Chapitre 2

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De l'autre côté de ce camp, dans un bâtiment beaucoup plus luxueux, deux heures plus tard, un homme ouvre les yeux. Il a six ans de plus qu'Esther. Il se lève, s'habille, puis descend dans la cuisine. Là, il se sert un grand bol de café noir, un verre de jus d'orange, puis mange une tartine de beurre tout en lisant le journal. Aux dernières nouvelles, un autre camp à ouvert en Pologne. Un de plus. L'homme se met à la fenêtre puis fume une cigarette, regardant le ciel à son tour. Il y voit le chaos, en regardant ses nuages gris noir, il se demande comment il trouve la force de se lever tous les matins. Ce soldat s'appelle Abel. Assez jeune, il a dix-huit.

Abel n'a pas envie de sortir de cet appartement, il n'a pas envie de descendre travailler. Car il sait qu'aujourd'hui encore il va devoir tuer plus d'une centaine de personnes. Il sait que chaque jour il cotise pour cette cause, cette cause stupide qu'il est obligé de suivre. Abel sait que sans ça, il ne serait déjà plus de ce monde. Sans son travail, Abel serait comme ses victimes. À déambuler toute la journée en pyjama rayé, priant pour que le coup de grâce ne tombe pas aujourd'hui.

Le soldat prend sur lui, il éteint sa cigarette et descend tout de même travailler. Par terre, devant la porte d'entrée de son bâtiment, une femme étendue, morte. Ses yeux son grands ouverts, tournés vers le visage d'Abel, un trou transperce son crâne, du sang s'échappe de ses lèvres. Abel détourne les yeux puis regarde aux alentours ; un de ses collègues menace un homme en pyjama raillé. Il a braqué un pistolet sur sa tempe, et lui ordonne de le débarrassé de ce cadavre. L'homme s’exécute avec mal ; vu sa maigreur, ses forces sont presque inexistante.

Abel court se cacher derrière un immeuble puis vomi ses tripes. Il crache tout ce qu'il a dans le ventre, puis se redresse. Ça l'embête de vomir ici, dehors, mais il se dit que cet endroit est tellement sale, qu'il préfère voir la totalité des aliments qu'il a ingurgité ce matin par terre, plutôt qu'un autre cadavre. Après c'est les larmes qui arrivent. Abel se met à pleurer, il fait une grosse crise comme quand il était enfant. Il commence à avoir du mal à respirer, ses membres se mettent à trembler, puis après cinq minutes il s'arrête et est prêt à partir travailler. Et c'est comme ça tous les matins.



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