Chapitre 9 : Parmi les étoiles

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 La nuit tombe alors que l’enfant se lève. Les étoiles écument le ciel en une danse lumineuse de toute beauté. Les flocons viennent se mêler au paysage et reflètent la lueur si belle de la lune. Lorsque le petit humain vous voit, il est tout d’abord terrifié, puis se souvient lentement de ce qu’il a vécu : cette créature si effrayante, avec ses longues griffes, son pelage blanc immaculé et ses crocs menaçants, ce loup l’a bel et bien sauvé. Il se remémore la façon dont vous êtes arrivé devant lui, le protégeant du danger imminent que représentait l’ourse. Alors que vous tentez de lui sourire, bien que la différence entre vos expressions faciales soit difficilement discernable, le frêle garçon se lève et vous caresse la tête. Vous n’avez jamais vu un humain dont la main est si chaleureuse et douce, et cela vous donne une grande satisfaction.

  • C’est toi qui m’a sauvé, hein ? Merci ! Moi je m’appelle Léon !

Il se met alors à caresser la tête de Connille, qui semble adorer, avant de se rendre compte de l’odeur émanant de son pantalon.

  • Ah, mais je me suis fait pipi dessus ! Beurk !

 Pendant ce temps, vous réfléchissez à une manière de communiquer. Vous ne pouvez pas articuler de mots dans un langage humain, mais vous pouvez le comprendre. Une idée vous vient alors : autant communiquer par l’écrit ! Après avoir saisi un bâton qui traînait au sol, vous vous servez de la neige épaisse pour y inscrire un mot : « MAISON ? ». L’enfant fait de grands yeux avant de réagir.

  • Mais ! Tu comprends tout ce que je dis et tu peux écrire ?! J’ai jamais vu un animal comme toi !

Vous aboyez pour confirmer, ce à quoi Léon répond par un grand sourire.

  • C’est génial ! Donc tu veux savoir où est ma maison ?

Vous écrivez à nouveau au sol : « RACCOMPAGNER ».

  • Tu veux me raccompagner ? C’est gentil, mais je connais pas le chemin, je me suis perdu en jouant dans la forêt... J’habite pas loin de la Tour Fumante !

La Tour Fumante… Cela vous rappelle cette énorme bâtisse dont un nuage noir s’échappait par le toit lorsque vous êtes allé explorer la zone Nord. En y réfléchissant plus longuement, vous vous souvenez d’une chose : une maison était visible de l’autre côté de la rivière ! Il s’agit probablement de celle de Léon. Vous décidez donc de l’accompagner jusque là afin d’éviter qu’il ne se fasse encore attaquer en pleine nuit. À l’aide de votre fidèle bâton, vous inscrivez au sol « SUIS-MOI », pour que l’enfant comprenne ce que vous voulez lui communiquer. Il accepte donc de marcher avec vous à travers la forêt.

 Grâce à votre nouveau corps, votre vue s'est nettement améliorée de nuit, bien qu’elle soit moins bonne durant la journée… Vous vous repérez aussi grâce aux effluves de la rivière nauséabonde et l’odeur de la fumée qui empestent vos narines. Ainsi, vous guidez l’humain en compagnie de Connille qui ne semble pas vouloir quitter votre confortable dos. Léon parle énormément, comme s’il s’adressait à un ami dans une cour de récréation. Vous apprenez ainsi qu’il vit avec son grand-père dans les vallées reculées de l’île. Car oui, vous vous trouvez apparement sur une île au beau milieu de l’océan, coupée du reste du monde. Alors que vous écoutez le petit humain radoter tout en confirmant de temps en temps par un léger grognement, Connille vous interpelle.

  • Hé… Ne me dis pas que tu comprends ce qu’il dit ? vous demande-t-elle suspicieuse.
  • Hein ?! P-Pourquoi… Tu c-comprends pas toi ?
  • Bah non, c’est un humain, personne comprend les humains…

Voilà qui vous laisse sans voix. Ainsi donc, les animaux ne comprennent pas les humains ? En y repensant, cela paraît logique, mais alors pourquoi se comprennent-ils entre eux même s’ils ne sont pas de la même espèce ? Les humains doivent probablement parler un langage trop complexe pour qu’il soit traduisible par des cerveaux peu développés. Quand vous parliez à votre chien « Spooky », dans votre jeunesse, il ne comprenait donc pas un traître mot... Lorsque vous lui disiez « assis », il ne prenait pas le mot pour son sens, mais pour sa sonorité, c’est pourquoi il avait assimilé l’intonation prise par le maître avec le fait de s’asseoir… Une fois de plus, vous remettez tout en question et une migraine commence à voir le jour dans votre tête.

  • Encore une fois, t’es vraiment bizarre... hihi ! glapit Connille.

 Après une heure de marche rythmée par les paroles de la lapine et de l’enfant, vous arrivez finalement devant la fameuse « Tour Fumante ». Les petites meurtrières qui servent de fenêtres laissent s’échapper une lumière jaune intense. Vous vous approchez de la rivière quand Léon réagit :

  • Là-bas, ma maison est là bas ! crie-t-il en désignant du doigt l’horizon duquel on peut apercevoir une silhouette de chaumière.

Le cours d’eau n’étant pas profond, vous décidez de le traverser directement pour passer, non sans vous geler les pattes. Vous sentez aussi que l’eau est assez épaisse, comme de l’huile, et vous maudissez une nouvelle fois ces pollueurs.

 Avançant toujours plus vers l’horizon, slalomant entre les grands arbres qui semblent cueillir les étoiles, vous arrivez devant une petite maison, si petite que l'on croirait voir une hutte. De cette masure s’échappe une lumière chaleureuse et apaisante. La demeure du garçon brille parmi les arbres comme une étoile brille parmi les astres. Plus vous vous approchez de ce petit cocon de paradis, plus le sourire s’accentue sur le visage de Léon. Lorsque vous êtes suffisamment près, il se précipite vers son chez-lui en criant.

  • Grand-père, c’est moi !

 Heureux d’avoir pu ramener l’enfant chez son grand-père, vous faites demi-tour. Du moins, c’est ce que vous comptiez faire, mais le destin n’en n’a pas voulu ainsi. Une douleur intense vous saisit au flanc et du sang jaillit de votre gueule pour tâcher le sol enneigé. Vous vous effondrez la tête la première, éjectant Connille au passage. Une dernière fois, vous regardez faiblement autour de vous et apercevez un homme, une fourche ensanglantée à la main. Sentant vos forces vous quitter, vous fermez lentement les yeux à mesure que votre vision se trouble, et à nouveau, le néant vous envahit.

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