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Jour 33 : Lundi 24 décembre.

Mon Cher Journal, je ne te cache pas que j'ai eu un mal fou à patienter jusqu'à aujourd'hui. Je n'arrêtais pas de réfléchir et de me demander ce que Severus avait en tête. Toutes les hypothèses les plus loufoques m'avaient traversées l'esprit, cours en matinée plutôt qu'en soirée (ce qui me paraissait le plus probable), une séance de torture mentale durant laquelle il tenterait de percer tous mes secrets (ce qui n'était pas à exclure), un duel sorcier pendant lequel il se défoulerait sur moi pour toutes les bêtises que j'ai pu lui dire jusqu'à présent et ... c'est tout. Oui bon la liste est plus courte que prévue ! Mais j'avais beau y méditer je ne voyais pas quoi rajouter de plus.

Hier j'ai tenté (en vain) de le trouver pour lui tirer les vers du nez. Je crois qu'il devait s'en douter car je ne l'ai pas vu de toute la journée, ni au repas du soir d'ailleurs.
C'est donc ennuyée (un peu frustrée surtout) que j'ai passé la journée à tourner en rond. Je suis bien évidemment allée prévenir Minerva que bientôt je n'aurais plus le plaisir de la croiser dans les couloirs. Elle accueillit cette annonce avec une peine non dissimulée, ce qui me fit énormément plaisir ( pas que j'aime voir souffrir les autres hein, mais cela m'a touché). Je passais deux heures avec elle à parler de banalités quand elle me prévint qu'elle devait s'absenter. Je la quittais donc le coeur plus léger, elle a un don certain pour remonter le moral cette bonne femme.

Je faisais ensuite la même chose avec Pompom, cette femme m'avait soignée tant de fois qu'il m'était inconcevable de partir sans lui dire au revoir. Elle souffla en me voyant arriver ce qui me fit partir dans un rire franc. Je la rassurais rapidement et lui expliquais les raisons de ma venue. Elle garda une certaine retenue durant notre échange, mais je vis tout de même que ma démarche lui fit plaisir. Elle me fit promettre de rester prudente dehors et d'éviter au maximum le danger. Je le fis et la quittais avec un sourire.

Après-midi j'allais dans ma chambre rédiger un mot à l'attention de Fred, je ne pouvais pas partir sans changer son futur, tout du moins essayer. J'étais persuadée qu'empêcher sa mort n'allait rien changer au déroulement de la bataille finale, j'avais beau retourner ça encore et encore dans ma tête, je ne voyais pas ce que sa survie changerait. Après tout il n'était à aucun moment en première ligne et ne parlait même pas à Harry ce jour-là, à Voldy encore moins ...
C'est avec un certain remord vis-à-vis du directeur et de ses directives que j'écrivais simplement : "Porte ça aujourd'hui et ne l'enlève sous aucun prétexte tant que rien n'est terminé." Je glissais ensuite le mot dans une enveloppe que je datais au 02 mai 1998. Je l'ensorcelais ensuite pour empêcher quiconque de l'ouvrir avant cette date, ainsi que le paquet qu'elle recouvrirait dans un instant.

L'emballage en question contenait désormais mon ancienne cape que j'avais ensorcelée pour la rendre aussi résistante qu'une armure tout en gardant son apparence habituelle. Ceci empêcherait peut-être mon ami de mourir à cause de l'explosion que provoquera Augustus Rookwood, je l'espérais sincèrement.

J'allais ensuite à sa recherche avant d'éventuellement changer d'avis, le paquet réduit à une petite taille tenait dans ma poche. Il ne fut pas difficile à trouver, quand j'arrivais devant la grande salle je croisais son jumeau qui m'annonça qu'il était dans la salle commune de leur maison. Il me souffla le mot de passe, je le quittais avec un clin d'œil.

Arrivée au bon étage, j'annonçais le mot de passe à la grosse dame avant de me faufiler dans la cage aux lions. La porte à peine franchie, je vis sa tignasse rousse dépasser du grand canapé. Il n'était pas seul et parlait avec son plus jeune frère, de futilités vu les rires que j'entendis rapidement. Je me raclais la gorge et fis rapidement face à deux paires d'yeux très similaires. Je lançais un petit "Bonjour" et accueillais avec douceur le sourire de mon ami. Il salua son cadet et vint vers moi pour me faire un câlin digne de ce nom. Si vous avez des problèmes avec le contact physique, fuyez ce garçon comme la peste !
Ron nous laissa et partit de la salle commune pour aller s'engouffrer dans les escaliers tournants qui menaient au dortoir des garçons. Enfin seuls, je ne perdais pas de temps et avec un rythme cardiaque rapide sortais le petit "cadeau" pour Fred.

- C'est pour toi, ne me demande pas ce que c'est ni pourquoi je fais tant de mystères, fais-moi simplement confiance Fred.

Il fronça les sourcils et rendit sa taille normale à son présent. Il regarda avec curiosité la date inscrite sur l'enveloppe en se demandant sans doutes ce qu'elle avait de si spéciale. S'il savait ...

- Tu l'ouvriras ce jour-là d'accord ?
- Heu oui, mais ...
- Pas de "mais" Fred, ne tente pas de l'ouvrir avant. C'est très important. Je l'ai ensorcelé de toute façons.

Il grimaça, je savais ô combien il était curieux aussi je priais très fort qu'il m'écoute durant les années futures. Il me regarda sérieusement et je crois qu'il comprit grâce à mes traits tirés et mon sérieux que l'heure n'était pas aux plaisanteries. Je m'apercus que je m'agrippais à sa main quand il tenta de s'extirper de ma poigne avec une grimace. Oups ...

- Très bien, je te le promets Amy.
- N'oublie pas surtout, s'il-te-plait n'oublie pas !

Il fronça les sourcils et me prit (encore) dans ses bras. Je crois que son instinct refit surface à ce moment-là et lui souffla qu'en effet c'était très important car il me chuchota "Je te le promets" à nouveau, mais cette fois je savais qu'il tiendrait parole.

Soulagée je le quittais et allais rejoindre ma chambre, je me sentais coupable et heureuse à la fois. Même si au fond, je n'aurais aucun moyen de le savoir, j'espère vraiment que mas actes auront un impact positif.
Déterminée je commençais ensuite à écrire un nouveau mot, à l'attention de Severus cette fois. Celui-ci me donna plus de fil à retordre, j'avais envie de lui écrire tant de choses ... Je décidais d'aller à l'essentiel tout en adoptant une écriture plus légère et plus intime que celle que j'avais prise pour Fred.
Je déposais la nouvelle enveloppe également datée au même jour sur le petit paquet contenant la fiole que j'avais préparée dans sa classe. Je relançais un sort de protection comme plus tôt et déposais ensuite le tout sur mon bureau.

Après ça, je passais mon temps à lire pour me vider l'esprit et allais ensuite manger dans la grande salle. Au soir, j'allais me coucher tôt bien décidée à être en forme aujourd'hui.

Levée à sept heures, je suis allée prendre une douche avant de me préparer. J'enfilais une robe à tricot à manches courtes de couleur grise m'arrivant à mi-cuisses par-dessus un chandail noir à longues manches. Je me glissais ensuite dans une paire de bas et me chaussais de mes petites bottines noires à boucles. Je décidais de laisser mes longs cheveux détachés et me contentais de les lisser légèrement. D'humeur coquette, je me passais un fin trait noir au-dessus des yeux et courbais mes cils avec un mascara (merci Minerva pour ton précieux livre de sortilèges). Après un regard pour mon réveil, je décidais de presser le pas et d'aller à la grande salle pour déjeuner.
Après deux toasts beurrés, un oeuf à la coque et un verre de jus de raisin je me levais et rougissais sous le compliment de Dumbledore.

- Vous êtes très élégante aujourd'hui Miss.

Je le remerciais gênée et partais avec une mine de "petite fille heureuse pour rien" vers l'entrée de l'école. Severus arriva après deux minutes d'attente, pile à l'heure. Je me retournais vers lui et le saluais doucement. Il m'inspecta avant de rouler des yeux. Je me demandais ce qu'était le problème avec ma tenue quand je le vis retirer sa cape et me la mettre sur les épaules dans un mouvement agacé.

- Nous sortons ?
- Non, je me lance dans une carrière de styliste.

Je roulais des yeux à mon tour et souriais en coin. Il était, de toute évidence, en forme. Il me tendit son bras et attendit (patiemment) que je réagisse. Le rouge me revint aux joues (foutus hormones) quand nous sortîmes bras dessus bras dessous dans le parc. Je n'arrêtais pas de le regarder en biais, pareil à lui même il gardait ce même air renfrogné que je lui connaissais. Nous arrivions pratiquement aux limites de l'école quand je ne tins plus.

- Vous allez enfin vous décider à me dire où nous allons ?
- Non ..."

Je grognais et maugréais dans ma barbe alors qu'il s'arrêtait enfin après nous avoir fait dépasser les barrières magiques protégeant l'école. Il me prévint que cela n'allait pas être agréable et nous fit ensuite transplaner. "Pas agréable"est un euphémisme, je sentais que mes entrailles se retournaient, se déformaient et s'étiraient sans cesse. Mon corps n'était plus qu'un amas de membres désarticulés qui tenaient ensemble par l'intervention du Saint Esprit. Avec soulagement (et nausée) je sentis que tout retournait à sa place et que je reprenais forme quand enfin nous retrouvions la terre ferme. Je titubais et perdais un peu équilibre dans les bras de Severus qui me regardait soucieux. Il fut soulagé de ne pas me voir vomir et retrouver des couleurs après avoir repris mes esprits. Quelle expérience horrible. Je levais mon regard, curieuse d'enfin savoir où il m'avait emmenée et inspectais les lieux me faisant face.

Un ruelle plutôt sombre et une succession de maisons toutes plus identiques et lugubres les unes que les autres. Je fronçais les sourcils en regardant la pancarte murale qui annonçait : L'impasse du Tisseur. Ce nom me disait quelque chose ...
Il avança vers une porte abimée et sortit sa baguette avant de lancer sur cette dernière un sort de déverrouillage. Je le suivais et entrais à sa suite dans la maison. L'endroit était minuscule, un étroit couloir nous mena à un petit salon poussiéreux qui dépourvu de décorations rendait le lieu impersonnel. Un canapé miteux et un fauteuil à moitié mangé par les mites (ou Merlin sait quoi d'autres) faisaient face à une petite cheminée qui de toutes évidences n'avait pas servie depuis des lustres. Sur une étagère, de nombreux livres aux reliures sombres patientaient que quelqu'un les ouvres. Je tentais de voir à travers une fenêtre noire de saletés sans réussir à comprendre ce qui se trouvait de l'autre côté et toussais légèrement à cause de l'odeur de renfermé qui régnait dans la pièce. En fronçant les sourcils je me retournais vers Severus.

- Sommes-nous chez vous ?
- Qu'est-ce qui vous fait croire ceci ?
- La décoration ...

Il réprima une grimace (et un rire je crois) et hocha de la tête pour me confirmer que nous étions bien chez lui. Bon sang j'étais chez Severus Rogue ! J'étais mitigée entre la curiosité, la joie débile et l'interrogation, pourquoi m'avoir fait venir en ce lieu ? Il dû lire dans mes pensées car il me précisa que nous ne faisions qu'une escale ici, le temps pour lui de récupérer quelque chose à l'étage. Je hochais de la tête et le perdis de vue quand il partit vers l'escalier. Je lançais un sort au canapé et lui rendais une allure convenable avant de m'y asseoir. Avec amusement je faisais rapidement de même avec le reste du mobilier, je faisais apparaitre quelques lampes murales et un lustre au plafond.
La couleur terne des murs ne fut qu'un vague souvenir l'instant d'après alors que je leur donnait une jolie teinte de blanc cassé mélangée à des bordures vertes émeraudes. La cheminée retrouva toute sa splendeur d'antan et le carrelage étincella rapidement de propreté. C'était mieux ainsi. Je gloussais presque intérieurement quand il revint et ouvrit de grands yeux étonnés face au changement. Il posa son regard sur moi et roula des yeux de façon démesurée quand il vit que j'étais prise d'une quinte de toux (je sais je n'ai berné personne). "Vous et votre obsession pour la décoration d'intérieur." Je ricanais en le regardant enchanter la cheminée d'un coup de baguette. Il posa un petit récipient à côté de cette dernière et je compris que nous allions cette fois utiliser de la poudre de cheminette ( à mon grand soulagement) pour nous déplacer.

J'allais à ses côtés et écoutais ensuite avec sérieux le nom de notre destination. Je rentrais la première et lançais avec application de la poudre à mes pieds en chantonnant : Réserve Goldstein niveau 0.

Comme lorsque j'avais utilisé ce moyen de transport avec Albus, cela se passa très vite. En moins de quinze secondes je me retrouvais poussiéreuse au sein d'une nouvelle cheminée. Je sortais pour laisser la place à Severus et retirais la saleté sur mes chaussures. Les flammes derrière moi bougèrent et accueillirent le professeur de Poudlard qui aussi gai qu'un pinson soupirait en remettant ses cheveux en ordre. "Venez". Je le suivais tranquillement en me demandant où nous étions. L'immense salle qui ressemblait à un entrepôt était jonchée de nombreuses caisses et d'énormes conteneurs. J'entendais de drôles de bruits sortir de ces derniers, loin de s'en soucier mon charmant accompagnateur me fit presser le pas et m'emmena à la sortie. Nous nous sommes ensuite engagés dans un long couloir aux nombreuses portes fermées. Certaines ouvertes, me laissaient voir des employés en train de travailler sans relâches à leur bureau.
Au bout de ce dernier une plus grande porte nous fit face et l'instant d'après nous nous retrouvions dans un une gigantesque pièce ovale. Quatre longues files menaient à des guichets où des femmes très élégantes y travaillaient. Sur la gauche, une baie vitrée d'au-moins dix mètres de longueur laissait entrer les timides rayons du soleil.

Loin d'être patient Severus souffla au moins dix fois le temps que nous dûmes patienter pour arriver à la tête de file pour y ... acheter deux billets. Il demanda à la femme qui nous servait si Monsieur Wood était là, ce qu'elle lui confirma entre deux battements de cils. "Réserve C, bureau 113". Il hocha la tête et me proposa son bras. Je déposais plus rapidement ma main cette fois et le laissait me guider vers une porte en verre pour, enfin, rejoindre la lumière du jour. Le vent frais souleva mes cheveux et avec soulagement je remerçiais une fois de plus mon sauveur pour m'avoir prêter sa cape.
J'ouvris de grands yeux ébahis quand je compris où nous étions. Le nom aurait dû me mettre la puce à l'oreille, mais je n'avais pas fait le rapprochement. Nous étions dans un "zoo", où du moins, sa version sorcière. Divers sentiers partaient dans tous les sens et de nombreux visiteurs couraient entrevoir des animaux magiques cachés derrière de puissantes protections. Je regardais Severus avec fascination et gratitude avant qu'il ne me coupe l'herbe sous le pied.

- Je dois aller voir un employé de cette réserve, il me fournit des ingrédients pour mes potions.

Je fis la moue, moi qui pensais qu'il avait décidé d'être sympa en me faisant participer à d'une sortie fabuleuse. Je haussais des épaules, bien déterminée à profiter de chaque moment tout de même.

Nous avons emprunté le sentir A, qui après vérification de mon "ami" se révéla être le plus court chemin menant à sa destination. Nous sommes passés devant de nombreuses "cages", elles étaient énormes et faites de grillages translucides qui repoussaient les animaux qui les habitaient quand ils s'en approchaient trop. J'eus l'immense plaisir de voir de fantastiques créatures, à chaque nouvelle espèce je m'arrêtais et m'émerveillais comme une enfant. Severus abandonna l'idée d'arriver à sa réserve en moins de dix minutes après mon cinquième arrêt. Il s'amusa tout de même de me voir gesticuler comme une gamine quand je vis avec bonheur un hippogriffe (qui ressemblait énormément à Buck). Les enclos étaient différents à chaque nouvel animal, la savane se succédait à la glace, la jungle aux grottes caverneuses. C'était fascinant. Je devais souvent lire le petit panneau informatif qui était présent devant toutes les clôtures car je ne connaissais pratiquement aucune des espèces qui étaient présentées ici. On était loin de celles "inoffensives" que faisait étudier Hagrid à l'école. Severus se prit finalement au jeu et me facilita la tâche, il m'expliqua (en digne enseignant) chaque bestiole que nous croisions ensuite.

Après une bonne heure d'émerveillement et avec d'énormes regrets, j'ai vu la réserve C nous faire face. Trouvant que j'avais assez usé de la patience de mon professeur attitré, je l'ai sagement suivi dans le bâtiment. Il ressemblait en tous points à celui par lequel nous étions arrivés. Severus s'annonça à l'accueil et rapidement une "hôtesse" vint nous rejoindre pour nous mener à ce Monsieur Wood. J'avançais avec des pieds de plomb à leurs côtés, je voulais retourner dans le parc. Nous sommes arrivés à bon port après quelques minutes de marche, dans le hangar des animaux étaient éparpillés un peu partout et étaient soignés par des employés. L'homme que Severus venait voir était d'ailleurs là et vint le saluer avec enthousiasme. Ils se serrèrent la main et arriva le moment des présentations.

- Monsieur Wood, voici Miss Amy mon ... assistante.
- Enchantée Miss.
- Monsieur.

Je lui serrais la main avec politesse mais en vérité je me retenais de regarder Severus en biais. Assistante hein ... Ils commencèrent à parler affaire et je décrochais complètement après trois minutes. Une conversation totalement incompréhensible pour moi. Je regardais aux alentours en cherchant une occupation et je décidais ensuite de faire le tour de la salle. Les créatures ici étaient mal en point, certaines étaient blessées, d'autres malades, des soigneurs travaillaient rapidement et méticuleusement pour leur rendre la santé. Après une bonne vingtaine de minutes à passer de box en box, je vis un petit enclos aménagé non loin. Je m'y dirigeais sans plus de préambule et regardais avec amour (oui amour) la ribambelle de Boursoufs tous plus mignons les uns que les autres qui s'y prélassaient. Les petites boules de poils pas plus grandes que mon poing étaient de toutes les couleurs, il y en avaient des roses, des violettes, des vertes, des blanches. J'avais envie de passer la barrière et de les prendre dans mes bras pour un câlin digne de ce nom quand une voix me fit sursauter.

- Ils ont attrapés un mauvais virus, la lumière du jour les rends dépressifs.
- Dépressifs ?

Le jeune homme hocha de la tête et vint se poster à côté de moi. Il ressemblait à Rémus Lupin avec vingt ans de moins. Habillé d'un uniforme beige comme tous les employés ici, il avait dans les mains un seau contenant des petites billes fluorescentes. Curieuse je l'interrogeait.

- Qu'est-ce vous avez dans ce seau ?
- Ça ? Des oeufs de Boullu, pour le casse-croûte.

Il me fit un clin d'œil et ouvrit la petite barrière pour aller se joindre aux petites créatures.

- Vous voulez venir ?

Je hochais rapidement de la tête et allais le rejoindre ô comble du bonheur. Je m'agenouillais à ses côtés et le regardait faire son travail. Il sortait un oeuf à la fois et le donnait tendrement à un Boursouf, ces derniers étaient tous agglutinés à ses genoux et sautillaient pour être servis en premier. Je laissais un petit rire attendrit sortir de ma bouche ce qui les fit TOUS me regarder. Je me stoppais net sous la surprise et regardais le jeune homme qui aussi étonné que moi se grattait la nuque. Comme plus aucun bruit ne sortait de ma gorge ils recommencèrent leur petit manège et attendirent de nouveau qu'on les servent. Il haussa les épaules et reprit son travail après avoir rapprocher le seau de moi. Je m'exécutais avec plaisir et commençais à mon tour à les nourrir. Je devais avoir bel air, un immense sourire était collé à mon visage et ne voulait plus en partir.
Le seau presque vide, une voix me fit sortir de mon cocon de bien-être presque brusquement.

- Vous vous amusez bien ?

Je me retournais vers Severus avec toujours le même air béat collé sur ma figure.

- Vous n'avez même pas idée.

Il laissa échapper un petit "Keuff" mesquin et leva les yeux au ciel.

- J'ai tout ce qu'il me faut, nous pouvons partir.

Je laissais s'affaisser mes épaules en boudant légèrement. Un minuscule Boursouf d'un vert sombre aux yeux crèmes vint se poser sur mon pied et ferma les yeux pour s'y endormir. Je laissais échapper un petit cri (un haaannooowwww tout ce qui a de plus ridicule) et caressais la petite tête poilue.

- Il semble vous apprécier.
- Oui, c'est réciproque. Mais malheureusement je vais devoir le laisser et partir.

Je prenais délicatement la petite créature et la reposais avec ses semblables avec un pincement au coeur. Je me relevais ensuite, saluais l'employé fort sympatique et allais rejoindre Severus avec un air anéanti.

- Vous n'allez pas pour mettre à pleurer tout de même ?!

Je levais la tête haute et le snobais en beauté en partant vers la sortie. Si j'en avais envie ... oui, si je l'ai fais ? Non, je n'avais pas envie de lui donner cette satisfaction. Nous avons refais le chemin inverse et sommes repartis vers la cheminée qui nous avait amenés ici.

- Retournons-nous à Pourdlard ?

Il sembla méditer cette question quelques instants avant de regarder l'heure sur ma montre. "Non pas tout de suite". Il m'annonça notre prochaine destination et je levais un sourcil étonné en entrant dans la cheminée. Quelques instants après, je me retrouvais dans un petit salon chaleureux.

L'établissement n'était pas très grand en soi, mais accueillait toutefois un bon nombre de clients.

"L'alcôve" était un restaurant tout ce qui est de plus chic, pourtant l'endroit gardait quelque chose de chaleureux qui me plu de suite. Un homme vint m'accueillir, il portait un costume noir taillé sur mesure et seule la fleur qui bougeait dans la poche de sa veste m'indiquait que l'établissement était visité par des sorciers. Severus apparut derrière moi et se chargea de la suite.
Rapidement, nous avons été menés à une table ronde dans un coin de la salle, installés je pouvais enfin mieux inspecter les lieux. A notre table, pas de bougies, pas de chandelles, mais un petit récipient ovale qui contenait une boule transparente qui ressemblait fort à celles que Sybille utilisaient durant ses cours de divination.

Le petit bar n'arrêtait pas de recevoir la visite des serveurs qui gracieusement ondulaient entre les tables pour servir mets et boissons. On vint nous demander notre commande alors que je regardais avec envie les différents plats proposés sur la carte. Je demandais conseil à mon vis-à-vis ne sachant pas quoi choisir entre le "potage explosif", le "Gibier farceur" et "La fleur de poisson". Il donna nos commandes aux serveur qui disparu en cuisines ensuite. J'appréhendais un malaise entre nous quand Severus entama une conversation "normale" et détendue avec moi. Il me demanda tout de même ce que j'allais faire de retour chez moi, pourquoi je tenais tant à partir ou ce qui m'empêchait de rester. Je jouais cartes sur table avec lui et lui expliquais que ma mère, malade de surcroît, m'attendait à la maison et s'inquiétait de mon absence. Il comprit, je crois, que si j'avais eu la possibilité de la faire venir ici plutôt que de repartir je l'aurais fait.

Nos plats arrivèrent, en silence nous avons dégusté le contenu de nos assiettes en nous perdant dans nos pensées.

A la fin du repas, j'étais repue pour dix ans au moins. Severus avait bien fait de me choisir la "Douceur du chef" dont l'assiette était composée de volaille. Moi et mon amour du poulet ... Il régla l'addition ce dont je l'en remerciait le rose aux joues. Nous sortîmes par la porte d'entrée cette fois et avons marché dans les rues de Londres durant trois bonnes heures. Il me fit visiter les endroits sorciers, comme le chaudron baveur, le musée de la magie (qui est époustouflant), le ministère (même si cet endroit ne l'enchantait pas plus que ça). Alors que nous marchions dans la rue principale du Chemin de Traverse (à ma plus grande joie) et que nous nous dirigions vers la cheminée de Gringotts pour retourner à l'école, il changea d'avis et me donna la main pour me faire transplaner une nouvelle fois. Je grimaçais en sentant de nouveau mes entrailles se retourner et accueillais avec soulagement la fin du voyage.

Nous étions en haut d'une colline. Je le regardais sans comprendre et le vis se perdre dans ses souvenirs durant une longue minute. Il métamorphosa son mouchoir de poche en couverture et la posa à nos pieds. L'instant d'après nous y étions assis et contemplions le spectacle. La neige recouvrait désormais une grande partie du paysage, les arbres étaient dénudés de feuilles et de bourgeons, la terre était sèche ou boueuse selon l'endroit, pourtant je trouvais cet endroit magnifique. Il me sortit de mes rêveries dans un murmure.

- C'est la colline aux marguerites.

Dit ainsi ça pouvait paraitre idiot, mais je sentais dans le ton de Severus que cet endroit avait une importance de taille pour lui. Il ne me permit pas d'y réfléchir plus longuement car il continua de penser à voix haute.

- J'y venais souvent quand j'étais jeune enfant, avec une amie à qui je tenais énormément.

Oh bon sang. Nous étions sur la colline où il avait fait la connaissance de Lily Evans.

Je ravalais ma salive en silence en comprenant pourquoi il était tout à coup si morose. Je comprenais ô combien cela devait lui peser d'être ici, mais pourquoi vouloir s'infliger ça et me faire visiter cet endroit ?
Je me mordais la lèvre anxieusement. Peut-être était-ce sa façon de me dire, de me montrer qu'il tenait beaucoup à moi, ou qu'il me faisait assez confiance pour me faire part d'une partie de sa vie que j'étais supposée ignorer. Je sentis les larmes me monter aux yeux, dire que je lu mentais en cet instant, pas directement certes, mais omettre de révéler certains détails délibérément c'est mentir en quelque sorte, non ? Je le sentais perdu et ... triste. Pas difficile de comprendre pourquoi, il avait connu ici la femme qu'il allait aimer jusqu'à la fin de sa vie sans que cela soit réciproque. Une femme qui lui avait tourné le dos quand ils étaient adolescents et après s'être amourachée de James Potter. Je la détestais presque sans jamais l'avoir connue, n'aurait-elle pas pu le défendre quand il était agressé par Sirius Black ? Ou quand son futur mari rabaissait Severus aux yeux de tous ? Quel genre d'amie peut laisser faire ça ? ... Une voix me soufflait que Severus avait changé de côté pour se rallier à Voldemort à ce moment-là ce qui avait dû faire pencher la balance du mauvais côté pour Lily ... Mais tout de même ! Je bouillonnais intérieurement, qui était le vrai fautif là-dedans ? Tous avaient un rôle dans cette histoire, nuls n'étaient escompté d'erreurs ... Chercher à blâmer quelqu'un n'y changerait rien de toute façon.

Nous sommes rester ainsi durant un long moment, je pense plus d'une heure avant que je n'ose lui souffler le fond de ma pensée.

- Merci de m'avoir fait partager une petite partie de vous Severus, cela me touche vraiment.

Il me regarda enfin, son regard était las et fatigué. Il semblait avoir pris dix années de plus tout à coup et je pouvais voir peser sur ses épaules les erreurs du passé et les obstacles du futur. Un homme courageux ...
Je lui souriais doucement et lui serrais la main dans un élan de courage.

- Si les choses avaient été différentes, j'aurais aimé rester à vos côtés. Vous êtes un homme bon et ... même si nous faisons tous des erreurs un jour dans notre vie, le plus important est la valeur que nous donnons à nos actes pour ensuite devenir de belles personnes ... Et vous êtes de ces gens qui méritent le plus grand des respects.

Je le vis baisser le regard vers nos mains jointes, il resserra sa prise sur mes doigts et soupira doucement avant de revenir à mes yeux humides.

- Que diriez-vous de rentrer maintenant ?

Je hochais de la tête avant de me lever avec son aide. Il fit disparaitre la couverture et me regarda longuement avant de replacer correctement sa cape toujours sur mes épaules. Ce geste était presque protecteur, voir paternel, j'étais en tout cas certaine qu'il était doté d'une grande tendresse. Je poussais peut-être les limites de la bienséance mais j'allais me blottir dans ses bras ensuite. Même si je le frôlait plus qu'autre chose, j'avais besoin de cette étreinte. Il ne dit rien, il ne se moqua pas non plus et à mon grand soulagement il referma ses bras autour de moi avant de nous faire transplaner aux portes de l'école. Nous marchions sous une fine pluie de neige quand il me souffla avec un léger amusement dans la voix :

- Accepteriez-vous d'être ma cavalière demain lors du bal ?

Je le regardais avec étonnement avant de lui sourire sincèrement.

- Avec la plus grande des joies.

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