Chapitre 5

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•.✿.•

Même debout avec le reste de sa classe - une vingtaine de personnes à tout casser - devant un auditorium bondé pour la remise des diplômes, Klervia pensait à sa vie.

Elle avait en ce moment même envie de disparaître. À moins que ça ne soit lié à cette centaine de paires d'yeux braquées sur elle. Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait juste envie de s'enfuir en courant. Elle ne cessait de balayer la foule des yeux, cherchant sa grand-mère. Elle ne la vit pas, mais savait qu'elle était quelque part.

Ce matin, Anita avait un peu houspillé sa petite fille, lui demandant de bien s'habiller pour la cérémonie. Klervia avait tendance à mettre ce qu'elle trouvait en premier le matin, sans chercher à se faire belle et à se regarder dans le miroir.

- Klervia Mahiez, appella la dame de cérémonie.

La concernée ne s'avança pas, quand la jeune femme à côté d'elle, lui donna un coup de coude dans les côtes. Elle ne voyait pas comment elle allait réussir à traverser cette scène avec toute cette attentions concentrée sur elle. Impossible. Sa grand-mère devait être quelque part dans la salle. Et elle l'avait si souvent déçue d'être associable. La preuve depuis la fois où Ethan était venu, elle n'avait plus cherché à lui reparler. Ce serait bien qu'elle essaie de se comporter normalement, ne serait-ce qu'une fois et qu'elle soit fière d'elle.

Les jambes en coton, Klervia avança lentement jusqu'à la femme qui lui tendit son diplôme. Elle lui serra la main et réussit même à adresser un pâle sourire à l'assemblée. Vous voyez qu'elle ne foire pas tout ce qu'elle fait. Elle lança un timide merci avant de quitter précipitamment la scène. Parce qu'elle était à deux doigts d'éclater en sanglots.

Dans la pièce attenant, elle souffla un bon coup et garda son diplôme serré contre elle. Ce n'était peut-être pas grand chose, peut-être même pas un vrai diplôme, mais c'était le sien et elle avait bossé dûr, pendant trois ans, pour le décrocher. Ce n'était pas son diplôme universitaire, mais son diplôme des cours particuliers. Religieux. Elle avait désormais la possibilité d'enseigner aux plus jeunes qu'elle. Tout ce qu'elle voulait, c'était partir d'ici, retrouver sa grand-mère et le lui montrer.

Ils sont aux "R" quand elle retourna dans la salle et qu'elle se frayait un chemin dans la foule compacte. Tant de personnes présentes pour si peu de diplomés, entassés comme des sardines dans un petit auditorium loué pour l'occasion. Parvenue tout au fond de la salle, près des doubles-portes, elle n'avait toujours pas aperçu sa grand-mère. Pourtant, elle devait être ici, c'est sûr, elle avait dû l'avoir vu descendre de la scène et se diriger vers la sortie...

Klervia attendit la fin de la cérémonie. Jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une petite minorité de gens. Une poignée de gens, elle et toujours pas sa grand-mère. Elle a peut-être été retardée ? Il est vrai qu'à cette heure-ci la Route du Littorale devait être bondée, par les personnes qui sortaient de travail. C'est ce qu'elle se dit en se dirigeant vers le parking, plissant des yeux pour repérer la voiture de sa tante. Sa grand-mère était peut-être distante, grincheuse, autoritaire, mais elle était toujours ponctuelle.

Tandis qu'elle se dirigeait vers son vélo - un ancien ami lui avait conseillé de faire attention à la pollution - elle remarqua trois appels en absence d'un numéro qu'elle ne connaissait pas, ainsi qu'un message vocal.

Elle s'arrêta, le coeur cognant dans sa poitrine. Elle sentait les battements jusqu'au bout de ses doigts, de son cerveau et de ses oreilles. Ça ne veut peut-être rien dire. Ce n'est qu'un numéro. Peut-être même un faux numéro. Ça arrive tout le temps que des gens l'appellent en se trompant. Klervia défit l'antivol et monta sur le vélo, puis écouta le message vocal.

" Bonjour, je m'appelle Alyssa. J'appelle de l'hôpital Bellepierre et je cherche à joindre Klervia Mahiez. Si vous voulez bien me rappeler..."

Qu'est-ce que ça signifie ? Pourquoi l'hôpital cherchait-il à la joindre ? Parce que... Parce que... sa grand-mère est tombée. Qu'elle s'est cassée la jambe, le poignet, la hanche. C'est une femme coriace, mais elle a les os d'un oiseau comme toute personne de son âge. Elle imagina que c'était une raison valable pour avoir manqué ce jour si important pour elle. Même si elle aurait aimé savoir avant; cela l'aurait épargné le cauchemar de monter en scène.

Klervia ne rappela pas Alyssa. Elle se rendit directement à l'hôpital en usant de ses mollets dans la montée et la course folle.

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Elle trouva une femme ronde aux cheveux bruns munie d'un badge. Debout devant le comptoir, elle attendit qu'elle lève les yeux.

- Oh, je ne vous avais pas... Je suis désolée. Que puis-je faire pour vous ? Klervia lui montra le téléphone, comme si cela expliquerait quoi que ce soit.

- Euh...vous m'avez appelé.
Elle fronça les sourcils.

- Je suis Klervia Mahiez, dis-je avant de répéter : vous m'avez appelé.

Immédiatement, le visage d'Alyssa se lissa. S'adoucit.

- Oh, ...

Elle repoussa sa chaise, et se leva, avant de contourner son bureau pour entraîner Klervia à l'écart.

- J'ai appelé à propos d'Anita Mahiez. Vous êtes sa... ?

- Petite fille.

Klervia avait la voix tremblante. Qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle aurait préféré lui demander Où se trouvait sa grand-mère ? Sauf que sa voix déraillait.

- Que lui est-il arrivé ? Elle est tombée ?

La façon dont Alyssa la regardait... Elle n'aimait pas ça. Elle sentit tout son ventre se nouer.

- Elle a eu ... commença Alyssa avant de se faire couper par l'arrivée d'un médecin.

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