pas de réponse. Soudain, elle se mit à tambouriner sur la porte en chêne, toujours rien. Elle s'attaqua ensuite à la poignet, sans résultat. Celle-ci était verrouillée de l'intérieur. Perdant patience, elle hurla encore et encore le prénom de sa fille. Elle voulu par la suite défoncer la porte, mais se fut un échec. Ce n'est pas avec sa force de professeure de français, et du haut de ses 1,63 m qu'elle risquait de faire grand mal à cette vieille porte en chêne. Mme. Martin se laissa alors glissée contre celle-ci, le bras gauche endolorie. Son instinct lui hurlait que quelque chose d'horrible arrivait, mais elle ne savait pas quoi. Il ne s'agissait pas juste d'une des escapades de Marie, ça elle l'aurait sentit, depuis le temps. Là, il s'agissait de quelque chose d'horrible, de pire. Horrible, elle l'avait déjà utilisé, comme beaucoup d'autres mots, mais tant pis, il n'y avait que celui-ci qui arrivait à passer la barrière de brume ayant pris possession de son esprit, et parvenait à franchir une seconde barrière, celle-ci étant ses lèvres, malgré son nœud dans la gorge. Finalement, elle saisit son téléphone et appela son marie. Après quelques secondes, qui parurent interminables à Mme. Martin, son époux décrocha:

"-Qui a-t-il mon cœur ?

-Jean, je suis devant la porte de la chambre de Marie, mais celle-ci est fermée à clef, et notre fille ne répond pas.

-Je vois, moi aussi j'avais une sensation étrange. Je vais essayer de voir si je peux la trouver en ville.

-Très bien mon amour. De mon côté, je vais chercher à voir si elle n'est pas chez Annie.

-D'accords, je t'appelle si j'ai du nouveau. Ne t'en fais pas, il doit s'agir d'une autre sortie improvisée dont elles ont le secret.

- Peu être. Cherche bien. Je t'aime.

-Moi aussi, je t'aime."

Il raccrocha. Un nouveau silence suivit. Phinile avait toujours son téléphone sur elle. Si Mme. Martin voulait des informations, elle aurait plus de chances avec elle que son marie. Elle alla dans ses contacts et appuya sur le numéro de sa vieille amie. Mais cette fois, elle n'eut pas à attendre:

"-Allo !

-Oui Phinile, c'est Anne. Je t'appelle pour savoir si Marie ne serait pas chez toi avec Annie ?

-Non, j'allais justement t'appeler. La porte de sa chambre est fermé à clef, et elle ne répond pas.

-Tu es sûr ?

-Bien évidemment, pour qui me prends-tu, lâcha Mme. Annelet, visiblement paniquée.

-Bon écoute, j'ai envoyée Jean faire le tour des endroits qu'elle fréquentaient, si il les voit, il m'appelle.

-Merci, Charles est partit à leur recherche également. Ils devraient se croiser.

-Très bien, je te tiens au courant.

-Merci, de même."

Et sur cette dernière note d'espoir, elle raccrocha. Mais la boule présente dans son ventre ne disparut pas. Anne prit alors son crucifix entre ses mains et commença une prière silencieuse. Etant née dans une famille très croyante, Dieu était sa seule aide, son plus grand espoir. Elle pria pendant de longues minutes. Mais malgré tout, son instinct lui disait que la vérité serait pire que ce qu'elle pourrait imaginer.