La curiosité est un vilain défaut !

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Jour 8 : Jeudi 29 Novembre.

Aujourd'hui, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de tenter quelque chose de nouveau.
Il faut dire que les journées se succèdent rapidement mais se ressemblent pour ainsi dire toutes, je commence à m'ennuyer ferme. J'ai eu la vague idée de demander au directeur de changer mon emploi du temps et de me faire suivre le cursus scolaire avec les autres élèves pour que les jours s'écoulent plus vite (c'est te dire à quel point je me fais ch***) avant de me rappeler que ce n'était pas une bonne idée.

"Bonjour, je suis Amy j'ai vingt-et-un ans et j'apprends la magie, vous me faites une petite place ? Non, je ne suis pas de Londres, je viens d'un monde parallèle, oui merci je veux bien une Chocogrenouille."

Je soupire une fois de plus en regardant mon stylo à plumes, oui j'en avais marre de me trimballer partout avec un encrier, sans oublier que les plumes traditionnelles qu'ils utilisent ici sont fragiles à souhaits, j'ai déjà cassée la pointe d'une des deux plumes que j'avais achetées avec le directeur et la deuxième commençait à ressemblait à un canard déplumé... J'ai donc décidé de métamorphoser la seconde et d'en quelle sorte la moderniser. Je n'ai pas oublié de lancer un sortilège de rechargement continuel à la cartouche qui est dedans, se débarrasser de l'encrier pour me balader avec cinquante cartouches d'encres en échange n'aurait pas trop d'intérêts.

J'ai également profité de ma nouvelle capacité pour enchanter quelques objets de ma chambre (je profite un max au cas où ma magie se ferait la malle du jour au lendemain (comment ça on en revient à la parano ?). J'ai donc, installé un mot de passe à ma porte (non je ne te le dirais pas), faut dire qu'à plusieurs reprises j'ai failli oublier de verrouiller ma porte ou carrément laisser ma clé sur la serrure. J'aurais bien installé un portrait pour garder l'entrée de mon sanctuaire, mais je ne sais pas du tout comment faire ça. Dois-je d'abord installer un cadre animé et ensuite l'enchanter ou alors faire apparaître des motifs et une personne pour ensuite lui taper la causette pour qu'il prenne ses fonctions ? Aucune idée, et vu que c'est un peu optionnel je me suis contentée de "créer" une petite boite à reconnaissance vocale et je l'ai accrochée au centre de la porte. Quand j'y pense ça fait très gadget à la James bond ce qui a le don de beaucoup m'amuser. Les élèves qui passeront devant vont se poser pleins de questions.
Je devrais breveter cette invention ...
J'ai également métamorphosé pas mal de bouts de tissus ( RIP serviette de bain numéro 3) pour en faire des vêtements, je ne suis pas spécialement coquette, mais j'aime tout de même diversifier ce que je porte.
J'ai passé un coup de "récurvite" à la totalité de ma chambre, ça commençait à ressembler à une porcherie ici et l'encens parfumé à la violette qui se consume sur mon bureau ne diminuera plus de taille désormais. J'ai fais en sorte qu'il "s'allume" toutes les trois heures durant dix minutes pour plonger mon petit cocon dans une douce odeur relaxante.
Ma sacoche noire peut désormais contenir la totalité des livres de la bibliothèque grâce à un sort d'extension, le même qu'Hermione utilisera dans quelques années sur son sac à main.
Je suis assez fière de mon invention suivante, je trouvais ça embêtant de toujours avoir la carte magique de Dumbledore sur moi, je connais certes mieux le château, mais j'en ai tout de même souvent besoin car mon sens de l'orientation n'est pas tout à fait au point. J'ai donc enchanté ma montre pour qu'elle agisse de la même façon que la carte. Je lui donne ma destination et elle me donne (oralement cette fois) le chemin a emprunter pour me rendre à ma destination. Comme ma montre ne me quitte jamais, c'est mêler le pratique au ... doublement pratique et ainsi le prêt du directeur peut rester bien sagement dans ma chambre à partir de maintenant. Ça aussi je devrais le breveter ...

Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi les sorciers ne s'inspirent pas des inventions des Moldu pour les "améliorer" magiquement... Sont-ils trop fiers ou ... ?
Quoi qu'il en soit, ce sont peut-être des petits détails sans importances, mais ça me facilitera un peu la vie.

Après le petit dîner, j'ai croisé Dumbledore dans les escaliers. Nous avons marché ensemble et je lui ai fait part de mes "exploits", il sembla étonné que je réussisse tout à coup à faire de la magie. Je n'avais pas penser à lui en parler, je croyais que Minerva le ferait ... Faut croire que mes secrets sont bien gardés avec elle, c'est donc méticuleusement que je lui apprenais tout ce qu'il s'était passé depuis notre dernier entretien. Il hochait souvent de la tête, analysant tout ce qu'il apprenait au fur et à mesure que nous grimpions vers les étages du château. Je n'omettais pas de lui faire part de l'information que Kwincy m'avait donnée. Il semblait prendre cette révélation très au sérieux car je le vis froncer les sourcils durant un long moment, lui aussi doit se demander de qui parlait l'Elfe de maison.

J'y ai beaucoup réfléchi hier soir avant de prendre ma potion, qui ici se sent seul et aurait besoin de moi ? Le nom de Drago Malefoy revient souvent en tête de liste, mais je n'arrive pas à me faire à cette idée. Il est trop imbu de sa personne pour avoir besoin de quiconque. Non ? Mais le fait qu'il me regarde si souvent me fait tout de même douter. Bon sang, j'espère que ce n'est pas lui, je veux bien faire preuve de bonne volonté, mais ce gamin...
Le nom d'Harry revient aussi, mais ma raison me dit qu'il a des amis désormais et que plus le temps s'écoule, plus l'histoire évolue et plus il est entouré donc ça ne colle pas vraiment.
Je ne sais donc pas, Dumbledore est à exclure de la liste, les autres enseignants également étant donné qu'ils ont une vie à côté de leur travail, alors qui ? Londubat ? Non, il n'est certes pas très populaire, pour l'instant, mais de là à dire qu'il se sent seul ... Raagh le retour de la frustration !

Je balaye cette question d'un revers de la main et revient au directeur qui m'annonce qu'il va y réfléchir sérieusement. Il me gratifie d'un sourire encourageant et me félicite en passant pour mon avancée dans le monde des sorciers. Il me taquine un peu sur mes "inventions" et je ne peux m'empêcher de bomber la poitrine quand il "applaudit" mon imagination.
Finalement, nous nous sommes quittés au détour d'un couloir, lui repartait vers son bureau, moi vers ma chambre. Il m'a quand même précisé qu'il allait ce samedi au chemin de Traverse et penserait à mes achats. Je lui ai dit de ne plus acheter les livres que je lui avaient demandés, il me demanda pourquoi, je lui expliquais donc que depuis que ma magie instinctive avait fait son apparition, il ne m'était plus nécessaire de connaitre tous les rouages d'un objet Moldu pour réussir à le faire fonctionner.
Désormais je peux (pour ainsi dire) tout faire, je n'ai de limites que mon imagination ou ma puissance magique (même si énergie serait plus approprié, quand je lance un sort ça me fatigue), c'est assez grisant quand on y pense. Se dire qu'on est capable de tout, de bien plus de choses que n'importe quel sorcier en fait, eux qui auraient besoin de s'entrainer, d'étudier des sorts et leurs mouvements, moi tout ça je n'en ai pas besoin. Il me suffit de me concentrer, de réciter mentalement une formule et hop, le tour est joué. Et si un sort n'existe pas pour ce que je désire faire, contrairement à un sorcier "normal" qui devrait abandonner ou trouver une autre alternative, moi je n'ai qu'à "imagé" dans ma tête ce que je désire accomplir et ma magie fait le reste du travail. En fait, je pourrais être redoutable dans une bataille quand on y pense. C'est presque (carrément) dommage que cela ne soit que passager et non définitif.

- Vous êtes décidément une jeune femme très intelligente, votre facilité à analyser les choses si rapidement et de façon très juste me déconcerte à chaque fois.

Apparemment, j'ai encore pensé à voix haute. Petite habitude difficile à perdre. Il me regardait sérieusement et ne semblait plus vouloir s'éclipser. J'ai compris de suite où était le soucis.

- Monsieur, soyez rassuré, je ne ferais rien pour changer le cours des choses, même si je vous l'avoue cela me démange très souvent. Et ... soyez-en certain, je n'ai aucune mauvaise intention envers qui que ce soit.

Il me sourit, soulagé j'en suis convaincue. J'ai toujours soupçonné le directeur de savoir beaucoup plus de choses que la plupart des autres sorciers. Il a quelque chose dans le regard d'assez perturbant, j'ai cette impression qu'il serait capable en un clignement de cils de lire votre âme toute entière. Il est de toute façon l'un des plus grands sorciers de ce monde, le sous estimer serait une grande bêtise. Pourtant, pour la première fois, j'ai crû discerner dans ses iris une pointe de désappointement. Je peux le comprendre, je suis après tout une "rareté" dans ce monde, pour ne pas dire une exception, et le fait qu'il n'ai aucun contrôle sur ma personne doit être assez effrayant, enfin vu le contexte actuel avec Voldy qui a des envies de suprématie c'est totalement logique qu'il ne me fasse pas totalement confiance et me surveille de près. S'en est presque flatteur.
Malheureusement pour le directeur, il doit se contenter de ma parole, la Légilimancie est proscrite vu qu'il ne peut pas apprendre son destin et le futur des sorciers de ce monde. Je lui souris à mon tour.

- Aussi difficile que cela puisse être, faites-moi confiance.

Il hocha la tête et partit finalement, me laissant retourner dans ma chambre. Depuis, je suis là à peser le pour et le contre, à gagner du temps bêtement alors que je sais très bien que je vais le faire de toute façon. Bon aller, un peu de courage ma grande, lève ton popotin !

-O-

Bon, ça c'est fait. Profitant que les élèves soient en cours j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et je suis allée vers le parc pleine de détermination. C'est pas un satané bout de bois qui va avoir raison de moi !

La température de ce mois de Novembre m'a accueillie et c'est fermement que j'ai resserré ma cape autour de moi. Dire qu'il fait froid serait un euphémisme. Je n'étais dehors que depuis quelques minutes mais je pouvais déjà sentir mon nez picoter sous la morsure glaciale du vent. Ne voulant pas me ridiculiser ou attirer l'attention d'un éventuel déserteur de cours, je me suis engouffrée plus profondément dans le parc, après avoir dépassé de plus de cinquante bons mètres la cabane d'Hagrid je décidais de m'arrêter là. Il n'y avait pratiquement rien aux alentours, je pouvais voir sur ma droite l'orée de la forêt interdite, plus loin face à moi et à au moins quatre cents mètres se trouvait le terrain de Quidditch et sur ma gauche des hectares et des hectares d'herbe et de rochers qui je crois, menaient vers le grand lac. Autant dire que j'étais tranquille ici.

Je déposais mon balai au sol et le regardais quelques instants avec mépris. Ce n'était que par Challenge personnel que je souhaitais tenter le coup, si j'avais eu le choix (genre) je ne l'aurais pas fait. Bon, j'avoue, une partie de moi avait envie de voler dessus, la partie aventureuse ou suicidaire, puis c'est vrai qu'avoir la satisfaction de dire à Poliakoff que j'ai surmonté ma phobie serait assez agréable. Mais sinon ...

Je soupirais agacée d'en faire tout un plat et levais mon bras par-dessus le balai comme Harry l'avait fais lors de sa première année d'étude ici. Je grimaçais un peu pour la forme et ordonnais ensuite un "Debout" au bout de bois qui trembla quelque peu avant de s'élever brusquement pour venir (douloureusement) s'abattre au creux de ma main. Quelle délicatesse.
J'enfourchais mon nouveau véhicule et attendis quelques instants avant de taper du pied pour m'élancer dans les airs, mon rythme cardiaque avait besoin de se calmer avant. Finalement, prise d'un courage sans nom (d'une folie ouais) je m'exécutais et sentis le bout de bois venir pousser contre mon entrejambe (c'est vraiment gênant et pas agréable du tout !) et me soulever dans les airs. Pas beaucoup, ce qui me rassura, j'étais à à peine un mètre du sol, mais cela ne m'empêchait pas de m'agripper comme une dingue au manche et de trembler de la tête aux pieds. J'avais tellement les yeux grands ouverts et paniqués que je sentais déjà venir les larmes à cause des bourrasques de vent qui me martelaient le visage. J'étais totalement crispée sur mon balai, une simple pression sur ma peau m'aurait fais éclater en un millier de morceaux. Je devais avoir bel air.

Je restais ainsi quelques minutes mais j'avais déjà besoin de souffler un peu, j'estimais que c'était déjà bien suffisant pour une première tentative, aussi je tentais (tant bien que mal) de faire basculer légèrement le balai vers l'avant. Franchement, dans les films ça parait super simple, mais en réalité c'est bien plus compliqué, surtout quand la vue du vide devant vous vous fait frémir et suer à grandes gouttes. En plus, difficile d'avoir une prise sur le manche, de ne pas basculer sur le côté et de tomber, tout en gardant ses pieds "enroulés" autour de la base du balai. Faut un putain d'équilibre et un bon sang froid en prime. Comment ils font pour aller si vite sans dégringoler ou perdre le contrôle de cet engin ?
J'esquissais un petit mouvement des hanches tout en rougissant bêtement (désolée mais avoir un long truc dur qui frotte sur une certaine partie de mon anatomie c'est pas franchement bienvenue dans ce genre de conditions) et laissais mon corps "s'allonger" sur toute la longueur du balai, doucement, précautionneusement, le menton pratiquement collé au bois je sentais la surface dure et rugueuse commencer à me faire mal au niveau du bassin. J'appuyais ensuite plus fort avec mes mains sur le sommet du manche et avec joie, vis le "véhicule" avancer vers le sol. Quel soulagement quand je pu enfin reposer mes pied sur la terre ferme. Bon, c'est pas ainsi qu'ils font normalement, j'aurais dû rester assise tout le long de l'exercice mais crotte, j'en suis sortie en un seul morceau et ça me va très bien. Au diable le style, c'est le résultat qui compte.

J'abandonnais l'idée de faire mieux pour la journée, le fait que je n'ai personne pour me donner des conseils ou m'aider si je suis en difficultés y fait beaucoup et très sincèrement, je ne sais pas si ma magie pourra m'aider si je commence à paniquer car mon balai perd tout contrôle ou que sais-je d'autres encore. Non, mieux vaut rester prudente et ne pas jouer avec le feu. Après tout, maintenant que je sais que je ne rêve pas, je ne suis plus à l'abri d'un accident, voir de pire.

Je suis finalement rentrée au château en prenant mon temps, je lançais un "Réducto" à mon balai avant de le transformer en pendentif et de l'accrocher à ma chaine. Ne pensant pas réitérer l'expérience de sitôt, il était bien mieux ainsi et en cas de besoin, je l'ai sous la main.

Arrivée dans l'enceinte de l'école, j'ai presque suffoqué à cause de la différence de température. Défaisant ma cape et la calant sous mon bras, je me dirigeais vers la grande salle pour y jeter un coup d'œil. Pas grand monde, quelques élèves travaillaient, d'autres jouaient aux cartes ou aux échecs. La salle était surveillée par le directeur en personne, qui je crois était occupé à lire. Je passais mon chemin et avançais sans but précis, j'avais un mal au dos pas possible à cause de l'expérience plus ou moins désastreuse que je venais de vivre et ma nuque n'était pas en reste. Je croisais au détour d'un couloir le professeur Rogue qui eut un mouvement d'arrêt quand il me vit. Il inspira un grand coup et passa à côté de moi le menton fièrement levé vers le plafond. Je souris en coin en le dépassant et en laissant échapper un "Monsieur" poli tout en me massant le cou. Pas de réponse, ce qui ne m'étonna pas. Mais tandis que j'allais disparaitre dans un nouveau couloir je l'entendis m'appeler. Je retournais donc sur mes pas et levais un sourcil interrogateur à son intention.

- Veuillez me suivre.

Je fronçais les sourcils mais obéis. Je suis curieuse et j'avais rien de mieux à faire de toute façon. Arrivée à sa hauteur il m'examina quelques secondes et hocha de la tête avant de prendre le chemin des étages inférieurs. Je frissonais alors que nous arrivions pratiquement devant sa classe, mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. Nous empruntions un chemin que je n'avais encore jamais pris aussi c'est aveuglément que je marchais à ses côtés, j'avais envie de lui demander où il m'emmenait mais me tus, le connaissant il m'aurait soit ignorée et je l'aurais mal pris, soit il m'aurait donné une réponse cinglante et m'aurait tout de même faite languir, donc c'est les lèvres closes que j'ai patiemment suivi le grincheux. Bon sang qu'il est grand n'empêche, impossible de le lorgner du coin de l'œil sans me faire un claquage des cervicales. Je sentis pour la seconde fois son parfum qui agréablement chatouilla mes sens. Je n'arrive pas à distinguer de quoi il est composé mais il sent bon, peut-être une légère flagrance d'écorce ? Je me vois mal lui poser la question de toute façon. Nous nous sommes arrêtés devant une porte d'un rouge sombre, il m'a ordonné de ne pas bouger tandis qu'il entrait et refermait la porte derrière lui. Je roulais des yeux à cause de ses manières et patientais en fredonnant la berceuse que j'avais découverte dans "Le labyrinthe de Pan" et qui me plait tant (et bon sang qu'elle reste en tête cette chanson !). Au bout d'à peine une minute il ressortit et me fit signe de le suivre à nouveau.

Nous reprîmes le même chemin que précédemment et revinrent sur nos pas, cette fois, après quelques minutes de marche, nous nous sommes arrêtés devant un portrait gigantesque qui après le mot de passe que Sevy lui donna, nous laissa pénétrer dans une salle qui m'était totalement inconnue. Les torches s'allumèrent d'un seul et même mouvement et je découvris un petit salon. D'un mouvement de baguette le professeur de potions alluma la cheminée qui rapidement baigna la petite pièce dans une ambiance inquiétante. Je ne sais pas ce qui me donnait cette impression, peut-être l'impersonnalité des lieux, le manque certain de décorations ou le fait que la pièce soit si sombre et tapissée des ombres que renvoyaient les flammes sur les murs. Ou alors car j'y étais seule avec un ex Mangemort repentit qui avait une dent contre moi.

Il me fit signe d'un mouvement du menton (j'ai des allures de chienne bien dressée ou quoi ?) de m'asseoir sur un des canapés, nerveuse car je commençais à craindre le pire je l'avoue, j'ai obéis une fois de plus (faut croire que oui). Il s'est défait de sa cape et a remonté le bas de ses manches sur ses avant-bras, je commençais sérieusement à gigoter de plus en plus mal à l'aise sur mon sofa. Il ramena une chaise et la posa juste face à moi avant de s'y asseoir et de croiser les bras en me fixant. Houston nous avons un problème.
Nous avons ensuite débuter le jeu du "regard qui tue et non je ne baisserais pas les yeux avant toi" durant quelques minutes, je suis forte à ce jeu, surtout quand je crains qu'il ne prenne fin et que la suite soit pire. Avec un soupire au comble de l'agacement, il a levé les yeux au ciel et a décroisé ses bras.

- Vous êtes une sacrée emmerdeuse vous savez.

J'ai souris en coin. Ça devait être plus nerveux qu'autre chose quand j'y repense, mais il faut dire que l'entendre me parler ainsi avait le don de m'amuser et de me surprendre en même temps. Je ne me souviens pas de l'avoir entendu être vulgaire dans les films ...

- Vous avez une certaine aisance dans le domaine aussi je vous ferais dire.

Je ne me suis jamais laissée marcher sur les pieds je n'allais pas commencer aujourd'hui, quand bien même je faisais face à un sorcier puissant et très susceptible je reste droite et assez respectueuse de ma personne pour me défendre.
Je le fixais tout ce temps, temps qui semblait complètement suspendu ici, j'avais l'impression d'être dans une bulle très fragile prête à exploser au moindre faux pas. Il se passa la main dans les cheveux, je suivi le mouvement de ses doigts qui se perdaient dans ses mèches noires avec fascination, vaut mieux garder un œil attentif sur ses mains, un sort est si vite lancé ...

- C'est exactement de ça dont je parlais, vous n'arrivez donc jamais à vous taire ?

Je fis claquer ma langue contre mes dents avant de répondre calmement.

- A partir du moment où l'on m'agresse ou me manque de respect, je me sens obligée de répondre Monsieur. Qui plus est, vous ne me facilitez pas la tâche non plus, c'est un style que vous vous donnez de toujours être désagréable avec les gens ou c'est maladif ?

Je le vis prendre une grande bouffée d'air frais et tenter d'apaiser l'agacement qui prenait doucement mais sûrement le contrôle de ses nerfs. Je ne lui laissais pas le temps de répliquer et enchainais.

- Monsieur, je n'ai absolument rien contre vous, bien au contraire. Je ne fais que prendre le même ton que vous employez à mon attention quand je vous réponds. Si cela vous dérange, demandez-vous à quel point cela peut m'agacer, moi, qui ne vous ai jamais rien fait pour mériter un tel traitement. Avant de me traiter d'emmerdeuse, il vous serait peut-être utile de vous remettre en question car je ne suis que le miroir de votre personnalité.

Et toc ! Depuis le temps que ça me démangeait de pouvoir lui dire ça, j'étais soulagée d'un poids et fière de mon courage qui pour le coup ne m'avait pas fait défaut. J'adore le personnage de Severus Rogue dans les films, vraiment, mais j'estime avoir le droit à un minimum de civilités de sa part tout de même. Contrairement à ses souffres douleurs habituels, je ne l'ai jamais agressé, je ne lui ai jamais envoyé des insultes à la figure, bon j'ai certes été assez ... acide avec lui lors de notre première soirée ensemble, mais il l'avait cherché. Qui plus est, il est peut-être plus âgé que moi et mérite donc mon respect, mais il ne faut pas exagérer non plus. Gentille oui, mais je ne suis pas une bonne poire sur qui on se défoule car on est un amas de frustration et de regrets.
Il sembla réfléchir à ce que je venais de lui dire. C'est déjà un bon début, moi qui m'attendais à ce qu'il se mette à crier ou à m'incendier copieusement...

- Vous êtes une drôle de personne.

Alors ça, je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Je levais un sourcil et l'encourageais d'un mouvement de tête presque imperceptible à développer son raisonnement. Il roula des yeux et sortit sa baguette de sa poche rapidement, ce qui me valut un mouvement de recul effrayé.

- Oh ne soyez pas idiote.

Sa remarque me fit "bouder" et c'est en croisant les bras et en remuant mon pied que j'attendis la suite. Même si je faisais mine de l'ignorer complètement, je pu percevoir un éclair, rapide, d'amusement dans son regard. J'ai dû rêver je pense car j'ai beau y repenser, cela ne me semble pas possible venant de sa part. Il fit apparaitre un service à thé et s'en servit une tasse avant de me regarder et de lever un sourcil interrogateur. Je crois qu'on va finir par se parler qu'avec des signes et des mouvements de ce genre à force. J'acceptais sa proposition, même si je ne suis pas ultra fan de cette boisson, en signe de paix temporaire.

Le tic tac de l'horloge posée sur l'étagère murale au-dessus de la cheminée raisonnait dans mes oreilles comme le gong d'un temple Bouddhiste, le temps est long quand on écoute les mouches voler. Heureusement, après cinq gorgées il interrompit le silence qui s'éternisait déjà trop à mon goût.

- Vous êtes différente des autres personnes de votre âge. Vous semblez perdue ici, pourtant je vous ai vue faire de la magie comme aucun autre sorcier auparavant ce qui exclu mon idée première que vous n'êtes qu'une idiote sans cervelle qui passe son temps à enquiquiner les autres. En réalité vous en savez plus que vous ne le laissez paraitre sur la magie ce qui me donne envie de vous examiner à la loupe.

Heu, c'était censé être un compliment ou ... ? Je n'arrivais pas à me décider si je devais mal le prendre ou pas.

- Qui plus est, Albus nous a confié que vous êtes Moldue et maintenant vous faites de la magie. Comprenez ma curiosité. Sans oublier que votre apparition soudaine au sein de cette école a de quoi soulever des questions.

Je me mordais l'intérieur de la joue, je voyais très bien où il voulait en venir, il me fallait changer de cap rapidement. Je décidais donc de jouer franc jeu.

- Monsieur, je ne peux répondre aux questions qui vous taraudent l'esprit.
- Pour quelle raison ?
- Dumbledore me l'a interdit.

Il se tendit à cette réponse. Apparemment, même lui ne souhaitait pas contrarier le directeur et connaissait, ou du moins imaginait, ce que les restrictions que son supérieur imposaient avaient comme importances. Je me détendis un peu avant d'ouvrir grands les yeux.

- Je suis bon Legilimens vous savez, il serait si facile de percer à jour la personne que vous êtes et de connaitre vos réels desseins qui je le crois ne sont pas totalement anodins.

Alors là s'il décidait de mettre ses menaces à exécution, j'étais mal. J'ouvris rapidement la bouche pour protester.

- Monsieur, même le directeur s'est interdit cette intrusion. Je ne peux rien vous dire ou vous laissez voir, cela ... Hum... remettrait en question énormément de choses et les répercussions seraient affreuses. Si vous désirez des informations à mon égard, parlez à Albus, il se permettra de vous dire ce qu'il estime sans danger.

J'espèrais ne pas en avoir trop dit, mais je n'avais pas vraiment eu le choix. Comme plus tôt avec le directeur, je lui annonçais que je n'avais aucune mauvaises intentions, je rajoutais que ma présence ici ne serait pas éternelle et que prochainement (quand ?) il n'aurait pu à supporter ma présence. Cela ne le convainquit pas vraiment, il est plus difficile à convaincre que Dumbledore. Toutefois, il déposa sa baguette sur la petite table basse à nos côtés, je respirais tout de suite mieux, mais me protégeais mentalement d'une attaque éventuelle de sa part.
Il sortit une petite boite ronde de sa poche et me la tendit.

- Passez-vous cet onguent sur les zones douloureuses ce soir, si demain cela ne va pas mieux refaite le avant de vous coucher.

Je le regardais interloquée, venait-il de me rendre service ? Il devait couver quelque chose.

- Vous allez bien ?

Il leva une fois de plus les yeux au ciel et attendit que je m'empare de la préparation. Quand mes doigts entrèrent en contact avec les siens, je sentis une drôle de sensation au creux de ma poitrine. Était-ce de la mélancolie ? Bizarre, lui ne semblait pas avoir senti quoi que ce soit et arborait toujours ce même air incertain à mon encontre. Je fronçais les sourcils et rangeais la petite boite dans ma poche en le remerciant. Je décidais de changer de sujet et d'oublier cette drôle de sensation tout en me demandant s'il n'avait pas tenté d'entrer dans ma tête à l'instant.

- Vous ne donnez pas cours cette après-midi ?

Il finit de boire le contenu de sa deuxième tasse avant de me répondre.

- Dans moins de quinze minutes.

Je m'emparais de ma tasse et la vidais d'un trait en m'empêchant de grimacer à cause du goût.

- Je vais vous laisser dans ce cas.

Il hocha la tête et se leva, je l'imitais et me dirigeais vers la sortie tandis qu'il faisait disparaitre le service et les tasses. Il m'ouvrit la porte et je lui souris gentiment, le voilà gentlemen maintenant.

- Trouverez-vous le chemin ou dois-je vous escorter par crainte qu'on ne retrouve votre cadavre dans un coin reculé de l'école dans plusieurs années ?
- Je pense me débrouiller, mais merci de votre sollicitude.

Je ne lui cachais pour une fois pas mon amusement et sortais de la pièce pour m'engager dans le couloir et retourner vers la lumière du rez-de-chaussée.

- Gardez pour vous cette visite de mes appartements et notre entrevue. Oh et ce soir, je ne serai pas en mesure de vous surveiller, ni demain d'ailleurs, pensez-vous pouvoir survivre plusieurs jours sans mes sarcasmes et patienter jusqu'à Lundi ?

Je me retournais vers lui et lui lançais un regard rieur. Oui il couvait quelque chose.

- Je garderais sous silence notre agréable entretien et le goût exquis que vous avez pour la décoration d'intérieur. Et pour vos sarcasmes, je pense qu'ils me manqueront autant que vous aimez ma répartie. Bonne journée Monsieur.

C'est tous sourires que je l'entendais refermer sa porte avec un bruit de gorge bizarre.

Crois-moi mon Cher Journal j'ai eu très très très envie d'aller avertir Pomfresh quand je suis passée devant l'infirmerie, car je crois qu'il a ricané, j'en suis pas certaine toutefois. Cela me semble impossible en fait. Je dois me tromper et mal interpréter ce bruit, j'ai dû encore l'agacer et il s'est retenu de me lancer une bonne réflexion comme il en est friand. Oui c'est plus logique.

Quoi qu'il en soit je suis perplexe face à cette après-midi. On ne peux pas dire que j'ai passé un mauvais moment, bizarre certes, mais pas désagréable en soi. J'espère qu'il a compris et calmera les "gentillesses" à mon égard à partir de maintenant. L'espoir fait vivre hein.

Vivement samedi que le directeur me donne mon "achat". D'ici là, je crois que je vais encore m'ennuyer ferme. Je m'ennuie déjà en fait ...

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