Moi ? Enquiquineuse ?

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Jour 13 : Mardi 04 Décembre.

Je crois que je comprends mieux mon rêve éveillé de l'autre soir quand j'ai écris des choses sans réelle logique dans ce journal. Je savais que la fatigue n'était pas la seule raison pour que je "parle" de Severus me prenant dans ses bras comme me l'avait affirmé l'infirmière. D'ailleurs, parlant d'elle, je crois que je vais finir par prendre un abonnement à l'infirmerie ... Je t'explique :

Cela ne faisait à peine que dix minutes que je remuais ma mixture dans son chaudron, mais déjà les effluves qui en sortaient me faisaient suer à grandes gouttes. Pourquoi ai-je choisis les potions et pas les soins aux créatures magiques ? Je te le demande ...
Quand hier soir j'étais arrivée joliment vêtue de ma bonne humeur, j'avais été accueillie par un "entrez" plus détendu que les autres fois. Sans me départir de mon sourire, je m'étais engouffrée dans la classe avec une détermination sans faille. J'étais allée aux côtés de Severus pour le saluer et après un regard pour ce qu'il faisait (correction de copies) j'allais ouvrir mon sac en lin sur mon bureau.
Je sentais un regard me chauffer la nuque, aussi c'est quelque peu nerveuse que j'en sorti toutes mes affaires. Je décidais d'avoir pour une fois un petit peu d'organisation, je déposais en premier lieu mes notes sur la gauche, à leur droite se trouvait le pot d'Hydrodyde de Sodium qui allait me donner du fil à retordre, ensuite les bocaux que Dumbledore m'avaient achetés ainsi que le bac isotherme et toi mon Cher Journal (on sait jamais si j'ai du temps à tuer). J'allais sortir mon propre chaudron de mon sac quand je vis que Severus en avait installé un sur un banc non loin de moi, plusieurs ingrédients étaient posés à son côté et un petit feu ne demandait qu'à être allumé sous la marmite. Je rangeais donc mon sac au sol et regardais d'un air entendu mon bureau, il fallait s'y mettre.

Bien décidée à ne pas perdre de temps, j'allais voir quel était la potion que Severus m'avait réservée. Le bouquin ouvert à la page cent cinquante-deux m'annonça que j'allais jouer avec le feu ce soir, enfin à quelques sortes. Je retenais une grimace et allumais le feu sous le chaudron d'un petit mouvement du poignet. Concentrée comme jamais je commençais à lire la "recette" tout en repensant aux heures que j'avais déjà passées en cuisine avec maman pour préparer des cookies. Il fallait être minutieux pour cette potion, les ingrédients en soit n'étaient pas compliqués ou nombreux, je n'avais en effet qu'un seul liquide à verser dans l'eau bouillante, du liquide explosif d'Eruptif pour être exacte. Le plus "dur" était d'ensuite remuer le tout durant exactement dix minutes sans un seul arrêt et dans le sens des aiguilles d'une montre à une température de trente-cinq degrés. Quand le temps était écoulé et que la couleur du liquide était devenue bleue claire, c'est qu'elle était prête à être remuée, cette fois, dans l'autre sens et pour cinq minutes précises à quarante degrés, ni plus, ni moins. Je retenais un soupire et commençais mon travail, enfin ...

- Monsieur, il n'est pas indiqué quelle quantité de liquide explosif je dois verser dans le chaudron, j'y mets la totalité de votre flacon ?

Il me répondit sans même relevé la tête d'en verser la moitié, sinon je risquais de nous tuer tous les deux si je commettais une quelconque erreur à un moment de la préparation et de me concentrer. "Comment te mettre à l'aise en deux leçons par Severus Rogue."
J'allumais donc le feu sous le chaudron sans trembler, je réglais ensuite la température à trente-cinq degrés et attendais patiemment que l'eau fasse de jolies bulles. Je cherchais une quelconque mise en garde dans le livre sur l'utilisation ou plus précisément, l'association de certains ingrédients, mais ne trouvais nulle part le mien. Je ne savais pas du tout si je devais le mettre avant, pendant ou à la toute fin. Je suppose que lorsqu'on fait des recherches, le seul moyen de trouver une réponse est de tester. Pourtant, j'hésitais. Ma main était en arrêt au-dessus de la marmite dont le contenu commençait à bouillonner doucement. Le fait que la potion soit si instable en était la raison. Severus avait-il délibérément choisit cette potion pour m'emmerder ou ... ? Je soupirais un petit coup et me retournais vers lui, lui qui me fixait un sourcil levé.

- Monsieur, pensez-vous que le mélange du liquide explosif avec de l'hydroxyde de Sodium soit compatible ?

Il fronça les sourcils et me demanda à quoi servait mon "ingrédient" qu'il ne connaissait pas. Je me dandinais presque de honte, trouvant tout à coup mon projet totalement stupide et mesquin, bien qu'utile s'il venait à réussir.

- C'est un régulateur d'acidité, un additif alimentaire qui ... Heum, il sert à conserver les aliments plus longtemps.

Il leva lentement les sourcils et sa lèvre supérieure commença à également se relever dans une grimace horrible quand il comprit enfin en quoi consistaient mes recherches. "Espèce de sale petit enquiquineuse !" Je me ratatinais sur moi-même et si j'avais pu disparaître et devenir invisible je l'aurais fait dans l'instant ( je sais que je peux, mais c'est l'idée qui compte !). Je me raclais la gorge alors qu'il me tournait autour tel un lion (mauvais choix d'image) face à sa victime. Je repris un peu de courage et argumentais mon choix.

- Oh je vous en prie, vous savez très bien que ça pourrait être utile de réussir à conserver des potions indéfiniment.

Il inspira un grand coup avant de me répondre en faisant tourner sa baguette entre ses doigts. Non je n'étais pas intimidée ...

- Là, n'est pas la question, vous avez délibérément choisi de travailler là-dessus pour m'emmerder et me rappeler la charmante réflexion que vous avez eue à mon égard lors de notre première soirée ensemble.

Noooon, pas du tout. Je me mordais légèrement la lèvre inférieure car la partie masochiste de ma petite personne était amusée qu'il s'en rende compte. Autant jouer cartes sur table.

- C'est vrai. C'était pour cette raison que je m'étais lancée dans ce projet fou au départ.
- Vous n'avez même pas la décence de rougir de vos aveux.
- Rooh ça va, je vous ferais dire que si les rôles avaient été inversés vous en auriez fait tout autant !

Un silence s'ensuivit ou aucun de nous deux ne voulait baisser les yeux. Je coupais le feu sous le chaudron d'un mouvement brusque de la main sans le quitter des yeux, ce qui le fit légèrement sursauter.

- Vous n'avez pas caché votre amertume à mon égard, ni le dégoût que vous imposait mon manque de magie, alors oui cela m'a vexé, vous n'imaginez pas à quel point vous avez réussi votre coup ce soir-là. J'étais décidée à vous clouer le bec et à réussir là où vous aviez échoué jusqu'à présent, en imaginant que vous ayez essayé d'ailleurs... ensuite j'ai ..."
- Qui vous permet de ...
- Si vous voulez que je continue à vous respecter Monsieur, ce que je fais depuis un moment d'ailleurs, vous devriez commencer à me gratifier d'un minimum de civilités, en commençant par ne pas me couper la parole quand je vous parle.

Il ferma la bouche instantanément comme abasourdi qu'une jeune femme de mon âge prenne autant d'assurance face à lui. Je baissais toutefois d'un ton et continuais mes explications qui, décidément, avaient besoin de sortir.

- Alors oui, je vous l'avoue et je vous demande même pardon, car je me rend compte que c'était puérile, j'ai voulu vous vexer à mon tour en réussissant ce tour de force, j'ai travaillé durement pour trouver une solution à ce soucis que vous sorciers avez avec la conservation des potions. Mais rapidement, je me suis prise au jeu et j'ai aimé travaillé sur ce projet, plus pour vous embêter, mais car cela me donnait l'impression de faire partie de votre monde. J'avais des remords quand nous nous parlions ensuite, car je me rappelais pourquoi j'avais commencé mes recherches, mais je n'ai pas voulu abandonner, et vous savez pourquoi ? Car je ne voulais pas vous décevoir, je voulais vous prouver, que même si j'étais encore une Moldue à ce moment-là, je pouvais être à la hauteur et n'étais pas la gamine sans cervelle que vous avez jugé que je suis, à voix haute et sans la moindre gène dans la voix sans même me connaitre.

J'inspirais un grand coup après ma longue tirade. J'avais la gorge nouée et les remords qui y prenaient tant de place quelques instants plus tôt avaient laissés place à une tristesse qui m'était difficile d'en comprendre le sens. Il alla s'asseoir à sa chaise et se massa les tempes avant de soupirer longuement. Je l'imitais et allais rejoindre ma place pour y croiser les bras. Le tic tac de l'horloge attira mon attention et je soupirais en voyant qu'une demi-heure était déjà écoulée. J'allais t'ouvrir pour écrire quelques mots quand il me fit sursauter.

- J'accepte vos excuses. Je suppose que nous avons tous deux mal agis et ...

Je relevais les yeux vers lui curieuse d'en entendre plus, Severus Rogue qui tente de s'excuser, à sa façon certes, c'est quelque chose à ne pas rater ... et c'est drôle. Il semblait se battre intérieurement avec sa volonté et son mépris des explications, sur son visage passaient toutes sortes de sentiments et c'est un mélange d'expressions toutes plus amusantes les unes que les autres qui s'y succédaient. Finalement, il releva la tête et sembla donner un coup de pied mental à ses hésitations car il prit une voix résolue pour continuer ce qu'il avait commencé.

- ... et que je n'aurais pas dû vous cataloguer de la sorte. Je ne suis pas quelqu'un de très facile à vivre en général, ne le prenez pas pour vous, j'agis de la sorte avec tout le monde.

Était-ce de l'humour ? Je veux dire, je voyais très bien qu'il se repentait d'avoir été désagréable avec moi, mais venait-il vraiment de tourner cela à la dérision ? J'en laissais échapper un rire amusé qui se répercuta sur les murs durant une longue minute.

- Oh ça je le sais très bien.
- Comment ça ?

Oh merde. Répondre rapidement quelque chose d'intelligent.

- Votre réputation vous précède.

Il fronça les sourcils mais se détendit légèrement, bien que je crois qu'il ne goba pas complètement ma réponse.

- Quoi qu'il en soit, je ferais en sorte de ne pas dépasser un certain degré de sadisme envers vous dés aujourd'hui, pour votre santé mentale j'entends. Et pour en finir avec ceci, je n'ai et je n'ai jamais eu aucun dégout à votre encontre.

J'en faisais tomber mon stylo sur le bureau sous la surprise de cette précision. Vraiment ? Il reprit la correction de ses copies sans plus de cérémonie. Moi j'étais en pleine introspection. Severus Rogue est décidément quelqu'un de très compliqué, mais dans le fond je crois comprendre sa logique. Il attaque le premier pour se préserver d'une éventuelle déception. J'ai été ainsi pendant un moment moi aussi, avant de me rendre compte que cela m'isolait d'autant plus des gens. Peut-être est-ce ce qu'il veut ... C'est triste quand on y pense, mais c'est compréhensible quand on connait son histoire et les multiples malheurs dont il a été la victime systématique. Mais je ne lui souhaite aucun mal moi ... Il ne pouvait pas le savoir me souffle ma conscience.
Je soupirais et regardais mon chaudron avant de relancer les flammes dessous. J'écrivis ensuite "Test 1 : Hydroxyde 10 Mg " sur mon parchemin de notes avant de me lever et d'une nouvelle fois retrouver mon chaudron.

La préparation a été plus facile que prévue, je n'ai rien fais explosé pour mon (notre) plus grand soulagement. Le liquide bleu clair qui reposait dans la marmite me regardait avec défi, il s'agissait désormais de rajouter l'additif. J'ouvrais le flacon et regardais son contenu avant d'en verser une petite quantité dans la balance, j'y pesais 10 Mg. J'étais certaine que ce n'était pas assez mais je préférais y aller doucement pour voir la réaction que j'allais obtenir. J'inspirais un grand coup et versais les petits cristaux dans la marmite dans un élan de courage.

Une fumée opaque et puante a commencé à sortir du récipient presque instantanément, je ne comprenais (et ne comprends toujours) pas pourquoi. Je toussais sans arrêt tant l'odeur me grattais la gorge, des larmes brouillaient ma vue tellement mes yeux brûlaient sous les volutes de fumée. Pliée en deux je sentis une main puissante me taper dans le dos, l'autre coupa le feu sous la marmite et fit disparaitre son contenu dans un mouvement de baguette. Je n'arrivais pas à reprendre mon souffle, ma gorge grattait, mon œsophage se resserrait, je sentais mes poumons se compresser et chercher l'air qui ne voulait pas y rester à cause de mes quintes de toux. Ma tête commença à tourner, Severus me releva et m'aida à rester debout tandis que je devenais aussi rouge que l'écusson des Gryffondors. Entre deux larmes, je le vis me regarder avec effroi, il paniquait. Moi aussi. Une nausée me prit et je me retins de justesse de vomir sur ses pieds. "Respirez". Plus facile à dire qu'à faire quand l'air qui circule dans vos bronches semble aussi toxique et corrosif que possible. J'essayais en vain, à force d'inspirer et d'expirer si rapidement je finis par voir les murs bouger et tourner autour de moi, Severus qui me soutenait le bas du dos me rattrapa in extremis quand je décidais d'aller rejoindre les limbes inconnues et de m'évanouir. Je crois avoir vaguement senti qu'on me portait, mais je n'en suis pas certaine. Tout comme je crois l'avoir entendu m'intimer de tenir bon avec une voix plaintive ... ou excédée , mais j'étais tellement dans les vapes que j'aurais très bien pu imaginer Severus en tutu rose bonbon et Dumbledore danser une gigue endiablée avec Minerva en arrière-plan.

Je me suis réveillée à l'infirmerie. Il n'y a pas si longtemps d'ailleurs. Il y faisait sombre, la pièce était vide. Enfin vide, l'infirmière est bien là, elle dort sur un lit à quelques mètres de moi. Je ne ressentais plus aucune douleur, plus de difficultés pour respirer, plus rien. Je crois pouvoir dire que je suis tirée d'affaires, je n'ai pas envie de réveiller Pomfresh pour en avoir la confirmation.
J'ai vérifié l'heure et il était à peine trois heures du matin. Quand mes yeux se sont enfin décidés à rendre ma vue moins floue, j'ai pu discerner au pied de mon lit mon sac en lin. Je me suis penchée et avec difficultés, j'ai réussi à m'en emparer. Après un petit coup d'œil dedans, j'en ai conclu que tout y était, même toi. J'espère très sincèrement que Severus ne t'a pas ouvert, sinon je suis mal. Nulle doute que je passerais rapidement sous sa baguette s'il a parcouru toutes les lignes que j'ai écrites ici.
Donc pour en revenir à ce que je disais plus tôt, je comprends mieux mon délire de l'autre jour. J'ai deux hypothèses, soit le hasard fait bien les choses et je trouve une explication logique qui n'en est pas une, soit j'ai un don pour "prédire" l'avenir et celui-ci s'est manifesté alors que je m'endormais. J'ai lu un truc un jour sur l'écriture spontanée, ou un machin du genre ...

Quoi qu'il en soit on peut dire que ma journée n'a pas été très constructive. Entre des heures et des heures à tourner en rond dans le château sans trouver une occupation digne de ce nom, mes repas, mon charmant nouvel échange avec Malefoy Junior ( je t'épargne les détails, ne n'était pas fort différent du premier) et ma potion qui a bien faillit me tuer ... et que je vais devoir refaire complètement demain soir ...
Je crois pouvoir annoncer que c'était une journée de merde. Enfin, il y a bien les excuses de Severus qui sont à garder, c'est le seul point positif à retenir... Quel drôle de type ... J'ai tout le temps envie de lui mettre des baffes et de m'en excuser de suite, cet homme va finir par me rendre folle. Je ne sais pas comment il fait pour me faire tourner en bourrique si facilement, mais j'applaudis la technique en tout cas. Dire qu'un jour je le quitterais pour toujours ... cela me fait de la peine d'y penser. Tout le monde ici me manquera de toute façon, mais lui plus qu'un autre. J'ai décidément un sérieux problème psychologique.

Bon je vais tenter de me rendormir, j'entends Pompom qui s'agite à cause du bruit que je fais.

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