Chapitre 4

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Le temps n'était pas pluvieux mais froid et humide. Il était tôt le matin, et Klervia faisait son jogging - à deux kilomètres et demi de chez elle. Au stade de Champs Fleuri. Malgré l'heure, des personnes étaient présentes. Certaines occupaient les pistes d'athlétisme, d'autres de tennis. L'on trouvait également un dojo, un vélodrome à ciel ouvert, un circuit pour la pratique du bicross et deux skateparks. Depuis peu, on y trouvait également un parc aquatique, Aquanor.

Klervia continuait de courir jusqu'à s'arrêter prêt d'un pont pour reprendre son souffle. Puis, voyant qu'il lui restait encore plus de deux heures avant d'aller en cours, continua de courir jusqu'à son endroit préféré. Une fois arrivée, elle passa ses jambes par-dessus la rambarde du pont et fixa le vide. Ses pensées divaguèrent.

On peut admirer tout le long de magnifiques falaises déchiquetées où des sculptures dans la pierre rouge en début de parcours. Quelques cascades viennent rajouter des bruits d'eau à celui de la rivière et il ne faut surtout pas manquer la belle grotte aquatique qui semble dangereuse à la baignade mais peut comporter de magnifiques couleurs en fonction de la position du soleil.

L'idée semblait trop sangrenue, trop dérangeante. L'on avait entendu parler des gens qui s'étaient jetés du pont. C'était un lieu de prédilection pour les suicides. La chute est si longue que le corps se brisait au moment de l'impact à la surface de l'eau. Et à supposer qu'on survive à la chute, on ne serait pas en état de nager. Mais rien de tout cela ne faisait peur à Klervia. Elle se disait qu'après tout l'on ne meurt qu'une fois.

Alors que ses mains commençaient à lâcher la rambarde, une image, celle de sa défunte grand-mère, côté maternelle, l'appela :

- Hé !

Elle s'était immobilisée, une main toujours accrochée, l'autre dans le vide. Elle attendait en silence, les larmes d'eau salées innondant peu à peu son visage, ce qu'elle lui voulait.

À cette instant, sa grand-mère aurait dû dire quantité de choses. Elle aurait dû lui demander pourquoi elle voulait mourir, si vivre était à ce point douloureux. Si elle pouvait faire quoi que ce soit pour la faire changer d'avis, si elle avait conscience du nombre d'os qu'elle allait se briser en sautant ... À la place de tout cela, elle lui demanda :

- Tu ne crois pas que tu vas manquer à quelqu'un ?

Klervia afficha un sourire distant mais ses yeux ne souriaient pas.

- Tu verras, je ne manquerais à personne.

- Ne dis pas de sottise, tu as encore ta grand-mère du côté de ton père, tu as encore tes parents, tes frangins, tes amis.

- Non ! Mes parents sont loins et se fichent de ma vie, pas une fois depuis que je suis partie ne m'ont appelés, voir comment je vais, rien. Mes soeurs m'ont surement oublié et mon frère lui est en froid avec moi. Mes amis, commença Klervia avec un rictus, ils sont toujours occupés, mais je ne leur en veux absolument pas. Ils ont leur vie et j'ai la mienne.

- Arrête, s'il-te-plaît ne fais pas ça. Regarde ta grand-mère, elle est encore là, parle lui de tes problèmes, tenta de raisonner sa défunte grand-mère.

- Je ne peux pas, elle ne comprendrait pas. Il n'y a personne, pour me comprendre, pleurnicha Klervia.

- Reste au moins pour elle, elle a besoin de toi.

- Pourquoi es-tu partie ? Tu n'avais pas le droit de me laisser, sanglota la jeune femme, un peu plus fort.

- Tu le sais bien ma chérie, la mort ne nous prévient pas. J'étais déjà assez vieille comme ça et puis, j'avais déjà fait mes preuves sur Terre. La mort nous prend sans nous demander notre avis, ainsi utilise ta vie pour faire de bonne chose, aide les gens. Tu as ce don d'aimer ton entourage, qui que ce soit. Tu aides énormément ceux autour de toi. Beaucoup de gens ont besoin de toi, Klervia, n'abandonne pas.

- Je...j'y..arrive pas...

- Bien sûr que si ! La vie n'est pas facile pour tout le monde, mais ainsi va la vie. Tu dois continuellement te battre. Vis en étant heureuse, ne laisse personne te mettre impuissante. Tu es bien plus forte que tu ne le prétends. Aie confiance en toi !

- J'ai pas confiance en moi... je suis nulle, je pleure tout le temps. Au lieu d'aider, je fous tout en l'air. Après je me demande pourquoi les gens me tournent le dos.

- Klervia...Tu ... Le fait que tu prétendes ne pas être assez forte pour ça montre que mes mots n’ont eu aucune valeur et ça me rend triste parce que j’attends beaucoup de toi. Tu es une personne forte j’ai jamais arrêté de te le dire et, une fille comme toi n’a pas forcément besoin de gens pour vivre. Apprends à te suffire à toi-même et tu verras que tu seras bien plus heureuse que si tu t’appuies sur les gens autour de toi. Parce que tout le monde part un jour ou l’autre. Personne n’est éternel. Je ne te dis pas ça pour que tu viennes me sortir que tu ne pourras pas tenir ou je ne sais quoi parce que je crois en toi ! Je veux vraiment que tu réalises que tu es une personne à part entière et que tu en vaux la peine !
Tu es une personne géniale, qui a beaucoup de culture, de connaissances, alors fonce ! Tu le peux j’en suis certaine. Ne te laisse pas abattre. Tu dois poursuivre pour accomplir un à un tes rêves. Aussi à chaque moment de bonheur, n’oublie pas de remercier Dieu et de te confier à Dieu pour tes moments de malheurs, car Lui Seul peut t’aider. Se battre pour un avenir meilleur est mieux que de laisser la vie arriver sans qu’on ai pu faire quelque chose pour la changer. Tu es maître de ton destin, alors change au mieux ton avenir pour réaliser le plus possible de tes rêves et pourquoi pas tous. Si tu ne fais pas, tu auras des regrets. Avance et recule pas. Fonce et ne t’arrête pas.

Après quelques minutes de pleure, Klervia assimila ce que venait de lui dire sa grand-mère et se ressaisit tant bien que mal.

- Je te remercie vraiment, commença Klervia. Je viens de réaliser encore plus que je dois bien bosser, davantage et à fond ! Je crois au futur, je crois, j’ai espoir. Je ne dois pas regarder le passé pour me démoraliser, même si c’est ce que je veux faire. Non ! Je dois me relever, j’ai des diplomes à obtenir ! J’ai des études à faire pour avoir une bonne position plus tard. Même si je dois me battre avec mes parents et les autres, je veux y arriver.
Baisser les bras, c’est être lâche et je ne suis pas comme ça. Comme tu me l’as appris, je dois mûrir et être plus forte. Je suis entrain de me renfermer dans mon introversion, même si ce n'est ni une bonne et mauvaise chose.. Bref ! Merci beaucoup !

- Je t'en prie, je serais toujours là pour toi, n'oublie jamais, maintenant file en cours et n'oublie pas de te doucher avant, parce qu'après le sport, tu ne dois pas sentir la rose, se moqua gentilement sa grand-mère.

Klervia esquissa un sourire et entreprit la descente jusqu'à arriver chez elle.

Une chose qu'elle a comprit, grâce à sa grand-mère, venue à temps pour l'empêcher de faire une énorme bétise. Elle devait vivre pour elle et non pour les autres. Et...

- Klervia ! Klervia !

Elle se sentit secouer et ouvra peu à peu les yeux. Elle réalisa alors qu'elle avait rếvé, mais que ce rêve l'avait boosté à prendre un peu confiance en elle.

- Oui ? marmonna la jeune femme, d'une voix endormie.

- Ton réveil sonne depuis un moment déjà.., dit Anita, soucieuse de la mine de sa petite fille.

- Ah d'accord, merci.

- Tu vas bien ? s'inquiéta sa grand-mère.

- Oui, oui, je vais aller me préparer, merci ! répondit Klervia avec grand sourire.

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