Chapitre 13 : Retour au pays et imprévu.

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Deux mois après avoir quitté le camp au Nord de la Grèce, l'équipe débarqua enfin sur les côtes du royaume scandinave, pour se retrouver dans le port du domaine de l'Ouest d'où était partie Lirinah lors de sa fugue. Peu de navire étaient amarrés à quais à l'exception de quelques bateaux marchands ce jour-là, un bon nombre ayant été réquisitionné pour transporter les troupes scandinaves qui n'étaient pas encore revenues au royaume. Ils partirent ensuite en direction du palais de l'Ouest, dont Lirinah redoutait fortement son retour et l'accueil que lui réserveraient ses parents. Celui-ci était majoritairement occupé par la flotte du seigneur des terres insulaires, mais cela paru normal à Kendraff et Lirinah puisque selon les informations qu’ils avaient reçues de Kilvar, les troupes de Bargark avaient été mobilisées pour sécuriser la région en l’absence de son armée légitime. Cependant, ils furent beaucoup plus surpris de voir les navires si peu occupés, alors que les troupes de l’ouest avaient commencé à revenir chez elles avec la fin de la guerre contre les monstres. Mais leur inquiétude disparue très rapidement une fois à quai du port car tout semblait calme en ville, n'ayant que pour seule présence les habitants arpentant le marché du port, ainsi que quelques gardes faisant office de police dans la cité, et même l’auberge où ils passèrent la nuit était dépourvue de toute occupation militaire.

Le lendemain matin, bien que la situation soit restée la même, Lirinah eut la sensation étrange d’être observée lorsqu’ils quittèrent l’auberge. Elle jeta un regard inquiet tout autour du groupe mais n’aperçus personne de suspect, la vie de la ville portuaire continuant de façon tout à fait normale. Alors qu'ils continuèrent à avancer en directions des montagnes vers la sortie de la ville où se trouvait le village de Kendraff, après être passé au marché portuaire où ils firent des provisions pour la journée, Lirinah perdit rapidement cette sensation oppressante d’être surveillé. Elle passa le reste de la matinée dans un état d’esprit serein mais lorsqu’ils quittèrent enfin le port, elle eut à nouveau l’impression d’être observé et même suivit cette fois-ci. Lirinah se retourna immédiatement en dégainant son épée courte, mais ne fut pas la seule : Kendraff, et Celdan eurent le même réflexe, suivit quelques minutes plus tard par le reste du groupe. Cependant, bien qu’ils observassent les alentours pendant un long moment, ils repartirent sans avoir entendus le moindre son ni aperçus un seul mouvement suspect. De plus, Kendraff était sûr que s’ils étaient vraiment suivit, Kros aurait sûrement flairé quelques choses. Mais le loup n’avait émis aucun son pouvant indiquer le moindre danger.

Ils reprirent donc leur chemin tout en restant prudent, en hésitant tout de même sur la destination à suivre : le palais de l’Ouest ou le village de Kendraff ? Dans les deux cas, il leur fallait suivre le même chemin, et chacune des deux options leur permettait d’accueillir tous leurs compagnons. Mais alors qu’ils avançaient, Lirinah se sentie nostalgique car elle reprenait exactement le chemin inverse de celui qu’elle avait empruntée pour fuir son palais, ainsi que sa famille. Seulement, celui-ci ainsi que toute la plaine les séparant du palais de l'Ouest étaient alors entièrement recouvert d'une couche de neige, d'une dizaine de centimètres dût à la saison hivernale. Le fait de revenir à en plein milieu de l'hiver fit alors comprendre à la jeune femme que le temps était passé si vite depuis son départ : elle était partie au printemps, elle avait déjà passée plus d'un ans et trois mois hors du royaume scandinave sans s'en rendre compte, ayant passée également son dix-huitième anniversaire et celui de Kendraff sans y prêter attention tellement la situation les avait fait pensez à tant d'autres choses. Cependant, elle se souvenait plus avoir courue et rampé dans la boue à l’époque ce qui avait marqué, pour elle ses débuts en tant qu’aventurière et elle avait du mal à réaliser que plus d'un an s’était écoulé depuis, mais qu’elle avait tant fait pour si peu de temps. Mais alors qu’ils continuaient d’avancer, un détail gênait Lirinah au fur et à mesure de leur progression en direction du palais de l’Ouest. Elle repensait à la théorie de Kilvar concernant les responsables de la mort de l’ancien roi, mais tout semblait calme malgré la présence des troupes de Bargark.

Elle eut alors peur de s’être trompé concernant le coupable, peur que son père soit bien le responsable de cette situation : elle se demanda si elle n’était pas persuadée d’être suivit afin de se rassurée en se convainquant elle-même de la culpabilité du seigneur des terres insulaires. Pourtant, tout cela ne correspondait pas à la situation car depuis leur départ du port, elle n’était plus la seule à ressentir cette sensation d’être espionné. De plus, au port se trouvaient toute la flotte des terres insulaires mais, ils ne croisèrent aucun soldat de Bargark en chemin malgré le fait que ses navires soient vides de toute occupation. Lirinah et Kendraff furent aussi surprit de ne voir sur leur chemin aucun des hommes de Boldiv alors que ceux-ci avaient commencés leurs voyages de retour à quelques jours d’écarts avec eux. Prise par le doute, elle fit signe à Kendraff qu’elle souhaitait emmener ses camarades au palais de l’Ouest, afin de savoir si ses parents étaient de retour et aussi questionner son père sur l’étrange situation du domaine. Après plusieurs heures de marche, ils firent enfin une pause afin de se reposer au pied d’une colline afin de manger les provisions qu’ils avaient faites au matin, puis repartirent une demi-heure plus tard.

C’est en fin de journée qu’ils atteignirent enfin le palais de l’Ouest, où Lirinah leur proposa de séjourner temporairement en tant qu’hôtes de la princesse du domaine. Le palais était le premier lieu où Lirinah trouva enfin des personnes qu’elle connaissait car les gardes du palais étaient les seuls hommes de Boldiv à être restés sur place. Elle fut surprise d’être accueilli par la garde du palais comme si sa fugue n’avait jamais existé, puis étonnée que Kendraff soit également le bienvenu chez le seigneur et la dame de l’Ouest. C’est la tête pleine de question qu’elle entra dans le palais, et demanda sans attendre des explications à l’intendant qui administrait le bâtiment en l’absence de son seigneur :

- Où sont mes parents ? Et où sont les soldats de l’Ouest ? Ils devraient être tous rentrés non ?

- Ne vous inquiétez pas princesse, un messager est venu nous prévenir que l’armée de l’Ouest ainsi que vos parents avaient été retardés par un imprévu, expliqua l’intendant.

- Un messager ? S’étonna Lirinah. De l’armée de l’Ouest ?

- Je ne sais pas exactement s’il en était, je ne l’avais jamais vue avant, répondit l’intendant. Mais puisqu’il portait les couleurs du domaine de l’Ouest, je pense pouvoir affirmer qu’il venait bien des troupes de votre père.

- Je vois, en tout cas il me faudrait pouvoir compter sur vous pour préparer l’accueil et l’hébergement de mes camarades, déclara Lirinah. De plus, nous ne resterons que cette nuit car demain nous repartons pour le village du clan des Crocs de la Lune, je vous demanderais également de préparer quelques provisions pour que nous puissions nous restaurer rapidement avant de partir.

- Ce sera fait mademoiselle, répondit l’intendant. Vous désirez autre chose ?

- Ce sera tout, mais j’aimerais tout de même que la garde soit vigilante, demanda Lirinah.

Lirinah n’expliqua pas ses motivations à l’intendant car elle ne savait pas, si ses doutes étaient justifiés mais elle avait toujours ce sentiment de menace planant sur elle et ses amis. Le soir, ils passèrent une soirée détendue autour d’un bon repas chaud avec de l’hydromel en quantité, et profitèrent de la chaleur des feux de cheminées du palais, un luxe que tous avaient depuis longtemps oublié : le confort. Si Lirinah n’avait rien dit concernant ses raisons d’augmenter la sécurité du palais, elle hésita cependant à en parler à ses coéquipiers. Elle n'avait agît que par spéculation en estimant que son père était innocent, et qu'elle ainsi que ses compagnons étaient en sécurité au palais de l'Ouest. Mais elle se trompait ? Si son père était coupable ? Elle ne ferait que renforcer le piège que deviendrait le palais en ayant fait renforcer la sécurité de celui-ci ? Mais elle se décida finalement à ne rien dire, ne voulant pas alarmer ses camarades pour ce qui était une simple spéculation. Elle préférait qu’elle et Kendraff soient les seuls informés de la situation politique, dans laquelle se trouvait plongé le domaine de l’Ouest. De plus, elle savait que si Kilvar avait fait évacuer la tente de commandement scandinave lorsqu’il avait abordé le sujet de la mort du roi, elle pensait qu’il était donc préférable que le moins de personne possible ait connaissance de la situation, afin de ne pas alerter les coupables potentiels sur l’enquête qu’était mené actuellement en secret.

Après plusieurs heures de repas mais aussi de questions concernant la méfiance de Lirinah, concernant la nuit qu’ils allaient passer au palais aux quelles la jeune femme se refusa de répondre, ils allèrent se coucher dans des chambres misent à leur disposition. Cette nuit-là, ne voulant pas que ce genre de détail n’arrive aux oreilles de ses parents, Lirinah demanda à Kendraff de passer la nuit seule exceptionnellement. La princesse de l’Ouest mit un certain temps à trouver le sommeil, mais lorsque la nuit défila petit à petit dans un calme complet, ses inquiétudes en furent dissipées et la jeune femme s’endormit alors rapidement. Alors qu’elle était plongée dans un profond sommeil, Lirinah fut alors brusquement réveillé lorsqu’elle se retrouva avec une main plaquée sur sa bouche, et maintenu allongée sur son lit par plusieurs individus dont la noirceur de la nuit l’empêchait de voir les visages. Une fois que les armes, avec lesquelles elle dormait cette nuit par prudence furent éloignées d’elle et de son lit, elle fut redressée puis bâillonnée et attaché solidement avant d’être sortie de force de sa chambre. À cet instant, elle n’eût jamais autant regrettée de ne pas avoir dormi aux côtés de Kendraff, par peur de l’opinion qu’elle aurait donné aux gens du palais.

Une fois dans le couloir, elle put remarquer que les gardes de son père avaient tous été égorgés : cela s’était fait rapidement et en silence car elle n’avait entendu aucun crie, ce qui l’aurait réveillée et sauvée de cette situation. De plus, cela avait permis de n’alerter aucun de ses équipiers dont les portes des chambres avaient toutes été barricadées, afin de ne pas laisser sortir un seul des aventuriers présents dans le palais. Lirinah n’ayant pas pu voir ses agresseurs, elle ne savait pas qui était derrière cette attaque mais avait clairement une idée des coupables car, la mort des gardes du palais excluait clairement son père de tout soupçon. Cependant, elle ne savait pas si ses attaquants avaient fait le bon choix en refusant de s’attaquer à ses équipiers, mais elle comprenait très bien qu’ils avaient peur de se confrontait à eux. Elle profita alors d’un moment d’inattention pour percuter un meuble sur lequel était posé un vase, et en provocant sa chute elle était persuadé que le son aller clairement alerté ses équipiers. Mais ses ravisseurs ne se laissèrent pas avoir et l’éloignèrent à temps pour éviter d’être repéré, mais ils avaient cependant ignorés un détail important qui allait jouer en faveur de la jeune femme.

Les hommes qui avaient attaqués le palais ne savaient pas qu’un loup dormait dans l’une des chambres, et n’avaient pas entendu celui-ci indiquer leur présence à Kendraff. Le jeune homme tenta d’ouvrir sa porte et comprit rapidement à la résistance de celle-ci, que quelqu’un l’avait piégé à l’intérieur de sa chambre. Il chercha alors l’objet le plus lourd et le plus massif qu’il puisse manier dans la chambre, et fini par trouver son bonheur en repérant une statue de pierre d’un mètre à l’image de Sàga, la déesse des contes et des légendes ce qui était une décoration poétique pour des invités. À l’aide de la statue, Kendraff enfonça la porte en l’utilisant comme un bélier, frappant avec de toutes ses forces à plusieurs reprises pour briser l’obstacle face à lui. Il sorti ensuite de sa chambre pour constater que Lirinah n’était plus dans la chambre d’à côté, mais en remarquant que ses armes y étaient encore il comprit qu’elle n’en n’était pas partie de sa propre volonté. Face à cette disparition, après avoir récupéré les armes de la jeune femme, il chercha à libérer ses camarades avant de se lancer à sa poursuite et celle de ses ravisseurs, anticipant qu’il aurait besoin de toute l’aide qu’ils pourraient lui apporter.

Il élimina les hommes qui étaient restés dans le couloir pour surveiller les portes, en les exécutants à l’aide de la dague de sa compagne en leur tranchant la gorge les uns après les autres, frappant vite et avec dextérité telle que l'aurait fait un assassin. Alors qu’il commençait à dégager les premières portes barricadées, le bruit qu’il avait fait pour sortir de sa chambre ainsi que les cris de ses victimes avait déjà réveillé tous ses coéquipiers, dont Hans qui avait enfoncé la porte de sa chambre à main nue. Une fois que tous ses camarades furent libérés, il leur fit rapidement un résumé de ce qu’il avait deviné de la situation, et partagea avec eux les raisons qui selon lui se cachaient derrière l’attaque du palais. Puis, à l’aide des armes de Lirinah que Kendraff fit sentir à son loup, ils partirent sur les traces de la jeune fille enlevée avant que d’autres gardes alertés par le bruit ne viennent les stopper. Étrangement, ils ne rencontrèrent que peu de résistance en chemin et firent rapidement le ménage dans les couloirs suivants, bien aidé par la puissance d’Hans et Nerma en première ligne. Ils devaient cependant rester prudent car la magie divine de leurs équipements, était inutile face aux humains et ne s’activaient que contre les créatures maléfiques, réduisant les performances hors normes dont ils auraient pu faire usages normalement dans une quête.

Tandis que ses amis s’étaient lancés à sa rescousse, Lirinah fut amenée dans la grande salle de réception du palais où elle constata avec horreur que tous les servants, et les gardes de son père avaient été exécutés. Face à elle, elle ne fut pas surprise d’y trouver le seigneur des terres insulaires se tenant debout au milieu des nombreux cadavres ensanglantés gisant au sol, avec sa mine satisfaire, elle fut plus déconcertée lorsqu’elle reconnut l’intendant du palais à ses côtés, debout et encore envie ce qui en faisait un complice à ses yeux. Cependant, plusieurs questions se bousculaient dans sa tête comme la raison pour laquelle elle était toujours en vie, ou pourquoi Bargark avant attendu leur retour pour agir alors que l’armée de Boldiv aurait pu revenir à tout moment, ou même la raison pour laquelle l’intendant avait trahi le seigneur du domaine de l’Ouest. Mais Bargark semblait avoir déjà deviné ce à quoi elle pensait, et il afficha un sourire malsain en la regardant être attaché à un fauteuil puis, enfin elle fut débâillonnée à sa grande surprise. Plutôt que d’appeler à l’aide, sachant que si on lui avait rendu la parole cela n’aurait donc aucune conséquence pour eux, elle préféra demander des comptes au seigneur des terres insulaires :

- Pourquoi avoir attaqué le palais ? À quoi cela vous avance puisque l’armée de mon père pourra reprendre le domaine de l’Ouest aisément s’il a l’aide du roi et des autres seigneurs ?

- En voilà des questions, mais si tu réfléchissais un peu tu aurais déjà deviné très chère, répondit Bargark. Vois-tu, vous êtes assez idiots pour être venus m’aider de vous-même à finaliser mon plan. Si vous étiez restés loin du royaume scandinave, vous auriez pu avoir la vie sauve même si je serais quand même devenu seigneur de l’Ouest et des terres insulaires.

- Je ne vois pas comment vous pourriez, insista Lirinah. Même si vous prenez l’Ouest par les armes, le roi et les autres seigneurs ne reconnaîtront jamais votre légitimité, et vous reprendront tout.

- Mais c’est là que vous m’êtes utile, lui expliqua Bargark dans un éclat de rire. Je vous ai là à ma disposition je peux vous contraindre au mariage par la force, et une fois cela fait ma légitimité sera assuré. Personne ne pourra me reprendre le trône de l’Ouest.

- Sauf que vous avez besoin de moi vivante, et que je sais la vérité, lui rappela Lirinah. Et mes camarades vont forcément comprendre la situation et réagir.

- Mais quelle adorable stupidité ma petite princesse, ironisa Bargark. Crois-tu que je vais te laisser la vie sauve ? Et à ton avis, depuis quand mes hommes occupe-t-il ton palais ? Depuis le temps que je prépare mon plan, soit sûr que j’ai pensé à tout mais une démonstration est tellement plus parlante que des mots pour les jeunes filles écervelées comme toi, n’est-ce pas Hilda ?

Sur le moment, Lirinah ne comprit pas à qui Bargark s’adressa car il avait prononcé le prénom d’une femme, tout en s’adressant à l’intendant. Mais elle eut rapidement sa réponse lorsque ce dernier, passa sa main droite depuis son front et balaya son visage ainsi que le haut de son corps qui après s’être illuminé, laissa apparaître le visage d’une femme aux cheveux bruns ainsi qu’un buste révélant des formes alors bien plus féminines et développées que n'aurait pu le suggérer l’apparence précédente. Lirinah s’était imaginé la trahison de l’intendant, mais la réalité lui apparaissait encore pire car le seigneur des terres insulaire semblait disposait d’une alliée tout aussi dangereuse que lui. Devant l’air troublé et choqué de la princesse viking, Bargark éclata à nouveau de rire avant de reprendre ses explications :

- Vois-tu, je n’ai pas besoin de toi en vie, juste de toi pour le mariage. Le roi n’avait toujours eut confiance qu’en un seul clan de magicien, négligeant complètement l’existence d’un autre sur les terres insulaires. Hilda est une formidable alliée et la véritable future dame de l’Ouest et des terres insulaires. Quelle chance qu’elle ait pris la place de l’intendant depuis le départ des troupes de l’Ouest non ?

- Si vous pouviez prendre la place de l’intendant, pourquoi avoir laissé mes compagnons entrer ? Demanda Lirinah. Pour les tuer sur place ? Alors qu’il aurait suffi de me faire enfermer ?

- Vous enfermer ? S’étonna Bargark en s’esclaffant de rire. À quoi bon enfermer une princesse qui a toujours sue quitter son palais à volonté malgré les gardes. Et puis vos amis ne sont pas morts pour une bonne raison : ils vont m’aider sans le vouloir.

Instinctivement, avec son tempérament de feu Lirinah s’emporta en l’entendant parler avec mépris de ses camarades. Profitant que Bargark soit proche d’elle, la jeune femme lui cracha au visage et lui enfonça son pied dans le ventre. Ce dernier lui envoya un revers de son poing gauche qui ouvrit la lèvre inférieure de la jeune femme, puis avec un sourire sadique il lui plaça la pointe d’un poignard sous la gorge lui rappelant ainsi qu’elle était à sa merci. Lirinah ne se laissa pas impressionner et continua d’interroger Bargark:

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi, à quoi peuvent-ils bien vous servir à part faire échouer votre plan ? Surtout qu’avec la mort du roi, il vous était moins facile de faire accuser mon père et d’éloigner les soupçons contre vous, la seule personne ayant à la fois les motivations et le passif pour être le suspect numéro un. En plus, vous perdez bêtement du temps à vous vanter de votre plan, ce qui n’est pas très malin de votre part.

En entendant Lirinah parler de la mort du roi, Bargark se mit à rire de plus en plus fort, au point d’en avoir les larmes aux yeux et planquant sa main sur son visage pour se l’essuyer et tenter de reprendre son sérieux. Lirinah au début, pensait que gagner du temps en faisant parler Bargark était une bonne idée, elle commençait désormais à être prise d’un sérieux doute au fil de la discussion, car le seigneur des terres insulaire semblait être intelligent et elle avait du mal à croire qu’il tombe si facilement dans le piège. Puis, il répondit alors à la jeune femme en tentant le plus possible de ne pas retomber dans son fou rire :

- La mort du roi ? Mais celle-ci n’est qu’un dommage collatéral ! Sa mort n’était pas prévue et était réellement accidentelle. Après tout, l’idée n’était de faire mourir qu’Arkar afin de pointer tous les soupçons contre votre père. Mais cela ne changera rien à mon plan. Kilvar va enquêter, et comme il le fera très bien il comprendra vite que le roi est mort par accident, et accusera fatalement Boldiv. Et je ne perds pas de temps, je m’occupe juste le temps que le prête qui est venus avec moi ai fini ses préparatifs de cérémonie.

- En quoi cela vous aide ? S’étonna Lirinah, bien que son idée de gagner du temps soit un échec. Pourquoi seule la mort d’Arkar vous était nécessaire ?

- Décidément, tu ne fais aucun effort pour comprendre, répondit Bargark. Tu sais comment j’ai fait exécuter les gardes aussi discrètement ? Et pourquoi je l’ai fait ? À ton avis, vue la méthode d’assassinat qui vas être accusé ? L’avantage du clan de Kilvar, c’est que les femmes restées au village pour s’en occuper sont elles aussi de redoutables guerrières. Si Boldiv passe pour l’assassin d’Arkar, la mort de ses gardes par les femmes du clan est le scénario alors le plus crédible. Et en plus, j’ai dix aventuriers ici qui vont me fournir une couverture supplémentaire, puisqu'il je pourrais également en reporter une partie des crimes sur leur dos.

Lirinah resta figé de stupeur devant ses révélations. Elle ne savait pas exactement comment Bargark comptait utiliser ses amis mais elle avait compris qu’il leur avait tendu un piège des plus sournois. Elle avait pensé à se couper la langue avec ses dents, pensant que seul son sacrifice pouvait mettre en échec le plan de Bargark, mais la présence d’Hilda compromettait cette idée, puisqu’il lui suffisait de se faire passer pour elle avec sa magie. De plus, la pointe du poignard toujours sous sa gorge lui indiquait que sa vie n’était pas essentielle à ce plan. Devant le visage troublé et écœuré de la princesse, Bargark comprit que cette dernière redoutait d’entendre la suite, et se fit une joie de la lui raconter :

- À ton avis, pourquoi sont-ils en vie dans le palais ? J’ai tout fait pour retarder leur évasion tout en la rendant facile. Tes amis ont déjà dû sortir de leurs chambres, mais ils ne vont rencontrer aucune résistance. Ils vont tuer mes gardes sur leur chemin, et passeront pour les attaquants du palais une fois qu'ils seront habillés des couleurs du domaine de l'Ouest. Puisque le meurtre des gardes sera attribué aux guerrières du clan des crocs de la Lune, je passerais donc pour le protecteur du palais, et tes amis pour les complices du crime. Et faute de preuve contre moi et tous les indices contre eux, ma parole et celle de mes hommes feront offices de vérité, surtout avec la princesse de l’Ouest confirmant ma version des faits. Mon seul regret sera que ton cher Kendraff ne pourra pas voir notre union. Quelle douce vengeance cela aurait été pour moi.

- Comment avait vous fait cela à vous deux ? Demanda Lirinah. Quel est votre objectif finalement ?

- Cela me paraît évident, non ? Répondit Bargark. Le trône du royaume entier. À l’heure actuelle, avec des potions de polymorphie à leur disposition, mes hommes doivent déjà avoir saboté tous les navires de la flotte. Ainsi, le roi et le seigneur ne pourront jamais rentrer avant plusieurs mois, et auront été tués par mes assassins ayant l’apparence des soldats de Boldiv. Un coupable et le chemin du trône libre, personne ne pourra me stopper. Mes parents, ces idiots, ont tentés de nouer une simple alliance avec ton père, car ils étaient trop stupides pour voir plus loin en terme d'ambition. Ils n’ont pas compris qu’avec la situation conflictuelle du domaine de l’Ouest, la route au trône était devant leurs yeux. Alors je les ai éliminés grâce aux talents d’Hilda, qui a pu faire croire à la maladie sans qu’aucune preuve ne vienne me gêner. Maintenant, il ne reste plus qu’un tout petit mariage sur mon chemin. Tu vois, j’ai déjà gagné et personne n’y changera rien.

Lirinah resta sous le choc de cette révélation et ne trouva rien à répondre malgré sa rage intérieure, tandis que le prêtre finissait ses préparatifs. De leur côté, les dix aventuriers avaient rejoint la porte de la salle de réception où le gros des forces de Bargark les y attendait. Mais alors qu’ils s’apprêtaient à combattre seuls une centaine de gardes armés et bien entraînés, une quarantaine de silhouettes noires et encapuchonnées débarquèrent devant les portes, frappant vite et exécutant les hommes de Bargark. Hans enfonça alors les portes de la salle où Lirinah était retenu captive, tandis que Kendraff bondit par-dessus lui et retomba sur le seigneur des terres insulaires son épée vers lui, forçant ce dernier à reculer pour éviter la lame. Mais dans la salle, les hommes de Bagark étant très nombreux et l’effet de surprise étant terminé pour les aventuriers, Kendraff se contenta de libérer rapidement Lirinah et de s’éloigner d’eux.

L’une des silhouettes fit ensuite signe à tous de se replier aussi vite que possible, et ils se dirigèrent vers la sortie du palais tandis que les archers de Bargark leur tiraient dessus. Malgré la fuite rapide, les flèches firent tomber une dizaine de guerriers en noir et une poursuite s’engagea alors entre les soldats et les fuyards. Par chance, Bargark étant bien trop sûr de sa victoire, il n’avait pas anticipé que la jeune princesse scandinave soit secourue plus tôt que prévu bien, mais la sortie fut étrangement peu gardée bien que les hommes de Bargark étaient presque tous à la poursuite de ses ennemies. Les aventuriers et leur alliée écrasèrent sans difficulté les hommes qui leur barraient la sortie, puis une fois dehors ils se dirigèrent alors vers le village de Kendraff tandis que cinq des guerriers en noir tombèrent sous une nouvelle salve de flèches. La poursuite continua sur plusieurs kilomètres, mais les troupes de Bargark mirent du temps à s’organiser ce qui permit aux aventuriers de les distancer. Puis, après une heure de fuite ils arrivèrent enfin au village du clan des Crocs de la Lune, où Kendraff pu enfin prêter attention à leurs sauveurs : c’était toutes des femmes du clan venues les soutenir. Cependant, ce fut la surprise totale pour Kendraff qui se demandait comment elles avaient pu connaître leur situation et intervenir aussi vite.

Tandis que Lirinah rapportait les dires du seigneur des terres insulaires, celle qui commandait aux autres femmes leur confiât qu’elles avaient reçu pour ordre, par messager il y a plusieurs mois de surveiller tous les mouvements autours du palais. Kendraff comprit bien que l’ordre venait de Kilvar, mais une question demeurait en suspens : comment Kilvar avait-il compris et anticipé la situation ?

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