Chapitre 6

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Encore une fois, le repas d'Abel ne se passait pas de la même façon. Après être resté une matinée entière à surveillé des enfants, à détourner le regard lorsque l'un d'eux ne suivait pas les règles à la lettre, Abel était parti prendre son repas dans son bâtiment. Il se retrouvait dans la même cuisine où il avait déjeuné le matin. Abel fumait une autre cigarette auprès de la même fenêtre, puis faisait chauffer de la viande et des pommes de terre dans une poêle. Vu qu'Abel n'avait que dix-huit ans, les autres officiers ne faisait pas attention à lui ; cela faisait quatre mois qu'il était à Auschwitz, il avait été transféré ici pour cause de « manque de personnel et de contrôle envers les juifs ». Son premier mois fut un cauchemar, les autres officiers lui donnaient les tâches les plus durs du camp. Et par dur, il n'entend pas que de la force physique. Surveiller les enfants et les femmes était la tâche la plus facile ; pour surveiller les hommes il fallait être plus ferme, mais ce n'était pas dur psychologiquement. Mais durant son premier mois, Abel emmenait les cadavres des prisonniers au four crématoire. Il devait transporter des macchabé à longueurs de journées, les empiler les uns sur les autres, tel des vêtements. L'endroit où il travaillait était d'une puanteur atroce. Prenez d'abord l'odeur de plus de quatre cents cadavres entassés datant parfois de plus d'une semaine, à l'odeur de la chair brûlant dans les fours crématoires toute la journée. C'était infâme.

Tous les soirs, Abel s'effondrait en pleur dans son lit ; il priait son dieu, le suppliait de le pardonner, d'oublier ses actes atroces. Au bout de trois semaines, Abel était devenu un robot ; tous les jours, toute les cinq minutes, il se répétait que travailler avec les morts devait-être plus facile que de travailler avec les vivants ; il c'était enfoncé ça dans le crâne. Alors quand vint la fin du mois, Abel n'avait plus aucune réaction, il effectuait sa tâche de manière mécanique.

C'est à ce moment-là que les officiers changèrent son poste ; ils le mirent aux chambres à gaz. Et effectivement, Abel avait raison, même si l'odeur était infecte, travailler avec les morts était plus facile psychologiquement que de travailler avec les humains. Abel travaillait au crématorium K II, cet endroit avait sa propre salle de déshabillage et sa propre chambre à gaz enterrée. Ses chambres à gaz étaient immenses, de vrai pommeau de douche étaient pendues au plafond pour faire croire aux prisonniers qu'ils allaient vraiment se doucher. Le travail d'Abel consistait à emmener environ trois milles juifs dans les vestiaires, qu'ils se déshabillent, et faire en sorte qu'ils gardent leurs calmes. Pour qu'ils y croient vraiment, Abel devait demander à tout le monde de bien retenir leurs numéros de vestiaires. Il ne supportait pas ce travail, c'était de la trahison, les prisonniers étaient heureux de prendre des douches, ils y croyaient vraiment ; Abel ne supportait pas de mentir à ses hommes, ses femmes et ses enfants. Quand on leur annonçait qu'ils allaient prendre une vrai douche, Abel pouvait discerner des étoiles dans leurs yeux.

Une fois la porte de la chambre à gaz fermé, Abel versait des cristaux de Zyklon B par des ouvertures dans le toit qu'il obturait ; le Zyklon B tombait dans des colonnes creuses puis le gaz commençait à se diffuser. Ce système était simple, et efficace. Mais une fois le gaz diffusé, l'horreur commençait ; des cris, des hurlements en tout genre, Abel entendait les ongles de toute ses personnes gratter la porte tel des chiens. Abel pleurait toujours à ce moment-là, il réalisait à cet instant qu'il venait de tuer trois milles personnes de ses propres mains. Après trente minutes, il n'y avait plus de bruit dans la salle ; quand le médecin SS avait décidé que ce n'était plus dangereux, on ouvrait les portes. Là, devait lui, des centaines de juifs étaient empilés les uns sur les autres, leurs visages remplient de terreur. Ils essayaient juste de sortir. Une fois que les cadavres étaient évacués, Abel recommençait avec trois milles autres personnes. Et ce fut comme ça tous les jours pendant plus de deux mois.

Ses cris, ses hurlements, ses visages, Abel ne les oubliera jamais ; chaque nuit ils le réveilleront.

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